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Ton livre fur le voile des vierges, peint lêur étât
comme un engagement indifpenfable à vivre éloifnées
des regards des hommes-; à plus forte raifon,
fuir toute cohabitation avec eux. Saint C yprien,
dans une de fes Epîtres, allure aux vierges de fon
tems, que PEglife ne fauroit fouffrir non-feulement
qu’on les v ît loger fous le même toît avec des hommes,
niais encore manger à la même table : nec pati
Virgines cum mafculis habitare , non dicofimuL dormire,
fed nec fimul vivere. Le même faint évêque, inftruit
qu’un de fes collègues venoit d’excommunier un diacre
pour avoir logé plufieurs fois avec une vierge ,
félicite ce prélat de cette aélion comme d’un trait
digne de la prudence & de la fermeté épifcopale :
confultï & cum vigore fecißi, abßinendo diaconum qui
cum virgine fteph manfit. Enfin les peres du concile de
Nicée défendent expreffément à tout eccléfialtique
d’avoir chez eux de ces femmes qu’on appelloit J'ub-
introducîoe, fi ce n’étoit leur m ere, leur foeur ou leur
tante paternelle; à l’égard defquelles, difent-ils, ce
feroit une horreur de penfer que des miniftres du
Seigneur fuffent capables de violer les lois de la nature
, de quibus nominibus nef as eß aliud quam natura
eonßituitfujpicari.
Par cette dodrine des peres, & par les précautions
prifes par le concile de Nicée, il eft probable que la
fréquentation des agapetes & des eccléfiafiiques avoit
occafionné des defordres & des fcandales. Et c’eft ce
que femble infinuer faint Jérôme quand il demande
a v e c une forte d indignation i unde agapetarum peßis
in Ecclefiâ introiit ? C ’eft à cette même fin que faint
Jean Chryfoftome, après fa promotion au fiége de
Conftantinople, écrivit deux petits traités iur le
danger de ces fociétés ; & enfin le concile général
de Latran, fous Innocent III. en 1 139, les abolit entièrement.
M. Chambers avoit brouillèrent cet article, confondu
les diaconeffes avec les agapetes, donné line
même caufe à la fuppreflîon destines & des autres
& autorife par des faits mal expofés le concubinage
des prêtres. Il ell certain que l’Eglife n’a jamais toléré
cet abus en tolérant les agapetes, & il n’eft pas
moins certain que ce n’eft point à raifon des deior-
dres qu’elle a aboli les fonctions de diaconelfes Voyez
D iaconesse. (G ) l
* AGARÉENS, ( Géog. Hiß. atu. ) peuples ainfi
nommes d’Agar mere d’Ifmael, dont ils defeendoient ;
& depuis appelles Sarrafins.
AG AR IC , minéral{H iß . not. ) matière de la nature
des pierres à chaux , qui fe trouve, dans les carrières
de ces pierres. L’agaric minéral eft mieux nom- j
mé moelle de pierre Voye^ Moelle de Pierre. ( ƒ )
Agaric, f. m. ( H ß , nat. ^ en LatinagarUus, herb
e , dit M. Tournefort, dont on ne connoît ni les
fleurs ni les graines, qui croît ordinairement contre
le tronc des arbres, & qui reffemble en quelque façon
auchampignon. Tournefort rei herb. Vovcr
Plante. 3 4;
Mais M. Micheli prétend avoir vû des fleurs dans
1 agaric; & conféquemment voici comment il décrit
ce gerne. « L’agaric eft un genre déplanté dont les
et caractères dépendent principalement de la forme
et de fes différentes tèuilles ; elles font compofées de
et deux parties différentes : il y ,en a qui font poreu-
»fes en-deffous, d’autres font dentelées en forme
et de peigne, d’autres font eh lames , d’autres enfin
et font unies. Leurs fleurs font fans pétales, & n’ont
»qu’un feul filet; elles fontftériles, elles n’ont ni
» calice, ni piftil, ni étamines. Elles naiffent dans des
et enfoncemfens, ou à l’orifice de certains petits trous.
» Les tèmences font rondes ou arrondies ; elles font
»placées dans différens endroits comme il eft ex-
» pliqué dans les foûdivifions de ce genre, & dans
P le détail de* efpeçes qu’a donné M. Micheli», Ho-
A G A a -o------- ? r~b " / * w r uye^ r LANTE*
* '
, M- Boulduc, continuant l’hiftoire des purgatifs
répandue dans les Mémoires de l’Académie en eft
venu à l’agaric, & il lui paroît ( Mém. 1714. p. 2 7 .)
purgatif a été fort eftimé des anciens, quoi-
qu il le loit peu aujourd’hui & avec raifon ; car il eft
tres-lent dans fon opération, & par le long féjour
qu il fait dans l’eftomac, il excite les vomiffemens
ou tout au moins des naufées infupportables, Ihivies
de fueurs, de fyncopes, & de langueurs qui durent
beaucoup ; il laiffe auflî un long dégoût pour les ali-
■ mens. Les anciens qui n’avoient pas tant de purga-
tifs à choifirque nous, n’y étoient apparemment pas
il délicats ; ou bien, auroit pû ajouter M. Boulduc
1 agaric n’a plus les mêmes propriétés qu’iiavoit. *
C ’eft, dit cet Académicien, une efpece de champignon
qui vient fur le larix ou melefe. Quelques-
uns croyent que c’eft une excroiflance, unû tumeur
produite par une maladie de l’arbre : mais M. Tour-
nefort le range fans difficulté parmi les plantes 6c
avec les autres champignons. On croit que celui qui
nous eft apporte du Levant, vient de la Tartarie &
qu’il eft le meilleur. Il en vient aufli des Alpes & des
montagnes du Dauphiné & de Trentin. Il y a un mauvais
agaric qui ne croît pas fur le larix, mais fur les
vieux chênes, les hêtres, &c. dont M a g e feroit très-
pernicieux.
On divife l’agaric en mâle & femelle ; le premier
a la fuperficie rude & raboteufe, 6c la fubftance inferieure
fibreufe, ligneùfe, difficile à divifer, de di-
verfes couleurs, hormis la blanche ; il eft pefant. L ï
: fécond au contraire a la fuperficie fine, lifte, brune ;
il eft intérieurement blanc, friable, 8c fe met aifé-
ment en farine, 6c par conféquent il eft leger : tous
deux fe font d’abord fentir au gout fur la langue &
enfuite ils font amers 8c acres; mais le mâle a plus
d amertume & d’acreté. Celui-ci ne s’employe point
en Medecine, 8c pçuNêtre eft-cele même que celui
qui ne croit pas fur le larix.
M. Boulduc; a employé fur l’agaric les deux grari.
des efpeces de- diffolvans, les fulphureux 8c les
aqueux. Il a tiré par l’efprit-de-vin une teinture réfi-
neule d un; gout 8c d’une odeur infupportable : un#
goutte mue fur la langue faifoit Vomir, 8c donnoit
un dégoût de tout pour la journée entière. Dedeux
onces d’agaric, il eft venu fix dragmes 8t demie de
teinture r le marc qui ne pefoit plus que neuf dragmes,
ne contenoit plus rien, 8c n’étoit qu’im muci-
lage ou une efpece de boue.
Sur cela, M. Boulduc fbupçonna que ce mucilage
mutile qui etoit en fi grande quantité, pouvoit venir
de la partie farmeule de Vagaric, détrempée & amol-
lie ; Sc la temture réfmeufe, de la feule partie fuper-
ficiefte ou corticale. Il s’en aflura par l'expérience-
car ayant féparé les deux parties, il ne tira de la tein'
ture que de l’extérieur, 8c prefque point de l’inté-
rietir ; ce qui fait voir que la premiere eft la feule
purgative, 8c la feuleA employer, fi cependant on
1 employe ; car elle eft toujours très-defagréable 8c
caufe beaucoup de naufées 8c de dégoût. Pour’di-
minuer les mauvais effets, il faudroit la mêler avec
d autres purgatifs.
I Les diflolvans aqueux n’ont pas non plus trop bien
reufh lur 1 agaric ; I eau feule n’en tire rien : on n’a
par fon moyen qu’un mucilage épais, une boue, &
nul extrait. L’eau aidée du fel de tartre, parce que
les fels alkalis des plantes diflblvent ordinairement
les parties réfineules, donne encore un mucilage
dont, après quelques jours de repos, la partie fupé-
rieiire ell tranlparente, en forme de gelée, & fort
differente du fond, qui ell très-épais. D e cette partie
fupérieure féparée de l’autre, M. Boulduc a tiré par
évaporatiçn à chaleur lente un extrait d’affez bonne
A G A confifiancé , qui devbit contenir la partie réfineufe
& la partie fahne de Yagaric, l’une tirée par le fel de
tartre, l’autre par l’eau. Deux onces <Yagaric avec
line demi-once de fel de tartre, avôient donné une
once & demi-dragme de cet extrait : il purge très-
bien , fans naufées, & beaucoup plus doucement que
la teinture réfineufe tirée avec î’efprit-de-vin. Quant
à la partie inférieure du mucilage , elle ne' purge
point du tout, ce n’ell que la terre de Y agaric.
M. Boulduc ayant employé le vinaigre dillillé aii
lieu de fel de tartre, & de la même maniéré, il a eu
un extrait tout pareil à l’autre, & de la même vertu,
mais en moindre quantitét
La diltillation de Y agaric a donné à M. Boulduc*
afiez de fel vo la til, & un peu de fel eflentiel : il y a
très-peu de fel fixe dans la terre morte.
U agaric mâle,, que M; Boulduc appelle faux aga-,
rie, & qiii n’a travaillé que pour ne rien oublier fur
cette matière, a peu de parties réfineufes, & moins
encoredefel volatil ou de fel eflentiel. Aufli ne vient-
il que fur de vieux arbres pourris, dans lefquels il
s’eft fait une réfolution ou une diflîpation des principes
aétifs. L’infofion dé cet agaric faite dans l’eau -,
devient noire comme de l’encre , lorfqu’on la mêle
avec la folution de vitriol : auflî Y agaric mâle eft-il
employé pour teindre en noir. On voit par-là qu’il a
beaucoup de conformité avec la noix de galle , qui
eft une excroiflance d’arbres.
AGATE. Les Tireurs-d’or appellent ainfi un infiniment
dans le milieu duquel eft enchâflee une agate
qui fert à rebrunir l’or.
A g a t e , achates , fi f. ( Hiß. nat. ) pierre fine
que les auteurs d’hîftoire naturelle ont mife dans la
elafle des pierres fines demi - tranfparentes. Foye[
P ie r r e f in e .
On croit que le nom de Y agate vient dé celui dit
fleuve Achates dans la vallée de Noto en Sicile, que
l ’on appelle aujourd’hui le Drllio j & on prétend que
les premières pierres d5agate furent trouvées fur les
bords de ce fleuve»
La fubftance de Yàgaie eft là même ïjüe celle dii
caillou, que l’on appelle communément pierre à faß
t : toute la différence que l’on peut méttre entre l’une
& l’autre, eft dans les couleurs ou dans la tranfpa-
îrence. Ainfi Y agate brute, Y agate imparfaite, par rapport
à la couleur & à la tranlparence, n’eft pas différente
du caillou ; & lorfque la matière du caillou a
un certain degré de tranfparence ou des couleurs
marquées j on là nomme agate.
Ondiftingue deux fortes à*agates paf rapport à là
tranfparence : favoir, Y agate orientale & Y agate occidentale
: la première vient ordinairement des pays
Orientaux, comme fon nom le defigne ; & on trou-1*
v e la fécondé dans les pays Occidentaux, en Allemagne
, en Boheme, &c. O n recortnoît Yagate orientale
à la netteté , à la tranfparence, & à la beauté du
poli ; au contraire Y agate occidentale eft obfcure, fa
tranfparence eft ofhifquée , & fon poliment n’eft pas
aufli beau que celui des agates orientales. Toutes les
agates que-l’on trouve en Orient n’ont pas les qualités
qu’on leur attribue ordinairement, & on rencontre
quelquefois des agates en Occident que l’on
•pourroit comparer aux orientales.
La matière ou la pâte de Y agate orientale ,com-
me difent lés-Lapidaires, eft un caillou demi - transparent
, piir & net : mais dès qu’un tel càillou a une
teinte de couleur, il retient rarement le nom. agatei
Si la couleur naturelle du caillou eft laiteufe & mêlée
de jaune ou de bleu, c’éft une chalcedoine ; fi le caillou
eft dé couleur orangée, c’eft une fardoine; s’il eft
;rouge, c’eft une cornâline. Voye^C a i l l o u , C h a l c
e d o in e , C o r n a l in e , Sa r d o in e . On voit par
cette diflinûion qu’il y a peu de variété dans la couleur
des agates orientales ; elles font blançhes, ou
A G A 1 6 7
plutôt elles n’ont point dé couleur. Au contraire Y a*
gâte occidentale a plufieurs couleurs _& différentes
nuances dans*chaque couleur; il y en a même de
jaunes & de rouges, que l’on ne peut pas confondre
avec lés fàrdoines ni les cornalines, parce que le jaune
de Y agate occidentale , quoique mêlé dé rouge ,
n eft jamais aufli v if & auƒu, net que l’orangé de la
mrdoine. De meme le rouge de Y agate occidentale
femble etre lave & eteint en comparaifon du rouge
de la cornaline : c’eft la couleur du minium comparée
a celle du vermillon.,
La matière de \ agate occidentale eft un caillou J
dont la tranfparènce eft plus qu’à demi-offufquée, èc
dont les couleurs ii’ont ni éclat ni netteté» - ' - '
_ Il eft plus difficile de diftinguer Y agate des autres
pierres dem^tranfparentes, telles que la chalcedoi-.
ne, la fardoine & la cornaline, que de la reconnoîtré
•parmi les pierres opaques, telles que le jafpé & le jade
; cependant on voit fouvent la matière demi-tranf-
parente dé Y agate mêlée dans un même morceau de
pierre avec une matière opaque , telle que le jafpe;
& dans ce cas on donne à la pierre le nom d’agate
jafpée, fi la matière d’agate en fait la plus grande partie
; & on l’appelle jafpe. agatée, fi c’eft le jafpe qui
domine-.
L ’arrangément dés taches & l’oppofition des cou*»
léurs dans les couches, dont Y agate eft compofée ;
font des cara&eres pour diftinguer différentes efpe-
ces, qui font Y agate Jimplement'dite 3 Yagate&nyce , l’<z*
gâte oeillée , & Y agate herborifée.
Vagate Jimplement dite eft d’une feule cbuleur ou
de plufieurs, qui ne forment que des taches irrégulières
pofées fans ordre & confondues les unes avec
les autres. Les teintes & les nuances des couleurs
peuvent varier prefqu’à l’infini ; de forte que dans
ce mélange & dans cette confiifion il s’y rencontre
des hafards aufli fingüliers que bifarres; Il femble
quelquefois qu’on y voit des gafons , des ruifleaux:
& des payfages ; fouvent même des animaux & des
figures d’hommes ; & pour peu que l’imagination y
contribue, oh y apperçoit des tableaux en entierJ
telle étoit la fameule agate de Pyrrhus , roi d’Albanie
, fur laquelle On prétendoit voir , au rapport
de Pline , Apollon avec fa lyre , & les neuf Mu-
fes , chacune, avee fes attributs : ou Y agate dont
Boece de Boot fait mentjon ; elle n’étoit que de la
grandeur de l’ongle , & on y voyoit un évêque
avec fa mitre : & en retournant un peu la pierre 2
le tableau changeant, il y paroiffoit un homme ôe
une tête de femme. On pourroit citer quantité d’autres
exemples , ou plutôt il n’y a qu’à entendre la
plûpart des gens qui jettent les. yeux fur certaines
agates, ils y diftinguent quantité de chofesque d’autres
ne peuvent pas même entrevoir. C’eft pouffei:
le merveilleux trop loin ; les jeux dé la nature n’ônt
jamais produit fur les agates que quelques traits
toujours trop imparfaits, même pour faire une efi
quiffe.
V agate onycé eft de plufieurs couleurs : mais ces
Couleurs au lieu de former des taches irrégulières '
comme dans Y agate Amplement dite , forment des
bandes 011 des zones qui repréfentent les diffétèntës
couches dont Yagate eft compofée. La couleur de
l’une des bandes n’anticipe pas fur les bandes voi-
fines. Chacune eft terminée par un trait net & dif-
tinét. Plus les couleurs font oppdfées & tranchées
l’une par rapport à l’autre, plus Yagate onyce eft belle.
Mais Yagate ell rarement fufceptible de ce genre
de beauté, parce que ces couleurs n’ont pas une
grande vivacité. Voye^ Onyce.
h agate ceillée eft . une efpece d’agate onyce dont
les couches font circulaires. Ces couches forment
quelquefois plufieurs cerclés concentriques fur la
lurface de la pierre ; elles peuvent être plus épaiffes