
de la nouvelle Academie. Voyt{ aujjî l article A cadémicien
s, où les-fentimems des différentes Academies
font expofés & comparés. (G )
• Académie , ( Hift. Litt. ) parmi les Modernes,
fe prend ordinairement pour une Société'ou Compagnie
de Gens de Lettres, établie pour la culture
6c l’avancement des Arts ou des Sciences.
‘ Quelques Auteurs confondent Académie avec Uni-
yerfitè : mais quoique ce foit la même chofe en Latin,
c’en font deux bien différentes en François.,Une
Uriiverlîté eft proprement un Corps compofé de
Gens Gradués en plufieurs Facultés ; de Profeffeurs
qui enfeignent dans les écoles publiques , de Précepteurs
ou Maîtres particuliers, 6c d’Etudians qui prennent
leurs leçons & afpirent à parvenir aux mêmes
degrés. Au lieu qu’une Académie n’eft point deftinée
à ênfeigner ou profeffer aucun A r t , quel qu’il foit,
mais à en procurer la perfection. Elle n’eft point
compofée d’Ecoliers que de plus habiles qu’eux inf-
tniifent, mais de perfonnes d’une Capacité diftin-
guée, qui fe communiquent leurs lumières 6c fe font
part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel.
Voyei Université.
La première Académie dont nous liftons l’inftitu-
tion, eft celle que Charlemagne établit parle confeil
d’Alcuin : elle étoit compofée des plus beaux génies
de la Cour , 6c l’Empereur lui-même en étoit un des
membres. Dans les conférences académiques chacun
de voit rendre compte des anciens Auteurs qu’il avoit
lûs ; 6c même chaque Académicien prenoit le nom de
celui de ces anciens Auteurs pour lequel il avoit le
plus de goût, ou de quelque perfonnage célébré de
l ’Antiquité. Alcuin entre autres, des Lettres duquel
nous avons appris ces particularités , prit celui de
Flaccus qui étoit le furnom d’Horace ; un jeune Seigneur
, qui fe nommoit Angilbert, prit celui $ Homère
; Adélard, Evêque de Corbie , fe nomma Au-
guftin ; Riculphe , Archevêque de Mayence, Dame-
tas , & le Roi lui-même, David.
‘ Ce fait peut fervir à relever la méprife de quelques
Ecrivains modernes, qui rapportent que ce fut
pour fe conformer au goût général des Savans de fon
fiecle'yqûi étoient grands admirateurs des noms Romains
,qÔ*Alcuin prit celui de Flaccus Albinus.
La plûpart des Nations ont à préfent des Académies
, fans en excepter la Ruffie : mais l’Italie l’em-
porte fur toutes les autres au moins par le nombre
des fiennes. Il y en a peu en Angleterre ; la principale
, & celle qui mérite le plus d’attention, eft celle
que nous connoifl'ons fous le nom de Société Royale.
Voy. cé qui la concerne à l’article So Cl ÉTÉ Ro yale.
VoyeràufftSOCIÉTÉ d’Edimbourg.
Il y a cependant encore une Académie Royale de
Mufique &c une de Peinture , établies par Lettres
Patentes, 6c gouvernées chacune par des Directeurs
particuliers.
En France nous avons des Académies floriffantes
en tout genre , plufieurs à P a r i s & quelques - unes
dans des villes de Province ; en voici les principales. Académie Françoise. Cette Académie a été
inftituéeen 1635 par le Cardinal de Richelieu pour
perfectionner là Langue: ; 6c en général elle a pour
objet toutes les matières de Grammaire , de Poëfie
& d’Éloquenpe. La forme en eft fort fimple, & n’a
jamais reçu de changèmerït : les membres font au
nombre de quarante , toùs égàiix ; les grands Seigneurs
6c les gens titrés n’y font admis qu’à titre
d’Hommes de Lettres ; 6c le Cardinal de Richelieu
qui connoiflbit le prix des talens, a voulu que l’ef-
prit y marchât fur la même ligne à côté du rang 6c
de la nobleffe. Cette Académie a un Directeur &c
•un Chancelier, qui fe tirent au fort toùs les trois
mois , & un Secrétaire qui eft perpétuel. Elle à
^compté 6c compte encore aujourd'hui parmi fes
membres plufieurs perfonnes illuftres par leur efpriç
6c par leurs ouvrages. Elle s’aflemble trois fois la fe-
maine au vieux Louvre pendant toute l’année, le
Lundi, le Jeudi 6c le Samedi. Il n’y a point d’autres
aflemblées publiques que celles où l’on reçoit quel-
qu’Académicien nouveau, & une affemblée qui fe
fait tous les ans le jour de la S. Louis, & où Y Académie
diftribue les prix d’Éloquence 6c de Poefie , qui
confiftent chacun en une médaille d’or. Elle a publié j
un Dictionnaire de la Langue françoife qui a déjà
eu trois éditions, 6c qu’elle travaille fans celle à perfectionner.
La devife de cette Académie eft à U immortalité.
»
A cadémie Royale des Inscriptions et
Belles-Lettres. A quelque degré de gloire que
la France fût parvenue fous les régnés de Henri IV.
6c de Louis XIII. & particulièrement après la paix
des Pyrénées 6c le mariagPde Louis XIV. elle n’a-
voit pas encore été aflèz occupée du foin de laiffer
à la poftérité une jufte idée de la grandeur. Les actions
les plus brillantes , les événemens les plus mémorables
étoient oubliés, ou couroient rifque de l’être
, parce qu’on négligeoit d’en confacrer le fouve-
nir fur le marbre 6c fur le bronze. Enfin on voyoit
peu de monumens publics, 6c ce petit nombre même
avoit été jufques-là comme abandonné à l’ignorance
ou à l’indiferetion de quelques particuliers.
Le Roi regarda donc comme un avantage pour la
Nation l’établiflement d’une Académie quitravàille-
roit aux Infcriptions , aux D evifes, aux Médailles ,
& qui répandroit fur tous ces monumens le bon goût
6c la noble fimplicité qui en font le véritable prix.
Il forma d’abord cette Compagnie d’un petit nombre
d’Hommes choifis dans Y Académie Françoife , qui
commencèrent à s’aflembler dans la Bibliothèque de'
M. Colbert, par qui ils recevoient les ordres de Sa
Majefté.
Le jour des, aflemblées 11’étoit pas déterminé :
mais le plus ordinaire au moins pendant l’hy ver étoit
le Mercredi, parce que c’étoit le plus commode pour
M. Colbert, qui s’y trouvoit prefque toûjours. En
été ce Miniftre menoit foxivent les Académiciens à1
Sceaux, pour donner plus d’agrément à leurs conférences
, 6c pour en joiiir lui-même avec plus de tranquillité.
On compte entre les premiers travaux de Y Académie
le fujet des defleins des tapifleries du Roi tels
qu’on les voit dans le Recueil d’eftampes 6c de deferiptions
qui en a été publié»
M. Perrault fut enfuite chargé en particulier de la
defeription du Carroufel ; & après qu’elle eut pafle
par l’examen de la Compagnie, elle fut pareillement
imprimée avec les figures.
On commença à faire des devifes pour les jettons
du Tréfor ro y a l, des Parties cafuelles, des Bâtimens
6c de la Marine ; 6c tous les ans on en donna de non-1
velles.
Enfin on entreprit de faire par médailles une Hifi-
toire fuivie des principaux événemens du régné du"
Roi. La matière étoit ample 6c magnifique, mais il
étoit difficile de la bien mettre en oeuvre. Les Anciens
, dont il nous refte tant de médailles, n’ont laifi-
fé fur cela d’autres réglés que leurs médailles mêmes ,
qui jufques-là n’avoient guere été recherchées que
pour la beauté du travail, & étudiées que par rapport
aux connoiflances de l’Hiftoire. Les Modernes
qui en avoient frappé un grand nombre depuis deux'
fiecles, s’étoient peu embarrafles des réglés ; ils n’en
avoient fuivi, ils n’en avoient preferit aucune ; 6c
dans les recueils de ce genre , à peine trouvoit-on
trois ou quatre pièces où le génie eût heureufement
fuppléé à la méthode.
La difficulté de pouffer tout d’un coup à fa per-
feCtionun art fi négligé., ne fut pas la feule raifoq:
tmï empêcha Y Académie de beaucoup avancer fous
'ï l Colbert l’Hiftoire du Roi par médailles : il apph-
cuoit à mille autres ufages les lumières de la Compagnie..
Il y faifoit continuellement inventer ou examiner
les différens defleins de Peinture-& de Sculpture
dont on vouloit embellir Verfailles. Onyre-*
gloit le choix 6c l’ordré des ftatues : on y confultoit
ce que l’on proppfoit pour la décoration des appar-
temens & pour l’embelliflement des jardins-.
On avoit encore chargé Y Academie de faire graver
le plan 6c les principales vûes des Maifons royales,
& d’y joindre des deferiptions. Les gravures en
étoient fort avancées , 6c les deferiptions étoient
prefque faites quand M. Colbert mourut.
On devoit de même faire graver le plan & les
vûes des Places cotiquifes , 6c y joindre une hiftoire
de chaque ville 6c de chaque conquête : maisce pro-
jet n’eut pas plus de fuite que le précédent.
M. Colbert mourut en 1683,6c M. de Louvois liii
fuccéda dans la Charge dé-Surintendant des Bâtimens.
Ce Miniftre ayant fû que M. l’Abbé Talle-
mant étoit chargé des infcriptions qu’on devoit mettre
au-deflous des tableaux de la galerie de Verfailles
, 6c qti’on vouloit faire paroître au retour du Roi,
le manda aufli-tôt à Fontainebleau où la Cour etoit
alors , pour être exactement informé de- l’état des
chofes. M. l’Abbé Tallemant lui en rendit compte,
6c lui montra les infcriptions qui étoient toutes prêtes.
M. de Louvois le préfenta enfuite au R o i, qui
lui donna lui-même l’ordre d’aller inceflamment faire
placer ces infcriptions' à Verfailles. Elles ont depuis
éprouvé divers changemens. r
M. de Louvois tint d’abord quelques aflemblees
de la-petite Académie chez lui-à Paris 6c à Meudon.
Nous-l’appelions petite. Académie, parce qü elle n e-
toit Compofée que 'de quatre perfonnes , M. Charpentier,
M. Quinault , M. l’Abbé Tallemant,& M.
Felibien le pere. Il les fixa enfuite au Louvre , dans
le même lieu où fe tiennent celles de Y Académie
Françoife ; 6c il régla qu’on s’aflembleroit deux fois
la femaine, lé Lundi 6c le Samedi, depuis cinq heures
dù foir jufqu’à.fept. a>
M. de là Chapelle , devenu Controleur des Bati-
mens après M. Perrault, fût chargé , de. fe .trouver
aux aflemblées pour en écrire les délibérations, 6c
devint par-là le cinquième Académicien., Bien-tôt
M. de Louvois y en ajoûta deux autres , dont il jugea
le fecoùrs trèsûiéceflaire à Y Académie pour l’Hi-
ftoire du Roi : c’étoit M. Racine 6c M. Defpreaiix.
Il en vint enfin un huitième', M. Rainfl'ant, homme
verfé dans la connoiflance' des médailles , & qui
étoit Directeur du cabinet des Antiques de Sa Majefté.
'
. Sous ce nouveau miniftere on reprit avec ardeur
le travail des Médailles de l’Hiftoire du Roi , qui
avoit été interrompu dans les dernières années de
M. Colbert. On en frappa plufieurs’de différentes
grandeurs , mais prefque foutes plus grandes que
celles qu’on a frappées depuis : ce qui fait' qu’on les
appelle encore aujourd'hui. au balanciezgMédailles
de la grande Hiftoire.L a Compagnie commença aufli
à faire des devifes pour les jettons d ev-l’,ordinaire. 6c
de l’extraordinaire des: guerres , fur lefquelles elle
n’avôit pas encore été 'confriltée.- •
• - Le Roi donna en 1691 le département des Académies
à M. de Pontchartràin, alors:Contrôleur Général
6c Secrétaire d’Etat ayant le département de la
Maifon du R o i, 6c depuis Chancelier de France. M.
de Pontchartrain né avec beaucoup d’e fprit,&avec
un goût pour les Lettres qu’aucun emploi n’avoit
*pû rallentir, donna .une-attention particiiliere à la
petite Académie , qui devint plus-connue fous .le
nom d’Académie. Roy ale.des Infcriptions & Médailles.
JJ voulut .que M. le Comte de Pontçhajrtrain, fon
fils, fe rendît fouvent aux aflemblées, Çu’il fixa eje*
près au Mardi 6c au Samedi. Enfin il donna l’infpcc-
tion de fcette’Compagnie à M. l’Abbé Bignon , fon
neveu , dont le génie & les talens étoient déjà fort
célébrés»
Lés placés vacantes par la mort de M. Rainflartt
6c de M. Quinault frirent remplies par M. de Tout-“
reil 6c par M. l’Abbé Renaudot.
Toutes les médailles dont on aVoit arrêté les def-
feins du tems de M. de Louvois , celles mêmes qui.
étoiertt déjà faites 6c gravées k frirent revûes avec,
foin : on en réforma plufieurs ; on en ajoûta un grand
nombre ; on les réduifit toutes à une même grandeur $
6c l’Hiftoire du Roi frit ainfi pouflee jufqu’à l’avéne-*'
ment de Monfeigneur le Duc d’Anjou., fon petit-fils t
à la couronne d’Efpagne. .
Au mois de Septembre 1699 M. de Pontchartrain
frit nommé Chancelier. M. le Comte de Pont char-,
train, fon fils, entra en plein exercice de:fa Charge
de Secrétaire d’Etat, dont il avoit depuis long-tems-
la furvi vance, 6c les Académiciens demeurèrent dans
fon département. Mais M. le Chancelier.qui avoit
extrêmement à coeur l’Hiftoire du Roi par .médailles^’
qui l’âvôit conduite & avancée par fes propres lumières,
retint l’infpe&ion de cet oùvrage ; & eutr
l’honneur de préfénter à Sa Majefté les premières
fuites que l’on en frappa, & les premiers exemplaires
du Livre qui en contenoit les defleins St les explications
»
L’établiflement dè Y Académie des Infcriptions ne
pou voit manquer .de trouver place dans ce Livre fa-:
mèux j où aucune dès autres Académies n’â été oubliée.
La médaille qu’on y trouve für.ce fujet re-_
préfente Mercure aflis , &iécrivârit avec un ftyle à'
l’antique fur une table. d’airain. Ils’appüie du .bras
gauchè fur une urne pléinede médailles- ;■ il y ert a
d’aùtres qui 'font rangées, dans un carton à. fes piés«
La légende. Rerum geftarum fides, 6c l’exergue Acade-
mia Rigia Infcriptionum & Numifmatum , inftituta.
M. DC. LXIII. fignifient que Y Académie Royale
des Infcriptions & Médailles , établie en 16.63 , doit
rendre aux fieclës à venir un témoignage fidelè des
grandes atiions. .. 1 - Prefque toute l’occupation de Y Académie fembloit
devoir finir avec le Livre, des Médailles, ; car les
nouveaux évenemens 6c les. devifes dès-jettons de
chaquë année n’étoientpas un,objet capable d’occuper
huit ou -neuf perfonnes qui s’aflèmbloient deux
fois la femaine. M. l’Abbé Bignon prévit les inconvénient
de cette ina&ion , 6c cnit pouvoir, en tirer
avantage. Mais.pour ne trouver aucun obftacle dans
là Compagnie, il cacha uné partie de fes vûes aux
Académiciens , que la moindre idée de changement
àuroit peut - être allarmés ;: il fe contenta de leur
rèpréfenter que l’Hiftoire par .médailles , étant achevée,
déjà même fous-la.preffe , 6c que.de Roi ayant
été; fort content de c.e qu’il en avoit vû ., on ne pou-
yoit Choifir un tems plus convenable pour; demander,
à Sa Majefté qu’il lui plût afîîirer. l’état de l’^-
cqdètnie,' pat- quelqu’atie public émané, de l’autprité
royale. lUeur cita l’exemple de Y Académie des Sciences
j qui fondée peu de tems après celle- des Infcriptions
par; ;ordre du R o i, 6c n’ayant de même aucun
titre authentique pour fon établiflemertt, venoit
d’pbtenir de Sa Majefté.( comme nous allons le. dire
tout-à4’heure ) un Réglement figné defa main , qui
ifixoit le tenis & le lieu de fes aflemblées,. qui déter-t
minoit fes [occupations, qui afluroit la continuation
des penfions* &c.
La propofition de M. l’Abbé Bignon fut extrême^
ment gpiitée : on dreffa- auffi-tôt un Mémoire. M. le
Chancelier 6c M. le Comte de Pontchartrain furent
fuppliés de l’appuyer auprès du Roi ; 6c ils le firent
d’autant plus volontiers, que parfaitement inftruits