
l'imagination le langage le plus éUxçeni, tout
annonce également la beauté du geme de 1 archttede.
Il eut afièz de hardieffe pour ofer tenter de le palier
de Fart de la .c.onftruéUcn, art dont les monu-
mens, quelque folides quils foient, font pourtant
trop faciles à détruire. Cet architefte conçut
flu’il ferait plus ftmple , plus prompt, plus lut
pour tranfatettre immanquablement un monument
a des fiècles fans nombre, de le tailler dans la
roche même. Il fe le repréfenta tout f o r m e l s
cette roche, comme le fculpteur voit la ftatue
dans le bloc de marbre dont il fait la tirer.
Il ne lui fallut donc, pour exécuter fa grande
idée, qu’enlever les pontons de cette roche qui
receloiém le théâtre. Il les enleva comme des lu-
nerfluirés, afin tfaider, pour, ainfi dire , la nature
a enfenter ce miracle.
Mais hacher un rocher avec allez dexa&nide
pour n’enlevemque l ’excédent de la matière dans,
laquelle on veut foire quelque édifice, n eft pas une
-.opération fecile. Il n’y a rien a changer , nen »
corriger, rien fur-tout à ajouter. Il fout que 1 édifice
I t été conçu dans toute la perfeéhon avant
de donner un coup de cileau, & quil forte tout
entier du rocher comme d’un moule
Le théâtre de Syracufe avoit, félon 1 triage,
proviennent toutes les déclamations 8c les exagérations
une forme demi-circulaire. L’arene etoit la partie ,
la plus enfoncée de cet édifice , & le Ueu, °u
s’exécutoient les danfes, les combats, les ceremonies
civiles ou religieufes. Cette arene avoit
120 pieds de'diamètre. Dans la pâme circulmre
plufieurs étages de gradins s’élevoient en raifort
de leur éloignement du centre. Ces gradins avoient
à leur plus grande élévation environ 90 tories de
circonférence, fur 60 toifes de diamètre. Plus de
dix mille perfonnes pouvoient s y afleotr a laite,
en y comprenant la galerie, formée dune ccdon-
nad» qui ftifôit tout le tour du gradin fuperiem.
An furplus, je ne fuivrai pas mon excellent guide
dans ht defeription qu’il donne des théâtres anciens
en général : te renvoie au Diffionnaire d antiquités,
qui doit être , je crois, d’une étendue convenable
fU;Le1empîe de Jupiter Olympien, le premier des
di-ux du paganîfme', étoit aufiï lun des plus
révérés f i l = temps delà fplendeur de Syracufe.
Le refpefi pour le dieu avoit engage larchneâe
à en foire l’édifice le plus magnifique de tous ceux
nue la piété a confacrés. S’il fout croire ce que
Von en dit, fon culte devoit être pompeux, &
la décoration intérieure trè s -r ich e , puriquon y
dèwofoit fouvent fes tréfors, & qu on aimott a lut
faire des préfens. Il parait que ce temple , comme
W tco u p d’antres temples antiques, etc« une
efpèce de citadelle, où l’en pouvo.t fe rettrer &
( défendre , quand la ville etoit pnfe. Le rel-
peô religieux que ces dieux mfpiroient, relevoit
L peu le courage des vaincus, & engagent
quelquefois les vainqueurs à traiter avec eux & a
leur accorder des conditions moips dupes. De-W
qu’on nous débite fur ces demeures facrées.
Les anciens nous ont tranfmis fort peu de details
fur l’intérieur de leurs temples. Cicéron, qui
a vifité avec foin toute la Sicile dans le temps
qu’elle étoit flcriffante, ne nous a pas parlé des
objets dépofés dans ce lieu. Et Mirabella’, qui a
tant fait de recherches , fe contente de nous dire
que ce lieu renfermoit de grandes richeffes.
L’objet le plus précieux contenu dans ce temple
étoit k ftatue du dieu, de Jupiter Olympien. Non-
feulement elle étoit un chef-d’oeuvre de fculptnre ,
mais encore elle étoit couverte d’un manteau d or
rnafiif, qui devoit être un cfipf-d’oeuvre de fonte.
Hiéron lui avoit fait don de ce manteau. Denys
le tyran, qui avoit de l’efprït, quoiqu’il fît mal des
vers, enleva ce manteau, en difant quil etoit
trop lourd pour l’été, 8c trop froid pour l’hiver.
Ce^ qu’il en très-aifé de préfumer, ceft mie ce
manteau d’or devoit choquer le bon-goût, fcc que
cet or étoit plus utile dans le commerce que dans un
I temple. C’eftce que Denys comprend! tres-bien.
On confervoit dans le temple la Iule des citoyens
en âge dë porter les armes. Les dépouillés
des ennemis y étoient quelquefois p o r t é e s apres
| des viéloires mémorables. Le bouclier de Nictas,
I l’un des deux généraux d’Athènes qui affiegerent
Syracufe, y fut appendu ajprès la victoire des
j ^La fontaine Aréthnfe, fi célèbre chez les anciens,
8c fi dignement célébrée par les poètes ,■ eft réellement
une fource très-confidérable qui fort d un
rocher à Poccident de la ville aéîuelle de Syracufe
à peu de diflance de la cathédrale. Mais
i l’orifice par où jaillit l’eau afluellement neft pas
le même que celui par laque! elle fortoit autrefois
: du moins c’eft le formulent de MtrabeUa.
La fable, dit M. Hoüel, s’eft exercee fur cette
I fource, comme fur celle de Cyané ; mats elle a
imaginé une hifloire plus ingénteufe & moins finritre.
Elle° fupuofe qu’Alphée, fleuve du Pelopcmnefe,
amoureux d’Aréthufe , nymphe de Sicile, la pour-
fiiivit avec ardeur, 8c que la nymphe, épuifoe de
fatigue près de tomber, implora. Diane , qui,
pour la fauver des tranfports d'un amant vainqueur
, la métamorphofa en fontaine. Alphee
voulut du moins mêler fes ondes avec celles
de la nymphe, 8c,'les conduifant des rives de la
Grèce par-deffous la mer , il ne leur permit de
fortir qu’aux rives iortir qu aux rives duee la Sicile 8c g rprès du bord
où s’épanchent celles d’Arethufe, qu’on a dit qu ell es
fe mêloient enfemble. J’ai rïpporte cette fable ici,
quoique j’en enfle déjà parlé, ailleurs parce que
je la vouloïs rapprocher de la vérité phyf.que,
donnée par l’infoeffion du local. J emprunte les
paroles de M. Hoüel.
i * «Non loin du rocher dou seconlent les eaux
de cette fontaine, on .trouve au bord de la mer
i une fource d’eau douce -Les Na.turaHte foui -
I çor,fient que ces deux fources, appelées encore
actuellement Alphèe & Aréthnfe , ont une origine
commune.
Une tradition populaire & même hiftorique,
dit que l ’on a- vu fertir de ces deux foitrces des.
feuilles d’arbres & d’autres corps légers que ces
eaux amenoient peut-être dé très-loin. Ce fait
fuppofs que ces eaux coulent d’abord à découvert: ;
peut être leur véritable fouree eft-elle dans l’Etna.
Les eaux de l’Àréthufe ne font pas; bonnes à
boire. Elles ont une faveur défagrëabte. On Fat-
tribue au dérangement caufé dans le fein de la
terre ou de l'a roche, par quelques-uns des- trem-
bkmens de terre dont Fhiftoire de Sicile n’offre •
que trop d’exemples. Du temps des Romains,, ces
eaux étoient bonnes,. & cette.fontaüiil étoit très-
poiffonueufe, .
Le temple de Minerve à Syracufe eft un des
plus anciens- dé cette ville, & cependant il eft le
moins détruit de tous ceux dont il refte quelques
foibles débris. Il avoit fix colonnes de face, &
quatorze de chaque côté, en cômp ant celles des
’ angles, Mirabella dit que la longueur de ee temple
étoit d’environ vingt-fept toifes r & fa longueur de
dix & demie. Il ajoute qu’une tour quarrée s’éle-
voit au-deffus du temple, & qu’au fommet de
cette tour on avoit appendu l’égide de Minerve , d
vafte bouclier de cuivre doré. Les rayons du foleil
qu’il réfléchiffoit avec force, le faiioient apper-
cevoir de fort loin en mer: Les navigateurs qui
partoient du grand port,. après avoir adreffé leurs
voeux à Jupiter Olympien fur l’autel érigé à ce
dieu, fur k rivage même,.auprès de fon temple,
s’embarquoient & emportoient avec eux des vafes ,
des gâteaux , du miel,, de l’encens, des fleurs &
des aromates. Us quittoient la rive avec ces pre-
vifions, & , au moment qu’ils perdoient de vue
Fégide de Minerve, ils les jettoient à la mer,
comme une offrande à Neptune & à Minerve, &
ils prioient ces divitités de leur accorder une
heureufe navigation.
L’intérieur du temple, de Minerve lorfque les !
Romains firent la conquête de Syracufe, etoit
orné de fuperbes peintures.. On cite entre autres i
le tableau de Mentor, délivrant un Yi&n d’une1
épine quHui étoit entrée dans la patte ; & celui
qui repréfentoit le fameux, combat d’Agathoclé àt
cheval, c’étoit celui qu’on eftimoit le plus,
U y avoit en. outre, vhigt-fept tableaux oui
portnits des rois- & des tyrans- de Syracufe,. donc:
Cicéron fait un grand éloge.
Au temps de Bélifaire ce temple avoit été-
converti en églife : on dit même que ce fut lui
qui en ât la dépenfe. Mais en n o o , le jour de;
Pâques , la voûte s écroula, disjointe par un tremblement
de terre. Prefque tous,ceux qui étoient
dans l’églife périrent.
Le temple de Diane paffoit pour être le pliis;
ancien; il n’en refte plus que .deux ou trois colonnes
enclavées-dans des maifons de particuliers.
On dit que Diane fut la première divinité;
adorée à Syracufe : cela doit s’entendre fans doute v
des colonies Grecques. L île où ils commencèrent
kui etabliffement lui ftit particulierenient confacrés,-
Us. l’appelièrent Ortygie r parce que l’îîe de BéîoJl-
ou-la fable plaçoit la naiifance de Diane avoit auflï
ce nom.
On dit aufiï que ce fur dans- ce temple que l’om
chanta, pour la première f o i s d e s vers bucoliques.
monarchique à Syracufe: Athénée & Elien font:
mention d’un prince qu’ils appellent Polis.. On
n’avoit, à la vérité, que ce nom feul d’un ancien;
roi y iorfque M. Hoüel- trouva une infeription qui
donne le nom d’une reine appellée Phiiiftris, dont:
on a quelques médailles grecques. Aucun des;
écrits, confervés jufqu’à. nous ne parle de cette
pnneeffe. Il eft probable qu’elle eût été plus connue
, fi' plufieurs ouvrages de l’antiquité, & particulièrement
vingt-cinq livres, de l ’Hiftoire uniye.r-
felle de Diodore, n’euffent pas été perdus fans
efperance de les recouvrer jamais. Je vais placer
ici v dansun petit tableau, lès époques principale*
de 1 niltoire de cette ville célèbre ;. je leur donnerai;
enfuite quelque développement.
É P O Q U E S P R I N C I P A L E S D E L’H I S T O I R E D E . S Y R A C U S E .' 1
An de Rome. •
48. S y ra c u fe fondée.
277. Hippocrate gouverne»
262. Gélon,
; 277. Hiéron I..
, 287. Trafybule , on^e mois.
Soixante ans de liberté..
Î Î 9- Syracufe affligée par les Athéniens,
343. Guerre contre les Carthaginois»
| Î4&‘- Denys, l’ancien.
An de Rome.
385. Denys le jeune.
. 397. Dion gouverne.
399; Calippus. fon fils.
400. Hypparinus, fils de Denys..
406. Denys revient.
410. Timoléon chaffe Denys»
436Ï Agathocle-
479. Hiéron IL
• 538^ Hiéronyme fon fis.
34IV- Marcel!us, prtnf la ville»