
. Aidonum, que je crois être, la même, appelée
Edini fur quelques cartes étoit une ville très-r,
ancienne. Elle, étoit près de la ville moderne
nommée Aidons.
Entella étoit fituêè fur une roche de gypfe,
c’eft- à-dire, de plâtre, dont la fommité a peu d’étendue.
On y parvenoit , dit M. Hoüd, par un
chemin très-difficile.
C’eft au fiid-eft de Ltontini que la partie mon-
tagneul'e qui l’avance dans la mer, portoit le nom
de T auras promontorium.
M. d‘e la Borde place fur ce promontoire un
petit lieu nommé Pantagia : je ne Connois ce nom
qu’à un fleuve. Au fua du promontoire, eft un
golfe.
Une portion de terre qui s’avance au fud, &
forme un promontoire que les anciens appeloient
Xiphonui. Quelques auteurs penfent qu’il y avoit
en ce lieu une ville de même nom (i) .
A l’oueft, dans le golfe , fe rendoit le petit
fleuve ALihus.
Un peu au fud, fur la côte de l’eft, à l’embouchure
du Pantagias, Vibius dit que fon nom lui
venoit de ce que le bruit de fes eaux, fe précipitant
comme un torrent, étoit entendu de toute
la Sicile. On peut juger de la vérité de ce fait, parla
raifon qu’il donne du peu de bruit que fait
aéhiellement ce même fleuve. Cérès, félon lui,
cherchant fa fille Proferpine, en fut étourdie, & le
fit .ceffer.
Megara , appelée depuis Hybla ( port appelé la
Cantra ) , étoit fur la côte orientale; elle avoit
été fondée, dit-on, l’an 764, par des Mégariens.
Mais je crois que cette opinion n’eft fondée que
fur le rapport de nom. Strabon donne le nom
à? Hybla pour le premier nom de cette v ille, qui
fut enfuite appelée Megara. Je penfe au contraire,
que ce nom de Megara, qui eft oriental, a dû
etre le premier. 11 fe trouve dans beaucoup d’endroits,
& fignifie habitations (2). La ville a pu,
dans la fuite , prendre le nom d’Hybla, auquel on
joignoit l’épithète dé minor.
Elle étoit célèbre par le miel recueilli dans fes
campagnes ; encore paroît - il que c’étoit la ville
d'Hybla , dans le fud-eft de l’île , & dont je parlerai
bientôt, qui portoit le nom de minor, & qui
produifoit le plus de miel.
N. B. M. Hoüel y a trouvé de belles aflifes antiques
de très-grandes pierres, & les reftes d’un
aqueduc.
Cette ville fut prife par Gélon, qui en envoya les
habitans à Syracufe. Les riches y eurent le rang
de citoyens; les autres y furent vendus à l’encan.
(1) C’eft apparemment une diftraftion du, graveur
qui fait lire fur la carte de M. de la Borde JCrphonia
priùs Augujia ; il faut lire pojieà. Car ce fut bien depuis
qu’elle eut le nom d'Augujia.
(2) Voye\ ce que j’ai dit à l’art cle Carthaco.
• Cependant la bonté du fol y rappela de nouveaux
cultivateurs ; Hybla redevint une ville un peu con-
: fidérable ; 8c , par le traité de paix que fit Hiéron
; avec- les, Romains, Hybla demeura fous fa domination.
Dans la fécondé guerre punique'elle refiifa de
fe foumettre aux Romains. Elle fut prife 8c démantelée
*par Marcellus. On la rebâtit une troi-
ftème fois., & elle fubfifta jufqu’aux guerres civiles,
qu’elle fut encore ruinée.
Enfin, Augufte , au lieu de la faire reeonftruire
au même lieu,. fit une ville nouvelle fur le promontoire
de Xiphonia, 8c lui donna fon nom.
Ce qui fait que quelques hiftoriens regardent ,1’A -
gofta . moderne, comme fuccédant à l’ancienne
Hybla c’eft qu’en effet, ce furent les mêmes habitans
, leurs metibles & leurs richeffes que l’on y
tranfporta ; il n’y eut de chaiagement que dans le
local-. On trouve quelques monumens dans les
environs. .
Le petit fleuve Alabus fe j étoit à l’-oueft ; en le
remontant , on trouvoit un lac appelé Fajfelinus.
Le promontoire Tapfus, que l’on trouvoit au
fud , bornoit le golfe & s’avançoit à l’eft> :
Sur la route en allant dû Hybla, par le fud, ôn
; trouvoit un petit lieu appelé Legas, & auffi Léo.
Enfin on arrivoit- à Syracufe, ville- la plus con-
- fidérable dé la Sicile, & l’une des plus célèbres
de l'antiquité. Elle étoif formée de la réunion de
plufieurs parties, 8c occupoit un grand territoire.
Le fleuve Anapas en baignoit les murs du côté du
midi. Je parlerai de cette ville plus en détail à
fon article (3).
La petite île d’Ortygie faifoit partie.de cette ville:
c’étoit-là que fe trouvoit la fontaine Aréthu/e.
A fiez près étoit la fontaine Cyane (4) , au milieu
d’une prairie vàfte & marécageufe. Les eaüx de
cette fontaine font très-abondantes, paroifîènt venir
d’une grande profondeur 8c avoir leur fource dans
un lieu très-élevé. Elles forment à leur riaifîance
un baflin de la largéur de pïiis de trente pieds ; elles
forment enfuite une petite rivière qui va fe perdre
dans YAnapus. Çes eaux font de la plus parfaite
tranfparence , & laifient appercevoir une multitude
de poiflons. Mais je ne puis me refufer. au plaifir
de laifler parler M. Hoüel lui - même fur cette
fontaine, qu’il a trouvée fi belle, & dont les anciens
avoient fait une divinité. « Elles ( ce$ eaux ) ,
” font de la plus parfaite tranfparence. Elles con-
» tiennent & laifient voir une multitude de poiflons,
(3) En faifant cet article de la Sicile, il m’arrive de
donner quelque étendue à ce que je dis de tel ou de tel
lieu , quoiqu’il ait néceffâirement fon article à part.
C’-efJ qu’aéluellement ces articles font;,imprimés", & qu’il
ne m’elt pas npfîible d|y ajouter ce que de nouvelles
connoiifances-Tne procurent fur cette île intéreffante.
(4) 11 y a quatre milles entre cette fontaine & la. ville
actuelle de Syracufe: mais l’ancienne étoit bien plus
étendue.
» fur - tout de l’efpèce que l’on appelle Muüt,
j, poifTon tt-ès-fubtil, très-ombrageux, qui. n? fe
» laiffe point approcher, & qu’il eft très-difficile
>t de prendre. N 0 % r
„ En bateau , fur cette eau tranquille ou i trani-
». parente , qu’elle échappe à la vue , on eft tenté
» de fe croire foutenu en l’air par enchantement,
». & Ton jouit du. fpefîacle de toutes fes familles
jj aquatiques qui jouent, qui fe promènent ou qui
j? s’attaquent au fond des eaux. On les voit fe:
» cacher fous des plan tes qui femblent être compofées
jj d’un tiflîi de foie de la plus grande. délicatefie :
jj les poiflons fe croient bien cachés derrière ce
» réfeau, & l ’éclat de leurs.écailles d’or & d’argent
jj les trahit à travers des, brillantes fleurs de ce
jj tranfparent.
jj Quelques-uns de ces poiflons s’égarèrent dans le
» courant du fleuve, & alors on les prend plus
jj facilement, en traverfant d’un -filet le fleuve qu’ils
jj parcourent.
» Les bords de ce baflin font environnés d’ar-
» buftes & d.e roféaux de differentes efpèces ; le
” papyrus fur-tout croît abondamment dans ce baflin
jj &.le’long des bords de la petite rivière qui en
j.j fort (1) ’ i
Les Syraçufains divinifèrent autrefois la fontaine
Cyané : ils lui élevèrent un temple, & ils la per-
fonnifièrent fous la figure d’une femme. Mirabelle
n’a pas manqué de nous tranfmettre la. fable qu’ils
inventèrent. Un Syracufain, nommé Cyanippo,
àvoit facrifié à tous les dieux, excepté à Ê.acçhus.
Ce dieu , pour l’en punir, l’enivra & l’égara tellement
, que Çyanippo, rencontrant fa propre fille
dans la nuit, ne la reconnut pas, & la contraignit,
. malgré fa(.réfiftance, à lui accorder, la feule chofe
qu’une fille doive refufer à fou père. Mais elle
lui enleva; fon anneau, & le donna à fa nourrice,
pour que fon père apprît j par elle ». quelle femme
le lui avoit enlevé.
La pefte furvint: elle étendit fes ravages, fur la
ville de Syracufe. L’oracle confulté, répondit que
pour appaifer les dieux , ril falloit facrifier l’homme
le plus coupable qui fût parmi eux, & . qu’aufli-tôt
la pefte cefleroit.
Cyané ne pouvant méconnoître que ce coupable
étoit fon père, & que les dieux le défignoient,
prit une réfolution cruelle, mais qu’elle crut juf-
tifiée par la néceflité. Elle faiftt ce vieillard par les
■ (1) Cette plante mrvient à douze pieds, de hauteur :
fa tige eft parfaitement lifte dans toute fa longueur :
fa forme eft triangulaire & s’arrondit vers fa fommité:
fon intérieur eft d’un tiffu cellulaire fort aqueux. Cette
tige a peu de folidité : elle n’a guère que deux pouces
de diamètre au bas, (& quatre à cinq lignes à fon extrémité
fupérieure, qui fe termine par une belle houppe
parfaitement fphénque, formée de filamens qui partent,
. d’un même centre, où ils font implantés dans une
petite boule qui termine la tige. Cette houppe a jufqu’à
dix-huit poucës de diamètre en tout fens, quand elle
eft dans toute fa beauté«
cheveux, le poignarde, & fe tue fur fon corp s.
Les larmes de cette jeune inceftuéufe avoient telle-'
ment attendri Proferpine, qu’elle les raffembla &
en forma la fontaine que je viens cle décrire, &
qui eft fi tuée dans le lieu même par où l’znie de
Cyané fe rendit aux enfers.
Tout près',. & fur la droite de l’embouchure de
YAnapus r étoit un beau temple de Jupiter Olympien.
La côte, en s’avançant à l’eft, forme le promontoire
Plemrnyrium, & , à çaufe de fa forme, nommé
auffi le long promontoire {promontorium longum).
. Le petit fleuve Çaçyparis (2) fe rendoit dans une
petite anfe, fituée à l’oueft. La carte de Cellarius
indique l’embouchure de ce fleuve a.11 nord-eft d’un
lieu qu’il nomme Nanthathnus : & en effet , félon
Pline, il y avoit un port, de ce nom. Je crois donc
que c’eft à tort que la carte de M. de la Borde
en fait un promontoire, qu’il appelle de plus longum
promontorium-, nom qui ne convient pas à la forme
de ce lieu, mais bien au précédent.
Avant de décrire cette partie de la Sicile jufqu’au
Pachynum promontorium, & même jufqu’à Camàrinat,
je dois prévenir qu’elle eft fort mpntagneufe, &
que ces montagnes paroiflent avoir fervi de demeures
aux anciens habitans de la Sicile. M. Hoüel
y a trouvé des excavations nombreufes & fi bien
entendues, qu’elles fupppfent une connoi fiance
raifonnée de plufieurs arts. Je ne crois pas qu’elles
foient l’ouvrage des Leftrigons ni des anciens Sica-
niens. Ce ne font pas de fimples retraites , ce font
prefque des palais. Auffi plufieurs fa vans ont-ils
penfé qu’elles avoient été creufées pour fervir de
retraite à ceux que pourfuivoit le defpotïfme des
tyrans. Cela peut être pour celles dont l’accès eft
difficile & l’intérieur afîez fimple: mais pour celles
OÙ l’on trouve des recherhès dans la conftruéHon
ne ppurrpit-on pas erpire que les magiftrats romains
Sc ieurs principaux officiers avoient fait creufer &
embellir ces fouterreins pour y pafîer- les joury&
les femaines des plus grandes chaleurs. Dans^fes
jours brillâns de la république, rien ne coûtoit à
ces voluptueux dominateurs de la terre. Quoi au’il
en foie de l’origine de ces grottes, oii en trouve
prefque par toute la Sicile, & fur-tout d,e ce côté.
Bidis étoit un peu dans les terres, fur le Caty-
paris (Caffibili) (3). Ce lieu étoit dans la vallée
appelée de S. Jean de Bidinl.
Vers, le haut de ce fleuve étoit 'Erbejfus eu
Herbejjus ; peut-être devrois-je dire, l’une' des villes
qui porte, ce nom , car il y en ayoît une autre
près d’Agrigente. M. d^ la Sortie-a indique cçtie
ville fur YAnapus ; mais cette pofition eft contraire
à la tradition du pays ; 8c une carte italienne que
j’ai fous les y eu x , l’indique vers les fources du
(2) Cabyparis eft une faute fur les cartes où ce nom
fe trouve,
(3) M Houçl femble donner ce fleuve pour Vjnqpus
des anciens ; mais YAnapus fe trouvoit à Syracufe. 4.