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» Scylès célèbre Bacchus, & le dieu l’agite j &
* trouble fa raifon : fi vous ne voulez pas m’en
>î croire, fiiivéz-moi, je vous le montrerai ». Les
premiers de la nation le fuivirent. Le Boryfthénien
les plaça fecrètement dans une tour, d’où ils virent
paffe-r Scylès avec fa troupe, célébrant les bacchanales.
Les Scythes regardant cette conduite
comme quelque chofé de très-affligeant pour leur
nation, firent, en préfence de toute l’armée, le
rapport de ce qu’ils avoient vu.
Scylès étant parti après cela, pour retourner
chez lui, fes fujets fe révoltèrent, & proclamèrent,
en fa. préfençe -, Oélamafadès, fon frère, fils de
la fille de Térès. 'Ce prince ayant appris cette
révolte , & quel en étoit le motif, f- réfugia en
Thrace. .Sur cette nouvelle > O.ékmafadës, a la
tête d’une armée, le pourfuivit dans fa retraite.
Quand il fut arrivé fur les bords de li f t e r , les
Thraces vinrent à fa rencontre. Mais comme, on
étoit fur le point de ' donner la bataille, Sicalcès
envoya un héraut à Oéîamafades, avec ordre de
lui dire : « Qu’eft-il befpin de tenter l’un & l’autre
le hafard d’un combat r Vous êtes fils de ma
j> foeur, & vous ayez mon frère en votre puiilance ;
jj fi vous me le rendez , je vous livrerai Scylès ,
jî & nous ne nous expofërons pas au fort d’une
3> bataille ». Le frère de Sitalces s’etoit én effet
réfugié auprès d’Oélatnafadès.
..Ce prjnee accepta l’offre , remit fon oncle maternel
entre les mains de Sitalces, & reçut en
échange fon frère Scylès. Sitalces n’eut pas plutôt
fon frère en fon pouvoir, qu’il fè retira avec fe s .
troupes; & dès qu’on^eut rendu Scylès, Oélama-
fadès lui fit trancher la tête fur la place même.
Telle eft, ajoute l’hifrorien, la fcrapuleufe exactitude
des Scythes dans l’obfervation de leurs loix &
de leurs coutumes, & la rigueur avec laquelle ils
puniffent ceux qui en affe&ent d’étrangères.
Quant à la population de la Scythie, on m’en
a-parte diverfement, dit Hérodote, & je n’en ai
jamais rien pu apprendre de certain. Les uns m’ont
dit que ce pays étoit très-peuplé; & les autres,
qu’à ne compter que les véritables Scythes, il
Fétoit peu. Mais voici ce que j’ai pu voir par moi-
même.
Entre le Boryfthénes & FHypanis, eft un certain
canton que l’on appelle Exampée. Il y a , dans ce
pays, un vafe d’airain, deux fois plus grand que
le cratère qui fe voit à l’embonchure du Pont-
Ëuxin , & que Paufanias, fils de Cléombrote, y
a eonfacrè ( i) . le vais en donner les diraenfions, (i)
(i) Pour mieux entendre ceci,, it fain favoir que
dans Athénée ( L. x i i , c. 9 ) on lit que Paufanias, qui
vainquit MardoniuS aux environs de Platée , violant
Jes loix de Sparte, ôt fe livrant i fon orgueil, coiî-
iacra, tandis qu’il étoit aux environs de By fane e u n
cratère d’airain aux dieux , dont on voit les ftatues à
fentrée du Pont - Etrxin. La vanité & l’infolence Je
firent tellement s’oublier r dit Nynsphis d’Heraclée ,
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en faveur de- ceux qui ne l’ont pas vu. Ce vafe
d’airain qui èft dans'la Scythie, contient àifément
fix cents ;amphores, & il a fix doigts d’épaifïeuy.
Les habitans du pays m’ont dit qu’il avoit
été fait de pointes de flèches que leur roi
Ariantas, voulant favoir le nombre de fes fujets ,
commanda à tous les Scythes d’apporter chacun
une pointe de flèche, fous peine dé mort ;
qu’on lui en apporta, en effet, une quantité pro-
digieufe, dont il fit faire un vafe d’airain , qu’il
confiera dans le, lieu que l’on appelle Exampïi,
comme un monument qu’il Iaiffoit à la poftérité.
Voilà ce que j’ai appris de la population des
Scythes.
La Scythie ( - § .82) ,, n’a donc rien de merveilleux
que les fleuves qui ï’arrofent : ils font très-
confidérables & en grand nombre. Mais indépendamment
de ces fleuves & de fes vaftes plaines ,
on y montre encore une chofe digne d’admiration :
c’eft l’empreinte du .pied d’Herçule fur un roc,
près'du Tyras r cette empreinte reffemble à celle
d’un pied d’homme ; mais elle a deux coudées de lqng.
Je rêfume donc, afin de rapprocher ce qui a.
été dit des différentes efpèces de Scythes.
i°. Les Scythes agricoles, font ceux que les
Grecs, habitans des bords de FHypanis, appelaient
Boryfihénites , & ‘qui fe donnèrent à eux-mêmes le
nom à'Olbiopolites. Hshabitoient entre leBoryfthènes-
& le Panticapès, une étendue de pays de trois
jours <le chemin par l’eft;. & du côté du nord ,
ils habitoient un pays qui a d’étendue onze jours
de navigation en remontant le Boryfthénes. On. les
appellcit agricoles, parce qu’ils cultiVoîent la terre.
20. Les . Scythes Âmyrgiens habitoient, ce
fernble-, en Afie , & non eh Europe ;. car ils fer-
v oient dans l’armée des Perfes. M. Larcher préfume
que ce nom. leur venoit d’une plaine appelée
Amyrgium appartenant au. pays dès Saees% 8t dont.
Helknïcus fait mention.
3°. Les Scythes Arotëres, on les laboureurs,
habitoient au-deftus. ces Aîazons. Dans leur pays,
le Tyras & l’Hypanis rapprochent leurs lits , &
kiffent moins d’efpace entre eux. Ce doit être vers
la Podolie.
40. Les Scythes Auchatés habitoient fur l’H y.
panis, à fa fource ; ce doit être aujourd’hui l’Ukraine.
50. Les Scythes Nomades habitoient au-delà des
Panticapès, à l’eft dès Scythes agricoles. Leu»
pays avoit quatorzé journées de chemin j.ufqu’aii
fleuve Gerrhus.
6°. Les Scythes royaux formoient une nation
nombreuse, qui habitoi’t au-delà du fleuve Gerrhus.
Ils s’étèndoient au midi, jnfqu’à la.Tautique ;
qtfiî ofà- mettre danv l’inferiptron que c’ëtoit lui-même
qui l’a voit eonfacrè. Voici l’infcription : •
«Paufanias de Lacédémone y fils; de Cléombrote,
»* ifiu' de l’ancienne race d’Hercule , général de la Grèce,
»• a confâcré ce cratère au roi Neptune „ comme u»
y> monument de fa valeur
iLrs l’eft, .infqu’au' folié que firent les fils des
Aveugles, & jufqifaux • Cremnes, ville de corn- ■
| ‘ prce fi tuée fur le Palus-Méotide. Quelques-uns
s’é te n d oient même jufqu’au Tanaïs. Ils regardoient
les autres Scythes comme leurs efclaves.
mL Les Scythes qui s’étoient fepares ces Scythes
royaux habitoient a u -d e fe des lyrques, dans
j,; pays qui eft vers le levant. Ils a'voient ete
Isîétabîir dans cette contrée après-s’être fépares des
Scythes royaux, ƒufqu’au territoire de cos Scythes,
Ic’éioh un pays de plaines; mais au-delà, on ne
trouvoit plus que des terres pierreufes & rabo-
E On a pu voir, par-l’article Sarmatie, que les
ISatniates avoient fuccedé , au moins en très-grande
Ipârtië, à ces Scythes d’Hérodote-. Auffi les Scythes
Bout parle Ptolemée, & que l’on trouvera à la
Bin de cet article, étoient-ils en Afie. A in fi, ou
les Scythes avoient été repouffés par leurs voifins,
feu l’on avoit changé le nom qu’ils portoient en
■ Europe, en le donnant à des peuples plus reculés En Afie, & encore inconnus à la Grèce au temps
ËfHéyqdote. . ' .
I Mais avant de parler de la Scythie de PtoJemee ,
jje vais parler de l’irruption des Scythes en Afie,
»ous Cyaxare , & de la guerre que leur fit enfuite
IDarius. '
L Hérodote , après avoir parlé (L . 1 , 102) ,
des conquêtes de Phraortès, fils de Déjocès, dit
( g. /05 ) : Ce prince étant mort, fon fils Cyaxare ,
petit-fils de Dejccès, lui fuccéda. On dit qu’il fut
ièneore plus belliqueux que fes pères. Le premier
fil fépara les peuples de l’Afie en différens corps
ide troupes, & affigna aux piquiers, à la cavalerie,
aux archers, chacun un rang à part : avant lui
Itous les ordres étoient confondus. Ce frit lui qui
[fit la guerre aux Lydiens, & qui leur livra une
[bataille , pendant laquelle le jour fe changea en
nuit : événement qui eut lieu , félon le canon
■ chronologique de M. Larcher, 597 ans avant
e notre ère. Ce fut encore ce prince qui, après
avoir fournis toute F Afie au - defiiis de l’H alys,
Iraffembla toutes les forces de fon empire, & mar-
Icha contre Ninive, réfolu de venger fon père ,
; par la deftruéfion de cette ville.
L Déjà il avoit vaincu les Affyriens en bataille
[rangée; déjà il aftxégeoit Ninive, lcrfqu’il fut af-
| failli par line nombreufe armée de-Scythes,. ayant
l à leur tête Madyas, leur roi, fils de Protcthiès:
\ c’étoit en. chaffant d’Europe les Cimmériens, qu’ils
| s’étoient jetés fur l’Afie.
| Du Pahis - Meotis au Phafe & à la Colchide ,
1 on compte trente journées de marche pour qnel-
1 qu’un qui marche bien. Pour fe fendre de la Col-
I chide en Mèdie, on paffe des montagnes, & le
[ trajet n’eft pas long ; car il nefe trouve entre ces
r deux, pays que celui desSapiresf, lorfqu’on l’a tra-
I -verfé, on eft fur les terres desTvlèdes. Les Scythes
I néanmoins n’y entrèrent pas de ce côté ; mais ils
f Ppffèrent plus haut, & par une route plus longue ,
laiflantle mont Caucafè fur leur droite. Les Mède5
ayant livré bataille aux Scythes, la perdirent avec
l’emoire de l’Afie. Cet événement eft fixé par
M. Larcher , à l’an 633 avant notre, ère, & un
an après que Cyaxare fut monté fur le trône.
Les Scythes, maîtres de toute l’Afie, marchèrent
de-là en Egypte ; , mais quand, ils furent dans la
Syrie de Paleftine, Pfammiticîius , roi d’Egypte ,
vint au-devant d’eux, & , à force de préfens & de
prières, il les détourna d’aller plus avant. Ils revinrent,
donc fur leurs pas, & pafièrent, par Afcalon,
en Syrie, d’où ils fortirent, la plupart, fans y avoir
fait de dégât, à l’exception de quelques-uns d’entre
eux, qui, ayant été lai fies en arrière, pillèrent le
temple de Vénus Uranie. La déeffe envoya une-
maladie de femme à ceux; d’entre les Scythes qui
avoient pillé le 'temple d’Àfcalon , & ce cMtiment
s’étendit à jamais fur leur poftérité (1).
Les Scythes çpnfervèrent vingt A mit ans l’empire
de l’Afie ; ils ruinèrent tout par leur violence &
leür négligence. Outre les tributs ordinaires, ils
ex-igeoient encore de chaque particulier, un impôt
arbitraire & indépendant de ces contributions ; ils
parcouroient tout le pays, pillant & enlevant à
chacun ce qui lui appartenoit. Cyaxane & les.Médes,
en ayant invité chez eux la plus grande partie, les
tuèrent, après les avoir enivrés. Les Mèdes recouvrèrent
ainfi leurs états & l’empire fur les pays
qu’ils avoient ci-devant poffédés.
Cétoit pour venger la Médie de tout ce qu’elle
avoit foLiftert lors de cette- irruption, que Darius ,
fils d’Hyftafpe,, entreprit de porter la guerre contre
les Scythes.
Après une abfence de vingt-huit ans ( dit Hérodote
(£ . i v , §. / ) , les Scythes avoient voulu
retourner dans leur patrie. Cela doit s’entendre des
corps de troupes! qui avoient échappé au ma fiacre ^
mais ils n’avoient pas trouvé dans cette entreprife
moins de difficultés qu’ils n’en avoient rencontré
en voulant pénétrer en Médie. Une armée nombreufe
étoit allée au-devant d’eux , & leur en avoit
difputé’ l ’entrée; car leurs femmes, ennuyées de la
longueur de leur abfence, avoient. eu commerce
1 avec leurs efclaves.
Les Scythes crèvent les yeux à leurs efclaves,
ajoute Hérodote, afin qu’ils ne pnift'ent rien entreprendre
contre eux, & les emploient à traire le lait
dont ils font leur bôifion ordinaire. Ils ont des
foufflets d’os., qui reftemblent à des. flûtes. Ils les
mettent dans les parties naturelles de la jument';, les
(t) Le grec dit une maladie féminine. On a. beaucoup
cherché ce que ce poüvoit être-, mais ën- rü%
rappelant que les Philiftins, qui etoient auffi de ce pays
furent auffi attaqués d’une maladie que l’on croit être
une efpèce de dyffenterie , pour avoir eii chez- eux
l'arche d’alliance , on pourvoie foupçonner que ce fut
une efpèce de flux de fan g qui affligea les Scythestout:
naturellemem, & que ce rapport d'nnécoûlèmentfanguia
| avec un autre écoulement, plus général1 & particulier
1 aux. femmes , a déteiminé l’expteffiqn d’Hérodote^