
ponts qui les contiennent par terre & les ports
qui les contiennent fur les rivages de la mer.
i Chap. x x , L. m . Léon-BaptiAe Albert a fort
bien dit que les grandes voies terreftres, foit au-
dedans les villes, foit au-dehors, commencent ou
finirent à des portes , ( L. i i i , de re edificatoria ,
eàp. d ) ; & dans un autre endroit (L . i v , c .5) ,
il remarque que félon l’art qui fe doit obfervcr
au bâtiment des grandes villes , il faut que le
nombre des portes foit correfppndant au. nombre
des chemins militaires qui y viennent aboutir., (~Ce
M. Albert étoit un homme bien fin, de deviner
cela 1 il auroit dû dire qu’il falloit ouvrir les
portes fermées toutes les fois que l’on vouloit y
palier ) ,. portarum ratio per. viarum mililarum numéro
babenda ejl.
-°- O r , quant aux Romains , ils n’ont pas ap-
proprie les portes de leur ville à leurs chemins
militaires ; mais leurs chemins militaires à leurs,
portes , de plufieurs defquels ris n’ont pas fait
partir par un feul chemin militaire ; mais deux
ou plufieurs , comme nous l’apprenons d'Onu-
phnus Panninus, qui dit :ab. una autan porta plores
vuis deduci , atque tas ih dïvtrfa Voca dividi mani-
fcjhmt ejl. Et delà efi venu que plufieurs, portes,
ont eu le nom de quelques-uns- des chemins militaires
, comme, au contraire, quelques chemins-
militaires celui des portes, d’où ils partoient:
30. Pour donc difeourir clairement & nettement,
des grands- chemins d’Italie , il nous faut dire
quelque chofe des portes de l’ancienne Rome
ann que par le. nombre 8c la fituation de chacune,
nous publions faire entendre , le nombre & la
fituation des grands chemins qui: , delà-,. s’eten-
doient' par toute l'Italie , foit qu’ils partent immédiatement
defdites portes ,011 qu’ils foient joints,
& comme entés fqr ceux, qui en fonent immé.-
diatement.
4 ° ..0 r e f i- i l que le nombre 8c la fituation défaites'
portes à été fort, différente , félon Ja différence
des temps ; car au commencement de la
fondation de Rome, lorlqu’eltë ne comprenoit en-'
core que le mont Palatin & la vallée prochaine, -
où étoit le Forum, elle n’avoit -que trois portes-.
Puis lorfque les Sabins forent admis par Romnlus
au droit de bourgeoifie romaine, Penceinte de la
ville fot augmentée, le capitole y fut renfermé,
& une quatrième, porte bâtie pour y donner entrée
du côté du capitole. G’eftdeces trois portes &
delà quatrième en fuivante, que Pline veut parier
quand il dit : Urbem. très portas habentem Romulus
rdiquit- aut ( ut plurimas tradent'dms credamus.') qua-
tuor. Pli. L. m-, c. y. Mais puifque Pline ne fait pas
connoùre les noms de ces portes , il faut recourir
a Varron ,.qui , ( i . iv~y de ling. latui. ) , parle
ainfi des trois premières: Prceterea intra muros-video
portas dici in palatio , mutionis à rn.ug.Lu , quod- ea
puus in bucitatumi andquum oppidum exigebant. AU
tp-am Romulam yJqua ejl dtâa-J Roma , ténia Januali
difta.à J/uio
On voit donc que la premièrô porte eut Td
nom de porta Mutionis, des mugiffemens des bête»
à cornes que l’on envoyoit par-là aux pâturages
voifins ; celle appellée Romula , appellée ainfi du
nom. même de la ville , & la treifième Janualis
du dieu Janus, qui avoit autrefois habité ces quartiers
» Quant à la quatrième, elle eut le nom de
porta Carmentalis, de Carmen ta , femme d’E van cire
qui avoit eu fà demeure en cet endroit , au
pied du capitole comme nous l'apprenons de
ces nïots de Solin : Pars infima capitolini montis ,'
habitaculum Cannuitce fuit, urbi & Carmentalc fanum
nunc ejl : a quo Carmentalis porte nomen ejl. Tite-r
L iv e , L. x v i i s St Plutarque , dans la vie de Camille
, foifoit mention de cette porte , dont Virgile
parle dans le livre vm de l’Enéide.
Et Càr/nentalém Rornano notnine portûmï
50. La ville de Rome étoit alors de figurë
carrée, aux entrées 8c iffues de laquelle ces quatre
portes pouyoient- fuffire, Mais dans les fié cl es
foi vans ion enceinte ayant été dilatée, à plufieurs
fois, il fallut fouvent. y faire des portes toutes
nouvelles , ces quatre premières ne fervant de
rien à ht fbrtereffe & à' la clôture de la ville
car bientôt après. Numa Pompilius ,.fucceffeur de
Romulus, ajouta à la. ville de Rome, une partie
du mont. Quirinal. Et comme -le peuple vint à
s’accroître grandement fous les règnes fuivans-;
Tuilus Hoftilins y joignit-le mont Coelius ;■ Ancus
Martins, le Janiculej.Servius Tullius,le refie du
Quirinal 8c le ViminaL Long - temps depuis ,
Sylla y Jules-Céfar , Augufie Si Tibère augmentèrent
l’enceinte de la ville de. plufieurs grandes,
places, qu’ils y enfermèrent. Néron, après y avoir
mis fe feu, l’agrandit encore plus qu’elle n’avoLt
été jufqu’alors. Trajan y fit auffi de l’augmentation,
auflî-bien qu’Aurélien, qui, le premier environna
le champ de Mâts, d’un enclos. Enfin Conf-
tantin-le-Grand fut le dernier qui l’augmenta du
côté' des portes Viminale & Tiburtine,’ ayant-,
pour cet ^objet, jeté a bas- l’ancien camp prétorial
qui étoit en ces quartiers..
6°. C ’eft donc des portes de cette large enceinte
de ville que nous avons à traiter, d’autant que
c’èfi de celles-là que partoient les grands chemins.,
de l'Italie, & par eux le refie des grands cheroins.de
toutes les provinces rie l’empue. Or, le nombre defdites
portes efi diyerfementâffigrïe par les auteurs*.
Pline dit que, de fon temps , il y en avoit vingt-
quatre ; car, c’eft ainfi., qu’il faut lire ce paffage
du trojfième livre, chap. 5 ,.de fon hifioire naturelle
, où il parle des portes de Rome qui étoient
du temps de Vefpafien >8c de fës deux, enfans.
Qua funt hodie. X X III, ,& non pas XXXVII. Les
autres n’en comptent que quatorze, entre lefquels
efi Procope ( de Bell. Gcth.y, où , parlant de Juf-
tinien, il. dit : habet. autan circumjebtus urbi murus
portas decm & quatuor- : pomlafque aljps quafda^.
7". Poiif accorder Ces deux auteurs enfemble,
Wons pouvons dire qu’en effet à Rome, il n’y avoit
que quatorze portes royales & principales, que l’on
.pourroit appeler impériales & militaires, d’autant
qu’à ces quatorze ou quinze portes fe rapportoient
toutes les voies militaires de l’Italie, foit qu’elles
portaffent leur nom jufques-là, ainfi que des branches
attachées à leur tronc ; ou bien qu’elles <lé-
pendiffent d’autres , par le moyen defquelles elles
y foffent portées. De ces quatorze portes militaires
, on va mettre ici les noms, avec les noms
modernes qui y répondent dans l’ordre qu’elles
occupent autour de la ville. *
Porta Flumentana, puis Flaminta, porte du peuple.
Porta Collatina, puis Pinciana.
Porta Agoncnfis, puis Quirinalis, puis Collatina ,
St enfin Salaria.
Porta Viminalis, porte de Sainte-Agathe.
Porta Gabiufa, porte de S. Laurent.
Porta Efquilina, autrement Labicana , puis Pra~
neftina, porte Majeure.
Porta Calimontana, puis AJinaria, porte de
i l Jean.
Porta Ferentina, puis Latina.
Porta Cape.ua, puis Appia, porte de S. Sébaftien.
Porta Trigmina, puis OJlienJis , porte de S. Paul.
Porta Nàvàlis, puis Portuenfis.
i Porta Jantculenfis, porte de S. Pancrace.
Porta Fontinalis, puis Septimiana.
Porta Aurélia, près du mole d’Adrien.
o0. Quant aux dix autres portes qui étoient à
Rome du temps de Pline, il efi à croire que c’é-
toient des portes de moindre apparence ; ce que
Procope appelle portulas, lefquelles portoient les
noms fuivans :
Porta Querquetularia, ou bien Querquetulana. , fur
% -mont Yiminal.
Porta Piacularis. ,
Porta Catularia.
Porta Minutia.
Porta Mugiona.
Pprta Sanqualis.
Pona Ncevia.
Porta Raudufeula , ou hien Raudufculana.
Porta Lavemalis.
Porta Libttinenjîs. V
9°. Outre ces vingt-quatre portes il y en avoit
encore une qui fervoit d’entrée à la ville de Rome,
du côté du mont Vatican , en-deçà du Tibre , &
qui n’eft pas cpmprife dans le nombre des portes
principales , fans q.ue nous en fâchions la caufe, j
qu’elle efi une des plus célèbres, St que c’eff
par elle que les triomphes entroient dans la
ville, d’où elle avoit pris le nom de Porta trium-
phalis, à travers laquelle paffoit une rue célèbre
du même nom. Quant à quelques autres qui font
mentionnées dans l ’hifioire ; favoir , Porta Sa-
lurnia ou Paudana , Porta Ratumena Salutaris ,
Sterconaria, c’étoient des portes du dedans de la
ville qui ne fervoient ni d’entrée, ni d’iffue, & qui
pou voient bien être des fept portes que Pline dit
n’être pas venues jufqu’à fon temps : Proetereunturque ,
dit-il, & veteribus fepttm que ejfe defuerant.
Chap. x x i . i°. Il efi temps enfin, dit M. Ber-
gier, de faire partir des portes de la ville de
Rome, toutes les voies en particulier, dont on a ,
jufqu’à préfent, traité en général,, & de les con-
duire les unes après les autres par toute la longueur
& largeur de l’Italie. Pour remplir cet objet,
nous commencerons par celles qui ont des noms
propres dans l’hiftoire, 8c que nous déduirons
lelon l’ordre qu’elles avoieiit entre elles. Nous
accommoderons à chacüne d’elles celles qui font
dans l’itinéraire d’Antonin, dénuées de leurs propres
noms. Quelques-unes feront avec leurs noms propres
& d’autres fans noms. Nous rapprocherons
ainfi les unes des autres le plus près qu’il nous
fera poffible.
2,0. De plus, nous y obferverons cer ordrè
qu’ayant difeouru d’une voie militaire, qui part
immédiatement de l’une defdites portes. On traitera
enfuite de toutes, celles qui en dépèndoient, comme
autant de rameaux de leurs principales branches.
Ce qui fervira en même temps à faire connaître
les rapports que chaque voie pouvoir avoir avec
la ville, 8c en /même temps à foire connaître la
grandeur de leur étendue.
3°. Nous commencerons par la voie Flami-
nienne, non pas feulement parce qu’elle efi une
des plus anciennes 8c des plus renommées de
toutes , mais auffi à caufe de la fituation de
la porte Flumentane, de laquelle elle prenoit
fon commencement pour s’étendre dans la campagne.
Nous avons annoncé que nous traiterions
des grands chemins , fuivant l’ordre des
portes où elles commencent ; o r , celle-ci étant
affife au-delà du Tib re , à notre égard, 8c plus
près du Tibre que pas une autre, nous tirerons
delà en avant vers.les autres portes dans le territoire
des anciens Latins, prenant chaque voie 8c
chaque porte à fon tour , jufqu’à ce que nous
ayons rejoint le Tibre à l’autre partie de la ville.
Paffant la rivière, nous continuerons notre route
par celles en-deçà , jufqu’à ce que nous foyons parvenus
à la dernière.
4°. O r , que la porte Flumentane foit affife
auprès du Tibre, cela efi même prouvé par fon
nom qu’elle a tiré du voifinage de ce fleuve :
Flumentana Porta , dit Fefius Pompeius , Rome
appellata quod Tiberis partent ea jïuxijfe affirmant.
I Et même ou voit qu’elle en étoit fi près, que fe
S s s 2