
porté« où elle fe voit à préfent, & où elle eft
indiquée par Ammien Marcellin , Procope &
quelques autres écrivains de leur temps , fous le
nom de porta Hoflienfis , près du fépulcre de
Feftius, qui a la forme d’une pyramide , & qui
touche aux remparts près de cette porte.
4°. Il eft plus que probable que cette porte,
îiinfi que la voie, ont pris leur nom , de ce qu’elles
communiquoient le plus direâement avec le port
d’Oftie , fitué au fuel de la ville. Et de. fait, cette
voie partoit de Rome direâement au fud, Procope
qui en parle, dit : à porta, via reEla ad urkem
ducit plana quidem & prorfus nil irnpedita hanc à
principio Romani confiarunt.
5°. Pour ce qui eft de la longueur de cette
v o ie , on a dit précédemment que l’itinéraire ne
lui donne que feize milles.. Mais Procope femble
lui donner jufqu’à dix-neuf milles & plus. lorf-
que parlant du port d’Oftie, cù finit cette voie, il
dit qu’il eft à cent vingt-fix ftades loin de Rome ,
8c qu’il n’y a que ce peu d’intervalle qui empêche
que Rome ne foit une ville maritime : Vitiges lo-
cum quem partium vpeant Romani, pmoccupare animo
defiinat ,* qui ferme ab urbe centum fexque & viginti
fiadüs abefi. Hoc tantulo & fola intercapedine, ne
maritima fit urbs Rome dirimitur. Or, vingt fiades
rendent précifément dix-neuf milles & un huitième.
Ckap. x x v i i . i®. Après les portes 8c les voies
qui font à l’oueft du Tibre , appartenant à la
partie la plus confidérable de la ville, il ne refie
plus à traiter que de celles qui étoient à l’oueft.
Cette partie de la ville étoit, 8c efi encore bien
petite en comparaifon de l’autre.
2°. La première porte qui fe rencontre dans la
route que nous paroifions fuivre , efi celle que
l’on nommoit porta Navalis, parce qu’elle eft près
du lieu où les bateliers du Tibre avoient un éta-
blifiement, même avant que Claude 8c Trajan
euffent fait bâtir le port d’Oftie. Sextus Pompée
lui donne ce nom, 8c en donne la même raifon :
Navalis porta , dit-il, à vicinio navalium diEla. Depuis
qu’à l’embouchure du Tibre Claude eut à conf-
truire un très-beau port, embelli encore par
Trajan, la porte & la voie furent nommées porta
& via Portuenjîs.
3°. Que fi l’on me demande , dit Bergier , pourquoi
ce port a plutôt donné fon nom à la porte
de la ville qu’à celle que l’on appelle Ofiitnfis au
de-là du Tibre , vu que par l’une 8c par l’autre on
allcit audit port ; je réponds que le Tibre, dans
l’endroit où il approche le plus près de la mer
en ce lieu, fe partage en deux bras 8c forme une île
à peu-près triangulaire, que les anciensappclcienr
île facrée. De ces deux bras , celui qui tiroit à gauche
étoit le plus grand, 8c porte le nom de Tibre
j'ufqa’à la mer. Sur la rive gauche dé ce bras efi la
ville d’Oftie. 11 ne faut donc pas s’étonner fi la
porte & la voie qui étaient au-delà du Tibre &
qui conduifoit à cette ville, en avoient pris le nom
de porta 6» via Ofiitnfis.
L’autre bout du Tibre eft celui qui fe détache
fur la droite 8c paftbit fur le territoire des Etruf-
qués. Ce bout de fleuve, beaucoup plus petit que
l’autre, fe nomme aâuellement, par cette raifon ,
Fiumicino. Sur la rive droite de celui-ci eft le port
que l’on appelle aâuellement le port d’Oftie , 8c
que les anciens appeloient Amplement Portus. On
voit ainfi qu’il n’eft pas joint "à la ville dont il
porte le nom , car il appartient à l’un des bras,
8c la ville appartient à l’autre,. 8c l’île facrée fe
trouve entre-deux. A la rigueur même on pourront
dire que le mot Ofiie fignifiant ici embouchure
de fleuve , il peut appartenir à l’une 8c à l’autre
de ces deux embouchures , mais il eft plus particulièrement
confacré à la première. Et comme
ceux qui demeurent dans la partie occidentale de
Rome, peuvent aller direâement par terré'à ce
port ; - de-là s’étoit établi ce nom , par la route
qu’ils pratiquoient, de via Portuenfis'. C’eft ce qui
fait dire à Procope ( L. n i ) , Ex altéra ripa fluminis
parte, portuenfijque via , pedefirés exercitus Jubfidio
veniebas. — Et peu après : T um Beliftrius navibus
fiatim ad tenam vix f i or tu en fisc regione fubduBu.
4°- Cette voie étoit belle 8c commode, 8c même
avoir des avantages fur les autres. Elle étoit divifée
en deux parties, entre lefquellés exiftoit une di-
vifion en pierre, fermée par une efpèce de muraille.
Par l’une de ces routes on alloit au port;
par l’autre, on en revenoit, c’eft-à-dire , par tous
les chemins ; car je fuppofe que c’étoit pour les
voitures une obligation, mais feulement une fureté
de plus pour les gens de pied. Voici ce qu’en
dit Baptifte Albert ( L. iv . Archit. c. ƒ ) ; Ex ad rem
f i t , quod ad viarnPortuenfem annotavi. Quando enim
Ægypto, AfricaLibya , Hifpar.iis, Germania , in-
Julis, hominum ingens numerus| - mercïum maxima via
copfiuebat : ßratam ejficere dupUm ; & in medio ,
lapidum ordo eminens ut linea. extabat pedem , tu pro-
deren! altera redirent altera , vitala properantium
ojfenfione.
5 '• La fécondé porte de deçà le Tibre eft celle
que l’on appeloit Janicuhrtfis, parce qu’elle étoit
afiife fur le mont Janiçule ( Janiculum nions ) ; elle
étoit entre le fud 8c l’oueft. Dès le temps de Procope
, il y avoit près de cette porte une églife
dédiée à S. Pancrace , d’où elle étoit alors nommée
porta Pàncratiana , ou SanBi Pancratii, Il en parle
ainfi ( L. z , de bello Gotti.) : Inter hac Bcjfas qui
Pranefiinarn portant euflodieridam acctperat, ad BeLi-
farium mifit, qui nunciaret teneri ab hofiibus urkem ,
per portam aliam introgrtffis, quoi fupra Tiktrim efi
& JanÜi Pancratii dicitur. De la porte de faint
Pancrace partoit la voie Vitellienne, tirant au fud—
oueft : Tacite en fait mention , fans nommer, à
la vérité, la porte du nom du faint, qui n’étoit pas
alors connu à Rome. Indicia , dit-il, F milia, fiirpis
diu mahfive confiât ; viarn Vitelliatn ab Janiculo
ufque ad mare ; itemque colOniâni ejufdem nominis, &c.
15«. La troifième porte en-deçà du T ib re, étoît
celle appelée laSeptiminienne ; elle étoit flir la rive
droite du Tibre, affez près du mont Janiçule , tournée
vers l’occident. Cette porte s’étoit nommée
d’abord Fontinale ; Feftus. en parle, ainfi : Fonû-
nalia Fonlium facra , undè & Rome: 1 ontmalis porta.
Tite - Live dit auflï : Ædiies alurm ponicum ad
portam Fontinalem ad Munis curam-, quâ in campos
iter f i t , perduxere. Mais depuis, Septiaye Severe lui
donna le nom de Septiminienne, parce qu’il avoit
fait conftruire des étuves auprès de cette porte,
ainfi que Spartien nous l’apprend dans la vie de
ce prince. De cetté porte partoit une voie qui
tiroit à l’occident, & , prenant fon cotirs le long
de la oontrefearpe du fofie , alloit fe joindre , non
loin de là , à la voie Triomphale.
7°. La voie Triomphale a eu ce nom parce que
les généraux romains , 8c depuis , les empereurs ,
lorfqu’ils avoient obtenu les honneurs du triomphe,
entroient par cette voie dans la ville de Rome.
Elle étoit afiife entre la Septiminienne 8c l’Auré-
lienne , près de la montagne du Vatican , 8c d'un
pont de même nom, bâti fur le Tibre.
Cette porte , du temps de Procope, étoit peu
fréquentée : peut-être même étoit-elle. bouchée,
puifqu’il n’en fait pas mention lors du fiège de
Rome par les Goths, placés de ce côté.
8°. Suétone , parlant des honneurs que le fénat
ordonna être rendus à l’empereur Augufte après
fa mort, dit qu’entre autres, on compta pour
beaucoup d’honneur de faire pafier fes funérailles
par cette porte : Funus. triùmphali porta ducendum.
Tacite dit aufli : Tùm confultatum de honoribus : ex
quels maxime infignes uji ut porta Triùmphali duceretur
funus.
9°. Quant aux empereurs vivans qui faifoient
par cette, porte leur entrée, triomphale , on en a
l’exemple dans celle de Vefpafien 8c de T ite , qui,
ayant vaincu les Juifs 8c pris la ville de Jérufalem ,
entrèrent par cetté porté en triomphe. C’eft ce que
l ’on yoit par Jofeph, qui dit : De triùmphali principes
, qui non in palatio, fed prope lfidis templum
noEle ilia quieverant, prima jam aurora incipientc procédant
, lauro quidem coronati, amiSli vero patria vefie
purpurea. Puis quelques lignes plus bas il ajoute : Ibi
cum milites alloquutus fuijfet fohmnibufquc mitis fuf-
ceptis jolvijfet. Imperator ipfo. cum Tito Cecfure ad
portam recedit, quæ ab eo quid per illam femper
triumphorutn pompa dicitur, nomen acceptât. Ibi
triumphalibus vefiibus ariiitfi, dicis ad portam collo-
catis , ccefa Hoflsa , inter fpetfacula tranfeuntes trium-
phum ducebant.
io°. Or la voie qui pafloit par cette porte 8c
que, par cette raifon , on nommoit Triomphale ,
voie fur laquelle étoient conduits les triomphateurs,
fe divifok en- deux parties ainfi que beaucoup
d’autres, dont une en defeendant de la ville oc
8c l’autre en dehors.
La première partie s’étendoit de la porte par-
deflus le pont triomphal jufques au capitole,
ayant à droite les théâtres de Pompée 8c de Mar-
cellus. Et quant à l’autre partie, elle conduifoit de
la porte, entre les montagnes du Janiçule 8c du
Vatican, tout le long du'cirque de Caïus & de
Néron, qui étoit fur la droite, 8c qui alloit jufques
dans la campagne.
Chap. x x v i i i . La dernière des portes de la
ville de Rome, en deçà du Tibre , étoit la porte
Aurélienne, appellée ainfi d’après une voie militaire
de même nom, ou bien d’après un édifice appelé
Aurelium Tribunal, bâti près de cette porte , 8c
dont parle Gicéron dans Poraifon in Pifonem.
Cette porte étoit placée près du mole d’Adrien
( le château S. Ange ) ; mais elle fut démolie fous
le pontificat de Léon IV , lorfque augmentant la
ville de ce côté , il enferma le mont Vatican
dans fon enceinte. Quelques auteurs ont cru que
cette porte étoit la même que celle appelée depuis
; de faint Pancrace ; mais Procope, dans quelques
pafiages de fôn ouvrage fur la guerre des GotHs,
; les diftingue très - bien. On peut citer fur - tout
? le paftag.e fuivant, qui eft décifif. Itaque fz&um efi ,
ut circa Aureliam portant omnia intus jam ejfent ad
portam rem Pancratianam aua traits Tiberim efi, cum
Hofiium copia pervenijfent, ob loci d’vjjicultatum nihïl
per eas g'efium efi memoria ■ dignam.
i° . Quant à la voie Aurélienne, quelques auteurs
difent qu’elle eut ce nom d’un citoyen de
Rome qui la fit exécuter. Voici du moins ce qu’en
dit le Palladio, dans fon ouvrage , fur l’architecture
: Celebratiffima la via Aurélia , chiamata cofi da
Aurelio, citadino Romq.no che la face. Quelques
. auteurs difent de plus , que comme il avoit été
conful, on avoit donné à cette voie le nom de
Confulaire.
Il y avoit en Italie deux grands chemins de ce
nom, l’un plus ancien , l’autre,plus nouveau.
L’ancienne voie fortoit de la porte Aurélienne ,
s’étendoit le long du bord dé la mer jufqu’àit
Forum Aurelii pendant 8o milles détendue. Ce lieu
avoir été le terme delà voie au temps d’Auréier.
Elle fut depuis conduite au travers de la Gaule,
en confervant le même nom.
3°. Nous trouvons dans la Géographie de Straboa
qu’Æmiiius Scaurus la prit au Forum Aurelii, & la
conduifit par les villes de Pife 8c de Lucques juf-
qu’aux temps des Sahariens ( à vada Sabatii ) ;
cette longeur étoit de 380 milles. Il y ajouta un
chemin de là à Dertond, qui étoit de 26 milles.
Hic ille Scaurus , dit-il , qui per Pifiam 6» lucam
ufque Sab.atïos viam firavit Æmiliam & h inc per
Dcrtonam. Cette nouvelle voie eut le nom de
via Æmilia Scauri ; au lieu que celle dont il a été
parlé précédemment fe noniitroit feulement via
Æmiliana.
4°. Mais cette voie fut pou fiée encore plus loin ;
car , félon Eutrope . elle alloit jufqu’aux Alpes.
Il dit expreflement : Ftruria per Aumiam ufque ad
Alpes ntariümas ingénus agri fum ; hique fertiles &
filvofi, • - . . . .
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