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fement du nord, avoir-à l’eft un temple de Vulcain
( tempbum Vulcani ) , & l’autre , venant du nord-
eueft, pafloit peu loin d’un lieu appelé Trinacinoe.
Trinacinoe ou Trynacinoe ( Traîna ) , étoit fur la
cime d’une montagne. Elle occupoit le lieu même
où eft la ville moderne : il n’en refte que quelques
portions de murailles d’une belle conftru&ion.
M. Hoüel dit que les gens du pays prétendent
que Traîna eft l’ancienne Imachara; mais il paroît
que celle-ci étoit plus à l’oueft. Le rapport entre
le nom ancien & le nom moderne, eft une nouvelle
preuve en faveur du fentiment que j’ai adopté.
Quant au Chryfas , qui pafloit à Ccnturipoe , il
venoit aufli du nord-oueft, & a auffi, vers fa fource,
porté le nom de Vagus. En le remontant, on trouvoit
d’abord,
Agyrium (S. Felipe d’Argiro), patrie de Diodore
de Sicile, fur le fbmmet d’une montagne conique ,
irès-élevée, parfaitement ifolée, & de pierre calcaire.
Diodore, en parlant de cette ville, dit qu’Hercule
y vint, & qu’on y éleva des temples en fon
honneur, quoique modeftement il les refùlat, aufli
bien que les facrifkes. Ce dieu, par reconnoif-
fance , ajoute l’hiftorien, creufa dans la plaine un
lac de quatre {fades de circonférence.
Il n’en refte que quelques pans, de-muraille.
AJJonis, patrie de Daphnis, poète bucholique.
Taboe y forterefle, étoit à la droite dû fleuve.
Engium était abfqjument à la fource du Chryfas,
qui avoir un temple allez près au fud , fous le nom
de Fanum Chryfoe. Il avoit été élevé par les Affo-
riens , ou habitans dyAjforus. Dans le même local;
félon les gens du pays, on a élevé une petite
églife, dédiée à S. Pierre.
On âdoroit dans ce temple une ftatue du fleuve
Chryfas-, fculptée en marbré, & d’une grande perfection.,
Verrès , malgré la vénération qu’elle
infpiroit, voulut faire voler cette ftatue. Mais les
brigands furent découverts, pourfuivis , & la ftatue
refta : on ignore ce qu’elle eft devenue.
Il paroft que le mont Amfino renfermoit la
fource du Simoethus., -& Ton- y voyoit aufli un lieu
appelé- Simoethutv.
Un peu au fud étoit la ville d'Enna ( Caftro-
gioanni).,- que les anciens appeloient VOmbilicus
Sic ilia: , ou le centre de la Sicile. Elle étoit fur le
fommtt d’une montagne où eft une petite plaine
d’environ un mille d’etendue 8c de trois cens foifts
de largeur. L’eau abonde , en ce lieu. Cette ville
avoit été bâtie par des Syracufains, ayant à. leur
tête un général nommé Ennus, qui lui donna fon
nom , l’an 665 avant J. C.
SelonDiodore, le temple cîe Cêrés à Enna
avoit été bâti .par Gélon, tyran de Syracufe. Il
y avoir, dans ce temple, deux ftatues de la d éd ie,
Tune en marbre, l’autre en bronze ; celle-ci étoit
la plus ancienne. Dans le yefiibûle , il^ y avoit
deux autres ftatues: l’une repréfentoit Cérès, d’une
belle exécution-; elle tenoir en main une viâoire :
l ’autre repréfentoit Triptolème.
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Le temple de Proftrpine, moins grand que celui
de Cérès, avoit aufli beaucoup de célébrité.
A cinq milles au fud d’Enna etoit un lac nommé
Pi.rgu.fa , & célèbre par l’enlèvement de Prôferpine.
Il eft à prefent dans une campagne déferre , & a
environ 2672 toifes de circonférence ; fa forme
oblongue s’étend du levant au couchant ; mais ce
lieu appartient au baflin qui raffemble les eaux
de l’Himera méridional.
A l’eft d ''Enna étoient:
Herbeta ou • Herbeffa , détruite par les Sarrazins:
les habitans fe retirèrent dans des grottes. Pas loin
de-là les Sarrazins fondèrent Nicofta.
Ergttium ou Ergetio ( Zotica) , de ce même côté,
paroît avoir été bâtie dans une belle plaine, qui
eft au fud du fommet où eft a&uellement l’henni-
tage appelé le Paradis, fur la montagne appelée
Judica.
Murgentium. La pofttion de cette ville paroît
offrir quelques difficultés, quand, d’un côté, on la
voit placée a fiez avant dans les terres par l’habile
d’AnviUe; & de l’autre, afîez près de la côte,
par des auteurs eftimés, & tout récemment fur la
carte de l’Italie ancienne, publiée par M. de la
Borde.
Je préfume que M. cTAnvilîe, qui , avec un
grand favoir, n’avoit pas pu fe défendrç d’une
prévention peut-être trop générale contre les idées
reçues,. s’êtoîr cru autorité à placer M urgentium
dans les terres., par le paflàge iùivant. Strabon,
parlant des Grecs établis fur les côtes orientales
dé la Sicile, indique , comme, peuples médi-
terranés, ou de l’intérieur des terres, l'es. Siculi,
les Siconi ; les Morgues & quelques autres (1) , que
les Grecs ne foudroient pas fur les côtes, mais
qu’ils n’àvoient pas chafles de l’intérieur du pays.
Il ajoute : Morgantium fut la ville ou l’habitation
des Morgètes. Â&uellement çette ville, n’eft plus :
irohts S'i m avril, ycip <f* ov% scrriv. Il paroît
de ce que les Morgètes n’habitoient pas les côtes
dont les Grecs s’étoient emparés, & de ce que
Morgantium avoit été leur villedétruite au temps
de Strabon il paroît, dis-je, que M. d’Anville
en avoit conclu qu’il falloir les placer dans l’intérieur
des terres.
Mais, fi cette ville étoit détruite au temps de
Strabon, il devoir y avoir peu de temps, à moins
qu’il ne parle d’uneville ancienne qui en avoir précédé
une autre de même nom ;,car Cicéron & Tite-
Live parlent de cette v i l l e 8 c même ce dernier >
L. x x i v ,. c. 27, indique que c?étoit une ville maritime
: ad Morgantiam tutti clajfem navium cerUtnti
Rotnanvs habebat. Il eft donc clair par ce paflâge,
qu’il y avoir une ville de Morgantium ou Morgantia,
. car on ufoit des deux noms, fur le bord de la nier,
( l ) A’Ms? S'urlXtera-v Stvfo 'S.tx.eKci n u i T,t%uyct j
M o p ym s f , n u i «m o i r i r t g ifp o/A iv oi thv vwV ox«,
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& que ceux'qui ont adopté cette pofttion ,fo n t
fait d’après des autorités (1).
Tout près , au fud, étoit l’embouchure d’un
fleuve. Je le trouve nommé Mcla fur la carte clé
M. fte la Borde. Il me femble que les anciens le
nommoient allez généralement Eryccs, d’après la
ville de ce nom, qu’il arrofoit dans l’intérieur des
terres.
En remontant ce fleuve, on voit, fur la gauche,
la campagne qué l’on-nommoit Loejhygonii campi (2) .
Ces Leftrygons n’cxiftoient plus depuis long-temps
clans lés* beaux jours de la Sicile; ils étoient,
clifoit-on, très-féroces. Toute cette partie de terrein
eft volcanique..
Un peu au-delà étoit le lieu appelé Palica , 8c
la pofttion que lui donne M. d’AnviUe eft très-
fautive ; car il le place au fud-oueft de Mena, 8c
les obfervations de M. Hoüel prouvent incontèfta-
blemenj: qu’elle étoit au nord-eft de cette 'même
ville, fur une colline de pouzzolane. Selon Diodore
, Palica avoir été fondée par Ducetius,
ancien roi des Sicules, qui y raffeinbla les habitans
de plufteurs hameaux. Ce lieu étoit célèbre par
un temple des dieux Palices, très-ancien. On ne
voit plus que différentes ruines dans ce lieu. Elle
avoir été bâtie la quatrième année dç la L x x x ie
olympiade, c’eft-à-dire, l’an 456 avant J. C.
Mais Diodore panfë de deux vafes qui étoient en- j
foncés en terre, renfermant de l’eau, 8c d’où l’on
voyoit s’élever des feux. Ce phénomène fi étonnant
alors, peut actuellement s’expliquer par la connoif-
fance de l’air inflammable qui produit cet effet.
N. B. Tout près de l’endroit où étoit Palica,
on voit encore un lac que l’on nomme Naftia,
qui. exhale une odeur défagréable 8c maifaifante.
Les eaux font couvertes à la furface d’un bitume
qui probablement, ainfi qu’au fare de Meffine,
eft la caufe de la F-ata Morgana qui s’y voit en
certains temps, 8c dont peu d’écrivains modernes
ont parlé, mais qui a été très-bien obfervée par
M. Hoüel.
C’sft ce lac qui, fur certaines cartes, porte le
. nom de Palicomm flagnum.
Mena, ( Mineo ) , étoit à peu de diftance au fud-
oueft ; on la croyoit la patrie de Ducetius, cet
ancien roi dont je viens de parler. Selon Cluvier
elle avoit été fondée 429- ans avant la ville de
Rome.
N. B. On n’y rrouve que .quelques ruines.
Sur la droite dû fleuve Pantagies, précifément au
nord du Palicomm Stagnum , etoit un lieu appelé
Capitoniana, 8c très-peù connu. Il étoit fur la route
de Catane à Gelenfiuni.
. C une fingulârité remarquable ^que le grave
^ ° An ville ait oublié' l’S de ce nom. & que
S f atr lr ï meme diftrafti•olan . carte de Ml de Ià Borde ait eu
S I C p i f
Au fud de l’emboucliure de l'Eryccs 3 étoit celle
dû petit fleuve Terias, qui traverfoit le petit lac
appelé Herculcus Lkcùs, au fortir duquel il receycit,
à fa droite, le petit fleuve Lifus. - ,
C’étoit à l’eft du confluent, 8c aflez près de la
mer, qu’etoit la ville de Lcontini, dont Cicéron
vante le. territoire, à caufe de fa. fertilité (3 ).
Diodore nous apprend qu’elle avoit d’abord porté
le nom de Xuthia, d’après un ancien prince bu
chef du pays.
La ville de Leontini avoit été , fondée par une
colonie de Clialcidiens qui vint en Sicile fous la
conduite de Théoclès, à-peu-près dans le temps
que 1011 bâtit Catane. C’étoit le territoire de cette
ville qui portoit le nom de Lceflrygonii campi 3 ou
champ des Leftrygons.
( N. B. Il ne refte rien de Leontini ; tout a été
détruit par les bâtifles faites dans la ville moderne
de Carleritini.
Je îbupçoune que lè Locus Herculcus des anciens
eft le lac appelé Biveri fur la carte italienne que
j’ai fous les yeu x , 8c dont M. Hoüel dit que l’on
n’y trouve que trois fortes de poiffons, dont deux
feulement s’y multiplient naturellement.
En fuivant le Terias, au-deflus du lac, on trouve
d’emplacement où Timoléon vainquit Mamercus,
l’an 321 avant J. C.
Si 1 on fuit le petit fleuve Jjijfus, qui vient du
fud-oueft, on trouve Eryce ( 4 ) ( Milirello). Elle
étoit au pied d’une montagne appelée actuellement
Catalfani.
Vers ce meme côté étoit encore,
Ochiola, qiie je ne trouve pas fur les cartes
anciennes, mais que Tou pourroit y placer, puif-
que Ion en trouve les ruines à i’elt du chateau
à'Hkron ou’ Calata Hkroms. Cette ville à'Ochiola
occupoit cinq collines, entre îefquélles eft un fable
mouvant. Elle'fut détruite par les Sarrazins. On
rebâtit cependant une ville nouvelle, que renverfa
le tremblement de terre de 1693 ■ en^n , des débris
de ces places, on bâtit, dans la plaine, la ville
appelée le Grand S, Miche!.
Calata Hiaonis, qui n’etqit qu’un château, eft
devenue la plus riche ville de la Sicile, fous le
nom de Caltagirone.
Un peu vers le nord , étoit la ville de Megclla ,
dont on voit encore quelques ruines. ° 9
.(3) On difoit fouvent la féconde Leontini ; & M. Hoüel
remarque que ce qui lui a mérité ce nom , c’eft que
la campagne, ainfi que celle des environs , n’eft composée
que de productions volcaniques , du genre qui
approche le plus de la pouzzolane, & que tous ces bons
fonds ont été comblés pendant un long intervalle de
fiecles, des débris de produirions marines de toute
efpece, que les eaux, jointes à la grande abondance
de leurs fels, ont rendu de la plus grande fertilité.
Leontini fut la patrie de Gorgias, vers i’an 488 avant
(4) Elle eft trop fud-oueft fur la carte de M. d’An-
•v îlle.
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