
dans la bouche de Job , atteftent la vérité de ce
voyage. « La reine du midi, dit-il, s’élèvera au
» jour du jugement contre cette génération, &
» la condamnera : car elle vint des extrémités
»> de la terre pour entendre la fageffe de Salomon,
» & elle contemplera celui qui éft plus grand que
v Salonjon ».
Cependant l’écriture ne raconte aucune partir-
cularité concernant cette reine ; mais il n’eft pas
probable que J. C. eût dit qu’elle venoit des extrémités
de la terre , fi elle eût été arabe, & qu’elle
eût eu près de 50 degrés du continent derrière
elle ; l’o r , la myrrhe , l’encens étoient des productions
de fon pays ; & les diverfes raifons que donne
Pinedo pour prouver qu’elleétoit arabe, ne fervent
qu’à me convaincre davantage qu’elle étoit
Ethiopienne, ou de la race des pafteurs Cushites.
Une chofe qui démontre clairement qu’elle
n’étoit pas arabe , c’eft que les Sabéens arabes
pu les Homèrites qui habitoient la cote de l’A rabie
oppofée au rivage d’Azab , étoient gouvernés
par des rois & non pas par des reines : au lieu que
les pafteurs ont toujours obéi à des reines & leur
pbéiflent encore. De plus les rois des Homèrites ,
ne forroient jamais de leur pays ; & dès quils
paroiflbieut en public, on les aftommoit à coups de
pierres. Affurément un peuple qui traitoit ainfi fes
fouverains, n’auroit pas fouffert que fa reine allât
voyager, f i , par hafard, il eût été gouverné par
une reine ; ce qui n’étoit pas.
On ne fait pas fi la reine de Saba fàifoit pro-
feffion de la religion juive, ce qui n’eft pas probable
, ou du paganifme, M. Bruce paroît porté
a croire qu’elle n’étoit pas payenne, foit à caufe
de ce que cette princefle dit à S a lom on fo it à
caufe de la manière dont il en parle dans l’évangile.
Mais il faut confidérer que tout ce qui a été
dit & fait, a pris certainement la teinte des opinions
de ceux qui l’ont écrit. Ce même favant
infifte fur ce que le but de fon voyage étoit de
s’afîurer par elfe-même'fi Salomon étoit auffifavant
& auffi fage que fa réputation le publioit.
Ce motif d’une fimple curiofité eût été bien puéril.
Je crois plutôt que, s’il eft vrai qu’elle foit
venue à Jerufalem , ç’aura été pour admirer par
elle - même la beauté -de çe règne. Quant aux
queftions qu’elle propofa, c’étoit l’ufage de ces
temps, & elle eût été bien vaine de fe croire
plus habile qu’un roi qui avoit la réputation de
l’être,
Mais fi le but du voyage de la reine de Saba
étoit tout fimplement d’avoir un fils d’une fi
haute race , fon objet , félon les Abyflins, fut
rempli ; car elle eut un fils de Salomon. 11 n’auroit
pu même s’y refufer honnêtement, à moins
qu’il n’eût prétexté la fidélité qu’il devoir à fes
femmes & à fes concubines.
Les Abyffins appellent le prince fils de Salomon,
Menjlek ; mais je fupprjmerai çç qui regarde ce
prince,
Quartt à ce que l’on dit , ajoute M. Bruce J
pour prouver que la reine de Saba»4 toit arabe,
la fauffeté en eft fuffifamment démontrée. Tous
les habitans de l’Arabie heureufe & principalement
ceux de la côte oppofée à Saba ou Azab,
étoient réputés Abyfliniens, & leur pays faifoit
partie de l’Abyffinie dès les premiers fiècles, jusqu’aux
-conquêtes «des Mahométans, & même longtemps
après. Il étoient fujets de l’empire d’A -
bymnie ; d’abord pafteurs Sabéens , comme les
autres fujets de cet empire ; enfuite, dit la tradition
, convertis au judaifme , durant l’édification
du temple de Jerufalem , ils continuèrent à être
juifs julqu’à 622 de l’ère chrétienne qu’ils devinrent
mahométans.
T R O IA , village de la Grèce -, dans l’Attique.
Au temps d’Etienne de Byfance , il étoit nommé
Xypete.
. T r o i a , ville de la Chaonie, dans la Ceftrie,
félon Etienne de Byfance.
T r o i a , village dé l’Egypte, au voifinage du
mont Troieus. C ’étoit l’ancienne demeure desTroyens
qui ïuivirent Mènélaiis dans, fa captivité , félon
Strabon. Etienne de Byfance en fait une ville.
T r o ia , ville de l’Italie, dans le fond du golfe
Adriatique, dans le pays des Vénètes, félon Etienne
de Byfance.
T r o ia , ville de l?A fie , dans la Cjliçie, félon
Etienne de Byfance.
T r o ia , lieu de l’Italie , dans le territoire de
la ville de Laurtntum. Selon Tite-Live , on donna
ce nom à l’endroit où Enée prit terre en arrivant
en Italie.
Denys d’Halycarnaffe indique ce lieu à quatre
ftades de la mer.
TROICUS MONS, montagne de l’Egypte, au
voifinage du lieu d’où l’on avoit tiré la pierre
pour bâtir les pyramides, & auprès de laquelle
auffi, étoit le village Troia , félon Strabon.
Ptolemée nomme cette montagne Troici Lapidis
Mons, & Hérodote Arabiçus Mons ou Arabict
Mons.
TROILIUM, ville de l’Italie, dans l’Etrurie,
Elle fut prife par Carvilius, félon Tite-Live.
TROITUM PHALISCORUM, nom d’une ville
d’Italie , dans le voifinage de l’Etrurie , félon le
livre appelé les origines de Caton, .
TROJA ( Troye') , ville célèbre de PAfie mineure
, capitale du petit pays appelé Troas ou
Troade, & Phrypic mineure, & fituêé au nord-oueft.
Je n’ai donne qu?un expofé très-fuccinâ: à l’article
T r o a s , & je conviens qu’il feroit infuffifant,
fi je n’avois pas l ’occafion de préfenter ici de plus
grands détails.
On appeloit ce paysPhrÿgie, parce que les Phrygiens
en pofféderent une grande partie ; les
uns difent avant l’événement de la guerre de
T ro y e , d’autres difent après. Quant à l’épithète
de mineure, elle fut ajoutée pour, la diftinguer de
l’autre Phrygie, dans laquelle Midas régna. Scws
le règne de Priam, le nom de Troade fut prefqne
le feuî.en ufage.
Ce pays étoit divifé en deux parties,
La partie maritime étoit nommée Hdltfpontique.
La partie intérieure étoit nommée Epi Acte, ou
Ajoutée.
La première avoit emprunté fon nom de l’Hel-
lefpont, & s’étcndoit le long du rivage depuis la
ville de Pcrcotc à l’eft, jufqu’au promontoire de
LeAum au fud-oueft, en face de la côte du nord-oueft
de l’île de Lesbos.
C’eft cette partie que, rigoureufement parlant,
on nommoit Troade, quoique le royaume de Troye
s’étendît depuis le fleuve Æfepus, fur l’Hellefpont
& à l’oueftde Lampfaque, jufqu aux bords du Caïcus9
à l’oueft, en face de Lesbos. Il comprenoit ainfi,
ïion - feulement la Troade, mais auffi la grande
& la petite Myfie.
La fécondé, ou l’Epi&ète, étoit la partie de la
Phrygie mineure qui s’avançoit dans les terres :
elle s’étendoit jufqu’au voifinage du mont Olympe
à l’eft. Dans des temps postérieurs à la haute
antiquité, cette partie appartint à Prufias, roi
de Bithynie, qui la céda à Eumène, roi de
Pergame., d’où lui vint le nom d'Ajoutée ou d’E-
piélete. Cependant ces dénominations font fouvçnt
confondues enfemble, l’une & l’autre ayant été
données par quelques auteurs à toute la Phrygie.
J’en puis citer , entre autres exemples, ceux-ci.
Strabon ( L .xm ) , diftingue quelquefois la Troade
Hellefpontique, de la Troade Epiaète ) & d’autres
fois il les confond enfemble ; fouvent même il fait
de l’Epiâète une partie de la grande Phrygie ; en
quoi il s’accorde avec Ptolemee. ( Voye% l’article
Ph r y g ia ). Eufthate diftingue trois Phrygies ; fa-
voir,*la grande Phrygie, où régna Midas, & qui
s’étendoit jufqu’à la Pifidie; la Phrygie mineure,
fituée fur i ’Hélefpont, d'où elle s’étendoit jufqu’au
mont Olympe ; enfin la Phrygie Epi&ète, près
de Dorylceum.
En prenant un fehtiment qui réfulte d'un examen
critique de ces différentes opinions, on voit
que la Phrygie mineure, comprenant l’Hélefpon-
îiaque & l’Epiâète, ■ étoit bornée, au nord, par '
l’Hélefpont & une petite partie de la Propontidè; à
l’eft, par la Myfie mineure ; au fud-oueft, par la
mer Egée.
Montagnes. Le mont Ida eft la feule montagne
de ce pays, ou plutôt c’eft une maffe formée de
plufieurs chaînes. 11 s’étendoit depuis la ville de
Zeleïa, jufqu’au promontoire de LeAum & aux
frontières. La mythologie raconte que ce fut fur
ce mont que Paris , reconnu pour juge de la beauté
entre trois déeffes, donna la pomme à Vénus.
Fleuves. Entre les fleuves qui arrofent la Troade,
on doit remarquer fur-tout le Scamandre & le
Simoïs.
Le Scamandre tire fa fourçe du mont Ida,
pprès avoir reçu, à quelque diftance au-deffus de
Géographie ancienne. Tome III.
T ro y e , le Simoïs-; il fe jette dans la mer. Hérodote
dit que l’armée de Xerxès but toute l’eau du Scamandre,
Dans la fuite ce fleuve fut appelé Xanthe,
parce qu’on croyoit qu’il communiquoit une cou-,
leur jaune aux brebis qui buvoierit de fes eaux. {Fjy..
Ælian, de anim. L. v in , c. 21). Selon Homère,
le nom de Scamandre lui fut donné par les dieux,'
& celui de Xanthe par les hommes : ainfi le noin
le plus moderne étoit venu des hommes , & le plus
ancien étoit dés dieux. Ce fleuve a été nommé
divin par Héfiode.
C’étoit une coutume du pays que les nouvelles
mariées aliaffent fe baigner dans ce fleuve immédiatement
avant leur mariage. On raconte qu’un
Athénien, nommé Cimon, ayant ufé de fuper-
cherie pour faire croire à la jeune Collirhoé qu’il
étoit le dieu du Scamandre, abufa de cette cir-
conftance pour lui enlever le tréfor que gardoit
fa vertu, & que livra fon innocence. Ce crime
fut caufe que l’on fupprima la cérémonie.
Le Simoïs n’offre rien d’intéreffant, fi ce n’eft
les événemens qui ont eu lieu fur fes bords, 8ç
qui font célébrés dans l’Iliade.
Villes. Les villes fitnées le long de la côte
étoient, en commençant à l’eft:
Percote.
Rhceteum.
Abydos.
Sigeum.
Arisba.
Troja (T roye), ou Ilion\
Dard anus.
A l’oueft:
Larijfa. Colonne, &e.
Alexandria Troas.
Il eft fréquemment parlé de Percote dans Strabon
, Pline, Arrien , & Homère ( 1 ) , qui parle
de Mérops & de fes deux fils, comme ayant été
de cette ville. Abydos on Abyde, ' avoit été bâtie
par les Miléfiens, fur l’Hélefpont, & a été célèbre
par les amours & les malheurs de Héro &
de Léandre, ' qui étoit d’Abydos. Ce fut en cet
endroit que Xerxès commença à faire conftruire
ce fameiix pont fur lequel, félon Hérodote, il
fit-paffer en fept jours & fept nuits, dix-fepreens
mille hommes d’infanterie & quatre - vingt mille
chevaux , fans compter les chameaux & les voitures
de charge. Ce fut là auffi que toute la cavalerie
d’Alexandre , & la plus grande partie de
fon infanterie, mirent pied à terre, fous la conduite
de Parménion, quand fon armée'pafla d’Europe
en Afie.
Jé crois l’avoir déjà obfervé ; il finit abandonner
abfolument l’idée populaire où l’on a été trop
(1) Chacun de ces lieux a fon article particulier*,
on peut les confulter : jë n’y renverrai pas, parce
que cela fe fuppofe de refie dans ùn di§ionnuïre \ fnais
je luppléerai quelquefois à ce qui manque à, ces articles» Ggg