
4°. Une belle campagne au fud-eft,. nommée
Geloi campi. C’eft dans cette campagne que pafloit
l'Achates , félon quelques auteurs ; mais il raé
femble que l’on n’eft pas bien d’accord fur le fleuve
moderne qui poftoit ce nom ancien.
5B. Enfin, la ville de Gela ( Lrcata ) , fiir le fleuve
de fon nom, au nord- des champs & de l’étang.
Cette ville fut fondée Fan 723 avant J. C. ; elle
étoit bâtie fur une montagne ifolée, que l’on nonr-
moit Ecnomus,. félon Diodore ( r)'. C’étoit une
des plus anciennes villes de la Sicile : il n’en refte
que les habitations taillées dans des grottes, pour
des familles vivantes, & des fépulcres taillés
différemment, pour recevoir des morts.
Au nord-ouefi de l’embouchure du Gela eft un
autre fleuve que M. d’Ânvîllé n’a pas indiqué fur
fa carte. G’eft à cette embouchure que fè trouve
actuellement Terra-Nova. Je vois fur une carte
ancienne Refugium Chalis , lieu affez ignoré ; & ,
en remontant , plufieurs des rameaux qui forment
ce fleuve, au nord-eft, Trmacrïa, GelonceHydra ;
au nord , MaElonium % lieux également peu connus.
Un autre petit fleuve, dont l’embouchure eft à
Foueft., conduit au lieu nommé Calvijîana.
A l’embouchure d’un petit fleuve, un peu plus
occidental, étoit un lieu nommé Phalerium. C’etoit-la,
.félon Cluvier, qu’avoit été placé ce taureau d’airain,
inventé par un tyran nommé Phalaris, qui y fut jeté
lè premier, Fan 556 avant J. G.
Cèft en remontant un peu ce fleuve, que l’on
le trouve à l’ouefl, lieu où les Carthaginois battirent
Agathoclès, Fan 3 20 avant J. C.
UHimera méridional, l’un des plus beaux fleuves
de la Sicile, avoir fon embouchure très-près de là.
Phintia étoit fur le bord de la mer , à l’embouchure
du fleuve. Ptolemée écrit Pkinthia^ & l’indique
dans les terres.
En reniontant FHimcra on trouve, fur la droite
du fleuve, une colline où les Agrigenfir-s furent
battus par les Syiacufàins, Fan 446 avant J. C.
Un petit rnifleau, qui tombe à la gauche du
fleuve, conduit à Caulonia ( près de Petra Piazzia ).
11 n’y refie plus aucune trace de conftruétions.
Un peu plus au nord, un autre petit ruifleau
conduit à Gdinfium, appelé aufii Philofophiana (2).
Elle étoit traverfée par un petit fleuve appelé
actuellement il Giaccio. 11 en refie des pans de murailles
d’une, grande épaifleur., \
Nonymma etoit de ce côté;.
(1) Quelques auteurs nomment Ecnemus y. un mont
qui eft à Foueft de Y Himcra.
(a) M. d’Anville s’eft évidemment trompé fur la pofi-
îion de cette ville. Les.ruines indiquent fa pofition à
un mille de Piazza, O r , cette dernière ville fe trouve
prefque directement au nord de Rena Nova ; & M. d’Anville
la place plus à l’eft fur le fleuve Gela. La position
que lui donne la carte deM. de la Borde, eft bien
glus, conforme à ce que nous offre l’état des lieux..
Le fleuve qui confervoit le nom ^ H un tra * rente ri-
toit vers le nord-ouefi, puis vers le nord , jufqu’i
un lac nommé Petrenfium. lacus. Sur la droite étoit
un petit lieu appelé Petra , & d’un accès très-
difficile en-, beaucoup d’endroits.
Sur la côte on trouvoit Peiiliana, fieu peu con-
fïdérable; & Dtzdalium, connu par Antonin. On
croyoit que ce lieu, & d’autres endroits qui fe
trouvoient de ce c ô té , étoient’ l’ouvrag* de
Dédale.
Enfin, après avoir traverfé YHipfa, on arrivoit
à, l’embouchure de Y Agragas, d’où Fon remontoif
en peu de temps ,, à la fameufe Agrigente.
Agrigcntum ou Agrigente (3;),nommée parles Grecs
Agragas, étoit à une petite difiance de la mer, fur
un lieu élevé. Elle avoit des fauxbourgs très-
confidérables ; mais on n’en peut donner Fétendue,
parce qu’on n’en retrouve pas les traces.
Cette ville fe divifoit en trois parties.
La première, celle qui fut la plus anciennement
habitée, étoit la citadelle: elle étoit fur une hauteur,
au nord de la partie occidentale de la ville | Agri~
gentum in Camico ). Des rochers efearpés l’environ-
noient au nord, & des murs la défendoieiit au
midi,, où le terrein s’abaifloit. Il n’y avoit qu’une
feule entrée par l’ouefi. Le premier nom de ce
lieu avoit été Cocale, ^qu’elle avoit pris d’un
prince r dit-on, qui. y avoit habité. Le nom d’un
autre prince, appelé Camicus , avoit précédé celui
de Concale. Ainfi, voilà donc trois noms à retenir
dans cet ordre. Camicus, c’efi le premier nom de
la montagne, lequel lui venoit d’un ancien roi des
Sicules ; Conçoit, qui fut celui d’un autre prince
de la même nation : enfin celui d’Agragas T qui
me paroît avoir eu.- rapport- à fà fmiation.fur line
montagne..
La fécondé partie dé la ville étoit immédiatement
au fud de la citadelle, & fe nommoit Agri-
gentum in Camico , ou Agrigente, fur le mont
Camicus,
Enfin, la troifième partie de la. ville s’étendoit
nn peu au fud, mais beaucoup à l’eft. & au fud-eft
des précédentes.
Nous n’avons prefque rien dè ee que les ancien*
ont écrit fur l’hiftoire de cette ville. Entre les modernes
qui • en ont parle, on doit diftinguer le
P. Pancrace. Il a fait un tel ufage de fon érudition ,
quil a publie deux vol in-folîo fur les- antiquités
<f Agrigente. Il réfulte de la le&ure de fon ou-
vragç, dans lequel il-a* rapproché le peu que difent
V it «-.uriLjue JC ns, oc que ron imprima l’article
Agrigentum y M. Hoüel, dont à peme j’avois l’honneur
d’être connu,.voulut bien , chez lui, me communiquer-
le plan fur lequel il ex^ofe la diftribution de cette
ville j mais la partie de fon ouvrage qui en donne la
defeription n’étoit pas encore publiée. Actuellement que
je l’ai fous les y e u x , je vais donner plus de précifion
a ce que je dirai, renvoyant pour l’hiftorique de cettft
,ville a l article Agrigemtum ,, tome / , page
Thucydicldiy Diodore, &c. qu’Antiphèmes &
Rhodes conduifirent une colonie dans le fud de
h Sicile, & fondèrent enfemble la ville de Géla,
quarante ans après la fondation de Syracufe. Cent
ans après la fondation de Géla, quelques-uns de-
fes habitans conduifirent une colonie fur les bords
du fleuve Agragas. Cet événement eut lieu dans
la XLiXe olympiade. • 1
On fait qu’elle fut la patrie d’Empédocle, Fan
488 avant J. C. Elle fut prife & détruite par
Amilcar, Fan 406. Elle avoit recouvré à-peu-près
fa première fplendeur lorfqu’elle fut prife par les
Romains, Fan a 10. Elle fut la patrie d’Evémère,
qui y naquit vers l’an 330.
Je ne pourrai qu’indiquer ic i, d’après le plan
qu’a donné M. Hoüel, lés principaux édifices d’A-
grigente , & je les indiquerai en commençant par
le nord, c’eft-à-dire, par la citadelle. :
A Foueft de la citadelle étoit la feule porte qui y
donnât entrée. De ce même côté étoit un fauxbourg
nommé aéhiellement Rahbatos.
A-peu-près au milieu de la fortereffe, étoit le
temple de Jupiter Polien.
N. B. On n’en voit que de foibles refies, fur
lefquels on a bâti l’églife de Sainte-Marie des Grecs.
Il ne réfie de l’ancien temple, que trois gradins
qui en faifoient le foubafîement ; au-deflus de ces
gradins, il ne refte que quelques aflifes de pierres.
' Un peu à l’eft, on trouve une efpèce de labyrinthe
iouterrein, creufé dans la roche, au-deflbus
du fol. Peut-être étoit-ce un lieu pour refferrer les
prifonniers, & les mettre hors d’état de nuire
pendant la durée d’un fiège.
Voilà à-peu-près tout ce que Fon trpuve aéhielle-
ment dans la citadelle.
Dans la partie appelée Agrigente in Camico, on
ne trouve rien, fi ce n’eft en deux endroits difle-
rens, des tombeaux creufés dans la roche.
N. B. Ces tombeaux font rangés dans le meilleur
ordre ; ils ont, au fud-eft, une fontaine.
Dans la ville d’Agrigente proprement dite, on
trouvoit:
Au nord de cette partie , formant la partie
orientale de la totalité, un temple confacré
à Jupiter Tutrius & à Minçrve. Il étoit bâti fur
la fommité la plus élevée de la montagne, fur-
une protubérance de la roche qui domine tout ce
qui l’environne.
N. B. Il ne fubfifte plus de ce temple que
quelques afiifes de pierres : il a fait donner à cette
montagne le nom de Minerve.
Au fud-eft de cette partie étoit le temple de
Cérès ; c’étoit un des plus anciens de cette ville.
Ce fut à la faveur des fêtes que l’.on y célébroit
en l'honneur de cette déefle, que Phalaris réufîît
à ufurper la fouyeraineté.
N. B. Ce tçniple n’offre plus, aux yeux des
voyageurs , quefés murs extérieurs. Il ne paroît pas
qu’il ait eu de colonnes ; il Jemble, au contraire,
que quatre murs feulement aient formé fon enceinte,
& que Fon y entroit du côté de l’occident: des
refies de ces murs on a bâti la chapelle de S. Blaife.
De’ ce côté la roche eft très-efearpée. On avoit
fait un parapet. On avoit aufli pratiqué autour du
temple un chemin qui tournoit. Ce chemin- étoit
modérément incliné; il conduifoit au portique du
temple, & étoit affez large... pour que plufieurs
chars puffent y paffer de front.
Un peu au fud, étoit une des portes de la v ille,
à l’eft.
N. B. On voit de côté & d’autre de cette
porte, des portions des fondemens , & des mur*
adjacens à cette partie ; ils font en pierre de taille
& d’une très-belle exécution. .
Je. paffe à la partie méridionale d’Agrigente.
A l’eft , étoit encore une autre porte, dont il
ne fubfifte que de , foibles reftes.
A l’angle fud-eft de cette partie étoit le temple',
de Junon-Lucine. Ce temple, élevé fur l’angle
d’un rocher, étoit dans la plus belle fituation, &
jouiffoit de la plus belle vue au levant & au midi.
On tournoit tout autour par des rues & des chemins
que l’on avoit ménagés à différentes hauteurs. Il
etoit de la clafle de ceux que l’on nommoit pi-
riptères, parce( qu’un rang de colonnes régnoit tout
autour. Il étoit d’ordre dorique; il s’élevoit au-
deffus du fol de douze pieds huit pouces, & cet '
efpace étoit formé par huir aflifes de pierres. Les
marches par lefquelles on y montoit, avoient chacune
dix-neuf pouces de haut ; ce qui ne devoit
pas être très-commode pour les veillards & pour
les enfans.
Dans ce temple de Junon il y avoit un tableau
de cette déefle, peint par Zeuxis. On rapporte qu’il
avoit choifi,. pour le faire , les vingt plus belles
perfonnes d’Agrigente. Après les avoir bien examinées
, .il en prit cinq, d’après lefquelles il fit le
portrait de la déefle, en imitant les plus beaux
traits de chacune. Lorfqu’Agrigente fut près de
tomber entre les mains des. Carthaginois % Gélias,
tranfporté d’un zèle d’amateur, ou plutôt d’un
fanatifine patriotique, ne voulant pas que ce chef-
d’ceuyre paflat en des mains ennemies & peu faites
pour recueillir les produâioas des arts ; Gélias,
dis-je, prit ce tableau & le précipita avec lui dans
les flammes. Qu’auroit pu faire de plus la rage du
vainqueur, ou l’ignorance du peuple le plus barbare
?
N. B. Ce temple eft en grande partie détruit ;
& comme le temps détruit la roche fur laquelle
il eft. pofé, il eft probable que ce que Fon ea
voit encore s’écroulera avec elle.
Affez près de ce temple, à Foueft, étoit ua
caveau fépulcral.
N. B. On voit encore , très-près de ce caveau,
à Foueft, des reftes de murailles.
Sur le même alignement, en allant vers le couchant,
bn trouyoït le temple de la Concorde.
Q *