
TilyÜiïu fknnm). Voici , dit-on , ce qui lui fit
donner ce ïurnon. Une armée fo r t if ie la Libye
pour fou mettre la Sicile, débarqua aü promontoire
Pachinum, dans les environs de ce temple. Les
habitans invoquèrent leur dieu tutélaire: bientôt
la pelle fe répandit dans l’armée ennemie,. & ces
barbares périrent prefqüe tous. On attribua cette
mortalité aux flèches du'dieu , & on le furnomma
le vainquait dé\ ‘Libyens.
Mais û le fait HÜlorique eft arrivé; s’il éft vrai
■ flti’une aririéè de Libyens y ait abordé & y fait
périe il n’étoit pas néceffaire de recourir a 1 intervention
d’une divinité. Car l’air épais & les
Brouillards qui s’élèvent dès terrés, volcaniques
qui font de ce côté, fuffifoient bien pour engendrer
dès maladies, au «milieu de gens qui venoient d é motiver
les 'fatigues de la mer; & même, félon
quelques auteurs, le nom de Pachinum, venant
du grec oraMyc, épais ,'n’a été donné à ce promon-
’toire qu’à caufe dé la qualité de l’air qu’on y rel-
pire. Ce temple étoit un lieu d’afyle.
N. B. M. Hoüel a vu à ce cap quelques relies
d’antiquités, qu’il croit être ceux du tèmple d’A -
pollon.
Cou méridionale, en commençant, par le fud-eft, au
promontoire Pachinum.
La première pofition qui fe préfente fur cette
côte après avoir doublé le cap , étoit le petit lieu
appelé OdyJJiûm ou ÜlyJJium ( iV On trouve dans
ptôlemée OSvff&stct etxpat, c’eft-a-dtre, OdyJJeurn
pfomontorium. Le commentateur de Lycophron dit
que ce promontoire fe nommoit d’abord Cacm. 11
paroit que le petit port qui eft tout auprès portoit
aufïi le nom de Portas Ülyffis: il en eft parlé dans
'l’une des Verrirùs.
N B C’eft aujourd’hui la Mar^a. Ou y voit
les raines d’une ville .antique; c’eft que probable-.
ment on avoit bâti en ce lieu un nombre conii-
dèrable d’habitations. -
Près d e -là étoit'une ville nommée Pu^cllus :
le lieu qui la remplace fe nomme Po^llo.
M Hoüel a troivé de ce même côté (au fief.
, ' de Stàfenda), fur une roche plate, élevéede trenteI
ou quarante pieds aü-deftus de la plaine, oc baigpee
en partie par une petite rivière ; il a trouve,
■ dis-ie les ruines d’une ville ancienne, dont il relie
•dès traces de Remplacement dès maifons, & les
traces des rues t ou voit que le frottement des voitures
& le pas des hommes- les ont peu creufées
dansia roche. Cette fituation eft charmante ; il
prèlume que c’eft-là qu’etôit là ville d Icfiana, que
(A Je feifis cette oeçafion d’apprendre à ceux qui
e |e faveiït pas, que le nom de ce roi d Ithaque ,
eft en latin ULyJfes , ! en françois Ulyffe, en grec
Odyjfes, OivffTtt, d’où s’eft formé Odyffee.
bien de cartes ont omife. Il en eft parlé dans Etienne
de Byfance ; & Pline les nomme Ichanenfes. Il eft
probable même que le nom qui fe lit Ina dans
Ptoleméè -, eft une faute de co'pifte, qui a omis le
milieu du mot.
La conftruéfion dès murailles indique, en beaucoup
de lieux de ce côté de la Sicile, que cette
manière étoit commune à toutun peuple ; & , comme
elle eft moins régulière que celle des Grecs, il eft
probable qu’elle appartient-à un peuple qui les a
précédés dans cette île.
N. B. Il y a ;de ce côté des cavées très-curieufes ;
la plus belle eft la fameufe cavée d’Ifpica. On en
peut voir la défeription dans le fuperbè & très-
intéreflant ouvrage de M. Hoüel ( 2 ) , vol. Ï I I ,
■ page 126.. Rien , dans ce château d’Ifpica (3) , nom
peut-être formé d'Hipfa, n’avoit été conftriiit de
main d’homme ; tout avoit été conftruit dans k
la roche, en la hachant de toute manière pour
s’y loger commodément : il y avoit quatre étages.
Jîajoute que dans un des appârtemens du rez-de-
chauflee , il y a un filet d’eau qui fort du rocher
par un petit trou que la nature a creufé : afin de
f recevoir cette eau, on a pratiqué aü-deflous, dans
la roche même, une -cuvette àflez femblable à un
petit farcophage. « C’eft, dit M. Hoüel, ünè fin-
j » gularité bien curieufe que le jet de cette eau au
» milieu d’un maflif de rocher ». On n’eri trouverait
peut-être pas un autre exemple.
En fuivant la côte à l’oueft, on arrive à l’embouchure
de VHirmiûeus, qui travêrfoit la plaine-
appelée Plaga Hera.cz.
Aflez près étoit Cajmena ou Cafmèna (Scicli ).
Cette ville, dit M. Hoüel, qui en a defliné lës
cuines ,a dû être fituéefur les différentes portions
planes du rocher. Un efcalier çft le feul beau refte
de cette ville ancienne, avec un beau magafin,
qui renferme un très-grand nombre de pièces
creufées dans la montagne. 1
Çecte ville fut fondée par les Syracufains,, vingt
ans après celle d'Acra. On ne fait pas dans quel
temps elle a été détruite.
Caucana (Santa Croce, ou Sainte-Croix), étoit
à l’ouéft. Il n’en refte qu’un bain , de conftrudion
romaine.
Tout près étoit le Tauruspromontorium, à l’embouchure
du petit fleuve Motyce, appelé aufli
Motycànus.
(2) rapprends avec une fatisfa&ion bien v iv e , que
Cet artifte célèbre préparé, de fon excellent ouvrage,
Une édition in-8°., qui fe rfouV'éra 'ainfi à portée d’un
plus grand nombre ' de leéleurs : c’ëft bien dommage
que lès circonftances'ou plutôt le gouvernement ne
Paient pas affez bien fécondé : nous lui devrions une
excellente cafte de Sicile -, & ce pays , int'éçeffànt fous
tant de rapports, ferait àéluellèmënt ‘ parfaitement
Connu.
(3) Nom qu’on lui a donné. 'à-caufe de fa forme.
En -remontant ce fleuve , on arrivât à Sa. ville
■ fie Motyce, qui lui donnoit fon nom. La ville qui
■ a fuccédé ; prefque dans le même emplacement,
porte le nom de Modica. Ç’eft le féntiiheiït d’A i-
done ; Sc la reffemblance de nom rend fon opinion
très-vraifemblable. Cette ville fut fondée par une
ancienne colonie de Lyciens qui vinrent s’établir
en Sicile. Ils furent châties de cette ville'par des
Phéniciens: c’èft à-peur près tout ce que l’on en
fait.A
Toueft de Motyce étoit rembouclmre du Pan-
tacits, fur la gauche duquel fe trouveit, ^ à peu
de diftance de la mer, le lieu nommé Trotilurn.
Camarina. C’étoit, dit Strabon , une colonie de
Syracufains, établie en^ce lieu, félon Cluvier,
dans la LVe olympiade. Elle s’accrut promptement
en force & en population, & fe révolta contre fes
fondateurs , qui pourtant, eurent l’avantage. Enfuite
Hyppocrates, tyran de Géla, s’en rendit maître
dans une guerre qu’il eut avec les Syracufains.
Lorfque Gelon , fucceffeur d’Hypocrates, fut devenu
roi de Syracufe, les habitans de Camarina
fe révoltèrent encore : ils furent réunis. aux Syracufains,
avec le titre de citoyens.
Enfin Camarina fut détruite une troifième fois
par les Syracufains, à la mort de Gélon. Cette ville
Ait depuis rebâtie & occupée par les habitans de
Gela. Lors de la première guerre punique , elle
prit le parti des Carthaginois, & fut afliégée par
les Romains.
Camarina s’allia avec Phalaris, tyran d’Agrigente,
& elle lui fournit de l’argent. On peut ajouter
que cette ville a produit beaucoup d’hommes célèbres.
jV. B. Il n’en refte plus que les débris d’un
temple & les pierres dont on a fait la tour des
Gardes-côtes, près du petit port appelé les Sco-
glietti.
En remontant le petit fleuve. Oanus, on arrive
à Hybla-Heraa ( 1 ) , à laquelle on ajoutoit l’épithète
de minor : c’eft a&uellement Ragufe. Il paroît
que c’eft celle-ci qui avoit fur-tout la réputation
de fournir- l’excellent miel fi vante chez lés-anciens-.
Je ne fais fi fon nom d'Heraa ne lui fercit pas
venu de fon attachement à Junon, . dont le nom
grec eft Ber a. Peut-être cette déeffe y avoit-elle
quelque temple alors célèbre.
N. B. Les principales antiquités que l’on trouve
dans fes environs font, i°. les cent puits ; on
les, nomme toujours ainfi, quoiqu’il ri’y . en ait que
dix à douze vifibles : ce font des efpèces de citernes ; j
on en trouve encore plus loin. 20. Une grotte renfermant
un très-grand nombre de tombeaux.
Tout près, de l’antique Hybla (R a g u fe ) , il
éxifte une carrière dont on tire une pierre bitumi-
(1) M. d’Anville la place près de la fcurce d’un fleuve
qui eft plus à l’oueft -, mais la carte italienne que j’ai
fous les yeux , donne la pofition. que j’indique.
Géographie ancienne. Tome IIJ%
heufe , qui répand une odeur allez forte, -dans les
. temps chauds, pour le faire fentir de très-loin,
lorfque l’on pafle fous le v^nt de cette, carrière.
« La roche, eft formée par couches^, dont les
» unes font plus brunes , & les autres puis claires.
» Il y a des endroits où la matière colorante abonde
» plus qu’ailleurs, ce qui les fait reflembler à des
» taches. .C’eft à la partie Verticale de cette roche,
» expofée au midi, qu’il eft facile de voir pourquoi
» elle eft colorée & odorante. Elle y paroît faturee
», d’un bitume très-abondant, qui Fond lorfque le
» foleil le frappe de fes rayons. Alors il coule en
» rameaux noirs très-gros vers le tronc, & tres-
» effilés vers leur extrémité inférieure. Ces rameaux
» reflemblent à des-racines ou a des herbes incruftees
» dans cette pierre : ce n’eft que du bitume noir
» comme du goudron. Il n’abonde pas vers le haut
»de cette roche: on n’y trouve que de fimples
» {filiations. Les couches horizontales de cette rpchè
» ne font pas diftinéfes ; ce ne font que des nuances ,
» des variétés dans la couleur.
» Cette pierre brûle comme du bois, & donirç
r> de la flamme jufqu’à ce qu’elle ait perdu tout fon
» bitume : alors elle n’oflfe plus qu’une pierre d’utt
»> gris clair; & dans cet état, elle paroît beaucoup
.» moins dure».
Une curiofité intéreflante aux environs d1 Hybla,
outre quelques affifes de grandes & belles pierres
faifant partie des murs de cette ville, on trouve,
au fud, beaucoup de grotte^ qui fervoient de ruches
aux abeilles: elles étoient creufées dans les rochers,
comme ailleurs font difpofees les places deftinees
aux morts.
Ces grottes ont toutes, à leur entr.ee, une .large
& profonde feuillure. L’entrée de ces^ grottes eft
prefque par-tout un carré très-arrondi, ou ovale.
Le plan de l’intérieur eft à-peu-près rond „ & le .
plafond en coupole applatie. Il y a dans prefque
toutes ces grottes , une petite banquette.a gauche
en entrant, de quatre à cinq pouces de haut &
d’autant de large.
Ces grottes fe fermoient avec une poçte de .pierre
ou de bois , & l’on voit des .troijs qui. indiquent
que l’on appuyoît p?.r-deftus un bâton quile.s tenoit
folidement fermées. Elles font en très - grand
nombre, ce qui eft certainement une forte raifon
pour adopter l’opinion que-le miel fi vanté d Hybla
venoit du territoire de celle dont je parle. ^
En remontant au nord-oueft, le long de la cote,
on trouvait le tombeau d’E fchyle, célèbre poète
tragique, né l’an 525 avant J. C . , & mort l’an-
456. ' - - ;
Plus loin (Jntrouvoit.le'nom de Gela, commun
à plufieurs objets du même canton.
i°. Un fleuve, coulant du nord-.eft.; Il receyoit
à fa droite un autre fleuve, nommé Vagedrufa.
2,0. Un petit lieu à l’embouchure du fleuve,
nommé Refugium Gela.
jo. Un étang nommé Gelonium ftagnum*