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grand homme. ïl réfolut dé porter le foyer de la'
guerre fous les murs même de Carthage. Ce-'
pendant la flotte de cette république bloquoit le
port; mais ayant fait équiper 60 galères, il ef-
péra quelques événemens heureux pour fortir,
& fou efpérance ne fut pas trômpée : on apperçut
au loin un convoi de vivres defiiné pour Syracufe.
Les Carthaginois allèrent au-devant du convoi.
Pendant ce temps la flotte fort: la petite flotte de Carthage
revint fur elle ; mais il étoh trop tard. Il étoit
trop tard auffi pour arrêter le convoi, qui pendant
ee temps, entra & ravitailla la ville.
Arrivé fur la côte d’Afrique, Agathocle brûla
fa flotte, pour ôter aux foldats toute efpérance
de fuite, s’empara de plufieurs places, battit les '
Carthaginois, qui s’étoient.avancés entre la ville
& lui. 11 parvint même à raffembler un grand
nombre de troupes Africaines. Mais ayant cru fa
préfénce nèceffaire en Sicile, il y pafîk, biffant
Jè commandement de l’armée à fon fils. L’événement
lui prouva l’imprudence de cette conduite.
Son fils fut battu : les troupes Te foulevèrent contre
lui à fon retour. Il s’enfuit èn Sicile, eut encore-
quelques fuccès, pilla quelques villes de Uitalie,
les îles de Lipari, & finit enfin par être empoi-
fonné , après s’être montré grand général dans
fes expéditions, & tyran cruel fous tous les rapports;
C’étoit Agathocle qui avoit eu à fa folde une
troupe guerrière,. formée de foldats venus de la
Campanie, mais qui avoient pris le nom de Marner-,
tains après s’être emparés de Meffene. Voye^ M e s-
SANA.
Après la mort d’Agathocle, celui qui l’avoit
empoifonné uftirpa l’autorité fouveraine. Il fu t,
peu après , chaiïé par Icétas\ mais , fécondé,
par les Carthaginois, il entra dans Syracufe, où
ilj ne prit que ie titre de préteur. Il le conferva
huit ans. Mais dans le cours de la neuvième année ,
im certain Tenion ayant profité de, fon abfence,
caufée par une révolte des Agrigentairis,' voulut
s’emparer de l’autorité : elle lui fut diipütée par
un autre ambitieux nommé Sojijlrate.
Les Carthaginois, à la Faveur de fes troubles,
s’emparèrent de plufieurs villes de la Sicile, &
mirent le fiège devant Syracufe. Les deux compétiteurs
fe réunirent > & invitèrent Pyrrhus de
venir au fecours de Syracufe- (i) . Ce roi, dont
on connoît affez l ’ambition, fuivit ce prétexte de
paffer en Sicile, & y mit pied à terre, au milieu
des tranfports St d’une joie imiverfelle: fon armée
étoit de trente mille Tantaffins & . de cinq mille
cavaliers.' Sa flotte étoit. de deux cens voiles. La
conduite de ce prince en Sicile n’eft pas de mon
objet. Il en fortit peu après pour retourner en Italie.
(i) Peut-être dois-je dire ici qu’entre autres raifons
gui déterminèrent les Syracufains à appeler ce prince,
jls avoient celle-ci. Çe prince avoit époufé Lameffa,
d’A^athoçle?,
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Après fort départ, & defirant fe mettre en état
de défeufe contre les Carthaginois, les Syracufains
a donnèrent le commandement de leurs forces à
Hiéron , fils d’Hiérocles, l’un des defeendans de'
Gélon. Sa conduite juftifia ce choix. Il s’attacha
d’abord à éloigner toutes les caufes de troubles
intérieurs .& de féditions. Je ne dois pas omettre
qu’il prit un moyen fi cruel pour fe défaire des
troupes étrangères , que la néeeffité ne me
garoît- pas fumre, ou du moins fuffit à peine
pour le juftifier; il les mena contre les Mamertins,
& les abandonna. Ils furent hachés en pièces.
Cette conduite avoit eu le double avantage de
le délivrer d’une troupe féditieufe Sc d’affoiblir
leurs vainqueurs. Il lui fut plus facile enfui te ce
contenir & de guider l’armée de Syracufe, Sc de
battre les Mamertins ; ce qu’il fit. Ce fuccès le
rendit redoutable aux Carthaginois. Hiéron, fept
ans après avoir .été nommé capitaine’général, fut
nommé roi.
Il étoit fur le point d’être maître de MefTane
par capitulation , lorfque les Carthaginois trouvèrent
moyen de s’en emparer. Cependant la plus
grande partie des habitans- youloient appeler les
Romains. Ceux - ci avoient refufé jufqu’alors de
fecoürir les Mamertins dans leur ufurpation. Mais
à la nouvelle que les Carthaginois s’en étoient
mis en poffeiîion , ils y envoyèrent des troupes,
Sc parvinrent à s’en emparer.
C e fut là , félon les hifioriens Romains, l’origine
de la guerre entre les Romains & les Carthaginois
: fuivant beaucoup de bons efprits, ce
n’en fut que le prétexte ; car l’ambition romaine
ne cherchoit qu’une occafion de recommencer la
guerre contre les Carthaginois. Ce fdt auffi un fujet
de guerre contre Hiéron & les Romains. Polir ne
pas perdre le fruit de fes préparatifs contre MefTane
& contre les Carthaginois, il fit alliance avec
eux, contre les Romains. Le fuccès ne féconda
pas fa politique.^ Les Romains continuèrent d’obtenir
des avantages. Se croyant trahi parles Carthaginois,
il fit , l’année fuivante, -avec les Romains,
une paix qui dura cinquante ans. Les historiens
font le plus grand éloge des vertus de ce
prince, Sc de i a fageffe de fon gouvernement ;
d’un autre côté, fa politique à demeurer confiam-
ment ami des Romains , affura à Syracufe un
repos Sc un bonheur dont elle n’eût pas joui'fans
cette prudence.. Ce prince mourut à l’âgé de quatre-
vingt-dix ans, dont il en avoit régné cinquante-
quatre. Par Ton teftament il biffa la couronne à
fon petit-fils- Hiéronyme.
Quelque précaution qu’il eut prife pour affiner
à ce jeune prince & à Syracufe un règne tranquille,
il en arriva tout autrement.
Sa conduite privée fut tout-à-fait méprifable.
Sa première démarche politique fut le fignal des
maux qu’-éprouva peu après Syracufe^ Il venoit
de faire alliance avec les Carthaginois lorfqu’il fut
affâffiné par une troupe de conjurés.
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Cette mort fut fuivie des plus grands troubles.
Les bons efprits folliçitoiept, & prefque la totalité
des citoyens confentoient la continuation de l’alliance
avec les Romains. Elle auroit eu lieu fans
les menées fourdes & adroites dé quelques parti-
fans des Carthaginois. Ils réuffirent à fe rendre
maîtres de la ville.
Marcellus commandoit alors les forces romaines
en Sicile. Il venoit de s’emparer de Léontini ;
il auroit voulu pouvoir rétablir la paix entre Rome
& Syracufe par la voie clés négociations. Cela lui
fut impofïïble. Hippocrate S c Epicytle, partifans.
des Carthaginois, & devenus maîtres de la v ille,
firent tout difpofer pour un fiège. Je n’en entreprendrai
pas le récit ; comme événement, il appartient
aux détails de l’hiftoire ; comme fiège,
il efi du refîbrt de la partie militaire,. Je dirai
feulement qu’il 11e dura trois ans, que parce qu’Archimède
employa, pour b défenfe de Syracufe,
toutes les refTources de fon puiffant génie. . ' -
Ce ne fut qu’après des efforts incroyables de
courage dans l’attaque S c dans la défenfe, que Syracufe
fut prife par furprife. Marcellus abandonna
la ville au pillage, mais en même temps il. y mit
le plus grand ordre, & défendit fur-tout toute
efpèce de maffaGre. Malgré des difpofitions fi fages
& dès ordres fi humains , le grand homme qui
avoit fi bien mérité de fa patrie , & que la nature
avoit deftiné à une gloire qui durera autant que
le monde, périt dans cette occafion, maffacré par
un foldat.
La prife de Syracufe entraîna la réduâion de
prefque toute la Sicile. D’ailleurs les affaires générales
de cette île ne font pas ici de mon objet.
Cette île fut comptée au nombre des provinces
romaines; & comme elle avoit précédemment traité
avec les Romains, qu’elle fut leur première conquête
hors de l’Italie, on la traita avec beaucoup
de ménagemens ; auffi devint-elle très-fioriffante.
Elle éprouva dans la fuite de grandes révolutions, &
eut beaucoup à fouffrir depuis les invafioris dés
Arabes & les conquêtes des Normands ; mais ces
événemens appartiennent à Thifioire & à; la géographie.
moderne.
SYRACUSANUS PORTOS, port fur la côte
méridionale de,file de Corfe, entre P alla Civitas
S c Rubra Çivitas , félon Ptoleiùée.
SYRÂCUSII , peuple qui habitoit dans la
partie méridionale de la Sicile, en allant vers lé
levant félon Ftqlomée. Apparemment qu’il dé-
pendoit de la ville de Syracufe.
♦ SYRADELLA j place qui fe trouve fur la cartel
de l’Afie mineure de M. d’Anville, & dont je ne
fais rien de plus.
SYRAPUS, fleuve de l’Italie , dans la Lucanie,
félon .Vibius Sequefier.
SYRASTËNEvOw Syràstrene , contree de
l’Inde.en-deçà du .Gange , à l’elf des ejubouchïtres
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du fleuve Indus, & fur le golfe Canthi-Colpus;
Ptolemée Sç Arrien parlent de cette contrée.
SYRASTRA ( Saringa ). Le nom de lieu fe
trouve dans le périple de la mer Erythrée
comme indiquant l’endroit où fe tenoient des mariniers
qui remorquoient les bâtimens fur le fleuve
Nam.ad.us , pOur les faire remonter à Barigaça.
SYR BAN E , nom d’une île fi tuée dans l’Euphrate,
félon Quadratüs, cité par Etienne de
Byfance.
SYRBOTÆ , peuples de l’E thiopie, félon
Pfine , L. v i , ci 30.
SYRECÆ, peuples de l’Ethiopie, compris fous
les Troglodytes, félon Pline, Z. v i 3 c. 29. .
SYRENTIUM, ville de l’Italie,, dans la Tyr-
rhénie, que l’on nommoit auffi Syreenium, feioil
Etienne de Byfance.
SYPvENÜSSÆ INSULÆ, ( ou îles des Syr'enes) ;
îles de. la Méditerranée, à l’efi del’île de Gaprées ,
& au Cud du promontoire de Minerve. C ’étoient
& ce font encote trois rochers, que l’on difoit
avoir été hahités par les Syrènes.
SYRGIS ou Sy r g é s , nom de l’un des quatre
grands fleuves de la Scythie européenne. II pre-
noit fa fource dans le pays des Thyfiagères, &
fe jetoit dans le Palus-Mëotides , félon Hérodote.
SYRI. Les Syriens, peuples d’Afie, habitant à-
peu-pres toute la partie de l’Afie qui s’étend entre
rEuphfate & la Méditerranée.
Origine. Ils font nommés dans récriture Âramæz '
Arainèens & Aramites. Il d t fiteile de Taire voir
que les Syriens, ou du moins que la partie des
Syriens qui porta le nom d’Araméens , defeendoit
de Ssro par yéram. iVîais, 1^1,..comme je l’ai quelquefois
penfé , on peut pré fumer qtiè Moïfe , en
trouvant des noms de peuples, leur a donné,, de
Ton g ré , un chef de même nom, alors on s’en
tieiidra à ce que l’on fait feulement de ce peuple*
(avoir, que les plus ancienneînent connus dans ce
pays furent appelés AramknsJ
Gouvernement. Les Syriens paroiffent avoir eu
de bonne heure des rois: on voit cependant crue
quelques villes fe. gouvernoient en république.
Mais l’ambition de quelques-uns des rois, fur-tout
de ceux de Damas, fit beaucoupde.mal aux peuples
du pays , & à leurs voifins.
Religion. Les Syriens furent idolâtres trés-ancïerv
nement, & les détails fur--leurs divinités ont- été
traités très au L/r.g par plufieurs auteurs. Ce r.’efe
pas ici le lieu de s’cn,qcpûper. Peur-étre en féra-tuî
quefiion dans k Difrionnairè d’Àiitiqnirés. Cétoit,
comme je l’ai dit ? à fliéropobçs qn’etoit le centré
du culte. Il y avoit un très-beau temple : près de
ce tèmplÿ étoit un lac,.r^ardé comme facrè. Dans
le temple , étoit un oracle , pour la répiitaupo