
dit - on * -la ville d’Albe. Peut - être mê per-
•mettra-t-OH de préfenter dans une note , les rai-
ions qui militent fur ce point contre le fentiment
des Romains (i) .
(i) Le fentiment qu’Enée vint en Italie, a trouvé bien
des contradicteurs. On va voir leurs principales opinions
, & les argumens dont on les appuie.
Premièrement, ce fentiment eft directement contraire
à cel,ui d’Homère ( //. L. x x ) , qui fuppofe qu’Enée
refia en Phrygie; car il introduit Neptune, qu’il repréfente
comme favorable à Enée dans toutes les occa-
fions , affurant ce prince que lui & fes delcendans
régneroient fur les Troyens; ce que certainement ce
poète n’auroit eu garde de faire annoncer par un dieu,
s’il eût fu que l’événement n’eût pas juftifié la pro-
-phétie. C'eft la coutume des poètes de faire prédire à
leurs dieux, ou à leurs prophètes, les chofes dont la
vérité leur eft démontrée, & qui ont eu lieu depuis le
moment de la prophétie. Homère auroit donc commis
une faute dont il n’étoit pas capable, s’il eût dit que
ce prince devoit relier en Phrygie, tandis "que toute
la Grèce auroit fu le contraire.
• On a cru répondre à cette obje&ion, en difant qu’Enée
vint d'abord en Italie établir une colonie , puis retourna
en Phrygie. Cette réponfe, qui n’a aucun fondement
dans l’hilîoire, n’eft pas même probable aux yeux de
la raifoii. Elle ne mérite pas d’être réfutée.
„ Denys d’Halycarnaffe ( L. j ) , croit que la prophétie
de Neptune peut s’entendre de cette manière-, favoir,
qu’Enée, quelque part qu’il aille, régnera fur des Phrygiens
, dont il fera le chef. Mais alor^ ce .n’eft pas un
avantage qui lui foit particulier-, car Anténor, Alceftes',
Capys, Hélénus, & plufieUrs autres, eurent précifément
le même avantage. Au lieu qu’il femble que le but
d’Homère eft de diftinguer Enée par quelque avantage
qui lui foit particulier, qu’il devoit-regarder comme une
faveur de Neptune.
On cite de plus, en faveur de cette opinion, ces mots
■ de Vénus, iy TpùvrCtv foà.% k, qui ne peuvent lignifier
autre chofe, finon qu’Enée.régneroit dans le pays des
Troyens. C’eft auffi là le Cens que Strabon ( L .x i i i ,
v. joy), donne aux vers d’Homère, & qu’il rapporte ; Içs
voici;
HJ-» yàp Tlpiapov yxrsHv Hyjànpt Kptyiay
Nov Je J» Aiveïaç (£i.ti Tpùeiaiv dya£ei
JKet) itaiSIS irpiiScey , ro)x?v fj,iteiria^St y$yayT#U
Ce qui lignifie ;
« Car actuellement Jupiter a en horreur la race de
?* Priam. Déformais Enée régnera fur Troye -, fes fils
» & leurs delcendans auront le même avantage ».
Mais comme Strabon vivoit au milieu des Romains ,
il n’attaque pas directement leurs prétentions-, il rapporte
feulement cette opinion ; mais on peut çtoire
que c’eft la fienne, puisqu’il l’appuie de l’autorité d’Homère,
dont les vers font ici d’un grand poids. Auffi
ajoute-t-il que l’on croit qu’Enée refta dans le pays
des Troyens, & que la famille de Priam étant çteinte ,
il hérita de la couronne, qui fut jranfmife à fa pofté-
rïté.
Eufth^te, cet intrépide commentateur d’Homère &
fte plufieurs autres auteurs grecs, voulant conferver
aux Romains toute leur prétention dans fa force, fait
lin raifonnemènt qui nous donne la méfure de fa bonnç-
foi ou de fa logique. Selon lui, par les Phrygiens,,
Neptune entend les Troyens -, & comme on- auroit à
Uu pppofer qu’Horaère même ne devoit pas çonnoîtye
La ville de Troye étant entièrement ruinée?
& la plupart des habitans ayant été exterminés',
les Phrygiens & les Lydiens , à ce que quelques
auteurs aflùrent, s’emparèrent de la Troade, qui
commença alors à porter le nom de Phrygie. D’autres
croient qu’Enée, après avoir raftemblé ces refies
épars des Troyens , rebâtit la ville, & que fes
defcendans & ceux d’Heétor régnèrent dans la
Troade , jüfqu’à ce que le pays fut fubjugué par
les Lydiens, dont la puifiance augmenta au point
de devenir redoutable à toute l’Afie mineure. Si
pourtant les Troyens ont eu quelques rois de leur
nation après la deftru&ion de leur ville , ces princes
doivent avoir été bien peu puiflans , puifqu’ils
ne font pas feulement nommes dans l’hiftoire.
les Romains, qui n’ont pris naiffance que long-temps
après lu i, il répond habilement qu’Homère ^voit pu
en être inftruit.par deux fortes de voies qui lui paroif-
fent très-admiffibles. L’une , qu’Homère avoit connoif-
fance des vers fibyllins, qui prophétifoient d’avance
l’exiftence des Romains, ou du moins que ^e génie
des poètes ayant réellement quelque chofe de furna-
turel, il avoit pu prévoir que les Romains defcendroient
un jour d’Enée. Cette force de raifonnement étoit bien
celle d’un théologien Grec.
Agathocle le C yzicénien, cité par Feftus (voce Roma),
dit que plufieurs témoignages dépofoient qu’Enée
avoit été enterré dans la ville-de Bérecynthe, près du
fleuve Nolos , o u , félon d’autres, Gallus , près de
Troye.
Etienne de Byfance ( voce A2KÀNIA)., cite un palfage
de Nicolas de Damas , qui vient à l’appui du fentiment
contraire à celui des Romains. Selon Nicolas de Damas ,
(•Ai/?. IV ) , 1,'Ketfjta.ySptoç Exropos xat AySpopcLyns, i% -rïf
FJHf y.ai tov AaaxuXelov xai r»c A'mtayta.ç xaXoùjugvnc ,
»y ixTitrey â A’véov irais Aoxàvioç. On voit qu’il regarde
la ville d'Afcania comme fondée par Alcanius, fils
d’Ènée. ^ n
Pomponius Mêla , en parlant d'Antanirus, ville de
YÆolis (L . I , c. 18 ), dit: Alii Afcanium Ænece filium
citm ibi regnaret captum à Pelàfgis, eâ fe redêmiffe commémorant.
Voilà encore une ville bâtie par Afc.agne ,
fils d’Enée. Ce prince y régnoit ; il fut pris par les
Pélafges, & donna la ville pour fa rançon.
Il eft vrai qu’Hellanicus, dans fa Troade, fait paffer
Enée en Thrace, & de-là à Pallene -, mais enfin ce n’eft
pas en Italie. De plus, il dit expreffément qu’Afcagne
refta dans la Troade, & qu’il y régna.
Strabon affure auffi que la ville de Scep/îs, fituée
auprès de Troye, en fut placée à 6b ftades par Sca-
mandre, fils d'He&or , & par Afcagne, fils d’^née ; &
il ajoute que les deux familles régnèrent durant plu-
fieurs années dans cette ville-, & que le gouvernement
ayant été changé d’abord en olygarchie , & enfuite
en démocratie , on ne laiffa pas de continuer à donner
le titre de rois à ceux qui defçendoient des familles
dont les ancêtres l’avoient été.
Boçhart ajoute à ces autorités ( Epifi. num Æneas un-
quqm fuit in Italia ) , deux argumens d’une grande force.
D’abord , que les principales divinités des anciens
Troyens, comme Vénus, Apollon, Cybële , &c. furent
, pendant long-temps , entièrement inconnues aux
Romains : fecondeirjent, qu’il n’y a pas le moindre
rapport entre fancien phrygien & le langage des R ot
mains. Mais, en derniere analyfe , cela ne prouve rien
contré Virgile , qui n’a fait qu’adopter une opiniQR
reçue , & qui en a tiré un fi grand parti,
TROME LIA, ville du Péloponèfe , dans l’A -
chaïe propre, félon Athénée , cité par Orté-
HusP
TROMENTUS CAMPUS , campagne de l’Italie
, & , à ce que l’on croit, dans l’Êtrurie. Elle
avoit donné fon nom à la tribu Tromentine ,
félon Feftus. Cette tribu fut une des quatre que
l’on ajouta aux vingt-une anciennes, l’an 368 de
la fondation de Rome, félon Tite-Live.
TRO N IS , contrée de la Grèce, dans la Pho-
cide , au pays des Dauliens , félon Paufanias.
Tronis renfermoit alors plufieurs monumens. On
y voyoit. le tombeau d’un héros , qu’ils regardoient
comme leur'fondateur ; les uns difoient que c’étoit
Xantippe , homme de réputation à la guerre ; &
les autres , que c’étoit Phocas , petit - fils de
Sifyplje.
Ce héros, quel qu’il fût, ■ étoit honoré’tous les
jours par des facrifices. On faifoit couler le fang
des vi&imes fur fon tombeau, par une ouver-
-tûre deftinée à cet ufage : les chairs jles viélimes
étoient confumées par le feu.
TRONODERUM , nom qui appartient à la
géographie de moyen âge. On croit que c’eft
celui de la ville de Tonèiie.
TRONUM , lieu fur la route de Dyrrachium
à ‘Salone , entre Pons Tiluri & Biludium, félon
l’itinéraire d’Antonin.
TROPÆA & T r o pæ u m . On trouve ce nom
donné à plufieurs villes de l’antiquité. Dans fa figni-
fication première, il fignifie trophées, c’eft-à-dire,
monument érigé pour perpétuer le fouvenir d’une
vidoire. Ce mot vient du grec •7rpé‘7roy.cu, je mets
en fuite, je fais retourner en arrière. On en a
fait enfuite TpÔTctiov 3 monument érigé à l’occa-
cafion d’une fuite ou d’une défaite. Dans ces mêmes
lieux où avoient été élevés de ces monumens ,
Il s’éleva des villes. Delà l’origine du nom qu’elles
ont porté.
T r o pæ a ( Tropea ) , ville d’Italie, dans le Bru-
ttum, à l’ouefi. Son nom fignifie trophée : Hols-
îenius croit qu’on le lui donna d’après une victoire
remportée en ce lieu par Sextus Pompée.
Etienne de Byfance la place dans la Sicile:
on préfume qiie cela vient de ce que dé fon temps
©n appeloit auffi Sicile, la partie méridionale de
l’Italie.
T r o pæ a D r u s i , ville delà Germanie , félon
Ptolemée. Elle étoit à moitié chemin entre la
Sala & le Rhin , dans l’endroit ou Drufus mourut,
félon Ortélius , qui s’appuie- du témoignage de
Dion Caffius. Mais on lui objeâe que Dion
Caffius dit pofitivement (X . x v , inïtio ) que
Drufus ne mourut pas dans l’endroit où fes trophées
avoient^ été enlevés;, mais après qu’il eut
recommencé à retourner fur fes pas , avant cependant
d’être arrivé jufqu’au Rhin.
rTsçiw rapporte que ç’efl auffi l’endroit ou Trhère
fut falwè empereur par l’armée romaine*
Les Romains, après leur viéloire, élevèrent un
trophée avec lès armes des vaincus , & mirent
au bas le nom de toutes les nations qui avoient
eu part à la défaite. Dans la fuite il s’y forma
line ville.
T r o p æ a P o l l u c i s eu T r o p h é e s d e P o i l
u x : ils étoient dans- la ville de Sparte , après
avoir pafle le temple d’Efculape , félon Paufanias ,
qui ajoute que l'on difoif que Pollux les érigea
lui-même , après la vifioire qu’il remporta fur
Lyncée.
T r o p æ a P o m p e i i . Pompée , ditM. d’Anville,
( notice de la Gaule) , ayant terminé la guerre
d’Efpagne contre Sertorius, éleva au paflagedes
Pyrénées un monument, fur lequel , au rapport de
Pline , il fit infcrire , que depuis les Alpes jufqu’à
l’extrémité de l’Efpagne ultérieure , il a voit fournis
876 villes. Le monument étoit orné de dépouilles
confervées ; & Strabon , par cette raifon
fe fert du terme civclSo/jmtcl (Z. m 3 p. 1 $6)
pour le défigner. Il indiqué précifément le lieu
de ces trophées-, en difant qu’ils font fur la voie
qui donne entrée en Efpagne par la plaine de
Juncaria. Ce qui contribue encore à fixer cette
pofition , c’eft qu’il dit que des trophées de
Pompée qui féparent la Gaule d’avec l’Efpagne,
la diftance jufqu’à Narbonne eft de l x i i i milles*
O r , voici le décompte des itinéraires lesplùs cir-
eonftanciés, & vérifié fur le local. De Narbonne
à Vigtfimum , x x ; de Vigefmum à Combuflæx iv 5
de Combuflæ à Rufcino, v i ; de Rufcino à lllibcris
V III ; à llliberis à Ccnturioncs, x u ; de Cmturioms
au Summus Pyrenoeus , v . Total. , ix-V. Et s’il
furpafle de deux milles l ’indication de Strabon
c’eft de la même manière que lorfqu’ii ne compte
que l x x x v i i i milles entre Narbonne & Nifmes : •
les itinéraires par leur détail de pofition en pofition ,
en font compter 91.
T r o p æ a R o m a n o r u m & S y l l æ ou Trophées
des Romains & deJSyLlà. Ces trophées furent érigés
par les Romains & par Sylla , dans la plaine de
Chéronée, en Béotie , pour une viétoire remportée
fur Taxile , général de l’armée de Mithridate,
félon Paufanias.
T r o p æ a , ville du Péloponèfe, dans l’Arcadie',
fur la route de Pfophis à Telphufa , à h
gauche du Ladon , & près du bois nommé Aphro-
difium, félon Paufanias.
Sur la carte de M. d’Anvillé H y a. Trophæa.
Mais Paufanias dit Tpo'xcuci: c’eft le mot grec;
ùn le rend en latin par Trophoea.
T ropæa À u g u s t i , ville de l’Italie, dans la
Ligurie, félon Ptolemée. Elle étoit près de Portas
Herculis. - * 1
T r o p æ a A u g u s t i , c’eft-à-dire , Trophées
d’Augufte. Ptolemée , dit M. d’AnVille ( notice
de la Gaule, p. 6;$) ; a connu ces trophées dans
le voiûnage de la mer, eutre Nice & le P mus,