
Antiochiis, celks. contre . Mithridate Ei.ipator , qui lui-même avoit fournis les régions
au - delà, du T y ra s , jufqu’aux. Palus Méotides, & enfuite la Çolchide , [’Hyrcanie, la
Baâriane & une portion des Scythes ; celle contre Jugurtha, roi de Numidie, celle contre
Aretas, roi d’A rabie; les expéditions de Jules Cefar dans les Gaules, dans la Bretagne,
dans la Mauritanie ; celles d’Augufte chez les Allures. & les Cantabres ; celles de Germanieus
dans la Pannonie, dans la Dalmatie & dans la Germanie qu’il parcourut jufqu’à l’Elbe;
celle de Gai lus en Egypte, en Ethiopie, en Arabie, & quelques autres, furent encore
autant de conquêtes pour la Géographie qui s’enrichit de toutes les connoiflknces qu’elles
procurèrent.
Strabon eu. profita pour entreprendre une nouvelle defcription de la terre. Il l’orna
d’une foule de traits hilloriques fur l’origine des villes-& l’antiquité des nations qui ont
rendu foo livre. un des plus précieux de ceux que le temps a refpeâés. Son ftyle eft fimple,
mais noble, tel qu’il convient à la gravité del’hiftoire. Le plan de fes defcriptions eft celui
que la nature lui préfentoit. Il parcourt les bords de la Méditerranée en commençant par
l’Ibéfie ; §£ .à mpfure que le continent s’étend vers le nord, l’orient ou le midi, il le fuit jufqu’à
fes extrémités, ou plutôt jufqu’à ce que le défaut de connoiffances l’arrête. Son extrême
féxéïitédans le,choix des.matériaux'qu’il vouloit employer, & l’efprit de parti, toujours
fi tranchant parmi les différentes, feéles.de.philofophes, lui permirent rarement de fubftituer
d.es doutes aux opinions qu’il cqrabattoit : il les rejetoit avec aigreur. Stabon parut avoir
peu fu d’aftronomie 8c de mathématiques, du moins il ne vouloit pas croire, que la Géographie
dut, être foumife; à; çes fciençes, autant qu’Eratofthènes , Hypparque & Pofidonius
le. prétendaient, G’eft. probablement c.e. qui l’a empêché de fentir l’importance, de nous
çonferver les mefures d’Eratofthènes dans, leur intégrité.
Stabon a fuivi la marche d’Eratofthènes, c’eft-à-dire, qu’il a cherché à donner une idée
de l’enfemble des terres 8e des mer?, en indiquant d’abord la diftance qu’il croyoit exlfter
entre leurs principaux points, 8e en les liant enfuite par les diftances intermédiaires qu’il
»voit recueillies;
Bertius a douté fi.l’ouvrage de Strabon n’avoitpas été autrefois accompagné de cartes.
Il eft .poflible .que cela, foit ; mais affurément ces cartes n’etoient pas de Strabon. Pour
les conftruire, il eût été forcé de fe. décider fur les contours 8c la pofition que dévoient
prendre toutes les contrées 8e toutes les mers: 8e c’eft ce qu’il n’a pas toujours fait,
puifqu’après avoir préfenté.ou difcuté l’opinion des géographes qui l’avoient précédé,
jl laiffe quelquefois fes lecteurs dans une forte d’incertitude fur ce qu’il penfoit lui-même.
Au relie on ne peut douter qu’il n’eût des cartes devant les yeux lorfqu’il écrivoit, &que
pour certains pays, il n’en eût même plufieurs qui étoient cofflpofées fur des fyftêmes
différens. Et comme il lui arriva de calquer fes defcriptions tantôt fur les unes, tantôt fur
les autres, fans en prévenir à chaque fois fes leûeurs, la difficulté de. çjifcerner l’opinion
qu’il préféroit n’eft pas la moindre de celles que l’on a à vaincre en effayant de dreffer
une carte d’après lu i, ainfi que l’a fait fi heureufement le citoyen Goffelin, En voici quelques
détails.
Latitudes.
Lati t udes.
-• *
Strabon adoptoit, comme Eratofthènes 8e Hipparque, le ftade- de 700 au degré :
il mefuroit, comme eu x , la longueur 8e la largeur de la terre habitable fur deux lignes
qiû dévoient fe couper à angles droits à Rhodes. Quoiqu’Hipparque eût indiqué la néceffité
de courber les méridiens Sc les parallèles pour avoir , avec plus de précifion , fur un plan,
le développement du globe, Strabon prévient qu’il continuera de décrire les pays en les
fuppofant tracés fur une furface plane. Ainfi nous devons opérer, dit le citoyen Goffelin,
dans la conftruâion de fa carte, comme nous l’avons fait pour celle d ’Eratofthènes, c’eft-
à-dire, que les parallèles & les méridiens doivent çonferver entre eux une égale diftance,
& fervir de mefure commune pour toutes les pofitions. Voici les principaux parallèles
qu’admettoit Strabon.
Il plaçoit, comme Hipparque, le parallèle de la région qui produit la canelle, celui
de l’île des Exilés, ainfi que les limites de la terre habitable 8c de la zone tempérée,
à 8,800 ftades de l’équateur.
Des limites à Méroé, il comptoit 3,000 ftades , ce qui place cette ville à 11,800 ftades
de l’equateur. On peut croire, quoiqu’il ne le dife p a s , qu’il fuppofoit, fous ce parallèle ,
l’extrémité méridionale de l’Inde, puifque c’étoit l’opinion• générale de fon fiècle.
De Méroé au tropique 8e à Syène, il met 5,000 ftades, ce qui revient à j 6,800 ftades
de l’équateur. Il penfoit donc que le tropique pouvoit être fixé à 240 en nombre rond.
On voit par-là combien il étoit inexaâ dans fes évaluations.
De Siene à Alexandrie , il admettoit aufli les 5,000 ftades qu’Eratofthènes avoit
comptés. Ainfi cette ville devoit être à 21,800 ftades de latitude.
Strabon dit que le parallèle du fond de la grande Syrte, le même qui, félon lu i , doit
paffer par Héroopolis, à l’extrémité feptentrionale du golfe Arabique, & par le milieu
du pays des Maffefyliens 8e des Maurufiens qui habitoient l’Afrique, à l’oueft de Carthage ,
çft plus méridional de 1,000 ftades que celui d’Alexandrie; ce qui fixe ces lieux à 10,800
ftades de latitude. Il ajoute que Carthage eft à un peu moinsde 2,000 ftades au nord de ce parallèle
: C’eft donc à environ 22,700 ftades de l’équateur. D ’Alexandrie à Rhodes il comptoit
3,600 ftades. Ainfi il plaçoit cette ville à 25,400 de latitude. Il conduifoit le parallèle de
Rhodes, depuis le détroit des Colonnes, par le détroit de Sicile, par le golfe d’Iflus
8e le long du Taurus, en le faifant aboutir à la mer Orientale , entre l’Inde 8c la Scythie ,
fituée au-deffus de la Baâriane. ;
L’opinion de Strabon étoit que la partie de ce parallèle, comprife entre le détroit des
Colonnes & celui de Sicile , partageoit la Méditerranée, à-peu-près.par le milieu de fa largeur
; & , comme les navigateurs comptoient 5,000 ftades par le plus court trajet, depuis
le golfe Gaulois, qui baignoit les côtes de la Narbonnoife jufqu’en Afrique, Strabon en
conclud que, de ce parallèle au fond du golfe'Gaulois , il ne peut y avoir plus de 2,000
ftades, & qu’il doit y en avoir moins de 2,500 jufqu’à Marfeille , qui eft plus au fu i
Géographie ancienne. Tome III, Mm mm