
y.
Vc fêtai du pays des TtEiofages , avant que les
■ Romains y fuffènt entrés.
Dans les temps les plus reculés,, je veux dire
fous le règne de Tarquin 'l ’ancien , toute cette
partie de la Gaule connue fous le nom de Celtique
, obéifîoit a un feul roi.Les Bituriges, qui,
félon Tite ■ Live , tenoient alors le premier rang
parmi les peuples qui habitoient cette contrée ,
donnoient ce roi , qui commandoit à tous les
Celtes. Les Te&ofages 9 comme les autres, étoient
en la dépendance de ce prince ; car on les a
.vus précédemment fuivre Sigovèfe, neveu d’Am-
■ bigate, qui tenoit, dans ce temps-là', les rênes
de la Celtique, & qui, félon le même Tite-Live,
n’envoya des colonies , foit en Italie,, foit en
Allemagne , que pour décharger fes états d’une
partie des habitans. C ’eft tout cê que nous favons
de ces premiers temps.
Il paroît que dans la fuite la Celtique, ainfi
que le relie des Gaules, fe trouva partagée eu
différens états, indépendans les uns des autres,
qui J-éuniffoient quelquefois leurs forces , lèrfque
la caufe commune le demandoit. A la tête de
chaque état , qualifie par Géfar ,, Civitas , on
vovoiî. un chef, appelle Repilus , c’e ft -à—dire,
petit roi. Chez les hiftoriens Latins , on en trouve
des preuves înconteftables , fur-tout dans Tite-
L ive , lorfqu’il parle .du pafl'age d’Annibal par les
Gaules. ,
« Les Gaulois , dit cet hillorien , n’eurent pas
» plutôt^ appris qu’Annibal avoit déjà pafle les
» Pyrénées, qu’appréhendant d’être traités comme
a? les Efpagnols qu’on avoit fournis par la force,
■ » coururent aux armes & allèrent camper auprès
» de Rufcino , pour empêcher l’ennemi d’avancer.
» Informé de leur defiehv, Annibal craignit que
» leur réfiftançe ne lui fît perdre trop de temps ;
» .il envoya donc vers-les petits rois des Gau*
*> lois , pour leur dire qu’il diefiroit avoir avec
» eux une entrevue ; que s’ils vouloient venir à
» llliberis, ou il étoit campé, il lés recevroit avec
» plaifir dans fou camp , fin on;, qu’il iroit lui-
» même les trouver, s’ils l’aimoient mieux ; qu’il
» n’étoit pas entré dans les Gaules comme ennemi,
» mais commet hôte ; qifen .un fi l’on ne
» s’oppofoit pas à fon paflage, il ne, tireroit point
-jj l’épée qu’il ne fût arrivé en Italie. Les petits
» rois fe rendirent fans difficulté auprès du Cir-
» thaginois ; & gagnés par les préfens qu’il leur
» f it , ils confentirent à le laifler pafler tranqiiille-
» ment par leur pays ».
Les Gaulois , .qui allèrent /établir en A fie , s’y !
étant partagés en trois parties ,.on voycif.’aufli
à la tête de chacune un petit .roi. Sans ,doute .que.
ces nouveaux habitans, de l’Afie fe conformèrent
en celg à la forme de gouvernement -étabJi „dans 1
leur ancienne patrie ; ce qui efl d’autant plus vrai-**
femblable, que Tite-Live appelle quelquefois Re-
gulos les chefs même qui les conduifirent dans
leurs excurfions depuis leur fortie des Gaules.
Aiuü ? il y a lieu de croire que les Te&ofages
ont ete anciennement gouvernes par un chef particulier
, qui fut d’abord dépendant de ce roi de
la Celtique dont j’ai fait mention , mais qui.
ayant fecoué dans la fuite le joug de ce prince,
I ( ce TÛ dut lui être commun avec celui des autres
états), commença dès-lors a jouir lui-même d’une
autorité royale. Ce roi régnoit tome fa vie ; &
quoique la couronne ne fût pas héréditaire cependant
, quand il étoit mort, on lui donnoit d’ordinaire
pour fuccefleur , un de fes enfans ou de
les proches.
. ^ il îalloit cle nouvelles preuves de ce qu’on
vient d établir , on en trouveroit encore dans Plutarque
. dans Tacite, dans Céiar. Plutarque allure
que les Tettofages avoient un roi ou un chef fou-
veram nommé Copillus, que Sylla , lieutenant de
Marins , fit prifounier , parce qu’il s’étoit ligué
avec les Cimbres & les Teutonstontre le peuple
Romam. Tacite met les termes fuivans dans la
bouche de Cerialis, qui adreffe la parole à quel-
ques peuples de la Gaule:« Vous avez toujours
■ » eu des rois & des guerres dans votre pays'
» jufqu’à ce que nous ioyons venus pour vous dé-
” kvref Et Céfar dit que de fon temps les
royautés etoient ordinairement envahies par les
plus pui flans.
Quoique , les cités des Gaules fiilfent foumifes i
un roi , il ne laifi'oit pas d’y avoir un fénàt dans
chacune de ces cités. Ce fénat étoit compofé d’un
certain nombre de perfonnes ,■ qui, par leurnaifi
fance ou par leurs dignités , y avoient droit de
fieance. Céto.t le premier ordre des citoyens, qui
eft nomme dans les monumens Ordo ; fvlmdidifli-
mus ordo., [acratïjjimus ordo. Il étoit le dépofitàiré
de l’autorité publique , & tenoit fes alîemblées
dans la ville capitale. Tel dut être anciennement
letat politique des Teflefages; c’efl-à-dire, qu’il
ne teuoir pas tellement de la monarchiee, qu’il né
participât suffi de l’arifiocratie ; & voilà fans doute
pourquoi Strabon affure qu’il y eut dans les pays'
dépendans de ces peuples , quelques villes dont
U réPublic™ »U ariftocratiquc.
M?EDAMENSH, peuple de l’Afrique propre,
félon Ptolemee. •
TEDANIUM ou T edanius, fleuve de l’Illyrie:
II fervdit' de borne entre cette province & la
Japygie, félon Pline.
Ce fleuve efl nommé Tidanus par Ptolemée
TEDIASTÜM, Ville que pfolemée ” diqu=
daï ï E " ? neur de la Liburnie, près à'Arucia.
T ™ , V1®e de PArabis déferte, près de
la Mefopotamiè, félon Ptolemée.
—TEGÆA ( Jimmel ) , ville de l’Afrique. 11 en
eft fait anemion pâr Hirtiiis, Elle étoit fituée au
lua-©ueft de Leptis.
TEGAMUS ou T eg an u s , filon Pline & Solin.
C ’étoit le nom d’un des trois canaux qui commu-
ïiiquoient d’Alexandrie à la mer.
TEGANON , île de la Méditerranée , au voi-
finage de celle de Rhodes, félon Pline.
TEGANUSA ou T h e g â n u s a , île que Pline
indique dans le golfe de Laconie ; mais Paufanias ,
qui la nomme Tkeganüfa, la place dans le golfe
de Meffènie. Elle etoit au devant du promontoire
Acritas, entre Metlione & Corone, villes de la
Meflenie.
T E G E , ville de l’Afrique propre, entré les
deux Syrtes, félon Ptolemee.
TEGEA ou T egée. Cette ville étoit dans la
partie du fud-eft de l’Arcadie, à peu de diflance
de l’Argolide ; & fa pefition bien indiquée par
Paufanias & par Poîybe , a été bien faifie par
M. d’Anville, qui la retrpuve dans la ville moderne
de Mokli’a.
Quoique, bâtie par Aléus , fils d’Aphidas , &
petit fils d’Arcas, elle prit cependant lé nom du
canton, qui dès-lors fe nommoit Tégée , d’après
Tégéatès, fils de Lycaon : ce prince avoit feulement
donné le fùrnom d'Aléa, à la Minerve du
temple qu’il avoit conflruit à' Tégée : un incendie
aygmt coiifumé cet édifice , la fécondé année de
la x c v i e olympiade (c ’eft-à-dire, l’an 395 avant
Jefus-Chrifi ) , on en reconflrififit un autre. Celui-
ci , au rapport de Paufanias,. étoit le plus beau de
tout le Péloponnèfe : cet auteur en fait une def-
cription intérefîante. Pendant long-temps on a prétendu
avoir dans ce temple les défenfes du fan-
glier de Calydon ; mais Augufte empêcha les
Tégéatès , de s’enorgueillir plus long-temps de
cette belle dépouille : voulant fe venger d’eux ,
parce qu’a l’exemple des autres Arcadiens, excepté
ceux de Mantinée, ils avoient pris les armes contre
lui , en faveur d’Antoine, il fit enlever ces dé-
fenfes/& les fit tranfporter à Rome, avec la flatue
de Minerve Aléa. La vénération crédule des Grecs,
trouva quelque dédommagement à cette perte ,
‘dans le plaifir de croire qu’ils confèrvoient encore
la peau, de cet animal ; & ils mirent une nouvelle
flatue à la place de l’ancienne : ce temple
renfermoit un grand nombre d’autres curiofites :
le facerdoce étoit confié à une jeune fille, qui le
quittent à l’âge de quinze ans.
Près de ce temple, étoit un flade où l’on cé-
Iébroit des jeux en l’honneur de Minerve, & d’autres
jeux en mémoire d’une viéloire remportée
fur les Lacédémoniens. La place publique étoit
fort ornée : on y voyoit un temple &. beaucoup
de fiatues ; je ne parlerai ici que d’une figure de
Mars Gynecothoene ( Timnto^ou'e), fculptée fur une
colonne. Cette épithète, qui fignifiele convive des
femmes , rappeloit le fouvenir d’une autre vie-,
toire due à la valeur des femmes de Tégée r elies
n’avoient admis aucun homme au repas qui avoit
fuivi cètte cérémonie. Je dirai ci-après comment
jPoliæan raconte ceci. A peu de diflance de la
place publique, étoit un magnifique théâtre, en"
touré de ftatues de bronze : il n’en refioit plus que
les piédefiaux, au temps de Paufanias, fur l’un
defquels on lifoit l’épitaphe de Philopémen. Cette
ville eut beaucoup à fouffrir dans.les guerres qui
fe firent en Arcadie , au temps de la ligue des
Achéens.
Paufanias rapporte qu’on y voyoit un temple
de Vénus Uranie, bâti près de celui dédié à Cérès
& à Proferpine.
La place de cette ville étoit un quarré long , d’où
Vénus , qui y avoit fon temple , avoit pris la
dénomination de Vénus in Plintho.
Les Tégéatès étoient un peuple vaillant. Hérodote
en parle avec éloge, Z. 1. c. 65. Les Lacédémoniens
avoient prefque toujours eu du defîùs
dans leurs guerres contre les Tégéatès. Sous le
règne d’Agafidès , ( le texte d’Hérodote porte,
Hégéficlès félon le diale&e ionien ) , les Lacédémoniens
, vainqueurs dans leurs autres guerres,
avoient échoué contre les feuls Tégéatès. Longtemps
auparavant ils étoient les plus mal polices
des prefque tous les Grecs , & n’avoient aucun
commerce avec les étrangers , ni même entre
eux ; mais dans la fuite ils paflerent, de la manière
que je vais dire, à une meilleure légiflation.
Lycurgue jouifloit à Sparte de la plus haute
eftime. Arrivé à Delphes pour confulter 1-oracle,
à peine fut-il entré dans le temple qu’il entendit
ces mots de la Pythie : Te voilà dans mon temple
célèbre , ami de Jupiter 6* des habitans de l 'Olympe ;
mon oracle incertain héjite s’il te déclarera un dieu ou
un homme ; je te crois pliitôt un dieu.
Quelques auteurs ajoutent que la Pythie lui
diéla les loix qui s’obfervent maintenant à Sparte,
Mais les Lacédémoniens conviennent eux-mêmes
que Lycurgue apporta ces loix de Crète , après
avoir été tuteur de fon neveu, fous le règne de
Léobotas. En effet, auffi-tôt après la bataille , il
réforma -les loix anciennes & prit des mefiires
contre les tranfgreflions nouvelles. Il régla enfuite
ce qui concernoit la guerre, &c. &c.
Ce fut ainfi que les Lacédémoniens fubflitiièrent
des loix fages-à leurs anciennes coutumes. Comme
ils habitoient un pays fertile & très-peuplé , leur
république- ne tarda pas à s'accroître & à devenir
floriflante. Mais ennuyés du repos, & fe croyant
fupérieurs aux Arcadiens , ils confultèrent l’oracle
de Delphes fur la conquête de l’Arcadie.' La Pythie
répondit : Tu me demandes l’Arcadie ; ta demande ejl
excejjive : je la re fujè. L'Arcadie a des guerriers nourris
de glands 9 qui repoufferont ton attaque : j e ne te
porte cependant pas envie , ou mieux encore, je ne
me refufe cependant pas entièrement à tes vaux. Je te
donne Tégée pour y danfer, & fes belles plaines pour
Us mefurer au cordeau.
Sur cettè réponfe de l’oracle ,les Lacédémoniens
marchèrent contre Tégée , munis d’une grande
quantité dé chaînes, qu’ils deftinoient aux prifoa