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influer, à diverfes reprifes, fur le plan de quelques portions de la Méditerranée,' fans pouvoir
fervir dè bafe à un dérangement fenfible dans l’enfemble de cette mer , dont l’étendue
fe trouvoit ànpeit-près Hmitéé'par les mefurês que la tradition confervoit.
Mais, ce fyftême de Marin de T y r préfente moins des correâions partielles, qu’un changement^
général dans toutes les longitudes , depuis l’extrémité occidentale de l’Ibérie , 'jiif-
qu aux contrées les plus voifines de l’Orient ; & , fi l’on vouloit fe perfuader que ces
changemens enflent été autorifes par des obfervations, il faudroit admettre, contre toute
vraifemblancè, & contre toute pbffibilité, que les obfervations auroient été rejetées , à
la fois & prefqu’en même temps, dans fout l ’ancien monde; il faudroit admettre que
chacune de ces obfervations aurait été fauffe,. qu’elles auroient toutes péch'é en excès;
que 1 excès durcit été de la moitié, & que même il fe ferait accru progreffivément dans
tous les lieux de la terre, à mefure que les obfervateurs s’éloignoient du 'méridien des
îles Fortunées.’ - ■ ' ' ' 1
. Tant d’erreurs ne peuvent appartenir à l’obfervation ; & , comme elles font prefque proportionnelles
dans la carte de Marin de T y r , il fout feperfuader qu’elles doivent toutes avoir‘été
commifes par une même caufè, qu’elles doivent avoir une origine indépendante de toute
obfervation aftronomique ; enfin qu’elles tiennent uniquement au défordre de fa graduation.
En parlant d’Eratofthenes , on a dit qu’il comptoir fept cents ftades au degré du grand-
cercle de la terre; que dette détermination, bien antérieure à fon fiècle , avoit fubfifté juf-
qu’au temps de Pofidonius ; & que ce dernier aflronome , par une^pération vicieufe-, avoit
eta î , que le degre du grand cercle ne devoit plus contenir que cinq cents des ftades employés
par Eratofthènes. - • f ; - , • , 1 J
_ ®r .’ C’e ft.en adoPtant “ tte dernière évaluation, que Marin de T y r paraît au citoyen
Go eim avoir commis la plupart de fes erreurs. En l’appliquant à lai graduation des anciennes
cartes qui exiftoient de fon temps, il en a corrompu néceflaîrement toutes les longitudes.
On conçoit , en effet, que cette nouvelle graduation, fubftituée à celle d’Eratofthènes
devoit, fans nen déranger au plan primitif de fa carte', foire trouver, dans un efpace’
donne, tm nombre de degrés plus grand que celui qui réfultoit d’abord de la valeur qu’illeur
avoit affignee, puifque chaque degré n’embraffoit plus, furie terrein', que cinq feptièmes
de 1 etendue qu il aurait dû avoir. ' :; ■ • 1 ' ; f j ir
A cette première erreur,,Marin de T y r a ajouté celle qu’Eratofthènes avoit commife
m meme, lorfquil méconnut la projection de la carte qu’il vouloit copier.' : Cette carie
etoit projetée fmvant la méthode'des cartes pîattes ; toutes les diffaiicès qu’il' y foefuroit
™. 6 degr é ’ Salves 8c trop grandes d’environ lui cinquième, c’eft-
Tûfons ' 6 £îlie Pr°duit: !a Hivergencé des rùéridiens, dans ces fortes'de pro-
. CcS/.d„eHX C2llfe ont Pour répandre dans la carte de Marin de T y r . les grandes
imperfeébons que le citoyen Goffeiin y a fait remarquer. Et ces caufes'd’érrèlir uné fois
connues, il devient facile de ramener cette carte, fauf quelques'légères modifications, aux
anciennes bafes qu. Eratofthènes avoit fuivies, d’y reconnoîtré enftute les traces d’uné
C H E Z L ,E S G R, E C S.* ’
exaftitude fur laquelle on devoit d’autant moins compter, qu’au premier a fp eû , cette carte
paraît .inconciliable avec les obfervations.
Il ne faut, en effet, que confiderer la carte de Marin de T y r , comme une carte à prc-
jeûion platte ,. dans laquelle les degrés de longitude devront être comptés , fous tous les
parallèles, à raifon de jo o ftades, comme fous l’équateur, & convertir enfuite le nombre
de ftades trouvés en degrés de 700 ftades chacun. En voici la preuve.
. La Carte dEratofthènes prefentoit 27,300 ftades, pour la différence, en longitude, entre -
le détroit des Colonnes 8c IJfus. Celle de Marin de Ty r; donne , pour le même intervalle;;
62 degres, q u i, a 500 ftades, font 3 1,090 ftades. Ain fi l’opinion de ces auteurs fe rapproche
déjà par la diftance itinéraire , & ne diffère plus effentiellement, que par le nombre de
jjfgrés qu’ils ont comptés entre le premier de ces lieux & le fécond. Mais, fi l ’on diyife par
fept cents, les trente & un mille ftades de Marin dê*Tyr, pour, les convertir en degrés égaux
à ceux qu’Eratofthènes avoit employés, .on trouvera 440, 1 7 ', 8"; la différence entre-ces
deux Géographes ne fera plus que de 50, 1 7 ','8 " , au lieu de 230 quelle prefentoit
d abord; & l’erreur de Marin de T y r , q u i, en première analyfe, étoit de i ° , joé,
d ’après les obfervations modernes, fe trouve maintenant réduite à 20, 4 7 ', 8"; fur la
longueur de la Méditerranée. A in fi, ce que l’on donne ici du travail du citoyen Goffeiin,
& les développentens que l’on trouvera dans fes mémoires particuliers, prouvent que.lés
différensfyftêmes géographit-aftronomiques des Grecs, pofoient tous fur une carte ancienne
, dont ils n’ont jamais connu la conftruftion. Cette carte primitive, qu’ils ont fans
ceffe altérée, étoit néceflairement le réfultat d’une fcience perfectionnée par une longue
fuite d’obfervations ; & tout femblé annoncer que ces obfervations étoient aufli exaftes
que celles que nous poffédons aujourd’hui.
Ptolémée,
Ptolémée entreprit de donner à la Géographie des. principes purement aftronomiques, &
d'écarter de la fcience la combinaifon des mefures itinéraires toujours fi incertaines. Marchant
fur les traces d’Hipparque, il voulut que dorénavant les cartes fuient conftruites fur dés bafes
sûres & invariables , fufceptibles d’être connues 8c vérifiées par tous les peuples & -dans tous
les temps. Il compta pour rien les difficultés qui avoient arrêté-cet aftronome , piffoMtôt
il ne s.’inquiéta point des erreurs que le défaut de connoiffances pofitives alloit lui-faire
commettre. Satisfait, d’avoir rangé toutes les parties de la terre fous une forme -nouvelle -,
fous une apparence plus exafle , il crut n’avoir laiffé aux fiècleS à venir.que le foin
d’ajouter à fon ouvrage les découvertes quelle temps amènerait. Mais lesefforts.dè 'Ptolémée
n’eurent pas le fuccès qu’il en attendoit :: comme il s’étoit emparé d’une idée qui
appartenoit à Hipparque, il faifit mal les élémens qui dévoient le guider; & , loin de
donner la fcience la perfeflion qu’une main habile aurait pu lui procurer , il la boiile-
verfa totalement.
Le premier objet qui occupa. Ptolémée , fut la projection. des cartes ; ;if rejeta, avec
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