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Monceci ( i) , o u , comme on difoit, Portus Herculis
Monceci. « Quoiqu’il foit répréhenfible, continue
» le même auteur , d’avoir fait di/Hnâion d’un
» port d’Hercule féparément du Monoecus, il n’en:
»pas moins confiant qu’il.a placé Tpocrctici S s-
» Çckttqv dans le canton qui convient à cette pofi-
» t-ion. On a cru ne pouvoir élever ce monu-
» ment en lieu plus apparent que fur le fommet de
» Y Alpes maritimus7 dont la pente atteignant le
» bord de la mer , forme une pointe que l’on
» nomme actuellement cap d’Aglio. Ce lieu con-
» ferve le nom de Tropoea , un peu altéré dans
» celui de Turbia ou Torbia. Selon la grande carte
»topographique des Alpes , levée dans le plus
» grand detail par ordre du roi , la pofition de
» Turbia efl diftante en droite ligne de Monaco ,
» de 12 à 1300 toifes, entre le nord & le cou-
» chant. Pline ne parle pas ( L. n i , c. 20 ) du
» trophée des Alpes , .pour en indiquer la pofition,
» mais pour en rapporter l’infeription , qui fait le
» dénombrement des peuples fournis par Augufle
» à l’obéiffance du peuple Romain dans tout ce
» que les Alpes ont d’étendue , à mari fupe.ro ad
» inferum. Ôn voit que c’eft au terme final de cette
» étendue , & près de la dernière des deux mers,
» que le monument a été érigé.
.» Plufieurs favans font tombés dans une grande
» méprife, en confondant cette infeription avec
» celle, de Sufe. 'Le doâe Lucas Holftenius eft
»de ce nombre, comme il paroît dans fes anno-
» tâtions fur l’Italie de Cluvier. On peut auffi nom-
» mer l’hiftorien de Provence , Honoré Bouche.
» Cependant, l’objet de l’infcription de l’arc de Sufe
» eft très - différent, puifqu’il ne regarde que les
» peuples fournis au gouvernement de Cottius ,
» dont l’état ne fut réuni à l’empire que fous
» Néron».
» Pline témoigne ,précifément, que les peuples
» de ce gouvernement ne font point compris dans
» l’infcription du trophée , 8c il en donne la rai-
» fon : non funt adjeclce Cottianoe c évitâtes qutz non
n fuerunt ho files. On n’y ajoute pas les cités dépen-
».dantes de Cottius, parce qu’elles n’étoient pas
» ennemies.
» Je remarque, ajoute M. d’Anville, que la puif-,
» fance tribunitienne d’Augufte eft citée dans cette
» infeription du trophée, fans que l’année en foit
» marquée dans le texte de Pline , quoiqu’on y
» trouve lmp. x im , ce qui fignifie -que jufques-là
» Augufte a voit été proclamé Imperator pour la
» quatorzième fois. Mais, fuivant que l’infcription
» exifte en partie à Turbia, comme je la trouve dans
» Cluvier ( Jeal. antiq.) , la date de la puiffance
»tribunitienne eft XVII. On croit qu’Augufte
» »’accepta cette prérogative que l’année de fon 1
(1) 11 y a ic i, dans l’ouvrage de M. d’Anville, une
faute répétée plus bas. On lit Moncaos j mais le grec
porte Mevofxov h&onçici P qw
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»onzième éonfuîat, quoiqu’elle lui eût été offerte
» après la mort d’Antoine , fept ans auparavant.
» Mais, en ne remontant qu’au onzième confulat
» d’Augüfte,qui eft l’an 23 avant l’ère vulgaire,lan-
»née 17 de la puiffance tribunitienne fixe la date
»de l’irifcription à la feptième des années anté-
» rieures à l’ère chrétienne. Cette année fuivit im-
» médiatement celle qui convient à la circonftance
- » àTmp. x im , & qui tombe à l’an de Rome 744 ,
» fignalée par des fuccès en Germanie, où A u -
» gufte avoir confié le commandement à Tibère.
» L’infcription de l’arc de Sufe eft de l’an X V de
» la puiiîance tribunitienne, &?'elle diffère ainfi par
» cet endroit , comme par le fond de ce qu’elle
» contient, de l’infcription du trophée des Alpes ».
TR O PA S , ville de l’Italie. Nicéphore l’enleva
aux Sarrafins, félon Curopalate & Cédrène.
TRO PA TEN A , nom d’une contrée de l’Afie.'
Ptolemée l’étend depuis le pays des Geli-Margafi ;
jufqu’à celui des Amariaci., félon Ptolemée.
TROPÆUM Q. Fabii Maxinù Æmili ani, ou
trophées de Fabius Maximus-Emilien. Selon Strabon,
près de l’endroit où l’Ifère fe jette dans le Rhône ,
trente mille Romains, commandés par Quintus
Fabius Maximus Emilien, défirent deux cens mille L
Gaulois ; & ce général fit élever fur le champ
de bataille un trophée de pierres blanches Orté-
lius, dans fa carte de l’ancienne Gaule, marque
ce trophée àùx confins dés Helviens & des Ar-
vernes, près & à la droite du Rhône.
TROPHONII Lucus & Antrum , le bois facré
& l’antre de Trophonius. Cet antre de Tropho-
nius, auffi-bien que le bois facré, le trouvoient
en Béotie, auprès de' Lébadée. C ’étoit une ouverture
qui s’étoit faite fous terre dans un rocher ,
où il falloit defeendre pour confùlter l’oracle.
Suidas nous rapporte les cérémonies qui s’obfer-
voient dans ces circonftances. ' v
Ce Trophonius étoit, dit-on , fils d’Apollon ;
félon quelques-uns , ç’avoit été un des premiers
' archite&es-Grecs, frère d’Agamedès , qui excelloit
auffi dans cet art : ils étoient fils d’Erginas, roi
de Thèbes. Ces deux architeftes firent plufieurs
ouvrages , entre autres un temple de Neptune
près de Mantinée , dans le Péloponnèfê , & le
fameux temple de Delphes. On faifoit des jeux
publics un jour de l’année au héros Trophonius ,
dans la ville de Lébadie, & la jeuneffe grecque
s’empreffoit d’y montrer fon adreffe.
Paufanias , qui avoit été fur les lieux même
nous eh donne la defeription fuivante ( In.Beot.
c- 39')' u On difoit qu’un jour Hercine, jouant en
ce lieu avec la fille de Cérès, laiffa échapper une
oye qui faifoit tout fon amufement: cette oye
alla-fe cacher dans un antre fous une greffe pierre.
Proferpine ayant couru après, l’attrapa $ & , de
dçffous la pierre où étoit l’animal, on vit auffi-tôt
. couler une fource d’eau , d’où fe forme un fleuve
qui, d’après cette aventure, porte auffi le nom
d’Jïerciiip
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On voyoît encore au temps de PanfamaS'i fur
le bord de ce fleuve, un temple dédié à Hercine,
& dans ce temple la ftatue d’une jeune
fille qui tenoit une oye avec fes deux mains.
L’antre où ce fleuve avoit fa fource étoit orne
de deux ftatues debout, tenant une efpèce de
feeptre avec des ferpens entortillés à l’entour, de
forte qu’on les auroit pris pour Efculape & Hy-
géia. Mais peut-être étoit-ce Trophonius & Hercine
; car, dit Paufanias, les ferpens ne font pas
moins, confacrés à Trophonius qu’à Efculape. On
voyoit auffi fur le bord du fleuve le tombeau
d’Arcéfiias, dont on difoit que les cendres avoient
été apportées de Troye par Léitus.
Ce que l’on trouvoit de plus digne d’attention
dans le bois'' facré, étoit :
i°. Le temple de Trophonius avec fa ftatue,
ouvrage de Praxitèle. Cette ftatue, aufli-bien que
la première dont il a été parlé, reffembloit à celle
d’Efculape :... a°. Le temple de Cérès, furnommée
Europe, & une ftatue de Jupiter Pluvieux, expofée
aux injures de l’air (eV ).
En defeendant par le chemin qui conduifoit à
l’oracle, on trouvoit deux temples, l’un de Pro-
ferpine Çhajferejfc ( 1 ) , l’autre de Jupiter roi.
Celui-ci étoit demeuré imparfait, foit à caufe de
•Îfa grandeur, foit à caufe des guerres qui n’avoient >as permis de l’achever ; dans l’autre on voyoit
es ftatues de Saturne, de Junon & de Jupiter.
Il y avoit auffi un temple d’Apollon.
Ceux qui vouloient obtenir un oracle de Trophonius
, pratiquoient ce qui fuit. Lorfque l’on
avoirréfolu de pénétrer dans fon antre, on étoit
obligé de paffer un certain nombre de jours dans
hn petit édifice qui étoit tout près. Ce lieu étoit
confacré au bon génie & à la bonne fortune. On
y employoit le temps à fè purifier par l’abftinence
de- toutes les chofes illicites, & même des bains
chauds. Il devoitfe laver dans le fleuve Hercyna.
'V fe nourriffoit de la chair des vi&imes dont
il fàifbit lui - même les frais ; car il étoit obligé
de facrifier à Trophonius, à Apollon, à Saturne,
a Jupiter roi, à Junon Herniocha, & à Cérès
furnommée Europe, que l’on difoit avoir été
nourrice de Trophonius. Un devin jugeoit,
.par J’infpeâion des entrailles des viélimes, fi
Trophonius agréoit le facrifice, & s’il étoit difpofé
a rendre fes oracles; mais c’étoit fur-tout dans les
entrailles du bélier que l’on appercevoit la vérité
f / r 6 ma.n^re P^us juft?. On l’immoloit fur la
foffe, en invoquant Agamèdes. Les autres vi&imes,
quelque efperance que l’on en eût conçue, étoient
comptées pour rien, fi le bélier n’offroit un afpeâ
tel que l’on en put tirer un augure favorable.
alors on defeendoit fans crainte , & l’on éto^
( ï) M. 1 abbé Gédoyn dit Proferpine Confervatrice.
y a .dans le grec, Kopc irr'i xaXso/^y» de
Jrrmerpme appelée Chaffereffe, en latin Vtnatriçis%
Géographie ancienne, Tome ///.
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affuré du fuccès. Il y avoit cependant encore
quelques cérémonies à pratiquer.
Cette même nuit on étoit conduit fur les bords
du fleuve Hercine. Là on étoit frotté d’huile &
nettoyé par deux enfans de la ville, âgés de douze
ans : on les noinmoit des hennés, ô n étoit en-
fuite conduit par des prêtres auprès de deux fontaines
, l’une nommée Léthé, l’autre Mnémofyne :
elles étoient proches l’une de l’autre.
Après ces préparations on montroit à l’initié la?
ftatue du dieu, faite par Dédale ; car c’étoit un
privilège‘referyé uniquement à ceux qui venoient
confiilter l’oracle. On faifoit les prières devant
cette ftatue ; on marchoit enfuite vers l’antre,
vêtu d’une tunique de lin , orné de bandelettes
& chauffé à la manière du pays.
Cet antre étoit dans une montagne, au-deflousf
du bois facré. Une baltiftrade de marbre régnoit
autour ; cette baluftrade n’avoit pas deux coudées
de haut, & l ’efpace renfermé au dedans formoit
line très-petite place. Sur la baluftrade on avoit
élevé des obélifques de bronze, qui étoient comme
attachés par un cordon de même métal. La porter
d’entrée étoit au milieu de ces obélifques ; au
dehors de l’enceinte il y avoit une ouverture que
l’art avoit pratiquée avec une grande induftrie &
une forte de proportion ; car on l’auroit prife pour
un four creufé fous terre. Cette efpèce de four
pouvoit avoir environ quatre coudées de -long
& huit de hauteur ; mais il n’y avoit pas de
marches pour y defeendre. Quand on y vouloir
entrer, on appofoit une échelle. On defeendoit
premièrement dans une foffe qui étoit entre le
rez-de-chauffée & la caverne. Cette foffe avoit
deux empans de largeur & un de hauteur. On
tenoit à la main une efpèce dé pâte pétrie avec
du*miel, & l’on gliffoit dans la foffe en y paffant
d’abord les pieds, puis les genoux ; & lorfqu’on
avoit paffé tout le corps, on fe fentoit emporté
dans la foffe avec autant de rapidité que fi l’on y eût
été entraîné par un courant rapide d’un grand fleuve.
C ’eft alors que l’avenir étoit révélé de plus
d’une manière; car on voyoit & l’on entend oit.
Lorfque la curiofité étoit fatisfaite, on reinontoit
par le même chemin, & avec au moins autant de
peine; car il falloit foire aller les pieds les premiersv
comme on avoit foit pour defeendre. On difoit que
tous ceux qui étoient defeendus dans l’antre de
Trophonius, aucun n’y étoitmort, fi ce 11’eftun
fatellite de Démétrius qui avoit négligé les cérémonies
d’ufage en l’honneur du dieu, & qui étoit
venu moins pour confùlter l’oracle, que pour emporter
les tréfors qu’il croyoit trouver en ce lieu.
Son corps fut jeté hors de 1 antre, non par
cette ouverture facrée par laquelle on defeendoit
mais par une autre iffue (2). Quand le cqnfultant
(2) Il n’eft pas befoin , je crois, de faire obferver que
cette autre iffue éroit celle que fe réfervoient les prêtres,
& qu’elle n’étoit pas la moins utile à la réputation de
l’or^de,
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