vers 4e fud-eft. On prétendbit qu’il avoît’pris fon nom
• de ScyHa, fille de'Nifus.Cette prin'céfle, pour feconuer
les vues de Minos.,roi de Crète, qui devoit Fepoufer,
donna la mort à fou père, afin de faciliter a ion
amant la prife de Mégare, dont NifuS étoit roi.
Minos, indigné d’un paricide qui nè pouvoir jamais
trouver fon excufe dans le plus violent amour,
n’eut pas plutôt la princeffe en fon pouvoir, qu il
la fit jeter dans la mer. Les flots, ajoute - t - o n ,
apportèrent fon corps vers ce promontoire, ou il
fut la proie des oifeaux. £
SCYMNITÆ, peuple de la Sarmatie Aüatique,
entre les Sapothrencc & les Amazones, félon Pto-
• Içmée.
■ SCTPHIA , bourgade des Clazoméniens, félon
Etienne de Byfance.
SCYPPIUM, ville de l’Afie mineure, dans
T’Trtnàp confins du navs pc C n l o n li o n i e n s .
-félon Paufanias.
SCYRA S , nom d’une efpèce de rivîere ou de
jruiffeau de la Laconie, qui fe perdoit dans le
golfe de Laconie. On pretendoit qu’il portoit ce
nom depuis qu’Achille., parti de 1 île de Scyrôs .
pour venir époufer Hermione, avoit aborde a ion
embouchure, & y avoit débarqué heureufement.
On voyoit un vieux temple d’Apollon auprès de
,cette rivière, & un autel de Jupiter. Paufanias,
I I I, Làcon. ch. 25. .
- S C Y R I , peuple de l’Inde , aux environs de
-ÎAriane., félon 'Pline.
5C YRM U S , ville de la Dolionide, près de
Cyzique, félon Etienne de Byfance.
SCYROS INSULA. Cette île , connue fous .le
nom afinel de Skyro, eft fituee a 1 eft & très-
près de l’ile ' d’Eubée. Les anciens prétendoient
ou’Achille y paffa les premières années de fa v ie ,
•dégrafé en fille, à la cour de Lycomède. Cette
fable s’accorde mal avec ce qu’on lit dans Homère.
Ï 1 paroît qu’elle étoit alliée de Troy e, puifqu’A ga-
jnemnon en fit k conquête.
Les Athéniens mirent dans la fuite y avoir
retrouvé les os de Théfée.
S C Y T A LA INSULA , île fituee dans le golfe
Arabique, feîon Pline.
SCYTHÆ ( les Scythes ). Les anciens com-
prenoiént fous ce nom les peuples qu’aujourd’hui,
rüous appelons Tatars, où, comme on dit vulgairement,
Tartarcsr D e tous les auteurs de l’antiquité,
-Hérodote eft celuilqui nous a donné le plus de
•détails fur ces peuples ; c’eft donc à lui fur - tout
„■ qu’il faut recourir , pour les connoiffances qu’il
convient d’en donner ici. Voy. Hérodote. , L. n i ,
ch. $. . .. -
Les Scythes félon Hérodote , difent que de
toutes les nations du monde , la leur eft la plus
nouvelle ( i ) ; mais ce fentiment n’eft pas celui de
Juftîn, qui dit que les Scythes prétendoient être
plus anciens que les Egyptiens ; & cette opinion
lui paroît fondée. Quod, dit-il, fi omnes quandàm
ttrm fubtflcrjoe. profiindo fm int, projeElb ediùjjimam
quajnquR partem dezurrentibus aquis prirnzan detextam.
( Juft., L .iv , c . i ) . Mais je reviens à Hérodote.
La Scythie étoit autrefois un pays défeft ; le
premier homme qui y naquit, s’appelait Targitaus..
Ils prétendent qu’il étoit fils de Jupiter, & d une
.fille du Borifthène. «Cela, ajoute l’hiftorien , ne
» me paroit nullement croyable ; mais telle eft
r> l’origine qu’ils rapportent ». Ce Targitaus eut trois
fils ; l’aîné s’àppeloit Lipoxdis; le fécond, Arpoxais;
& le plus jeune, Cotaxais~ -
Sons leur règne, il tomba du c iel, dans la
Scythie une charrue, un joug , une hache & une
phiole d’or. L’aîné les apperçut le premier, & s’en
approcha, dans le deflein de les prendre ; mais
auiîî-tôt l’or devint brûlant. Lipoxaïs s’étant retire,
le fécond vint enfuite, & l’or s’enflamiria de nouveau.
Ces deux frères s’étant donc éloignés de cet
or -brûlant, le troifième s’en approcha & trouva
l’or éteint ; il le prit & l’emporta chez lui. Les deux,
autres en ayant eu conrioifiance, lui remirent le
royaume en entier.
Ceux d’entre les Scythes que l’on appelle Au-
chàtes., font, à ce qu’on d it, iffus de Lipoxaïs;
ceux que l’on nomme Catiares & Trafpies^, descendent
d’Arpoxaïs, le fécond des trois frères ; &
du plus jeune, qui fut roi, viennent les P aralates.
Tous ces peuples, en général, s’appellent Scolotes9
du furnom de leur roi; mais il a plu aux Grecs de
leur donner le nom de Scythes. •
C’eft ainfi que les Scythes racontent l’origine de
leur nation ; ils ajoutent qu’à compter de cette
. origine & de Targitaus, leur premier roi, jufqu’au
temps où Darius paffa dans leur pays, il n’y a pas
en tout plus de mille ans. O r , comme l’expédition
dont parle ici Hérodote, fuivit de près' la prife de
Babylone par Darius, Fan 513 avant l'ère vulgaire
, il paroît à M. Larcher que l’on peut fixer
le commencement des Scythes , ou du moins le
règne-de leur premier roi Targitaüs, à l’an 1354
avant cette même ère. Quant à For façrè » continue
Hérodote, les rois le gardent avec le plus
grand' foin ; chacun d?eux.le fait venir tous les ans
, dans fes états, & lui offre de grands facrifices pour
fe le rendre propice. Si celui qui a cet or en garde,
s’endort, le jour, de la fête, en plein air; il meurt
dans l’année, fuivant les Scythes; & c’eft pour le
dédommager du rifque qu’il court, qu’on lui donne
toutes les terres dont il peut, dans une journée,
I faire le tour à cheval.
Le pays des Scythes étant très-étendu, Colaxais
le partagea en trois royaumes, qu’il donna à fes
trois fils. Celui des trois royaumes où l’on gardoit
c e p eu p le é ro it Nomade» M . L a r c h e r c r o i t p lu tô t qu il
s’étoitformé de Syrndit ouS \ a n t i, je tire de lare, ce qul
eft très-vraifemblable. .. , lof
(1) M. Pelloçttier croit que ce nom de Scythes vient
d» Çjrite Zchen, lignifiant courir, voyager % parce que
for tombé du ciel, étoit le plus grand. Quant aux
régions limées au nord, & au-deffusdes derniers
habitans de ce pays, les Scythes difent que la vue
ne peut percer, plus avant, à caufe des plumes qui
y tombent de tous côtés. .
Je remarquerai ici, contre l’opinion des auteurs,
& en particulier de M. l’abbé Millot, q u i, fe
faifant un mérite de fronder Hérodote, ont attribue
à fa feule crédulité toutes les fables qu’il débité,
que très-fouvent il ajoute qu’il ne les croit pas ; &
que, particuliérement ici, il rapporte quelles Scythes
le difent. Ce n’eft pas que je croievque les Scythes
eux-mêmes avoient dit qu’il tomboit des plumes ;
mais je crois que pour donner une idée de ce
météore à ceux des Grecs avec lefquels ils communiquèrent
d’abord , ils purent leur dire qu’il
tomboit du ciel une matière blanche , & voltigeant
comme' des plumes. Je ne doute pas qu’ils n’aient
ajouté que ce phénomène -étoit. caufé par le froid :
mais comment fe faire entendre à des gens bornés,
qui, habitant un beau ciel, n’ont pas l’idée d’un
grand froid ? On peut fe rappeler, à l’appui de mon
lentiment, l’opinion défavantageufe que prit tout-
à-coup un roi de Siam, de quelques négociateurs
Hollandois, qui, à propos des agrémens de leur
pays , lui racontoient que l’hiver on fàifoit de belles
promenades en traîneaux, fur les canaux & fur les
rivières. Ne pouvant pas comprendre comment on
pouvoit marcher fur l’eau, il ne1 le voulut pas croire,
& les renvoya, doutant de même de tout ce qu’ils
lui avoient dit de leur puiffance, & des avantages
que lui préfenteroit leur commerce. De même ici,
je penfe que les premiers Grecs auxquels les Scythes
parlèrent de ce phénomène, trouvèrent plus fimple
de dire que c’étoient des plumes, que quelque autre
chofe dont l’idée fe clafToit mal dans leur tête, &
ne s’accordoit pas avec tout ce qu’ils connoiffoient
des jeux de la nature. Il dit lui-même enfuite:
La terre, félon Hérodote, en eft toute couverte,
& l’air en eft rempli ; ce qui empêche la vue de
pénétrer. Voilà,' dit cet hiftorien, ce que les Scythes
rapportent du pays fitné au-deflùs du leut;.
Mais les Grecs qfn habitent les bords du Pont-
ïmxin, racontent qu’Hercule, emmenant!es vaches
de Géryon, arriva dans le pays occupé maintenant
par les Scythes, & qui étoit alors défert; que Géryon
demeuroit par-delà le Pont, dans une île que les
Grecs appellent Erythie, fituee près de Gades ( 1 ) ,
dans l’Océan, au-delà des colonnes d’Hercule. Ils
prétendent auflî que l’Océan commence à F e ft, &
environne la terre de fes eaux. Je remarquerai, en
paffant, que cela fuppofe des idées fur la rondeur
de la terre, & fur les bornes de F Afie à l’eft, qui, en'
effet, a de.ee côté la mer. On ignoroit alors que
l’Amérjque fe trouvoit entre cette mer de l’eft, &
celle appelée Océan, à foueft de l’Europe. Cependant
comme cette grande étendue de mer paroiffoit
C1 ) V o y e { l’a r t ic le G a d e s .
Géographie ancienne. Tome III.
un peu fufpe&e à Hérodote, il ajoute que les Scythes
fe contentoient de l’affirmer, fans en donner des
preuves.
Ces Grecs du Pont-Euxin ajoutoient qu’Hercule
étant donc parti du pays de Géryon, arriva dans
celui que l’on connoît fous le nom de Scythie ;
qu’y ayant été furpris d’un orage violent & diui
grand froid, il étendit fa peau de lion, s’en enveloppa
& s’endormit; & que fes jumens, qu’il avoit
détachées de fon char pour les biffer paître ,"d impartirent
pendant -fon fommeil par une permifîion
divine.
Hercule les chercha à fon Véveil , parcourut
tout le pays, & arriva enfin dans le canton appelé
Hylée. Là , il trouva, dans un antre , un
monftre compofé de deux natures , femme depuis
la tête jufqu’au-deffons de la ceinture, ferpent par
le refte du corps.
Quoique furpris eh la' voyant, il lui demanda
fi elle n’avoit pas vu quelque part fes chevaux. « Je
» les ai chez moi, lui dit-elle; mais je ne vous
» les rendrai pas que vous n’ayez habité avec
» moi ». Hercule, trop galant pour fe refufer à
une invitation qui auroit fait reculer tout autre
que lui, confentit à fa demande, afin de ravoir
fes chevaux. Mais cette femme, fi Fon peut donner
ce nom à un monftre de cette efpèce , différoit
toujours de les lui rendre, afin de le pofféder plus
long-tems. De fon côté, Hercu'e qui n’avoit pas
pour elle un grand fond de tendreffe, ne defiroit
que fes chevaux pour repartir au plus vite. Enfin
elle les lui rendit, & lui tint ce. difeours :
« Vos chevaux étoient venus ici ; je vous les
» ai gardés; j’en ai reçu la récompenfe. J’ai conçu
» de vous trois enfans; mais que faudra-t-il que
» j’en faffe, quand ils feront grands ? Les établirai-je
» dans ce pays-ci, dont je mis la fouveraine ? Ou
» voulez-vous que" je vous les envoie ?
» Quand ces enfans auront atteint l’âge viril-,
» lui répondit Hercule ( & il ajoute, fuivant les
» Grecs ) , en vous conduifant de la manière que
» je vous dirai, vous ne courrez point de rifque de
» vous tromper. Celui d’entre eux que vous verrez
» bander cet arc comme moi, & fe ceindre de ce
» baudrier', comme je le fais, retenez-le dans ce
» pays, & qu’il y fixe fa demeure. Celui qui ne
» pourra point exécuter ces deux chofes , que je
» regarde comme indifpenfables, faites-le fertir de
» votre pays. Vous vous procurerez de la fàtisfac-
» tion, & vous ferez ma volonté ».
Hercule, en finiffant ces mots, tira l’un de fes
arcs, car il en avoit eu deux jufqu’alors , & le
donng. à cette reine. Il lui montra auflî le baudrier;
à l’endroit où il l’attaclioit, pendoit une coupe d’or;
il lui en fit auflî préfent, après quoi il partit.
Lorfque ces enfans eurent atteint .l’âge Viril, elle
nomma l’aîné, Agathyrfus ; le fuivant, Gélonus ,
& le plus jeune, Scythés. Elle n’oublia pas ^ les
ordres d’Hercule , & les fuivit. Les deux aînés
trouvant au-deffus de leurs forces l’épreuve pref-^