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UnMï, qui font aujourd’hui les peuples du diocèfo
de Coutance.
Ce géographe fait aufîi mention des peuple s ou
de la cité des Vadicajfes , dont la ville capitale
étoit. Noeomagus > mais il les place avec les Meldi
©u Melda , dans l’intérieur de la Lyonnoife, &
fort loin des côtes de l’Océan, à l’orient des
peuples Segujîani ( du Forez ) , près la Belgique :
^eyatrluvot ray Ss iifYip.eva>y oivcLTohiXMrepoiMéx-
S'cu, fteÜ âV y rrpoç th BeAymy 9 O’vciiïixàfrç-ioi ,
Kca vrohiç NoUptcLyoC.
Cette pofition a été fr.Lvie dans les tables ou
cartes de Ptolemée , dreflees par Gérard Mercator,
fur fes huit livres, qui fe trouvent darfs l’édition
de Bertius. Si on jette les yeux fur la troifième
carte, qui eft celle de la Gaule, on voit qu’à
l’orient aes peuples Segujîani, font placés les peuples
Melda ; & à l’orient de ceux-ci les peuples Vadicajfes
, à l’eft de la ville d’Augujiodunum ( Autun).
Les favans modernes, qui connoiffent mieux la
France que la Gaule n’étoit connue du temps de
Ptolemée, ont fépar.é les peuples Mdda d’avec les
Va dicajfes, qui étoient voifins, fuivant Ptolemée:
ils ont fixé les peuples Melda dans le pays de
Meaux, fut la rivière de Marne, qui eft leur
véritable pofition ; mais ils fe font étrangement
partagés fùr la pofition des Vadicajfes.
C rtéliusfavant géographe, n’a pas ofé trop
s’écarter de la pofition donnée par Ptolemée; il
les a placés- entre la ville d’Autun ,, la Saône 8c
là Loire , dans le pays de Charolois ; mais il n’a
pas fait attention qne ç e pays faifoit partie du
territoire de l’ancienne cité dés- Ædui, c’eft-à-dire
d’Autun..
■ Jofeph Scaliger (;Notit. Gallia ) trompé par
la reflembiance des noms, s’étoit perfuadé que
Naornagus- des Vadicajfes étoit Noviomagus y ou
Noyon- en Picardie ; mais Noyon n’étoit- point
une cité , c’étoit un château ,.CaJlrum Noviomacum
félon Fortunat ( Vit.. S.. MefdrdL'), de la cité des
Veromandui, dans-la.- Belgique:
i 'Nicolas Sanfon 3. & après lui, Philippe Briet,
oryr cni que les Vadicajfes étoient. dans les environs
de là ville de Meve-rs-.-; mais cette ville étoit _
la cité des Ædui. Noviodunum Æduorum, dont
Céfar fait mention dans fes commentaires, & dont
le nom Noviodunum eft différent de Noeojnagus- de
Ptolemée.-/ r -
Clavier, à eaufè de la reffemblance du nom
a imaginé, que Naomagus étoit Nuits en Bourgogne
, & que les peuples Vadicajfes étoient fitués
dans ce canton mais il auroit dû remarquer que
Nuits étoit de la cité- d’Autun, qui' s’éfendoit juf-
qu’à ta Saône, & que les. habitans de Nuits ne
geuvoient être d’une cité différente.
Adrien de Valois (■ Notit. page 136) r dans fa-
notice de la G a u le s ’éloigne de tous les fentimens
précédent:; il. place des Vadicajfes dans le pays
de Châlons-fuo-Marne , & pente que la ville de
jChâlons étoit la ville, de Naornagus. de. Ptolemée.;
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il" croît fe fonder furie nom de Noviomagus, qn’oit-
lit fur une voie romaine décrire dans la table de
Pcutinger, qui place Noviomagus alix environs de
Reims: on répond que Châfons-fur-Marne ri’eft
point pres.de la Belgique, orpoç t«- Hs\yixtj, mais
dans la- Belgique même ; que le Noviomagus de la
table ne peut être confondu avec Chatons, le
Noviomagus étant au nord-eil de Reims,, & à
douze lieues gauloifes de la même ville.
Ce Noviomagus étoit fur une voie qui condttifoit
de Reims a Cologne ,.en pafi'aiit par Sedan ; Bergier,-
qui connoiffoit parfaitement ce pays, nous affurè
qtte de fon temps ce chemin étoit l’un des plus
beaux, des plus hauts & des plus entiers de toute
la Belgique. Il paraît, dit-il., fur une haute levée'
qui tire droit à Van-d'Erêe ( Vallis-Straite, fur la
rivière de Suippe ) , mfuite à Attigny ( fur la
rivière d'Aifne) , & à Sedan, fur la Menfe. Oh
fait qu’Attigny j Attimacum, a été un lieu célèbre
fous la fécondé race de nos rois;. c’étoit une de
ces terres & maifons royales qu’on appeloit Villa
Public a , Villa Régla & Palatatm..
Le P. Hardoutn, dans fon édition dè Pline {
s’éloigne encore de toutes les opinions précédentes,
& place les Vadicajfes près de Meaux à Château-
Thiéry, ubi nunc TAeodorici Caflrum (Hard. not. 20);.
mais il devoit penfett que Château-Tltiéty eft du
diocèfe de Soiflons & de l’ancienne cité des
Sueffwnts, qui a toujours été. de la Belgique.
M. d’Anville , qui a dreffé en 174; , une .carte
de la-Gaule pour. ïhiftoire Romaine de M..R0IÜ11
pesfoit alors que les peuples Vadicajfes■ de Ptolemée
étoient les mêmes que les Vadicajfes de
Pline, comme effeélivement c’eft le même nom
& conféqttemment il les a placés au diocèfe . de
Bayeux & aux.environs de cette ville. On ne voit
point for cette carte, que les. Vadicajfes, d e . Ptolemée
foient- placés ailleurs,
, Ce favant géographe., en travaillant à fon
grand ouvrage de la notice.de l’ancienne Gaule,
place les- Vadicajfes de Ptolemée „non à Bayeux,.
qu’il reconnok être., fuivant les différentes leçons,
lés Vadicajfes ou lès Bodiocaffes, dè Pline.,, mais il
place les Vadicajfes dè Ptolemée dans le pays dè
Valois, voifth île Meaux, près de la Belgique;
& fon opinion eft appuyée fur ce que le pays
de Valois eft nommé dans les, capitulaires de nos
rois, Pagus Vadifus, qui, félon lui, a été formé
du nom abrégé de Vadicajfes ,-& conféquemmeiit
il penfe que la ville de Neomagus-, capitale des
Vadicaffes, eft le lieu de Vez en Valoisi qui;
a l’exemple de pltifieurs autres villes de la Gaule ,
aura pris fon nom des peuples dont-il étoit la
ville capitale , Vadicajfes, Vez. {Notice dtrïancienne
Gaule, p. 668■ & 487-')..
M. l’abbé Belley, dans un mémoire qu’il a la
à l’académie, des belles - lettres le. 20 novembre
1.761, n’examine que la pofition des peuples Vadicajfes^
de Ptolemée, & la . pofition-de la ville
d'Arigenus ; éé il entreprit de prouver s>
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4°. Que la cité des Vadicajfes de Ptolemée h’a
point pu exifter dans le Valois. _ •
2°, Que cette cité étoit la même que la cité
des Vadicajfes, ou Vadlocajfes, ou Bodiocaffes de
Pline, la cité de Bayeux.
30. Que la ViWq JîArigenus , capitale des peuples
Viducajfes de Pline , que Ptolemée appelle aufîi
Viducajfes, eft Vieux , près de Caen, dont on a
découvert les ruines, & non la ville dé Bayeux.
4°. Que Bayeux eft Tancienne Nceotnagus,, capitale
des peuples Vadicajfes de Ptolemée, ou
Bodiocaffes, Vadiocajfes, JJadicaJfes de Pline, qui
a pris, le nom de fon peuple.
,5°. Il ajoute à ces difcilfîions différens traits
cVhiftoire de cette ville.
6°. Quelques réflexions fur l’étendue du diocèfe
de Bayeux.
I. Pour prouver que les Vadicajfes de Ptolemée
ne peuvent être fixés dans le pays de Valois, il
fuffiroit d’appliquer ici la réponfe décifive de
M. d-Ànville contre M. de Valois ( i ) , qui plaçoit
(1) Voici l’article de M. d’Anville, dont le rapprochement
mettra le iefteur plus à portée de juger de
la force des raifons refpeûives. ( Voye\ Not. de la Gaule ,
p . 666). «< Ptolemée fait mention d’un peuple fous le nom
de O'veiftxAtrvioi, dans la Celtique ou Lyonnoife , à la
fuite des Meldæ, ou ceux de Meaux, & fur la frontière
de la Belgique, comme il s’en explique pofiti-
vement, ■ xpos tm BéAy/x îi, ad Belgicam, dans laverfion
latine. On trouve dans les éditions de Pline, depuis
celle d’Hermolaüs Barbarus, en 149S, le nom de V a dicajfes
, qui- toutefois dans les manuferits eft Bodio-
cajjes t comme le témoigne le P. Hardouki -, & vu que
Pline cite ;les Bodiocaffes à la fuite des Vudicaffes, dont
on connoît l’emplacement dans le diocèfe de Bayeux,
afferent bien violent dé tranfporter du fond des terres,
& des confins de la Belgique , jufques dans la partie maritime
de la Lyonnoife fécondé, les Vadicajfes de
Ptolemée, en les, confondant avec les Bodiocaffes. M. de
Valois ( No tic. p . 137 ), loin de l’écarter de la Belgique,
veut donner aux Vadicaffes qu’indique Ptolemée , le
territoire de Catalauni. Pour adopter cette opinion, il
faudroit que les Catalauni n’euffent pas fait partie de
la Belgique même, & être fondé à croire que leur
diftriâ a été enlevé à la Lyonnoife, dans laquelle les
Vadicaffes font compris.
»Sanfon & le P. Brut ont fait un autre ufage des
Vadicaffes , en les plaçant dans le Nivernois , quoique
le territoire de Nevers, qui eft une ancienne dépendance
des Æ d u i , ne foit pas.contigu à la Belgique. Us
ont cru apparemment pouvoir confondre le nom de
Noeomagus , qui, dans Ptolemée, èft celui de la ville
principale des Vadicaffes, avec le nom de Noviodunum,
que la ville de Nevers avoir porté avant d’être appelée
Nevirnum.
_ ” Or, furies indices que Ptolemée donne delà pofition
des Vadicaffes, favoir ,. qu’ils font voifins des
Meldæ ou M e ld i , 6c fur les confins de la Belgique, il y
a apparence que cette pofition fe rapporte aux Valois,
dont le nom eu V a d ifu s , dans les capitulaires de Charles-
Je-Chauve, datés de Silvacum en Laonnois, l’an 853. ,
V îd en jîs dans des aétes poftérieurs. On ne fauroit dif-
tonv-enir que ce qui diftingue le nom de Vadicaffes de
plufieurs .autres , en faifant abftraétipn de la finale , ne
foit confervé dans le nom de Vadifus. La terminaifon
qui lui eft commune avec d’autres ‘ dénominations,
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ces anciens peïïples dans le territoire de Châlons-
fur-Marne. Pour adopter cette opinion , il faudroit
que les peuples du Valois (du Pagus Vadifus),
n’euffent pas fait partie de la Belgique .même, &
être fondé à croire que leur diftnél a été enlevé
à la Lyonnoife , dans laquelle les Vadicajfes font
compris. Le Pagus Vadifus des capitulaires étoient
de la cité des Sueffiones ; le château de V é , Vadum,
qui lui a donné le nom de Vadifus ou Vadenjis,
& qui eft fitué dans la forêt de Villers-Cotterets,
a toujours été & eft encore du diocèfe de Soiflons ,
qui s’étend même du côté du midi , en-deçà de
V é . à quatre ou cinq lieues, jufqu’auprès de Nan-
teuii-le-Haudoüin. On fait que la cité des Sueffiones
a toujours, été de la Belgique.
Le Pagus Vadifus s’étendit dans la fuite fur
une partie du Pagus SilvaneEtenJîs. Les feigneurs de
C rép y, de la cité & du diocèfe de Seuils, étant
devenus feigneurs du ichâteau de V é , prirent le
nom de comtes de Valois, comités VadejiJis ou
Vadenjîum. Rodolphe I I , feignent de Ç rép y ,
cornes Vadenjis, affifta en 1059, au»couronnement
de Philippe I , roi de France. Le pays de Valois
s’étendit encore dans la fuite dans le pays cl’Orxois,.
Pagus Urcifus , qui étoit voifin vers l’orient : ces
deux Pagus font expreflemenf diftingués dans les
capitulaires de l’an 853 : Miffi in Urcifo & Vadtfo*.
Il eft fait mention du Pagus Urcifus dans un
diplôme du roi Carloman, fils aîné du roi Pépin,
de l’an 771. Flodoard, dans fon hiftoire de i’églife
de Reims, fait mention de villa Noviliacum in pago
Urcinfe'y aujourd’hui Neuilly-Saint-Front: ce Pagus,
félon quelques-uns, a pris fon nom de la rivière
d’Ourcq, Urcus JUivius, que Flodoard appelle
Ulcum, appelé enfuite Ulcheium, O uchy, lieu
corifidérable, qui a été une v ille , & qui eft 'au*
jourd’hui partagé en deux lieux différens & voifins $
Ouchy-le-château, & Ouchy-la-ville.
M. de Valois - ( Not. p. 624), dit qu’on ne
connoît plus le Pagus Urcifus, nunc obfcurus &
ignotus vel in colis. Ce favant étoit mal informé:
Tricaffes, Bajocaffes, Viducajfes , n'eft pas ce qui fait la
partie propre ôt cliftinftivè de chacune de ces dénominations
-, & cette terminaifon eft même tombée par
un ufage poftérieur de dire Trecæ, b a jo eæ , Véocæ.
» On ne découvrira pas d’emplacement qui foit plus
d’accord aux circonftances de celui des Vadicaffes dans
Ptolemée , que la fituation de Valois, ayant Meaux d’un
côté, & de fàutre Soiflons, qui eft de la Belgique.
Pour ce qui eft d’affigner des limites , c’eft ce qu’on
n’eft pas en état de faire. On peut préfumer qu’elles
n’étoient pas auffi étendues que ce que les diverfes
châtellenies qui compofent aéfcuellement le duché dé
Valois, occupent de pays, & que ces limites fuffent
plus refferrées ; c’eft ce qui ne paroîtra pas plus extraordinaire
, que de voir dans le voifinage un territoire
aufîi borné,que celui des Silvar.cctes, nonobftant que les
Silvane&es aient confervé le rang de cité que lès V a -
dicajfes ont perdu. Il eft indifpenfable de croire que
ce qui appartenoie aux Vadicaffes a été partagé entre
les diocèfes de Meaux & de Soiflons, puifque ces
' diocèfes font contigus ».
M m m t