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JR. OMANUM IMPERIUM. Lorfqu’ Augufte s’empara,
à Rome, de l’autorité, les poiTefnpns de la
république, eomprenoient prefque toute l’étendue
du monde alors connu. Du moins cet empire,
car c’eft le nom dont il convient aéluellement de
le fervir, avoit pour bornes , à l’orient, l’Euphrate ;
au midi, les çataraâes du N i l, les déferts de l’É thiopie
& le mont Atlas; à 'l’oueft, l’Océan; au
nord , la mer ; par rapport à la Gaule, & le Danube
, relativement aux terres qu’il arrofe à la
•»droite jufqu’à la Pannonie. Quant à la partie
orientale de l’Europe, les Romains n’avoient pas
encore pénétré -au nord de la Macédoine" & de
la Th race. Je préfenterai ci-après un tableau détaillé
des principales divifions de l’empire, cjrefle d’après
la notice qui. nous refte des dignités dont étoient
alors revêtus les principaux officiers de l’empire.
Augufte avoit aflez ae réflexipn pour fentir que
le poids énorme d’un corps fi varie entraîneroit
immanquablement fa chute. Il aurait voulu que Tes
fuccefleurs, contens-.de donner des loix à cette
immenfe étendue de pays, ne cherchaient pas à
en étendre les limites; mais quils s'occupaient du
foin d’en augmenter la puiiance & la gloire. Cependant
, non moins ambitieux que lui, & plus-
avide de conquêtes qui fembloient devoir leur
procurer de nouvelles richeies, ils s’écartèrent
bientôt de fes vues. Ce qu’il avoit prévu arriva ;
ils affaiblirent l’empire en l’agrandiiant.
D’abord Claude fubjuga la Grande - Bretagne ;
-&, depuis ce prince , Trajan fournit, du côté de
l ’orient, l’Arabie, l’Arménie, la Méfopotamie; au
nord-eft de l’Éurope, les deux Méfies & la Dacie.
Les fucceieurs de Trajan eurent de même pour
principe d’étendre l’empire; & , n’ayant pas aflez
de force pour foutenir un fi prodigieux poids, ils
hâtèrent eux-mêmes fa chute. Le partage de pouvoir
entre deux ou même trois & quatre princes,
fiit une des principales caufes de cette décadence.
Depuis Augufte jufqu’à Marc-Aurèle, le gouvernement
étoit refté entre les mains d’un feul.
Cet empereur fut le premier qui s’afiocia un prince
à l’empire : ce fut , fon gendre Elius Yerus. Cet
exemple fut imité dans la fuite, & parut même
néceffaire, dans certains temps, à caufe de.la grande
étendue de l’empire. Deux empereurs le poffé-
doient conjointement entre eux ; mais Dioclétien, '
en prenant un collègue, partagea .avec lui, non :
le. pouvoir, mais, l’empire. On en ufa de même
à l’égard des Céfars, .efpèces d’empereurs présomptifs
: il leur fut affigné des départemens. Mais
ces Céfars étoient toujours fournis aux empereurs ,
qui leur nommoient leurs principaux officiers. Ils
ne portèrent pas non plus le diadème' ou bandeau '
royal. Cette marque dç l’autorité fuprêmç étçit
-Géographie, ancienne. Tome III.
rèfervêe aux feuls empereurs, que l’on difiinguoit
des Céfars par,le titre d'Augufte.
Galère fk Confiance Chlore n’ayant pu s’accorder,
firent réellement de l’empire deux empires
féparés. Confiantin imita leur conduite ; mais la
vanité" d’avoir une ville nouvelle, qui lui dût l’avantage
d’être la capitale d’im état fi va fie , porta un
coup terrible à cet état. L’Italie perdit fes cultivateurs
, prefque tous efclaves des grands, qui fuî-
virent le prinCe ; & les foldats , placés dans de
’grandes villes , ne furent plus à portée de défendre
les frontières.
Les fils de Conftantin-le-Grand firent un autre
partage de l’empire, qui, après leur mort, revint
dans tout fon entier à Confiance, puis à Julien,
furnommé VApofiat ; mais on avoit porté les coups
les plus .funefies à fa grandeur. E t, quoiqu’il continuât
d’être gouverné cle la même manière jufqu’à
Valentinien, il ne reprit rien de fa force pafiee.
Valentinien, qui ne voyoit pas combien ces yicif-
fitudes étoient funefies , partagea l’empire avec
fon frère Valens, auquel il' céda l’orient, en fe
réfervant l’oecidçnt. Théodofe leur fuccéda, &
'gouverna feul; mais à fa mort il fit, entre fes
deux fils , un partage qui devint permanent, &
duquel on compte réellement le partage de l’empire.'
Arcadius eut l’orient.
Honorius eut l’occident.
Cet (événement eut lieu l’an 395. Le fiège de
l’empife étoit alors à Conftantinople, où Confiantin
l’avoit tranfporté l’an 3 30.
L’empire d’Arcadius comprenoit l’Egypte, les
deux Libyes jûfqu’à la grande Syrte, la partie de
l’Afie . alors foumife aux Romains , & une partie
de l’Epire jufqu’au Drilus, rivière d’Illyrie.
Honorius pofledoit tout ce qui étoit à l’occident,
en Europe & en Afrique.
Cependant ces deux princes gouvernoient, pour
ainfi dire, en commun ; leurs états ne formoient
qu’un même empire, Mais fous Valentinien I I I ,
& fous Martien, les Barbares s’emparèrent de la
Bretagne. Vers l’an 406, les Vandales, les Alains,
les Suèvés, venus d’au-delà du Rhin, fe jetèrent
fur la Gaule & la dévaftèrent. Les Wifigoths , ’ ou
Goths de l’oueft, s’y établirent, après avoir pillé
Rome en 410. Ces refouleinens, fi l’on peut
s’exprimer aiiifi, des peuples du nord fur ceux du
midi, accablèrent ces derniers, trop foibles pour
leur oppofèr une digue capable de les contenir.
Enfin , l’empire d’Occident finit en la perfonne
d’Augufte, vaincu par Odoacre, l’an 476.
Mais arrêtons-nous un peu aux divifions géographiques
que j’ai annoncées précédemment.