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muniquer aux autfes , étoit la G a ll ta C ifa tp ln a .
Car quoique cette province toit depuis long-temps
regardée comme faifant partie de l’Italie, cependant
jusqu’au règne d’Augufte , elle porta le nom de
Gaule Cis-Alpine, Gallta Cis - Alpina. J’ai donné
a u mot I t a l ia la divifion de cette partie de l’Europe.
Mais je vais la présenter ici dans un petit
tableau qui l’a rendra plus fenfible.
C Cis - Alpina r Cis-padana.
I appelée aujjî <
Togata C Tt^ns-padana.
Gallia,
rp *i • J Narbonen fis.
Trans-Alpina\ Belg!«.
»Comata< Celtica.
^ V. v Aqiutama.
On verra à l’article de chacun de ces noms quelle
e a e ft l’étymologie.
5°. C’étoit donc la province Gauloife Cis-Alpine
qui recevoit toutes les voies, forties de Rome,
pour les tranfmettre aux autres provinces. Et c’eft
de cette Gaule, & non d’aucune autre , qu’il faut
entendre te fragment de l’itinéraire d’Antonin,
dont parle Iofias Simlcrus, où fe trouvent ces
mots : Ab urbe Gallias itur itineribus [ex maritime,
Littoreo , Aureliano , CaJJiano , Tiberino , Flaminio.
Car aucun de ces chemins n’arrivoit jufqu’à la Gaule
Tranfalpine.
6°. Voici donc les villes nommées dans ce
fragment.
I T E R.
Maritimum tenet.
P heregenas.
Caflrum novum.
Celtas.
Hercubem.
Thelamoriem.
Caput Hetrionict.
Phalifcas..
Trajanum.
Populonium.
Vada.
Lygurnum.
Erycis.
Eniclliam.
Delphinum.
Genuarn tnter Porfenam &
Pheritonem.
Monachum.
Niceam.
Lilioreum continet.
Alfium. Volatcrras.
Caere. Pifam.
Tyrgdnum. Lunam.
Forum Celles. , E t Jpfurn trànfîtum in Gal-
Gravifcas. j$ Itas.
Çofns. Caviar am. '
Aurelianum quod & Claudianum , fertur per ipfum
Aureliam.
Themas Stygiunas.
Fown novum.
Pagorurn Claudii.
Tanpùnas.
Sa tu rniam l
Volcem.
Tuniatem montem.
Rofellas.
Rofetuml
Turfenam.
Tranfetum Apuaml
Caffiano Itinere, itur per.
Pelitorium.
Arcenum.
Minionem.
Forum Caffit.
Aruntts.
Camillarios.
Tudernum,
Verentanum«
Vimbronem montan '.
$ triam Co Ion tarn.
Phocenfes.
Lucam & Capkronianuml
Tranfitum in Galias.
Tiberriaum quod & Cyninium fertur.
Galera. Volturnce.
Partkeniane five Veicnte. Larthe amni.
Rojîila. Volfihis.
Sutrio. Clufio ulteri oVim. Cornerfolo.
Lacu elbii 6* J agis Cymmis. Clujio novo\ à quo diétus
Fano, volturnai c u ju s C la ris Clufentirius.
geftis in vidit Livius. Tranfitus Annibalis.
Salcumbrone. & Phcfülce tranfitus.
Flaminiam habet.
Caflrum novum,r Spoletum.
Ocream & Oriculum. Camtrinum.
Namiam olim. Nequinam. Urbinum.
Tuder. Pifaiirium.
Hifpellum. Ariminum.
Aut à Càfire novo.
7°. Ce fragment a quelque chofe de fembîable
avec l’itinéraire d’Antonin & la table de Peutinger,
& beaucoup de chofes différentes. On foupçonne
qu’il peut avoir été fuppofé par Annius de Viterbe
qui en a fait le commentaire , comme on l’accufe
d’avoir fuppole" ce qu’il a publié, en l’attribuant à
Bérofe & à Manethon. Quoi qu’il en foit, il. eft
certain que c’eft par la Gaule Cifalpine des Romains
, que ces chemins militaires font prolongés
dans les provinces les plus éloignées.
8°. Ce qui fe faifoit par deux endroits , l’un
pour aller au travers des Alpes , pour aller en
Efpagne, en Gaule, dans la Grande-Bretagne &
en Germanie ; l’autre par le pied des Alpes, en
tournoyant autour du golfe de Venife pour aller
en Illyrie , & de là dans., la Pannonie , dans la
Moefie fupérieure & dans la Moefie inférieure , en
Scythie & en Thraee, jufqu’à Corjftaotinople ;
enfin dans les autres parties feptentrionales &
orientales de l’Europe.
Chap. x x x . Pour donner une idée des grandes
routes qui fe trouvoient hors de l’Italie , nous commencerons
par celles qui paffoient dans la Gaule,
que les Romains appelloient Tranfalpine, d'autant
que c’étoit la province la plus proche de
toutes, & par Tentremifë de laquelle ces chemins
fe difigeoient vers l’Hifpanie , la Grande-Bretagne,
la haute & baffe Germanie en deçà du Rhin.
Pour ( i) y procéder avec quelque ordre, il faut
entendre qu’il fe trouve plufieurs titres généraux
dans l’itinéraire u’Antonin, qui fe fubdivifent enfuite
en plufienrs titres particuliers qui en dépendent.
Tel eft ce titre général: Iterde Pannoniis in Gallia,
qui comprend fous foi plufieurs chemins particuliers
qui alloienr de la Pannonie dans la Gaule. Tel eft
celui que nous avons à traiter , qui porte ces mots
généraux: De haliarn in Gallias. Ce titre, auffi généralement
pris, fedivife enfuite en plufieurs chemins
qui s’en vont dans la Gaule , & qui tous commencent
à Milan , ville d’Italie.
Et'cependant, dans le chapitre précédent nous
avons vu que le fragment de l’itinéraire qui y
eft cité, appelle Gaule Cifalpine la province dans
laquelle la ville de Milan eft fituée ; car elle eft
affife au-delà du P o , dans la Gaule que les Romains
appeloient Tranlpadane, qui fait partie de
la Cifalpine. Comment eft-ce donc que fous le
titre général des chemins qui vont d’Italie dans
la Gaule , l’itinéraire comprend ceux qui vont
de Milan-à Arles , à Vienne & ailleurs à travers
les Alpes? Le titre ne feroit-il pas mieux, s’il étoit
conçu en ces termes : Iter à Gallia CJ'alpina ad
Tranfialpinam-?
2°. Pour bien entendre ce titre, il faut favoir
que la plupart des terres du monde ont eu diffé-
rens noms, félon les différons temps. De eé nombre
eft notre Gaule Cifalpine. Car dès les temps les
plus anciens relativement à l’Italie, la partie qui
s’étend du Tibre aux Alpes apparrenoit entièrement
aux Umbriers & aux Tofcans, appelés par
les historiens, Umbri & Hitrufci. Mais une troupe
de Gaulois ayant paffé ces morts, & chaffé les
Etrufques d’une partie de leurs établilfemens, donnèrent
le nom de Gaule i la partie dont ils a voient
fait la conquête. Ils s’étendirent jufques fur le Pai-
fcicon , petit fl uve qui fe jette datas la mer Atiria
tique, & jqui a long-temps fervi de limites entre la
Gaule &• l’Italie : car jufques au fiècle de Jules
Céfar les Romains regardoient encore cette partie
de l’Italie pour une partie de la Gaule , attendu
qu’ayant décerné à Jules C éfar, à plufieurs fois &
pour plufieurs années le gouvernement de la Gaule ,
Ilcommandoit également dans la Gaule Tranfalpine
& dans la Gaule Cifalpine, & il y pouvoit conduire
fes troupes fans enfreindre les loix 8c fans paroîrre
attenter à la liberté de la république. Auffi ne
paffa-t-il le llubicon avec fon armée que lorf-
qu’il eut pris la réfolution de faire la guerre à fon
pays.
3°. Depuis ce temps la république Romaine a
éprouvé de grands ehangemens, tant dans fon gou-
. (i) Je cède d’autant plus volontiers au défi1
nen tuppi-imer de ces légers détails fur «l’A-itônin
, que la c nnoiifsnce de ce monument eft liée
a celle de la géographie ancienne.
vernement que dans la diftribution de fes provinces,
, principalement fous Augufte , Adrien &
Conftantin.
Premièrement, Augufte étendit l’Italie & comprit
fous ce nom toute la Gaule Cifalpine tant
en-deçà qu’au-delà du Po. Le rom d'Italie s’éten-
doit des Alpes au détroit de Sicile , & ce pays
fut divifé e.i onze régions.
Conftantin divifa lltaiie de nouveau 5c changea
les onze régions endix-fept provinces, renfermées
en deux diocèfes. Le premier diocèfe étoit celui
dï Rome j il cemprenoit tes provinces nommées
Campanie , Tu J cia & Umbria , Picenum Suburbica-
mon , Sicilia 3 Apulia, Calabria, Brutii & Lucania ,
Sarnmium, S irdinium , Corficd & Valida. Le fécond
diocèfe avoit le nom de diocèfe Italique , & com-
preno't ks provinces fui vantes. La Venetia 8c l ’Hif-
tria , l’Æmilia,. la Flaminia avec le Picenum Anna-
narium, la Liguria , les Alpes Cottice , la Rhcetia
prima , la Rhcetia fccunda. On mit à la tête de cette
divifion deux vicaires ou lieutenans de préfets du
prétoire, prccfeSlus pnztodo 1 ta lice ; l’un fe nommoit
vicarium urbis, & avoit fon fiège à Rome ; l’autre ,
vicariutn Italien, & avoit fon fiège à Milan.
4°. Il arriva alors & par cette raifon , que le
nom d’Italie fut pris en plufieurs fignifications ,
tantôt d'une manière plus, tantôt moins étendue ,
félon lés temps & les circonfiances. Car à l’égard
du préfet du prétoire d’Italie , il eft certain que
fon aurorité s’éttndoit fur toute l ’Italie, en y comprenant
même les îles de Sicile , de C o r fe& -d e
Sardaigne, fur lefqiielles fon autorité s'étendoit
egalement. S’il s’agiffoit du vicaire de l'Italie,
fon autorité ne s’étendoit que fur les provinces
qui lui étoient feumifes. Mais s’il étoit queftion
de la police eccléfiafiique, quoiqu’elle ait été à-peu-
près calquée fur la police civile, les églifes métropolitaines
ayant été inftituées dans les villes déjà
reconnues dans l’état comme métropoles ; alors le
mot d’Italie fe prenoit dans un fens plus reftreint.
A m i , quand S. Ansfîhafe appelle la ville de
Milan ths- I tc6àW p-erçoTroXiv, ou la métropole
de l’Italie , il ne faut pas pourtant entendre
qu’elle étoit la métropole de la partie entière de
l’Italie qui étoit fous la jurifdi&ion du vicaire de
l’Italie , puifque cette meme partie comprenoit
encore des villes métropolitaines ; favoir, Ra-
vennes & Aquiièe, fur lefqùelles l’archevêque de
Milan n’avoit aucun pouvoir. Mais la partie de
l’Italie fur laquelle Milan avoit le droit de métropolitaine
, cctoit celle qui avoit été nommée
Gaule Tranfpadane.
G’eft dans l’une ou l’autre de ces dernières
fignifications qu’il faut entendre le mot d’Italie au
titre général de l’itinéraire , qui porte De Italia in
Gallia , fur lequel il fait une énumération des
chemins militaires qui vont de Milan dans la Gaule
a travers les AlpeSi On voit dans le fragment précèdent
plufieurs acceptions différentes du mot
Italie.