
2°. De là porte Collatine fortoit la grande voie
du même nom ; elle commençoit dans l’intérieur
de la ville de Rome , près l’aqueduc appelé Aqua
Virgo : elle veaoit fe joindre à la Flaminienne ,
près de celle que l’on appeloit Viam Latam, allant-
î’une & l’autre jufqu’au Forum. .
De ce lieu la voie s’étendoit par la'porte de
fou nom , à-pen-près droit au feptentrion. Elle
rencontroit à quelque diftance celle qui portoit le
nom de Via Salaria.
3°. Enfuite étoit la porte appelée Porta Collina,
d’après la colline aux jardins, nommée autrefois
Agonenfis, depuis Quirinalis, & enfin Salaria.
Feftus Pompeius s’exprime ainfi : Agonia , dit-il,
ïpuz fiebqt in monu Jiinc Roma mons Quirinalis ,
Agonius, & Collina porta Agonenfis ; & ailleurs il
dit : Quirinalis porta diSla five quod ta in colkm
Quirinaltm itur, fivt quod proximè tam tfi Quirini
Sactllam.
Tite-Live dit que ce fut par cette porte que
les Gaulois entrèrent dans Rome, lorfqn’elle fut
prife & brûlée par eux. Ce fut aufli de ce côté
qu’Annibal s’approcha avec fon armée, lorfqu’il
fe fit voir aux Romains de defliis leurs remparts
du moins c’eft ce que Ton lit dans Juvénal [Sut. vi) :
— Proximtis urbi
Hannibal, & fiantts Collina inturt mariti.
Quant au nom de Salaria, c’eft le dernier de
ceux que reçut cette porte , & cela parce que la
voie de ce nom y commençoit ; car on n’en peut
douter d’après ce paflage de Tacite : Ttrtium agmtn
per Salariam porta Collina àppropinquabat.
4°. C ’étoit donc de la porte Colline que la
voie dont nous parlons prenoit fon commencement.
De-là elle s’étendoit vers le feptentrion au
travers du pays des Sabins , recevant la voie No-
mentane au village d'Htrttium, fitué à x vm milles
de Rome, . fur le rivage du Tibre. C’eft ce que
l’on voit très-pofitivement par Strabon (Géog. L. v) :
Per ipfos, dit-il, ( Sabinos ) via Salaria, in quant
apud Herttium Sabinorum vicum fupir Tibtrim jacen-
ttm Nomentana incidit, non magna longitudinis.
Strata tfi, ex tadem Collina porta inçhoans. Au
refte, elle eut ce nom, ainfi que cela fe voit par
Sextus Pompeïus & Pline, de ce que c’étoit fur
cette voie que les Sabins charioient le fel qu’ils
alloient chercher à la mer : Salaria via Roma tfi
appellata, dit Sext. Pompeius, quia per tam Sabini fiai
à mari deferebant.De fon côté, Pline (L. x x x i , c . 7),
dit : Honoribus etiam militiaque interponctur : Salants
inde diElis magna apud antiquos auiloritate : ficut
apparet ex nontine Salaria via; quoniam ilia fiai in
Sabinos portari confueverat.
50. Voici les pofitions de cette voie, connues
par l’itinéraire d’Afitonin & par la table de Pèu-
ringer.
Y i A S a l a r i a !
Selon l’itinéraire.
Eretum. ~. ~. . . . . . . . . . . . . « m p , XVi i i .
Vicum novum. . . MP* x iv .
Reate........................... MP. x v i.
Cuti lias. ....................................... MP. x vm i
înttrocrium.............................. mp. v i .
Falacrinum. ....................... MP. x v i .
Vicum Badits........................................' MP. IX.
Ad Contefinum. . . . . . . . . . . I MP. x .
Afcliim......................... mp. x i i.
Cafirum Trutntinum. . . . . . . . . MP. x x . '
Cafirum Novum. ................................... MF. X f i .
Hadriam..................... MP. X V .
Selon la table.
E m o .H | .........................................; x ix .
A d Novas. v? . . . ............................................ x iv .
Reate. . . . . è ; ..... .; . . . . • X V I .
Aqua Cutilia...................... - . . . . . . . . ix .
lnterocrio. . . . . . . . . . . . . . . . . . v u .
Forôecri. ................................. . . . . . . . . X I I .
Palacrînis. . . . . .• . . . . . . . . . IV .
Firmo Viceno. . . . . . . . . . . . . . . . x .
Caflello Firmani. . .......... . . . .. . . . . . x i i i
Cupa maritima. . . . . . . . . . . . . . . x u .
Cafiro Trentino. . . . . . . . . . . . . . . x v i l .
Cafiro novo. . . . . . . . .- . . xvm'.
Hadria. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vil.
D ’après cet expofé, on voit que la route indiquée
par l’itinéraire étoit de 166 milles ,V &
félon la table 168 ; ce qui cft prefque la même
chofe.
Près & le long de la voie Salaria étoient bâtis
les temples dé Vénus Ericine & de Vénus Ver*
ticordia-: plus loin-celuLde l’Honneur. On préten-
doit que l’on ayoittrouyé en ce.t endroit une lance,
fur laquelle, étoient écrits ces mots : Domina Honoris
, & de-là on s’étoit cru dans la néceflité
d’y bâtir un temple. Cicéron en parle au fécond
livre des loix ( de Legibus ) : Noflis extra portant
Collinam adem. honoris. .
Sur cette voie étoient aufli rangés plufieurs
tombeaux magnifiques, entre lefquels étoit celui
de Marius, qui fut fept fois conful, & celui de
Licinus , qui fut le barbier-d’Augufte, que les
poètes ont un peu ridiçulifé pour fes prétentions
bien plus élevées que fon état. C’eft à fon fujet
que Varroii, qiii vivoit d« fon temps, fit ce fflw
tique qui peint fon indignation : fiîarmotty
‘Mamo'res tu/tiulo Licinus jaett : at Cata parvo.-
Pompeius■ nullo. ■ Credimus ejje Dtos ?■
y®. Ce fût à treize milles de la ville de Rome,
$ur la même voie, que les- Gaulois -, conduits par
Brennus , remportèrent une vièloire fur les Romains
au bord de VAllia. Ce petit fleuve prend fa four.ee
aux montagnes Cruftumiennes 9 oc vient en' cet
endroit fe rendre dans le Tibre.
8°. De la voie Salaire , comme d’un tronc
principal,- dépendoiënt deux autres voies qui lui
étoient bien inférièures ; fàvoir,la voie Quinélienne
& la voie Junienne. Denys d’Halycarnafle fait
mention de la première : Palatium quidem quin-
que & viginti ftadiis à Rtdte, difiqns urbe nunc etiam
à Romanis habitatà , via Quinilia proximum. —
Il parle aufli de l’autre, en difant : A Reate rurfius
fiadiis i x x x via Junia eundo juxta Coritum mon-
tem Curfula efl nuper diruta.
90. Après la porte Colline fe trouvoit la porte
Viminale , qui tiroit fon nom d’une colline appelée
ainfi y fur laquelle elle étoit placée. Viminalis &
porta 6» Collis appellantur , dit Sextus Pompeius,
quod ibi Viminutn Sylva fuijfe videtur, ubi efi & ara
Jovi 'vimini confiecraid. On voit par ees mots de
Strabon , qu’elle étoit placée d’abord aux rerr.parts
que Tarquin l’ancien fit élever pour fortifier la
ville : In.aggere autern medio tertia porr,n ejufdcm
norninis cum Colle virnhali. Il dît icP qye c’étoit la
troifième porte : c’eft qu’il écrivoit. dr^hs un temps
©il la porte Flanffnienne 8c la porte Ciolline étoient
les feules portes de ce côté. Car I7 porte Collatine
fut eonftruite depuis* Strabon , 'au temps des empereurs.
Et ce fut alors -que la-porte Viminale
fut tranfportée au .iieu où e;(le. fe .trpuve encore,
aftuellemenr fous le nom. de porte de Sainte-
Agnès, d’après l’églife cette fini te qui en eft
voifine.
io°. De la port® Vitr/Inale la voie Numentane
prenoit fon origine 8c s’étendoit au nord-eft juf-
qu’à Nomaiturn , que Léander appelle Lamentane ,
Ville des Sabins , dans l’ancien Latium. Ovide parle
de la .voie & 'de la porte dans les deux vers fuivans. :
Hac mihi Nomento Rarnam cum luct redirem
Obfiitit in media Caudida Turba via.
Faft. L. iv .
Tite-Live ( L. 111. ) dit que l’ancien nom de
Cette voie étoit via Ficulntnfis , la voie aux figues
Ou aux figuiers : via Nomentana , cui Ficulnenjî no-
men fu i t , proftili ~cafira in monte facrô locaverc»•
n ° . Ce fut entre ces deux grandes voies Salerta
& Nomentana , à quatre milles de Rome , que
Néron , aya.vit été jugé par le fénat ennemi du
peuple Romain, fe retira dans la métairie d’un
de fes affranchis nommé Phaon 5 où , de défefpoir,
il fe tua lui-même.
A deux milles de-la ville, fur la voie Nomentane,
jétoit le temple de Bâcchus ^ dé formé ronde ôc cou-
Çéoyaphie qmiyint. Tome LU.
vert d’une coupole : dans la fuite il changea de
deftination ; 8c enfin, il devint le tombeau de la
famille des: Conftantius.
Il y avoit fur cette même voie plufieurs autres,
temples 8c fépulchrôs que la nature de cet ouvrage
me force de pafler fous filence.’
120. M. Bergier dit enfuite : « Je ne m’arrêterai
point à parler ici d’une ancienne porte qui étoit
fermée dès le tez/nps de Procope, & que l’on appeloit
portarn Quedquetulanam, ni d’une voie de meme,
nom qui paâfoit entre le camp prétorial & un
vivier prochain , d’autant qu’elle 11’eft pas entre
les quatorze portes principales de Rome ,. mais-
de celles qui furent murées de très-bonne hejire.
Je paffe donc à la defeription de la porte appelée
Gabinia. ou Gabiufa % que l’on tient être le même
que la porta Tibunina, aujourd’hui de S. Laurent^
Quelques auteurs ont même prétendu que la voie
Tihurtine & Gabienne n’étoient qu’une ; quant à
là ..porte, elle fut appelée Gabinia ou Gabiufa r parce
'que c’étoit la fortie pour aller à Gablum, & on la
nomma Tiburtine , parce qu’elle étoit aufli du côté
de Tibur. ' -
. 13 D’autres écrivains prétendent cependant
que ce furent deux voies qui fortoient à la vérité
d’une même porté ; car la voiè Gabienne étoit
plus orientale que la Tiburtine , d’autant qu’elle
tiroit à droite vers la -voie Préneftine , le -long de
.laquelle s’étendoit le territoire des Gabiéns, ainfi
que nous l’apprend Strabon ? qui dit t SanC Gabit
txiant in Pranefiina via fiti. ( L. V. ) Mais la
voie Tiburtine prenoit fa direction à gauche droit
au nord-eft, conduifant aux lieux délicieux qui
environnent Tibur.
Ce fut fur la voie Gabienne que Furïus Camille
défit les'Gaulois apres la prife & l’embrafement
de Rome. Car Tite-Live dit : Jufiiore altero ddtidt
pratlio ad oilavum lapidtm Gabina via, qub fe ex
fuira contulerant, ejufdem duila aufpicioque Carnilli,
Galli vincuntur.
Sur cette même voie étoit fitué le fuperbe tombeau
de Pallas , affranchi de l’empereur Tibère, avec
cette /arrogante .inlçriptipn:.
T ï. CLAUDIUS ANG. L.
PALLAS
HUIC SENATUS O B FIDEM,
PIETATEMQUE ERGA
PA T R O N O S , ORNAMENTA
PRÆTORIA DEGREVIT
E T. H. S. GENTIES QUIN
QUAGIES CUJUS HONORE
CONTENTUS FUIT.
Panninus in fua Roma.
| Chap. x x iv . La porte Efquiline avoit tiré fott
i nom de l’une des fept monragnès de Rome,
\ appelée Efquilius mons : elle fuivoit immédiate-
T 1 1