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Pour abréger, on fupprime ici plufieurs méprifes de Pofidonius ; nous obferverons
feulement qu’il orientoit la Sicile précifément comme l’avoit Élit Eratofthènes.
i° . Il difoit que le cap Pélore Si le cap Lilybée étoient fitués entre eux nord 8i
fud , ô i que le cap Pachinum s’avançoit vers l’orient.
^a. Il ne donnoit que 1,500 ftades de largeur à l’ifthme qui fépare le Pont-Euxin
de la mer Cafpienne; autant à celui qui eft entre Pélufe Si le fond du golfe arabique
près d’Héroopolis ; Si le même nombre pour la diftgnce des Palus méotides à l’océan
feptentrional.
30. La longueur des Pyrénées, ou la traverfée de l’ifthme qui fépare l’Ibérie de la
G au le , a v o it, félon lu i, moins de 3,000 ftades.
40. 11 plaçoit les îles Caffitérides au-delTus du pays des Lufitaniens, Si l’Inde fous le
parallèle de la Gaule, du moins à en juger par les termes de Pline, q u i, à la vérité, ne font
pas bien clairs' en cet endroit.
Pofidonius eroyoit à l’Atlantide de P laton, 8i penfoit, comme lu i , qu’un tremblement
de terre l’avoit fait difparoître.
Mais ce qui le rend le plus recommandable en Géographie, c ’eft qu’il fit tous fes efforts
pour prouver, contre l’opinion d’Hypparqtie, que l ’on pouvoit naviger autour de
l’Afrique depuis les colonnes d’Hercule ( 1 ).
Récapitulation d’après le Tableau.
Voici donc ce qui arriva à Eratofthènes. Il avoit fous les yeux une carte plate, mais fur
laquelle les degrés n’étoient pas tracés. Suppofant d’une part qu’à la latitude de Rhodes
le degré ne devoit contenir que 555 ftades, & de l’autre, que tous les lieux qu’il alloit indiquer
étoient fitués fous un parallèle oli cette mefure étoit toujours la même, il prit avec un
compas les diftances des lieux. Cette carte donnoit, à ce qu’il paroît, les diftances plus
exaâement pour l’Afie que pour l’Afrique ; peut être même n’y en avoit-il que quelques-
unes. . .
: i ° . Du cap Sacrum au détroit de Calpé , il trouva 3,000 ftades, & il en conclut, que ce
détroit devoit en être à 50, 14 ', 19". S’il eût eftimé ce que devoit avoir, au-deffous de 700
le degré de longitude, à cette latitude, il n’eût trouvé que 4 ° , 1 7 ', 8", ■
■ 2.9. Il trouvoit du même promontoire à-Carthage 11,800 ftades qui lui donnoient
it®, 15', 40" ; d’après la diminution indifpenfable, il n’eût trouvé que i6 ° , 5 1 ', 15" . Probablement
cettje carte; ne donnoit rien fur Rome, ni fur le détroit de Sicile, ou en donnait
mal la pofition. Aufli Eratofthènes les comprend-il fous le même méridien.
3° . Il en eft de même de Méroé, Syène, Sic. jufqu’aux embouchures du Boryfthènes
(O -On,peut voir dans l’ouvrage même,du C. Goffelin,les,tableaux où-toutes les pofttions de la
carte dLratoîlliè/ics fe trouvent calculées de remîtes à leurs vraies portions.
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il compte 15,300 ftades qui lui donnent 4 5 ° , 35' 8" : il n’eût eu que 36°, 8 ', 34". Il y
a des erreures à chaque lieu. Elles font plus ou moins confidérables, mais celle de Rhodes
l’eftpeu, puifqu’elle n’eft que de 1 7 ', 11 Il paroît donc que la carte qu’il avoit fous les
yeux donnoit cette pofition affez jufte.
4®. Il avoit trouvé jufqu’à Pelufe 26,600 ftades ; il en concluoit 4 7 ° , 55', 4 0 " , Si n’eût
dû en conclure que 38°, 0 ', o".
50. Jufqu’à Mus, qui termine l’extrémité orientale de la Méditerranée, il avoit trouvé
30,300 ftades, il en concluoit le 43°, 1 7 ', 8" : cette pofition étoit bien meilleure que celle
que les modernes avoient adoptée depuis, puifqu’elle n’offroit de différence que i ° , z z ', 52".
Je paffe quelques atitres lieux pour lefquels on peut recourir au tableau du C. Goffelin ;
mais je paffe aux deux fuivans.
6°. Les fources de l’Indus fe trouvoient éloignées de 5 5,600 ftades ; cela lui donnoit
io o ° , 10', 48": il n’en eût trouvé que 79 ° , Z5', 4Z", Si dans ce cas, ce qui faifoit, d’après
lui une erreur de 190, 18', 48", Si qui prouve que fon original étoit affez ex a ft, c’eft qu’il
n’y a entre cette mefure, Si celle que les obfervations nous donnent , que i ° z6 ', 18" de
différence.
' 7 ° . L’embouchure du Gange, félon Eratofthènes, eft à 70,000 ftades du cap Sacrum;
cela doit faire félon lui 1 15 ° , 7 ', 34";aulieu delà réalité qui donneroit io o ° , o', o", diftance
affez conforme à celle que donnent les obfervations modernes, qui eft de 99 °, 23' 45" Si
n’offre de différence que 36', 15".
Ainfi la carte que confultoit Eratofthènes étoit e x a â e , ou du moins à peu près; mais
parce qu’il n’en conçut pas bien la conftruaion, il en fit mal l’analyfe, Si nous donna
des réfultats fau x , d’après des bafes certaines.
Strabon.
Nous venons, reprend l’auteur, de rapporter les opinions géographiques des trois principaux
auteurs qui ont précédé Strabon. Il en cite plufieurs autres, mais'aucun n’avoit
embraffé l’univerfalité de la fcience comme Eratofthènes, Hypparque Si Pofidonius. La
plupart s’étoient bornés à décrire quelques contrées particulières ; & ceux qui avoient
conçu un deffein plus étendu , ne s’etoient point inquiétés de la maffe générale des
continens, ni de la difpofition refpeâive de leurs partie». Il eft probable que la première
defeription du monde, entreprife par les Romains, 8i qui fut terminée par Agrippa
n’étoit pas encore publique à Rome, au commencement de l’empire de Tibère, puifque
Strabon, qui avoit féjourné dans cette v ille , ne l’a pas connue : mais dans fes voyages
il fe procura un grand nombre de détails nouveaux fur des pays prefque ignorés de fes
prédéceffeurs. Ce qui lui en fournit le plus ce furent les vaftes conquêtes des Romains Si
des Parthes, nations dont la puiffance fe heurtoit fans ceffe. Dailleurs les trois guerres
Puniques, celles d’Illyrie contre Teuta, les guerres contre,les Gaulois, celles d’Efpagne,
celles de Macédoine contre Philippe , Si enfuite contre Perfée ; celles de Syrie contre