
En nommant chacun de ces fept royaumes, j ’ai dit auiTi quels peuples anciens précédemment
nommés, ils comprenoient dans leur étendue.
Cet article finit par la divifion de 161e d'Albion, tel qu’on le trouve dans Ptolémée.
L ’article Britanni , ou des Bretons, p. 3 39 , préfente une courte analyfe de ce que
l’on peut defirer /avoir fur l’origine de ces peuples, fur leur langue, leur gouvernement,
fur quelques-uns de leurs principaux ufages, & enfin fur leur hiftoire.
J’obferve qu’à la fixième ligne de l’alinea commençant par Révolutions Historiques ,
il y a urie faute d’imprelîion. Il faut lire C athyenchlÀni.
Le détail du gouvernement fous les Romains, p. 3 4 1 , col. b , pourra donner idée
de ce qui fe pratiquoit auffi dans les autres provinces.
Les autres articles féparés & appartenant aux îles britanniques, ne préfentent généralement
parlant, rien de bien intéreffant.
J’ai donné dans mon Atlas une carte des îles britanniques, que j’ai taché de rendre
utile pour l’hiftoire an c ien n e& l’intelligence des anciens itinéraires : on y trouve toutes
les voies romaines. J’obferve aufli que fur la carte de l’Atlas de l’Encyclopédie, on lit
Bragantes , c’eft une faute qui fe retrouve auffi fur les cartes du ci-devant abbé Grenet.
Ce mot, au refte , ne fe trouve que là ; car tous les auteurs difent Brigantes : j ’en
appelle à ceux qui les ont lus.
Scandinavia. Les articles Scandinavia & Scandia Insula , t. III, p. 5 7 , col .b ,
font très-courts. L ’article Gutæ , t. II , p. 7 6 , col. b , n ’eft qu’un mot, celui de Nérigon ,
Idem, p. 4 1 7 , col. a , apprend feulement que, par ce nom, les anciens défignaient la
Norvège,
Ne me propofant d’abord que de travailler d’après les auteurs grecs & latins, je n’ai
pu donner de détails fur ces peuples feptentrionaux : mais en puifant dans les auteurs
qui appartiennent au moyen âge, j’ajouterai le peu qui fuit.
Les peuples de la Scandinavie formoient de très-petits états féparés qui obéîffoient à
autant de chefs. La rigueur du climat & le befoin d’une culture opiniâtre, pour ferti-
lil’er les terres, les rendirent de bonne heure écumeurs de mers. Ils s’adonnèrent à la
piraterie; c’eft par ce métier infâme qu’ils furent connus des peuples méridionaux, &
qu’ils les connurent. Ce ne fut que depuis ces premiers temps qu’il s’établit une diftinc-
tion entre les Suédois & les Norvégiens.
On peut prendre une idée de la puiffance de ces peuples par celle du roi Alfred, un
des plus grands rois du nord dans ces temps reculés. Il poffédoit vingt boeufs, vingt
brebis, vingt cochons, & labouroit fa terre avec des chevaux.
Toutes les embarcations fe faifoient dans des barques d’o rier, recouvertes de peaux,
précifément à la manière des fauvages.
On cite pluüeurs de leurs courfes les plus célèbres, dont les fuivantes :
En 840, ils s’approchèrent des côtes de France.
En 839, ils s’établirent à l’eft de la mer Baltique.
En 8 6 1 , Naddodd, pirate, ainfi que fes compatriotes, fut pouffé par les vents dans
la partie du nord-oueft oîi fe trouve 161e que nous appelons aéluellement Ijlande. Il
y faifoit alors très-froid, elle étoit couverte- de neige ; il la nomma dans fa langue,
Smw-land, c’eft-à-dire pays de neige.
Inftruit de cette découverte, F lo k e , grand navigateur de ce temps, .y paffa pour
parvenir à en prendre une connoiflance plus détaillée. Il la trouva prefque couverte
de gla ce , & lui donna le nom qu’elle porte aujourd’h u i, & qui ne diffère de ce premier
nom que par l ’orthographe : il l’appela Icelande, c’eft-à-dire, terre de glace ; c ’eft
encore la même étymologie dans les langues feptentrionales.
Ces navigateurs, en parcourant les côtes de l’Iflande, trouvèrent dans un endroit des
livres & quelques ornemens d’églife dont ils ignoroient l’ufage. On les rapporta,& quelques
hommes plus policés & plus inftruits les leur firent connoître. Mais le bruit de cette découverte.
établit une erreur qu’une faine critique a pu feule détmire. C ’eft que l’on.prétendit
que le culte catholique avoit été connu en Iflande avant le fiècle dont il eft queftion.
Ce qui eft faux; car il n’y avoit pas même d’habitans, à ce qifil paroît. Mais quelques
autres pirates , de ceux fans doute qui avoient déjà pillé les côtes de France, avoient été
fur cette côte de l’Iflande, y avoient partagé leur butin & abandonné celui qui leur avoit
paru le moins intéreffant.
En 8 6 1 , des Normands jetés , comme je l’ai dit, fur la côte orientale de la mer Baltique ,
fondèrent la monarchie des Ruffes. Les Efclavons établis à Novogorod déférèrent la couronne
à Ruric, Normand d’origine.' Les fucceffeurs de Ruric étendirent fort loin les
bornes de leur état, & , plus d’une fois; firent trembler l’empire d’Orient. Vladimir le
Grand, arrière-petit-fils de Ruric , fut le premier de ces Grands-Ducs qui embraffa le
rite G rec , en 988, à l’exemple de fa grand-mère Olga. On voit ce qu’opéroit alors,
comme depuis, la politique fur la confcience des princes. Il étoit de l’intérêt de Vladimir
de s’allier avec les Empereurs Grecs; il vouloit achever cette alliance par un mariage,
& époufer la princelfe Anne qui reçut enfuite le furnom de Romanowma. Quant à la
grand-mère Olga, il fe peut qu’il n’y ait eu dans fa détermination qu’un fanatifme aveugle.
Elle prit à fon baptême le nom d’Hélène. Elle s’étoit adreffée à l’Empereur Othon I , roi
d’Allemagne, pour lui demander des miffionaires. O th on , en 959 , lui envoya Adelbert
qui fut le premier archevêque de Magdebourg, & que l ’on appela enfuite le Saint. Il
n’avait pas encore ce titre , ou au moins ce titre n’en impofa pas beaucoup aux Ruffes,
car Adelbert fut très-mal accueilli par eux. Mais je reviens aux courfes des Normands.
En 868, les Normands découvrirent l’ifle de Féroé.
En 8 74 , Ingolf & un autre brigand, fon ami, nommé Lief, pafsèrent dans l’IflandeJ
La faifon étoit meilleure ; ils pénétrèrent dans le pays, & y trouvèrent beaucoup de forêts.
Les hiftoriens rapportent que l’on y fema du bled qui y vint ; comme il ne peut plus
croître aftuellement dans cette île ; il eft probable que la température y a changé : je
rapporterai bientôt la raifon que l’on en donne.
Il falloit que les avantages que préfentoit l’Iflande à de nouveaux colons fuffent bien
exagérés, ou que le gouvernement établi chez les Normands fût bien mauvais, car tout