
G É O G R A P H I E
Afie en-aeçà du Taurus. On y diftinguoit qtiatre principales contrées.’
La première étoit bornée à l’oneft par le Tanaïs, les Palus Méotides jufqu’au Bofphore ï
5c le Pont-Euxin jufqu’à la Coîchide ; rai nord, par l’Océan feptentrional 8c la partie de cet
Océan qui s’avance jufqtfà l’embouchure de la mer Cafpienne;, à l’eft, par la mer Caf-
pienne jufqu’à la féparation de l’Albanie & de l’Arménie, à l’endroit où le Cyrus 8c l’Araxe
terminent leur cours ; au midi, enfin , par l’Ifthme qui fépare le Pont-Euxin de la mer
Cafpienne , fuivant une ligne qui traverferoit l’Albanie & l’ibérie, depuis l’embouchure
du Cyrus jufqu’à la Coîchide. On eftimoit cet intervalle à 3,000 ftades.
' Ces pays étoient occupés, au nord, par des Scythes Çfomades, qui n’avoient d’autres
habitations que leurs charriots. En-deçà, on trouvoit les Sarmates ou Sauromates, qui
n’étoient que des Scythes ; les Aorfes & les Siraces, qui s’étendoient vers le midi juf-
qu’au mont Caucafe. Parmi ces derniers, il y avoit des tribus Nomades, d’autres qui vi-'
voient fous des tentes, & qui cultivoient des terres.
Près des Palus Méotides étoient les Mæotes ; 5c fur les rives du Bofphore étoit la
Sindicène. Enfuite les Achéens, les Zigès, les Hénioques, qui vivoient de pyrateries ; les
Cereètes SC les Macropogones, ou peuples à longue barbe. Au-deffus étoient les Phthiro-
phagesoti mangeurs de vermine, qui occupoient les gorges des montagnes ; 8c plus bas, les
Ibériens & les Albaniens.
La fécondé contrée étoit au-deffus 8c à l’orient de la mer Cafpienne : elle s’étendoit
depuis cette mer jufqu’aux parties de la Scythie, qui touchent à l’Inde 8c à l’Océan oriental,!
Elle renfermoit les Scythes, les Hyrcaniens, les Baflres 8c les Sogdiens.
1 La troifième comprenoit les pays contigus à llfthme dont on vient de parler, 8c alloit
jufqu’aux portes Cafpiennes, en-deçà de la chaîne du Taurus. Elle renfermoit la plus
grande partie de'l’Arménie, la Coîchide, toute la Cappadoce, jufqu’au Pont-Euxin, 8ft
aux nations Tibareniques.
La quatrième renfermoit les pays - en-deçà du fleuve Halys ; favoir, du côté du Pont-
Euxin & de la Propontide , la Paphlagonie , la Bithynie, la Myfie , la Phrygie, nommée
Hellefponàque , dont la Troade faifoit partie; 8c du côté de la mer Egée 8c des antres
hiers qui s y joignent, l’Eolide , l’Ionie , la Carie & la Lycie ; au milieu des terres , cette!
Phrygie, dans laquelle étoit le pays des Galiogrecs , nommée Galatie, la Phrygie-Epiâète
la Lycaonie 8c-la Lydie.
On comprenoit encore dans la partie, de l’Afie, en-deçà du Taurus, les nations qui habitèrent
au milieu de ces1 montagnes, telles que les Paropamifades , les divers peuples Par-
thyéens, les Mèdes, les Arméniens, les Ciliciens, une portion des Lycaoniens, & les
Piü'diènsf :
A fie au-delà du Taurus. En commençant par l’Orient, on y trouvoit d’abord les Indiens J
qui paffoient pour la nation la plus puiffante & la plus .nombreufe de l’Afie. Leur pays
avoit pour confins , 1 félon Eratofthènes 8c Strabdn , l ’Océan oriental, 8c la partie
méridionale de l’Océan atlantique. A l’occident de l ’Inde, on trouvoit une vafte région mal
peuplée, à caufe de la ftérilité de fon fol : elle étoit" occupée par différentes nations
tout-à-fait barbares. Celle des Ariens s’étendoit depuis les montagnes jufqu’à la Gédrofia
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& la Carmanie. Enfuite les Pertes,' les Suftens, les Babyloniens, quelques autres'petits
peuples, la Méfopotamie, la Syrie, les Arabes 8c les Egyptiens jufqu’au Nil. Telles
étoient en général les grandes divifions de l’Afie.
Strabon croyoit auffi que la mer Cafpienne étoit un golfe de l’Océan feptentrional.
H dit qu’un écrivain , qu’il nomme Patrocks, avoit recueilli cette tradition chez des peuples
d’une origine très-ancienne; occupant les fommités du Caucafe ; & ce fait paroît très-probable
au citoyen Goffelin, dont les travaux contribueront peut-être' quelque jour à le
démontrer.
Afrique. Nous allons voir que Strabon n’étoit pas mieux informé, comme Géographe,
fur l’intérieur de l’Afrique.
Egypte. Strabon fuivit Ælius-Gallus dans fon expédition contre les Ethiopiens 8c les
Arabes, 6c il en rapporta, comme Hiftorien, quelques conpoiffances utiles ; mais, comme
Géographe, il parle en homfne bien peu inftruit.
Après avoir vu le Delta 8c vifité le Nome-Arfinoïtes, jufqu’àu lac Méris, Strabon
S’embarque fur un canal parallèle au N i l, qu’il prend pour le Nil même , 8c qui le conduit
par Oxyrinchus à Phylace-Thebaica. Là , il croit rencontrer un canal qui menoit à Tanis ;
cependant c’étoit le véritable Nil qu’il avoit ceffé de voir depuis Memphis. Il eft probable
que la rapidité de ce fleuve ne permettoit pas de le remonter facilement, 8c que l’on fe
fervoit des canaux pour parvenir dans la haute Egypte.
Strabon ne rentra dans le véritable lit de ce fleuve qu’à Panopoüs ou Chemmis. Il parle
des villes qu’il avoit rencontrées,. comme fi elles avoient été fituées fur: le Nil même, quoiqu’elles
en fuffent toutes éloignées 8c baignées par les eaux d’un canal, qu’on ne doit pas1
confondre avec le Nil, dont il fuivoit le cours. Strabon paffa à Captos, où Ptolémée-Phila-
delphe avoit fait tracer un chemin de fis à fept journées , qui aboutiffoit à Bérénice, fur le
golfe Arabique (1 ). Il vifita enfuite les ruines de l’ancienne Th èb e s , que Cambÿfe avoit
renverfée , & arriva à Syéné, la dernière ville de l’Egypte.
Il ne paroît pas que Strabon ait paffé au-delà de Phyles, ville d’Ethiopie, qui n’étoit
qu’à cent ftades de Syéné ; mais les généraux de Gallus avancèrent jufqù’à Napata, où
réfidoit Candace, fouveraine d’Ethiopie. La demeure ordinaire des rois étoit Méroé , fituée
dans une île à laquelle on donnoit 3,000 ftades de lo n g , fur 1,000 de large ; cette île étoit
formée par le N il, T Afiaboras , VAftafoba 8c YAfiapus.
Dans le même temps Gallus reçut l’ordre d’aller foumettre les Arabes. Il partit donc
de Cléopatride avec une flotte confidérable , débarqua à Leuce , principal port des
Nabathéens. Obothas, roi de cette nation, joignit fes forces à celles de Gallus, déjà très-
épuifées , 8c fit commander fes troupes par Sylleus. Ce lieutenant conduifit les Romains
par des déferts arides, dans le pays où régnoit Arétas ; il leur fit enfuite traverfer l ’Ararène,
(j) Pline , L. V I , Chap. 26., donne à ce chemin 258 mille pas, divifés en fept dations, où l’on avoit
creitfé des puits pour les voyageurs qui traverfoient ce défert. Mais comme les grandes chaleurs ne
pérmettoient de marcher que pendant fô nuit, on employoit douze jours au lieu de huit à faire la route
de Coptos à Bérénice.