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Pierre , que j’appelerai Pierre IV , prit le parti
d’Alexandre, entra en Moldavie,& tua Bogdan I I ,
qui finit fes jours après un règne de deux ans. Il
paroît qu’Alexandre III régna quelque temps feul,
puifcrue l’année fuivante 145 3, il fit hommage au
•roi ae Pologne.
Mais l’an 145 5 , Pierre fit mourir Alexandre
par le poifon, & ufurpa la principauté.. 11 ell
vraifemblable que ce Pierre IV étoit fils d’Eliafco
ou d’Elie, & frère d’Alexandre I I I , piiifque la
plupart des auteurs donnent à ces deux princes
une mère commune , appelée Domna Maria, veuve
d’Eliafco. Le règne de Pierre IV 11e fut que de
deux ans.
L’an 1457, Efiienne V dit le Grand, fils de
Bogdan I I , & qui s’étoit réfugié en Walaquie
après le meurtre de fon père, en forrit avec de
nombreufes troupes , attaqua Pierre IV , le défit
• dans plufieurs rencontres, & le força enfin de. fe
fauver en Pologne; Efiienne eut aufii pour concurrent
un nommé Berendeius, dont on ignore
l'origine. Il s’en débarra (Ta également, & la fuite
de ç,e compétiteur en Hongrie, donna lieu à la
gloricufe expédition qu’il fit en Tranfylvanie, la
cinquième année de fon règne , c’efi-à- dire, l’an
1462. Etienne-le-Grand, après avoir régné qua-
rante-fept ans & cinq mois, mourut l’ail 1504,
eut pour fucceffeur fon fils Bogdan I I I , qui fe
•rendit tributaire des Turcs. L’auteur anonyme prétend
que celui-ci ne régna que douze ans & quelques
mois. Il devroit donc être mort en 1316,
& dans le fragment de Bernard Vapovius, il eft
- cependant encore fait mention de lui après Pan
1518. Il efi inconteflable d’ailleurs qu’il envoya
en 1529 fon ambafiadeur Theutuk Logotheta à
Soliman, empereur des Turcs, pour lui offrir
l’hommage & le tribut des deux Moldavies. Ainfi
l’erreur de l’auteur anonyme eft manifefie. Mais
le prince Cantimir en a fait aufii une très-grande ,
en rapportant cet événement célèbre à la feptième
année du règne de Bogdan , qui régnoit déjà depuis
- vingt-cinq ans, puifqu’il avoit remplacé fon père
; Efiienne .mort en 1504.
On peut déduire de tout ce que j’ai rapporté
ci-deffus, que depuis que la Walaquie a été démembrée
du royaume de Bulgarie, elle a formé
deux états, qui ont été gouvernés par des fou-
verains particuliers, & quelquefois réunis fous un
même prince. Ces deux principautés ont toujours
été, depuis leur établiffement, dépendantes & tri—
.jbutaircs de quelque puiffance étrangère. Elles ont
d’abord relevé de la Hongrie , puis de la Pologne,
& font enfin demeurées foumifes aux empereurs
Turcs. Ces deux états font aujourd’hui féparés,, &
le Grand - Seigneur nomme & deftituè à fon gré
les deux vaivodes, qui ne font plus a&uellemeat
-que des efpèces de pachas chrétiens. Ils font choifis
pour l’ordinaire dans quatre familles grecques, qui
•mettent ces places à l’enchère, & font fans cefie
occupées à fe ies arracher. La plus, ancienne de
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ces familles efi celle de Gika, qui n’efi pourtànÉ
connue que depuis environ cent ans. La fécondé
efi celle de Maurocordato ; la troifième, celle de
Racowitza : ces deux-ci font encore plus modernes.
La quatrième eft tout-à-fait nouvelle, & le premier
vaivode de cette famille, qui étoit drogman de
la Porte, & dont j’ignore le nom, a été envoyé
en Moldavie 1758. Ces vaivodes n’ont que le
rang de pachas à deux queues ; ils jouiffent cependant
de certains droits honorifiques que n’ont pas
même les pachas à trois queues, ou les vifirs.
On a taillé fufcfifter dans les deux principautés une
espèce de confeil -d’état, compofé de vingt-quatre
boyards, qui repréfentent les anciens feigneurs
du pays, & l'on entrevoit encore à la cour de
ces vaivodes une légère lueur de fouveraineté.
Mais ils n’en font pas moins dans le plus affreux
abaiffement, & tremblent à l’apparition du moindre
feigneur Turc ou Tartare. Ils fe vengent
fur -les peuples de l’état d’humiliation où ils font
réduits, & tâchent de tirer d’eux , par les plus
criantes extorfions, de quoi fournir aux préfens
immenfes qu’ils font fans ceffe obligés de faire
pour cultiver leurs proteâeurs à 1a Porte, & fe
maintenir en place. Les Moldaves & Walaques,
exédés de leurs vexations , defireroient bien que le
minifière Ottoman voulût anéantir ce fantôme de
liberté qu’on leur a confervé., & leur donner, des
pachas, dont le gouvernement feroit infiniment
plus doux & plus tolérable que celui de ces orgueilleux
petits tyrans, dont il n’y a pas un.feul
qui ne s’eftime autant que le plus puiflant monarque
de la terre.
J.e crois donner quelque facilité à mes le&eurs
pour retenir plus aifément 1a fuite des princes
nommés précédemment, en rapprochant ici la lifte
de leurs noms.
Princes de Moldavie.
Dragon, fondateur de 1a principauté, fous le règne
de Ladiflas Loketik, roi de Pologne, en 1315.
Saff.
Alexandre I , qui régnoit en 1343, du temps de
Louis, roi de Hongrie.
Efiienne I , mort vers; l’an 13 58.
Efiienne II & Pierre I , compétiteurs.
Pierre I , feul.
Lafco, qill vivoit en 1370.
Bogdan I , qui repeupla la Moldavie vers la fin
du règne de Louis de Hongrie.
Pierre T I , qui régnoit en 1388, & Eftienne I I ,
compétiteurs.
Gioga, qui régna deux ans.
Romain I , qui régnoit en 1392.
Romain I & Alexandre I I , qui parut l’an 14011
compétiteurs.
Alexandre II & Eftienne I I , en 1404, compétiteurs.
Alexandre I I , feiil , mort en 143.3,
Eliafco ou Elle I , & Eftienne I I I , compétiteurs.. !
Eftienne III, feul, en 1444.
Romain I I , en 1448.
Pierre I I I , en 1449.
Eftienne IV , règne un an.
Gombert-, règne deux mois.
Bogdan I I , en 1450.
Bogdan II & Alexandre I I I , compétiteurs.
Alexandre III, feul, en 1452.
Pierre IV, en 145 5.
Pierre IV & Eftienne V , en 1457, compétiteurs.
Eftienne V & Berendeius I , compétiteurs
Eftienne V , dit le Grand, feul.
Bogdan I I I , en 1504 , fe rend tributaire des Turcs
en 1529;
TAURINI ou T auriniens. Ces peuples habi-
toient à. l’orient de Segufiani, & s’etendoient jul-
ques aux bords-du Pô. Les anciens n’ont pas trop
fait connoître leur origine, car Tite-Live, Strabon
& Pline , les donnent -pour Liguriens, & l’exaft
Polybe ( L. 11 & m ) , pôur Illyriens. On peut
au moins affurer en général qu’ils étoient Celtes.
TAU R IN IA , ville de la Sarmatie européenne ,
dans la péninfule appelée la courfe d'Achille, félon
Etienne de Byfance. -
TAURINUS SALTUS, nom d’un endroit dans
les Alpes, par où paffèrent les Gaulois pour pénétrer
en Italie, félon Tite-Live.
T A U R IO , ville de la Sarmatie européenne,
dans la péninfule appelée la courfe d!Achille, félon
Suidas.
TAUR1SCI ( les Taurifques), peuple Celte ^dont
l’établiflement etoit autour du Danube. Ils n’étoient
féparés des Scordifces que par une montagne, que
Pline appelle le mont Claude. Il place les Taurifques
au nord de cette montagne. Ils étoient voifins
des Boïens, & les uns & les autres vivoient fous
la domination du roi Critafirus, qui fut défait par
Boérabiftas; aufii les Taurifques furent contraints
d’aller chercher un nouvel etabliffement dans les
provinces voifines. Ils furent dans la Noricie, du
’ -côté d'Aquilce & de Nauportum. Ce fut là que leur
ancien nom fe perdit & fut changé en celui de
’Noriciens ; mais leur repos fut court. Etant aux
partes de l’Italie , ils furent l’une des premières
conquêtes d’Augufte , l’an de Rome 718. Les Alpes
étoient habitées par plufieurs peuples qui portoient
le nom de Taurifques. Strabon en place d’autres
dans la Thrace, & Ptolemée veut qu’il y en ait
dans la Dacie.
T aurisci , nom d’un peuple qu Etienne de
Byfance indique dans les Alpes. Je crois qu’il a
voulu défigner les Taurini.
T AU R O C IN I, peuples de l’Italie, dans ta
grande Grèce , fur le bord du fleuve Taurocinium,
- au voifinage de la ville de Rhegium, félon le livre
des origines de Caton, cite par Probus.
TAUROCINIUM, fleuve de l’Italie, dans la
grande Grèce, félon le livre des origines de, Caton.
TAUROENTUM , nom d’une colonie que les
anciens Marfeillois avoient fondée fur le rivage de
la nier, à droite en entrant dans la baie de la
Ciotat. Il en refte encore quelques veftiges, qu’on
découvre au fond de Teau.'
TAUROIS, T a u r e n tum & T au r e n t in um ,
ville de la Gaule, félon Etienne de Byfance.
On lit Taurentinum dans Strabon, & Taurentum
dans l’itinéraire d’Antonin.
TAUROMENIUM ( Taomina) , ville de la
Sicile , fur la côte orientale, au nord de Catane,
& au fud. de Meffane. Il paroft qu’elle avoit été
fondée par des Naxiens. C’étoit'ordinairement for
fon rivage qu’étoient jetés les débris des bâdmens
qui périfloient dans le gouffre de Carybde. •
Cette ville avoit le titre de colonie, & avoit
été nommée Naxos, félon Pline.
TAUROMINIUS, fleuve de'la Sicile, entre
Mefime & Syracufe , félon Vibius Séquefter.
Ce fleuve eft nommé Onobala par Appien.
TAUROPOLION, nom d’un temple fitué dans
l’île de Samos, félon Etienne de Byfance.
Ce temple étoit dédié à Artémide ou Diane.
-T a u r o p o l io n , nom d’un temple confarfé à
Diane , dans l’île dUcar.ia, félon Strabon. _
TAUROPOLIS, ville de l’Afie mineure, dans
la Carie,, félon Etienne de Byfance & Conftantin
Porphyrogénète.
TAUROSCYTHÆ , T a u r o - Sc y t h æ , ou
T a u r i - Sc y t h æ , peuple de la Sarmatie européenne
, dans la péninfule appelée la courfe d'Achille
, & qui faifoit partie du peuple Tauri, félon
Ptolemée & Pline.
TAURUNUM, ville de la baffe Pannonie, à
l’embouchure du Savus, dans le Danube, félon
Ptolemée.
TAURUS MONS {le mont Taurus). Les anciens
ont particuliérement donné ce nom à une chaîne
de montagnes qui commence dans l’Afie mineure,
occupe ta partie feptentrionale de la Cilicie, &
va joindre, au nord de ta Syrie , le mont Amanus :
depuis on a étendu le nom de Taurus à toute la
chaîne de montagnes qui s’étend du Taurus dès
anciens jufqu’au fud de la mer Cafpienne.
TAURUS, nom d’un promontoire qui eft indiqué
1 par. Ptolemée, fur la côte orientale de la
Sicile.
T a u r u s ou T a u r u s -S c y th ic u s , montagne
de la Scythie. C’eft une branche du mont Taurus ,
qui s’étend aux environs des Palus-Méotides & de
la mer Cafpienne , félon Jorriandès.
Hérodote & Denys le Pétiégète la placent dans
le voifinage de ta Cherfonèfe Taurique.
T a u r u s . Tacite & Pomponius Mêla nomment
ainfi une montagne de la Germanie.
T a u r u s , montagne de l’Ethiopie, félon Aga-
tarçhide & Diodore de Sicile.
Strabon indique deux montagnes de ce nom en
Ethiopie.