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détruite par Denys le. tyran , les hâbîtans fe retirèrent
fur une montagne appelée Taurus, & y
bâtirent une ville qui dut être confidérable , fi.
on en juge par fes ruines : entre antres monu-
mens, on y voit encore lm théâtre très-bien con-
fervé, un gymnaYe pour les exercices des. jeux ,
beaucoup de tombeaux, & , a l’extrémité du terrein,
un vafte réfervoir..
Sur le promontoire étoit un temple de Vénus
.( Verttris Fanum ),
Le petit fleuve Tanromenius, que l’on croit être
le même que YOnobala d’Appien, fe rendoit ici à
la mer.
N'axes (Torre Rofia), détruite , comme je viens
de le dire , par Denys le tyran, fubfifte encore
dans quelques ruines. On y voit des refies d’aqueducs
, des tombeaux, &ç.
Au fud, un petit fleuve, félon Ptolemée, avoit
le nom 'd'Afines.
CalUpolis, ou la belle ville, étoit au fud : elle
eft défignée aufli par le nom de Bidias.
Le petit fleuve Acis avoit fon embouchure un
peu plus au fud. En voyant le nom de ce fleuve,
appelé auflï Aces, & les mafles appelées Cyclopuni
Scopuli, ou rochers des Cyclopés, qui font
à fon embouchure , on fe rappelle la fable des
amours d’Acis & de Galathée , & le rocher lancé
par le géant Polyphène , pour écrafer cet amant
préféré. Ceft ainfi qiie tout s’embellifloit par l’imagination
féconde des Grecs. Mais tout' en convenant
des charmes que leurs leâeurs dévoient
trouver k ces brillantes fictions, nous devons attacher
infiniment plus de. prix aux recherches des natu-
raliftes modernes qui ont recherché quelle étoit la
nature de ces rochers , & quelle en pouvoir
être l’origine. On a reconnu que ces rochers ,
appelés actuellement Faraglione , & qui entourent
le petit port de la Trizza, font d’énormes blocs
de bafalte , offrant des cryftallifations très-variées.
En remontant ce petit fleuve, on trouvoit une
-petite ville nommée Ætna, ainfi que la montagne;
elle avoit d’abord porté le nom .d'Ennaria ou Incffa.
Elle fe trouvoit à l’angle de la route qui, venant
de Centuripoe à l’oueft, alloit enfuite a Catana, au
fud.Q
uelques auteurs placent dans une petite anfe,
au fud, le Portas Ulyjfis : Ptolemée paroît l’indiquer
ailleurs.
Çétoit fout près qu’étoit la ville de Catana. La
fondation de cette ville remonte à une très-haute
antiquité. Strabon & Thucydide l’attribuent aux
citoyens de Chalcis. Théoclès & quelques Chalci-
diens, dit ce dernier auteur, partirent de file de
Naxe, fept ans après la fondation de Syracufe ; ils
vinrent en Sicile r & y bâtirent les villes de Leon-
tium & de Catana , après avoir chafle de ces bords
les Sicules par la force des armes.. Ceux qui fondèrent
Catana, prirent Evrachus pour chef de
leur colonie.
s i c
Eufèbe, dans fa chronique, place cet événement
dans l’année qu’il croit être la 3446e du monde.
On fait que cette manière de compter d’une ère
incertaine efi abfolument bannie des. ouvrages ou
' l ’on n’admet que les faits avoués par une faine
critique. Mais comme, au moyen des olympiades ,
on peut en comparer les années avec celles qui
ont précédé notre ère, en la prenant pour le point
de çomparaifon ; en voyant dans les auteurs que
Catane fut fondée la première année de la treizième
olympiade, on en conclut que ce fut l’an'72.8
avant l’ère vulgaire.
D’autres auteurs, beaucoup moins anciens que
Strabon, & prefque aufli modernes que Olivier,
qui avoit prétendu corriger Eufèbe,'-tels que Bo-
chart & Carrera, prétendent que la ville de Catane
exiftoit avant l’arrivée des Chalcidiens. Ce fendaient
efi appuyé fur l’autorité de Thucydide, félon
lequel les habitans de Naxos cliafîerent les Sicules.
Bochart prétend qu’elle'avoit été fondée par des
Phéniciens, ces premiers navigateurs qui portèrent
leurs colonies fur prefque tçutes les côtes
de la Méditerranée. Il paroît que la fituation de
Catane, ayant un bon port, ne devoit pas être
négligée par eux.
Catane devint, dans la fuite, une des premières
villes de la Sicile: elle fut divifée en quatre quartiers ,
qui lui firent donner le nom de Tetr'apolis , ou des
quatre villes.
Le plus confidérable de ces quartiers fe nommoit
Ætnapolis, ou la ville de l’Etna, nom qu’il prenoit
de fa fituation: le fécond fe nommoit Demeteropolis,
ou la ville de Cérès, à caufe d’un temple de cette
déefle : ;lé troifième s’appeloit Artemifium ou Luna ,
parce qu’il ’renfermoit un temple de Diane. Ce
quartier contenoit aufli dans fon enceinte une
grande place ,. où l’on tenoit une foire tous lès
lundis (1).
Le quatrième quartier fe nommoit Littoralis,
parce qu’il étoit fitué fur le bord de la mer.
Hiéron,. tyran de Syracufe, prit Catane , en
chafla les habitans , & ne l’appela qyCEtna : il
mourut deux ans après. Hiéron avoit cru ôter en
effet tout efpoir de retour aux malheureux Cata-
nieris, en les tranfportant à Leondum, & en mettant
à leur place des Léontins. Mais peu de temps
après fa mort, les anciens habitans fe réunirent,
chaffèrent les Léontins, & fe rétablirent dans leur
ville. Elle pafla depuis au pouvoir des Romains,
avec le refte.de laSicile , à la fin de la fécondé
guerre punique. Il paroît qu’ils l’embellirent de
plufieurs mônumens.
Les Goths, maîtres de la Sicile, le furent ailfli
de Catane ; mais Bélifaire la leur enleva, & la
* remit fous l’obéiffance des empereurs grecs.
(1) L’ufage de cette foire s’eft perpétue à Catane
jufqu’à prêtent. .
Les
s 1 c
■ Les Sarrazins s’en emparèrent vers, l’an 969 de
b nôtre ère. •
Catane fut la patrie du philofophe Charondas,
I qui y vivoit environ 500 ans avant J. C. Stéfichore
! y étoit mort environ 55b ans avant la même ère. Î Rien ne prouve mieux combien -cette ville fut
i; confidérable, que la quantité de montimens publics
8c particuliers qui l’ornpient. Probablement on ne les
—^ connoît pas tous. Je vais feulement indiquer les prin-
I cipaux que l’on trouve dans l’ouvrage de M.,Hpüel.
1°. Un amphithéâtre. Le grand diamètre extérieur
R efi de 389 pieds ; le petit diamètre-de 3-3 '2.
Le grand diamètre de -l’arène avoit 2.3 3 pieds,
P & le petit diamètre 176.. .
,'2°. Uh .grand & uri petit théâtres : , le petit fe
;-u nommoit Odeum.
, 3°. Un grand, cirque.
4?. Une naumachie.
5°. Un gymnafe.
, 6°. Plufieurs temples, &c. -.
La ville de Catane étoit arrofêe par le petit
| fleuve Amenanus. En defeendant la, côte, au fud,
1 011 trouve un petit fleuve que )’on croit; être le
I Pfemitkus des anciens.
ÎPlus au fud, & affez près, étoit l’embouchure |, du Simcethus, dont j’ai parlé plus haut. J’ai dit
! aufli qu’il recevoir à fa gauche le Chryfas.
Si l’on remoritoitçe dernier, on trouvoit d’abord
K Hybla, furnommé Major. Son nom propre,, étoit
I Jnejfa 8c Armetria ( la Givita ) ; enfuite on trouvoit.^
I plus au nord, l’embouchure de YAdraiio ; 8c près
i tle ce, dernier fleuve, la ville d’Adranum ou Ha-
|| danum ( Adèmo). Elle étoit bâtie au pied de l’Etna,
■ & , félon .Diodore , eHe avoit eu Denys le tyran
I pour fondateur. Mais il eft plus probable que
I l’ancien temple, bâti en ce lieu en l’honneur du
I dieu Adranus , exiftoit bien avant la ville. La dé-
I votion y attira un affez grand concours de monde,
I puifqu’il s’y forma d’abord un village, puis enfin
B une ville. Ce temple devint fort célèbre. Ce dieu
B; Adranus, dit Élien, dans fon traité des animaux,
! avoit mille chiens qui lui étoient dévoués. Ces
m chiens, doués d’une intelligence fupérieure, caref-
K foient les gens de bien qui fe rendoient au temple ;
:,ï ■ 8c la nuit, ils les accompagnoient jufques chez eux;
K Mais, lorfqu’un brigand ou un malfaiteur s’en ap-
I prochoient, ces chiens fautoient fur lui, & le dé-
K chiroiènt impitoyablement. Si le tyran, remarque
Ë "très-bien M. Hoiièl, fe fût hafardé d’entrer dans
| dn temple fi bien gardé, il n’en eût-jamais forti.
Un peu au fud du Confluent de 1*Adranus & du
■ Chry/*s 5 étoit la ville de Ctiitûfipce ( Centuripi) ,
B patrie d’Apalcius, médecin de Tibère. Cette v ille,
B l’une dés pliis anciennes de la Sicile , eft fort élevée ;
I elle étoit fifiiêe entre les montagnes , àinfi que la
B ville moderne qui lui a füccêdè. ‘ Cette fituation
B en rendoit l’accès "difficile , ''8c la 'prëfèïvoif dès
B »ncurfions hofitles ]■ tant~qi>’eWe- n-eut-qu&des en-
i ■ qui -ignoreient l’art -de la guerre. On trouve
. "■ g heaucoùp vd’eati.;dans Tes 'environ^ M, 5Hoüel
Géographie ancienne. Tome III,
S i c ,r3
conjêâüre que la ville ancienne s’étendoit plus .qùe
-la ville moderne, qui-n’a qu’une rue fort irrégulière.
Mais là, maffe générale de fon plan reffemble»à
line, efpèce de toile irrégulière, à fix pointes, qui,
partant de centres différens., divergent &Ye courbent
en différens fens. Ces pointes font à des .distances
; inégales, & elles ont entre elles, à leurs
extrémités,, des vallons immenfes, des-précipices
affreux.; de tous côtés , la vue s?étend air loin.,
M. Hoüel y. a trouvé les ruines ’d’un -pont dont O
la pofition indique que le cours du Synuethus s’eft
déplacé; il a trouvé des reftes d’une écurie antique,
8c d’autres reftes d’édifices.
On fait .que cette -ville eut autrefois des; tyrans",
8c que Denys rechercha T amitié de Nicomède.
L’un d’eux, Timoléon,ce célèbre libérateur deSy^
raeufé, lé .fut aufli de ■Centuripce ; -mais • elle -fur
foumife par les Romains, qui lui laiffèrent fes loix.
Le , gouvernement y étoit démocratique , . là
population étoit d’environ vingt mille âmes ; du
moins on le conclut de ce que Cicéron, dit que dix
mille hommes votèrent avec les fénateurs pour faire
abattre la ftatue de "Verrès. Les habitans -de Cen-~
turipoe Cultivèrent les arts , 8c s’adonnèrent .fingu-
liérement à foire des camées. On n’en a trouvé
nulle .part autant que dans les fouilles rie cette
ville. Ils avoient aufli donné beaucoup d’attention
à l’agriculture, & lè fafran de leur territoire étoit
très-eftimé. Pline dit qu’au bâj de leurs montagnes
il y avoit des folines , dont le fel étoit rouge (1).
Centuripce fut détruite par Pompée, & rétablie par
O fia v e , qui y établit une colonie romaine. -Saccagée
par les Sarrazins, elle fut rétablie par les
Normands.
V . B. Hugon Stard, lieutenant du duc d’Anjou ,
l’avoit dépeuplée & réduite à l’état le plus trifie
lorfqu’un pauvre hermite s’avifo d’aller fe loger -
entre toutes ces ruines-, au milieu de quelques
cabanes de bergers. La dévotion attira fur fes pas
d’abord quelques âmes pieufes , puis de malheureux
payfons vexés chez eux,; enfin, le ndmbre augmenta,
multiplia ; il en eft réfulté une ville d’environ
trois mille âmes.
Parmi les débris de l’ancienne Centuripce on
trouve beaucoup de ces moulins de lave dont
les anciens fe fervoient pour moudre leurs légumes
ou écrafer leur bled. A un mille au -flefîbus de
cette ville, il exifte des reftes d’un beau monument
antique, qui peut avoir été un- bain, une
fontaine, ou peut-être un grand réfervoir où fe
raffembloient les eaux , lorfque leur trop grande
abondance auroit pu fubmerger les terres cultivées.
Trois rivières-au moins fe réuniflbient à Centuripce..
J ’ai-déjà -parlé de Y Adranus.
Le Ciamofurüs, qui le recevoit, venoit des monts
Herasi, qui font au-nord-otieft tde Y Etna; mais il
étoit formé .de deux branches, l’une venant direc-
( i ) vM. -Hoiiel-y-a-vu du' fel de
en peti’ e quantité. •
cette couleur, mais
P