
65 4' G É O G R A P H I E
& ils n’amvèrent qu’après cinquante jours d’une marche forcée & extrêmement difficile:, à
Anagrcma, qu’ils faccagèrent ; les villes dAfca&c à'Aiimdia eurent le même fort. Mais les
Ramanites refilèrent, & Marfyabas ne fut pas prife.
Gallus revint fur fés p a s a p r è s avoir vu périr la. plus grande partie de fon armée par
les maladies, la fatigue, la foif & la,faim; il n’avoit perdu que. fept cents hommes dans
les différens combats qu’il avoit livrés. Cette expédition n’ayant eu, aucun fuccès, 'Sylleus
fut accufé d’avoir trahi les Romains , d’avoir cherché à profiter de leur fecours pour
foumettre quelques peuples & quelques villes, & fe rendre lui-même maître du p'ays. Il
fut envoyé à Rome , oit il eut la tête tranchée,.
Ethiopie. L’intérieur de l’Afrique étoit prefqu’entièrement inconnu au temps de Strabon.
La côte de la Méditerranée feule , & les environs,dit N il, étpient fréquentés par les Grecs.
Leur opinion fur l’enfemble de cette partie du monde, étoit que fa forme reflémbloit à celle
d’un trapèze , ou même que la cô te , depuis le détroit des Colonnes jufqu’à, Pélufe, pou voit
être confidérée comme la bafe d’un triangle recfemgie , dont le Nil formoit le côté perpendiculaire
, qui fe prolongeoit jufqu’à l’Ethiopie & à l’Océan , & dont l’hypothenufe étoit
la côte comprife depuis l’Ethiopie jufqu’au détroit. Le fommet de ce triangle , s’étendoit
au-delà des limites de la terre habitable, & étoit par conféquent regardé comme inaccef-
fible. Auffi, Strabon avoue-t-il, qu’il ne peut affigner la largeur précife de cette portion
de l’Afrique.
Il ne connoiffoit guère plus la côté occidentale, piûfqu’il dit qu’en paffant le détroit, on
trouve une montagne , que les Grecs nomment A tlas, &£ les Barbares Dyris ; que de-là ,
s’avançant à l’oueft, on voit le cap Cotes, & enfuite la ville de Tinga, fituée vis-à-vis, Gades,
à 800 Rades de diflance ; que de ces deux villes aux Colonnes d’Hercule, il y a auffi 800
Rades; qu’au fud de Tinga , on rencontre le golfe Emportais , oh les Phéniciens .ont un
établiffement ; que toute la côte, après ce golfe, efl créufe ; & q u e , .fi on en excepte le s .
finuofités , il faut imaginer qu’elle va droit, entre le midi & l’efl , rejoindre le fommet de
l’angle dont il a parlé.
On peut reprocher .à Strabon de rejeter trop légèrement les découvertes des Carthaginois
le long de la côte occidentale de l’Afrique, & d’adopter des erreurs que l’expédition, d’Han-
non devoit avoir détruites. Strabon avoit lu le Périple,de ce Général, & ce Périple é to it,
fans doute, bien plus ample que l’extrait qui nous en refie aujourd’h u i, puifque celui que
Pline avoit fous les yeux comprenoit le journal d’une navigation non interrompue, depuis
Carthage, parle détroit des Colonnes, jufqu’au golfe Arabique ; mais l’efprit de fyftême
qui dominoit prodigieufement Strabon, lui faifoit rejeter tout ce qui contrarioitfes opinions,
L’idée d’une zone, inacceffible par la chaleur qui y régnoit, le partait à mettre au
rang, des fables tout ce qu’on avoit écrit fur la poffibiiité de faire le tour de l’Afrique,
quoique ce .voyage eût encore été répété fous Ptolémée Lature, environ cent fix ans avant
J, C . , cent cinquante ans avant l’époque où Strabon écrivoit.
Une erreur qu’on ne peut s’empêcher de relever , parce qu’elle appartient tout entière à
Strabon , efl d’avoir placé le mont Atlas fur le détroit des Colonnes, à l’orignt du cap Cotes,
taudis qu’il ae lui étoit pas permis d’ignorer qug cette montagne devoit être beaucoup au*
CHEZ LE’S GRE’CS. j®|
delà, fur la côte occidentale de l’Afrique, baignée par ; l’Océan Atîantiqué,' auquel ‘elle a
donné1 fon nom.
Cette côte étoit habitée par des : Ethiopiens, nommés Occidentaux, pour les diftinmier
de ceux qui étaient au-deffiis de l’Egypte. Le nom d’Ethiopiens était alors commun à tous
les peuples qui occupoient les contrées méridionales de l’Afrique. Les navigateurs qui
étaient entrés dans l’O céan, foit par le golfe Arabique , foit par le; détroit des Colonnes
avoient toujours appelé Ethiopie, les régions les plus méridionales où ils'étaient parvenus.
Ceux des Ethiopiens occidentaux , lés plus reculés que l ’on connût au temps de Strabon *
habitaient fous le méridien de Carthage , près la région qui produifoit la canelte. Au-delà ’
la côtepaffoit pour être à-peu-près parallèle à l’équateur, & pour venir joindre celle
des Ichthyophages, qui habitaient au-deffiis, de Dere.
Strabon ; en dîfarit que l’on nommoit Ethiopiens, les. peuples les plus reculés dans les
parties méridionales de l’Afrique, &■ qui occupoient les bords de l’Océan , aux extrémités
de la tertre habitable , & le long de fes limites , fait allez connoitre que l’opinion de fon
fiècle & la tienne étoient, que l’Océan occupoit les environs de léquateut & y formoit
une zone autour du globe. Les Grecs àvoient yifiblement puifé cette idée dans l’Afier loi
ceta étoit vrai. La manie des hypothéfes la leur avoit fait tranfporter dans le refle* du
monde ;. & c’eft d’après eux que les Romains l’ont adoptée.
Taprobam. Quoique Strabon varie fur les dimenfions de la Taprobane, qu’il porte ; tanfôt
à 8,000 Rades de longueur-, tantôt à 5,000 Rades , en comparant fon étendue à celle de
la Bretagne ; le citoyen Goffelin penfe qu’il adoptait la première de ces mefures qifEra-
■ tqfihènes avoit également admife, d’après les hifloriens d’Alexandre. La fécondé n’avoit
été donnée que par Onéficrite ,.en qui Strabon avoir peu de confiance, & qui d’ailleurs
n’avoit diflingué, dans fon ré c it, ni la largeur, ni la longueur de cette île.
Les principaux Géographes qui ont R.ivi le fiècle de Strabon, & dont les ouvrages font
parvenus jufqu’à nous , font Denys le Périégète', Ifidore de Charax, Pomponius Mêla
Pline & Amen. Lesuns n’ont laiffé que des périples, ou des defcriptions de contrées particu’
hères ; les autres ont décrit le monde entier, mais fans foumettre l’enfemble de fes parties à d '
bafes aflronomiques ; de forte qu’il efl impoffible de tracer une carte d’après leurs opini ^
Il faut cependant en excepter Pline , q u i, dans le grand nombre d’extraits quïl a r f e ” ’
biés , fait entrevoir quel a été le premier effai du fyflême géographique des R om a kT
entrepris par Agrippa, & terminé par les ordres d’Aügufle fur les mémoires qu’Agrippa’
avoit laiflés. On y trouve des erreurs étranges pour le temps ; mais ■ la longueur de la
Méditerranée, depuis Calpe jufqu’à IJfus , ne préfenteroit que z :9 1, 9 " de moins que c
qu’on lui donne aujourd’hui ; ce qui prouvé qu’Agrippa, avoit puifé ettte mefure générale
dans la copie de quelque ancien ouvrage, & que, pour lesdétails particuliers, il a fu; •
les erreurs qui lui étoient perfonnelles, ou qu’il' partageoit avec fes compatriotes. ' ^
Marin de Tyr.
, Marîll'.de T F v ivoit veï? la fin du premier fiècle dè notre Ere. L’étendue de fes travaux
géographiques paroît lui avoir acquit une gralide' réputation. Ptolémée affure que Marin