
L’Epitome d’Etienne de Byfance 8c la Chronique d’Eusèbe, difent que k ville de Pouzole
fut fondée par une colonie venue de Samos. Les Grecs nommèrent cette ville DicceareUa,
ou Diccearehûa, Dicearque. Mais Strabon ( n v . v ) , affure que cette ville fut un comptoir,
Emporium, 8c un port de Cumes. La ville de Naples fut de même fondée par eux au
fond du golfe que l’on nommoit alors golfe de Cumes. Cette fondation de Pouzzole J félon
la chronique d’Eusèbe, eft de l’an 4 de la LXIVe olympiade, répondant à fan 131.de
Rome. Ce fut dans cette même année que les Etrufques de la mer, Adriatique réunis aux
Ombriens, entreprirent de détruire Cumes. Strabon penfe que les Téleboïens dont parle
Homère dans l’Odiffée, à l’occafion du voyaged’Ulylie, habitaient la Campanie & n’étoient
autres qu’une colonie de Cuméniens, établie dans 1 île de Capree. Selon Juftin ( liv.- x x ) ,
la ville A’Jbe/la avoit été aufli fondée par eux. Il leur attribue de même la .fondation de
Noie,'maïs Tite-Live 8c Vefléïus.Paterculus, la donnent aux Etrufques, ainfi que la
ville de Capotte.
Pans la Pouille ou l’Apulie, on ne trouve de colonies grecques que celles qui s’éfoient
établies dans les îles de Tremiti, appelées alors îles de Diomède, & fur le;continent,
‘oh ies Grecs fondèrent la ville d’Argirippa que quelques auteurs croyent avoir, été fondée
par Diomède lui-même.
Ces anciens établiffemens ne font pas, à beaucoup près, aufli certains que ceux quir,
poftérieurement, eurent lieu dans la Calabre', en étendant ce nom à la Lucanie & . au
Brutium. On trouve d’abord la ville de Tarente dont la fondation remonte aux temps qui
fuivirent la prifede Troye. Mais quel fut alors fon fondateur? on l'ignore. Il paroît cependant
que cette ville exiftoit lorfque Phalante y eonduifit la colonie Spartiate des jeunes
Parthéniens, qui l’enlevèrent dit Juftin ( l i v . 111, c h a p , 4) à fes anciens maîtres. On peut
croire, fi l’on n’admet pas l’arrivée d’une ancienne colonie grecque, que Tarente fut fondée
par les Meflapiens. Or ces Meflapiens n’étoient pas des Grecs, 8c je l’ai dit précédemment.
La colonie des Parthéniens s’établit vers le commencement de la deuxième année de la
LXXXVIT olympiade, qui répond à l’an 3x1 ou à peu-près de Rome; mais quoique
nous ne fâchions pas quels furent les premiers fondateurs de Tarente, ce n’eft pas une
raifon pour imputer à Juftin de s’être trompé en nommant Tarente, au lieu du territoire
occupé par les Meflapiens.
On doit leur attribuer aufli, aux Parthéniens, la fondation de CallipoÜs, de Caftrum
Mimrva 8c d'Hydmnmm, ainfi que quelques autres lieux moins célèbres. Les Tarentins
fondèrent pareillement dans la Lucanie , la ville d Heraclee, près du Siris.
On trouve une autre colonie grecque dans la Calabre. Hérodote ( liv. vu ) , rapporte
que la flotte de Minos étant à la pourfuite de Dédale, fur les côtes de la Sicile, fut portée
fur celles de l’iapygie, oh des Crétois s’étant fixés, ils y fondèrent la ville A’Hyria. Strabon
( liv. iv ) , dit aufli que la ville de Brundufium fut fondée par des Crétois venus de
Cnoffus, avec Théfée. Selon quelques autres auteurs , ces fondateurs Grecs étoient des
Etoliens, conduits par Diomède. Une opinion moins vraifemblable attribuoit cette fonc
tion à un fils d’Hercule, Les habitans de Salente fe difoient aufli defcendus des Crétois.
Mais,lil!on fe rappelle en même temps que, par Minos, on entend ordinairement le plus
ancien des rois de Crète ; & qùe,dans ces temps reculés;, on paffoit à peine, d’une île à
l’autre, à l’aide de petites barques, on en conclura qu’il y a bien de l’exagération dans tout
ce que l’on dit de l’antiquité de ceS anciennes. colonies , ainfi que des héros qu on-leur
donne, pour .fondateurs.
On trouve, dans des temps,•poftérieurs , l’étahUftement de, deux colonies , l’une dont
il eft fait mention dans Strabon ( l iv . V I ) , dans Solin ( ch ap . VIII), & dans Ariftpte
(Polit, l iv . V , chap.; 111) ; ce fut celle de quelques Acheens.joints.a .des,habitans de
Trézène,. qui vinrent fonder la ville de Sybaris , devenue bientôt riche 8c puiffante. Mais
je dois remarquer , que le favant Mazzochi fait remonter plus haut la fondation de cette
v i l le , & l’attribue, à des Orientaux. {V.oyç^-Sybaris , t. III, p. 173 , col,, a. Ainfi cette
colonie grecque y fuccéda aux premiers fondateurs. On fait, que ,çette ville fut ruinée
par les Crotoniates l’an de Rome , 180. Les. Sybarites échappés a ce.defaftre ou du moins
leurs enfans, après un intervalle de 64 ans, envoyèrent une députation a Athènes oc a
Lacédémone pour y folliciter des fecours. Les Lacédémoniens ne firent pas, droit a cette
demande. Mais les Athéniens ayant armé dix bâtimens., tranfportèrent dans la Calabre,la
fécondé colonie d’Achéens 8c de Trézéniens. Il eft probable même, que ce firent mpins
les defcendans de ceux qui avoient été chafles.de l’ancienne Sybaris, que les clefceno.ans
des peuples fondateurs : c’eft-à-dire , que. les Acheens 8c les Trezeniens, continuant.- à regarder
le territoire 8c les reftesde l’ancienne Sybaris,- comme leur propriété légitime , demandèrent
8c obtinrent des forces pour en reprendre poffeflion : c’eft à cette fécondé
fondation que commença à paroître le nom de Thurium. Ces premiers Grecs établi^ en
appelèrent d’autres, 8c la ville devint de nouveau riche 8c puiffante, en forte que, conjointement
avec les Crotoniates, ils fe divisèrent en dix tribus. Les trois peuples fortis du
Péloponèfe prirent les noms d’Arcadienne, d’Acheenne, 8c d Eleotique : les autres furent
nommés la Beotique, l’Amphiûionique, la Dorique, l’ionique, l’Athénienne, 8c celle de
M e . r- _ - .
La ville de Poeftum, appelée aufli PoJJiionia , fut l’ouvrage dune colonie de Sybaris,
félon Strabon 8c Marcian d’Héraclée, quoique, félon Solin, elle fût établie par des Doricns.
Les Lucaniens leur firent la guerre 8c s’emparèrent de leur ville.
La fondation de Metaponte oh mourut Pythagore, eft affez généralement attribuée à des-
Achéens, qui peut-être étoient les mêmes que les fondateurs de Thurium. On parle aufli
de Pyliens qui vinrent dans ces mêmes contrées après avoir quitte Neftor, depuis lç fiege
de Troye. . - . . . . . v -
Mais, outre ces Grecs, il y avoit eu fucceflivement dans le Brutium des -Enqtriens, des
Lucaniens 8c des Brutiens. Ces anciens temps offrent.tant d’obfcurité, que ion ne fait
pas à quelle époque les Lucaniens fe féparèrent des Samnites, 8c quand les.Brutieiîs furent
diflingués des Lucaniens. Ce que l’on v o it } c’eft que, ces peuples ne formant, pas en totalité
de grandes forces, les Grecs réuflirent fans beaucoup de difficultés à s établir parmi eux.
On voit même que les Brutiens s’alarmèrent tellement du voifinage des Grecs, quils en
- Géographie ancienne. Tome JII. V v v v