
dmjîurn. Le çomiiatus ou pagusVadenjis, eft nommé
Vidifus dans les capitulaires. Ce comté a été ainfi
nommé d’un ancien château appelé Vadufn., parce
qu’il étoit.fitué auprès d’uns gue. ou.paffage, fur la
petite rivière d’Autonne ; & fi ce château n’a pas
été conftruit dans le fond de la. vallée , au paffage
même de là r i v i è r e c ’eff que les féigneurs qui
l ’ont fait ^onftruire auront préféré une fituation
& plus faine: & plus fure.-' On. pourrait .encore
citer d’autres exemples où. le paffage d’une petite
rivière ou d’un ruiffeau a été nommé Vadum.
Mais on voit évidemment que le nom Vadifus
ne peut venir - de Vadicajfes fi l’on compare ce
nom avec d’autres noms dé peuples qui avoientla
même terminaifon. De Bajocaffes on a formé Ba-
jocajinus; de Durocaffes, Duocajfmusow Dorcajpnus ■
de Tricaffes,, Tricaffinus ; de Vtliocaffes ,, VaiiocaJ-
■ fmus : en fuivant la même analogie de Vadicajfes
on a dû dire, Vadicajfinus, & non pas Vadifus.
O r , VadïcaJJinus oii Badïcajjîmis eft le même nom
abrégé en. Bafiginus f Bdifinus r le. baffin, le pays
de Bayeux;
2,°. 'On a prouvé précédemment que les anciennes
capitales des peuples de la Gaule étoient
toutes lituées fur une ou plufietirs voies romaines,
puifque les colonnes étoient numérotées en partant
de la capitale de chaque côté. Or v aucune voie
romaine ne paffe par le lieu de V é ,. qui étoit
cependant - dans l’alignement de la route de Soif-
fons à Senlis.-,: & la voie qui conduifpit de l’une
à l’autre de ces villes &* qui fubfifte. encore en
partie, paffe: à deux lieues: de Vé. La traverfée
d’une forêt, une vallée profonde n’auroient point
empêché le gouvernement- Romain de faire paffer
à V é , fuivant lufage général, la. voie publique,
fi ce lieu eût été une. capitale de peuples»/,
y°. Enfin le lieu, de Vé a- toujours été. de- la
cite & du. diocèfe de Soiffons. On ne trouve aucun
aéfe, aucun indice *quk puiffe faire foupçonner le
contraire. C ’eff un principe reconnu, qu’en général
les anciens diocêfes de. la France, répondent aux
■ territoires des, anciennes--cités de la Gaule. Si ce
principe étoit contefté, on pourrok le prouver-,
parce que le gouvernement eceléfiaftique fut réglé
dansi’èmpireRomain, quantàl’éteadue des diocêfes
fur le gouvernement civil. Quelque révolutions
qui- foient arrivées, depuis dan& les. états-, on n’a
pas aifément changé ces anciennes divifions.- Ce
fyftême général a. été fuivi dans la Gaule.; &
l’on- voit que. les lieux nommés Fins y fur les limites
des diocêfes, font encore les mêmes que les Fines
des anciennes cités»,. Pour pouvoir déroger à ce.
fyftême général, il faudroit oppofer des preuves
claires,, certaines & ,évidentes. On ne combat pas
un principe par, de fimples ■ conjectures, ou par
des vraifemblances : ainfi le lieu de Vé étant.de.
temps immémorial du»diocèfe de Soiffons, nous
devons affurer qu’il a. toujours-été. de la cité des
Suejfones, . & qu’il -h’a jamais-été. lé chef-lieu d’une
«ité.dÿéreïite,.
Ort cormoît plufieurs. exceptions au fyfléfïrôT
général ; mais ces exceptions ne font admifes que-
parce qu’elles font fondées fur des preuves incon-
teflables. Le diocèfe de Rouen (ci-devant) ,étoifl
compofé du territoire des deux cités de Vellio
cajf&s,. dont Rotomagus. étoit la capitale , • & des
Galcti, qui a voient- pour capitale Juliobona. Il eft
prouvé dans les mémoires de l’académie des-belles-*
lettres (f. X i x , p. 655 ) , que Juliobona eft Lilte-f
bonne,. d’après la, réunion de cinq, voies romaines,'
plufieurs aêtes du moyen âge, des ruines Ôc autres
antiquités qu’on voit encore à Lillebonne..
La ville ayant été ruinée avant la fin du r y d.
fiècle, puifque cette cité ne. fe trouve point dans
læ notice des provinces de la Gaule', lorfque la
religion chrétienne fe fut établie dans ces provinces
feptentrionales, Ta ville de Juliobona & les.
peuples Caleti furent fournis à la jurifdiêtion de
l’évêque, de Rouen : ainfi Ü eft confiajé par des
preuves certaines & indubitablesque le diocèfe
de Roueir. contient les territoires de deux anciennes
cités.
Le diocèfe du Mans (Tanc-ten ) comprenoit les
territoires’ de trois cités ,< des Ailler ci, Cenomani ,
des Diablintes 81 des ArviL La. dâftinéïion des deux
dernières cités: d’avee les Cenomani, eft connue par
des.preuves certaines & indubitables. Il eft prouvé
par la notice des provinces de l’empire, que les
Diablintes formoient encore une cité, particulière
au commencement du v e fiècle, civit-as-Diablintumi.
Il eft aufli prouvé, que leur capitale Nceodunum 9:,
eft le lieu que Ton appelle aujourd’hui Jublains 9
dans.le Maine, où. Ton voit encore des terres de
l’ancienne enceinte de la .ville. La cité des A-rvii ne
fubfiftoit plus au commencement du V e fiècle, du.
moins on ne la trouve point... dans Ta notice des
provinces ; mais on connoît encore les veftiges de
la. capitale de ce peuple., fous le nom de cité
d’E rve, fur le bord d’une petite rivière de même
nom. Ces deux cités n’étant pas affez. confidérables
pour avoir-chacune un évêque particulier, furent,
foumifes, pour le fpirituel, à l’évêque qui réfidoit
dans la capitale des. CenomaniieWes ont done fait
partie du diocèfe du Mans.
Le diocèfe de Laon dépendoit anciennement.de •
la cité ou du diocèfe de Reims : Lugdunurri Cia-
vatum ou Laudunum Cloatum, étoit un château
Cajlrum, qui fous la première race de nos rois,
avoit fes comtes particuliers.. S. Remy., évêque
de Reims, fepara une partie de fon diocèfe
partem ex Remenji parochia delegavit ( Flodoard,,hijl..
eccl.. Rem. L. 11 1 ,- c. 22 ). Il établit à Laon un
évêque , & nomma Génébaud ,,illuftre par fa naif-
fance & par.fes qualités perfonnelles,: cette éreCtion
eft d’environ l’année. 514. On pourroit ajouter
quelques autres exemples de deux , cités réunies ,en
un feul diocèfe; mais ces exemples;, qui font des
exceptions an. fyftême ou principe général, font
fondés par des faits connus & certains. On ne
peut donc, comparer à, ces exemples des préfom^-
Ion fondées uniquement fur des cotijeftnrês îri-T
“certaines & fur des reffemblances de nom.
Il finit donc reconnoître que l’autorité de
Ptolemée, après tous les exemples de fréquens &
étranges déplacemens dans un grand nombre de
pofitions de la Gaule, ne doit pas empêcher que
3 es peuples Vadicajfes de ce géographe, ne foient
confidérés comme les mêmes que les peuples de
Pline, qu’on reconnoît aujourd’hui être le sBajo-
cajfes, les peuples de Bayeux. On dira peut-être
qu’il faut donc effacer dans le texte de Ptoleméq
ces expreffions fcgr<sT «V (MéA<Tai) yrfos yn BehytKy
O'vceS'iKciovioi , pofl Meldas verfus Belgicam Vadi-
cajfes, quorum urbs Ntzomagus.
Le texte des anciens auteurs doit toujours être
refpeâé ; on n’y petit rien changer fans y être
âutorifé par les manuferits. Ainfi on 11e doit point
effacer ces expreffions de Ptolemée, qui regardent
les Vadicajfes ; mais il faut tâcher de les expliquer
en les rapprochant des autres auteurs anciens. Si
l’on ne peut y parvenir, il faut avouer de bonne
foi que cet auteur , qui s’eft fi fouvent trompé
dans d’autres pofitions de la Gaule-, s’eft auffi
trompé dans celle dont il s’agit. On ne doit point
effacer dans Ptolemée ces expreffions qui regardent
les Atrebates : ¥.a,ie%Qven S'e tïïv , TrecpAhiov. ..., .
•Xccûd j x h TÜv 'Enko a v a v , -tenent maritima juxta
fequanam fiuvium ; ni ces expreffions qui placent la
Abrincatui après les Naumetce fur la Seine : p-tXÇ*
tqv EnxoÂvA TroTApS ,• ni- cette autre expreffion
qui porte les Redones fur la Loire, dans le voi-
•Junage de Sens: vta^à p.év tvv hiyeiqa, 'roru.p.ov
TttS'ovéc, KAt AVAToxiKorepot àvtcùv Eevoveç. On
n’efface point ces expreffions dans Ptolemée; &
■ comme on -ne peut ni les expliquer, ni les ex-
eufer, on eft obligé de convenir que l’auteur s’eft
trompé, .comme dans beaucoup d’autres occafions.
Cependant on p'ourroit exeufer Texpreffion de
Ptolemée, Trpoc rn BsKynw , verfus Belgicam, en
difant que les Vadicajfes, placés dans la ville de
Bayeux, feroient peu éloignés des confins de la
Belgique, que ce géographe étend jufqu’à la Seine.
Il n’y a que dix-huit ou vingt lieues communes
de France entre les frontières de cette cité &
l’embouchure de la Seine.
En plaçant les Vadicajfes à Bayeux , toutes les
difficultés éifparoiffent, le géographe fe, trouve
d’accord avec Pline. L’ancien nom de Bayeux, qui
d’ailleurs feroit inconnu, eft Nceomagus , nom celtique
, qui convient à une très - ancienne v ille,
fituée fur une voie romaine où Ton a découvert
•des antiqués. D’ailleurs ce fentiment eft conforme
à l’opinion de prefque tous les éditeurs de Pline,
du P. Hardouin meme, & des autres favans qui
ontpenfé que les peuples de Pline & de Ptolemée
étoient un feul & même peuple. Si ces écrivains
n’ont pas placé ces peuples à Bayeux , c’eft, ou
parte qu’ils ont trop déféré à l’autorité de Ptolemée,
dont le texte fembloit les placer ailleurs, ou parce
guë plufieurs d’entre eux ont cru que les peuples
de Bayeux étoient les Viducàjfes de Pline. Mais
l’importante découverte des ruines de Vieux, faite
fous les ordres & par les foins de M. Foucault, a
répandu un grand jour fur cette partie de la géographie
de la Gaule. Cette découverte a démontré
que la capitale des Viducàjfes étoit fituée à Vieux,
& qu’on ne devoit plus les confondre avec la capitale
des Badiocaffes, qui font les Vadiocajfes ou
Badiocaffes de Pline , & les Vadicajfes de Ptolemée.
On a prouvé précédemment, article I I , que
Pline & Ptolemée ont placé dans la Lyonnoife
des peuples dont le nom eft le même ; & dans
le troifième, que l’autorité de Ptolemée n’eft pas
une raifon fuffifante pour en faire deux peuples
diftinéfs & féparés. O r , on ne peut leur affigner.
aucune autre pofition dans cette étendue de la
Lyonnoife : donc, par une cohféqnence néceffaire,
les peuples nommés par Ptolemée doivent être-
placés dans la même cité.
iV.2?. Cet article, peut-être, paroîtra un peu long ;
mais je prie, i°. d’obferver qu’il éclaircit un point
important de la géographie de Tancicnne Gaule ;
20. qu’il fert auifi pour l’article Viducàjfes ; 30. que
la nouvelle divifiou de la France interrompant
toute efpèce de rapport avec la divifion de*
Gaules, puifqu’elie détruit les anciens diocêfes ; ce
qui rappelle le rapport de ces anciens diocèfe*
avec les cités des Gaulois, eft précieux à conferve*
dans un ouvrage confacré à la géographie ancienne ;
4°. qu’il s’y trouve des remarques d’une critique
éclairée fur la géographie de Ptolemée, que je
n’avois pas eu occafion de mettre ailleurs, & qui
font ici en dépôt, fans être étrangères à l’article,
puifqu’il n'y eft rien dit que de la France.
VADICASSII ou V adicasses, peuples de la
Gaule Celtique, ou Lyonnoife, après les Meldi,
aux confins de la Belgique , félon Ptolemée. Pline
écrit Vadicajfes. ( Voye^ l’article précédent ).
VADIMONIS LA CU S , lac de TItalie, dans
l’Etrurie, au voifinage d.'Amena, & près de la
terre de Calpurnius Fabatus, nommée par Polybe
Amerina Pre&dia_
V A D N IA , ville dé l’Hifpanie citérieure, chez
les Cantabri, félon Ptolemée.
VADOMARII, bourg ou canton de la Germanie
, au voifinage de la Rhétie, & qui appartenait
aux Alamanni, félon Ammien Marcellin.
VÆRIACA , nom d’une ville de la Phénicie
félon la notice des dignités de l’empire.
VÆSAPA , ville de l’Afie , dans la petite Arménie
, vers les montagnes, & éloignée de l’Euphrate,
félon Ptolemée.
V A G A ( Tagadempt ou Swamma ) , ville de
l’Afrique , dans l’intérieur de la Mauritanie céfa-
rienfe, à l’orient de la ville de Cirta, félon Pto-
leméè.
Cette ville étoit fituée vers te fud-eft de Victoria.
Elle eft nommée BÂyoç9 Baga, par Plutarque %
& par Ptolemée CSvÀyA, Vaga.
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