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dont il donne un détail. Cet auteur ajoute que les
débris de la citadelle de Sardes, font fi.tuês fur une
élévation feptentrionale du mont T/no lus, qui do-
tninoit la ville, & furie flanc de laquelle elle étoit
placée, en forme d’amphithéâtre. La citadelle, dont
les reftes fubfiftent encore aujourd’hui, paroît avoir
été bâtie dans le moyen âge. Les murs de l’cft &
du fud font entiers & d’une bonne maçonnerie.
M. de Peyffonnel dit qu’au pied de la montagne ,
un peu âu-deflbus du village, vers le nord, on
trouve les relies d’un grand édifice bâti de briques;
& que vers Pouell de cet édifice, on trouve une prodi-
gieufe quantité de pierres énormes & bien taillées
que les matériaux lui font foupçonner que ce pourrait
être la Gerußt, ou palais dans lequel s’afîemblcit1
te collège des vieillards à Sardes. Yitruve dit que
les habitans de Sardes confacrèrent l’ancien palais
de Créfus aux afiemBlées , & au repos des citoyens
accablés fous le poids de l’âge, & en formèrent la
Gerußt ( i) , qui lignifie le lenat ou le collège des
vieillards.
Une mfeription , rapportée par Spon, & trouvée
dans les ruines de Sardes, fait mention de la Gerußt
.de cette ville. .
M. de Peyflbnnel rapporte que fur une petite
hauteur, affez-éloignée de la Gerußt, on voit les
relies d’un édifice remarquable, & qui devoit être
extrêmement valte ; qu’au midi de celui-ci, dans
la plaine, on voit les relies d'un autre du même
goû t, & qu’il croit que ces deux édifices étoient
des magafins d’abondance, où l’on confervoit les
grains pour les années de difette.
Le même auteur rapporte une infeription , qu’il
dit être une nouvelle preuve du culte que les habitans
de Sardes rendoient à Diane. Cette déeffe y
eft qualifiée de Diane Sardienne.
. ( i) Du mot ytfiy , veillard.
N. B. J’ai fuivi dans le texte, pour l’époque de la
w ile de cette ville, les opinions ordinaires, fans les
oifeuter. Cependant je reviens fur cet article, fait depuis
long-temps, pour expofer ici l’opinion du favant
M. Larcher, dans fa petite differtation chronologique
fur les rois de Lydie. ( T rai. d’Hérod. tome r i , page
voô & fuir. ) .
Après avoir réfuté les opinions de plufieurs favans
fur l’époque où Créfus envoya confulter l’oracle, &
qui ne fe trouve pas exprimé complètement fur les
marbres d’O xford, il dit, d’après Hérodote :
♦< Créfus, après la bataille douteufe qui fe donna dans
» la Ptérie-, fe retira à Sardes, afin d’y paffer l’hiver &
»> d’entrer en campagne au commencement du printemps,
v avec des forces plus confidérables que celles qu’il
»> avoit auparavant... . Mais Cyrus l’ayant fuivi de près,
» lui livra bataille près de Sardes -, & , l’ayant battu, le
» força de fe renfermer dans les murs de cette capitale,
» dont il forma le liège auffi-tôt. Quatorze jours après,
» Sardes fut prife, & Créfus fait prisonnier ».
11 eft évident, dit M. Larcher, d’après ce récit,
que la bataille près de Sardes, 8c que la prife de cette
ville ont eu lieu avant l’hiver, au mois d’oélobre. Mais,
félon Solicrate, cette prife de Sardes • arriva dans la
quatrième année de la i v m c Olympiade ; il s’enfuit
SARDESUS, ville de l’Afie mineure, dans îk
Lycie , près de LymtJJus, félon Etienne de Bylance.
SARDIÆI, nom d’un peuple de l’Illyrie, félon
Strabon.
SA R D IA N A , contrée de PAfie , au voifmage
de la Ba&riane , félon Diodore de Sicile. Mais
Ortélius penfe que , dans cet endroit, il faut lire
Sogdiana.
SARDIC A , ou Serd ic a , ville qui étoit la capitale
de l’Illyrie orientale. On a varié fur l’orthographe
de ce nom, & fur la pofition de ce lieu.
Ptol'emée la met au rang des villes méditerranées
de la Thrace ; d’autres la mettent dans la Dacie :
mais cette Dacie n’eft pas la Dacie Trajane, ce
qui éloigneroit trop la v ille, mais la Dacie Au-
rélienne , au-delà' du Danube.
Sardica fut la capitale de la fécondé Illyrie :
cette v ille, qui étoit confidérable , avoit été augmentée
par Trajan. Les Bulgares lui donnèrent le
nom de Triadit^a. L’empereur Bafile en fit le fiège
en 981 , félon Zônare, & le leva, parce qu’on
lui donna un faux avis, que Léon Méliflene , à
qui il avoit confié la garde des pairages * étoit
retourné à Conftantinople, pour s’y faire proclamer
empereur.
Il ne refie de cette ville que quelques veftiges
auprès de Sophia. ■
SARDINIA ( la 'Sardaigne ) , île de la Méditerranée
, dans la partie occcidentale. Les Grecs ont
dit 2,ctpJ'cd & HZstpS'eov, Sardo & Surdon. Les anciens
n’ont pas manqué de faire venir ce nom d’un prince
appelé Sardus, 0 s d’Hercule, & venu de très-
bonne heure dans cette île , avec un autre prince
appelé Morax, fils de Mercure. Je me fuis fou-
vent expliqué fur le cas que l’on doit faire de ces
fortes d’étymologies. Il efl probable que cette île eut
un premier nom, & que celui de Sardinia ne fut
que le fécond. Son origine fe trouve dans la forme
même de File, & par conféquent n’a rien que de
raifonnable, pourvu cependant qu’on ne l’attribue
pas à ceux qui y abordèrent les premiers. Il faut une
carte pour juger, au premier coup-d’oeil, de la
forme d’un pays ; & l’on ne commence pas par
avoir des cartes. Mais puifqu’après avoir fait le tour
de la Sicile , on remarqua qu’elle formoit trois
angles, d’où fe forme le nom de Trinacrie; de
même aufli, lorfque l’on eut remarqué que la Sardaigne
avoit la forme longue d’une fandale, on.
put très-bien lui donner, en langue orientale, le ■
nom Saad & Sarad, qui fignifie vejligcs d’un pki, ;
Il falloit même que Pline en eût une confufe idée,
puifqu’il dit que Timée la nommoit ^etvS'ccKtcltu ,
donc que Créfus a été fait prifonnier vers le milieu
d’o&obre de l'année 545 avant J. C. M. Larcher en
conclut aufli, par une fuite de calculs, que-l’avéne-
ment de Gygès au tiône de Lydie, eft de l’an 715
avant J. C . , & Je commencement du règne d’Agron I»
roi des' Héraclides en Lydie, remonte à l’an lüû
avant cette meme ère.
mot qui exprimoit qu’elle reflembloit à une fandale.
De même Martianus Capella & Solin , qui copient
Pline, ajoutent que Myffile Pappelloit I^vhctu ,
parce qu’elle reffemble à la trace que laiffe fur le
fable un pied chauffé d’une fandale, du grec I<yyoç,
\vejligium : le texte même d’Etienne de Byfance le
j ditexpreffément, E’nctheïro (EapJ'a>) «Te \%v^<ra.}.
«foit 1 èoïKvïet t)v ctrSifcücv» i%vet. Je ne comprends
pas ’ comment, avec des témoignages fi formels,
| & une probabilité qui efl prefque une démonffra-
• tion , on retrouve encore , dans de bons ouvrages *
! l’hiftoire dé ce prétendu Sazdi/s, qui, vraifembla-
! blement,. n’a pas plus exifté que fon père. Claudien
I avoit dit auffi:
Humana fpecitm planta Jinuofa figurât
Infula : Sardiniam vtteres dixére coloni.
i Et Silius Itahcus, faifant auffi allufion à cette
jj' reffemblance, oit, L. x n :
. . . . . . Nùda fub imagine planta
Inde Ichnufa prias Grajis memorata colon'ts.
On peut rapporter une origine auffi fimple 8t
auffi raifonnable, du nom de Caralis, qui fut le
port le plus fréquenté de ceiteiïp.Canna ou Cadra,
en oriental, fignifie rafraîchijfement; & c’efl la pofition
de ce lieu, défendu au midi par une colline ,
| qui le met à l’abri de l’exceffive chaleur.
. L’biftoire de la Sardaigne, dans les temps reculés,
efl fort incertaine. Je n’admets pas du tout ce que
1 les Grées cîifoient de Sardus, de Morax, & même
| d’Ariflée, qui, félon eux, y paffa avec des Grecs.
1 La «avigation de la Méditerranée n’étoit pas trop
L connue des Grecs dans les premiers âges du monde.
[ Et qu’auroit été faire A riflée, dans une île éloignée
1 &. non encore habitée, pendant qu’il y avoit tant
| il’iies en Grèce, à fa portée . & que la Sicile fe
1 trOnvoit fur fa routé? Je ne fais pas même fi ce
I que dit Paufanias, d’un certain loîaus, qui, félon
I lui, paffa en Sardaigne, efl bien certain , puifqu’il
F place ces faits avant la. guerre de Trôye. Après
| le fac de cette v ille, les Troyens fuyant leurs
| ennemis vainqueurs, & cherchant une patrie 11 ou-
' velle, s’y établirent. Il s’y trouvoit auffrdes Grecs
| lorfque les Africains y abordèrent pour en faire
| la conquête. Ils étoient en force ; Jes Grecs furent
détruits'; mais les Troyens fe retirèrent dans les
montagnes, où ils fe retranchèrent, à la faveur des
! précipices.
On ne fait au jufle à quelle époque les Carthaginois
sfétablirent en Sardaigne. Il efl probable que
. ce fut dès le teins qu’ils commencèrent à étendre
leur commerce: cette île leur offrit un lieu de
relâche pour leurs vaiffeaux, qui, chez les.anciens,
étoient-toujours obligés de s’aider', dans leurs courfes,
du vdîfinage des terres. Peut-être , _ce qui efl très-
probable , les Phéniciens les y a voient-ils précédés.
La première année de la x c v n e Olympiade
line pelle confidérable ayant très-affoibli les Carthaginois
, les Sardes effayèrent de fecouer leur
joug ; mais ce projet réulfit mal: ils furent châtiés
de leur révolte. Mais ces mêmes Carthaginois
frirent chalfés de la Sardaigne, lors de la première
guerre punique. Les Romains s’y établirent, l’an
de Rome 521, fous la conduite de M. Pomponius.
La Corfe ayant été conquife l’année fuivante, ces
deux îles furent foumifes à un même préteur. Elles
voulurent fe mettre en liberté pendant la fécondé
guerre punique ; mais elles n’y réulfirent pas; il
ne refia dé libre que les anciens habitans de Corfe
réfugiés dans les montagnes où l’on n’avoit jamais
pu les foumettre. '
Sous les derniers empereurs d’Oecident, la
Sardaigne fut gouvernée par un préfident. Mais
lorfque les Vandales eurent pénétré en Afrique ,
fous Juflinien., le gouvernement de la Sardaigne
fut annexé à cette partie de l’empire.
Les ravages qu’y commirent les Arabes, & la
conquête par les Génois & par les Pifans, n’efl
pas de mon objet; ces révolutions appartiennent
aux temps modernes.
J’ajouterai feulement que cette île., qui, malgré
le titre de royaume dont elle efl décorée, joue un
fi petit rôle entre les états de l’Europe , étoit fort
renommée chez' les anciens., par fa grande fertilité.
Silius Italicus dit, en parlant de la Sardaigne :
. . . . Propenfia Certris nutrita favore.
L. xii j.v. 37^ .
Elle étoit comptée entre les lieux appelés les
greniers Je Rome. Il efr vrai que toutes les parties
de l’île n’étoitnt pas. également .fertiles , & qu’il y
avoit, comme encore actuellement, des endroits
infàlubres. Autant la terre y eft féconde, dit Mêla,
autant l’air y eft empefté ; & Claudien dit :
. . . . . . Qu a. pars' vicinior A fris
Plana folp , rations clemens ; qua rcfpiat ar&um
Immitts, fcopulofa, procax,'jubidjquefonora
FluElibus.
Le côté qui eft vers l’Italie, eft fort montagneux.'
SARDO , montagne de l’Inde , félon Ctéfias,
cité par Ortélius.
Sardo , lieu de la Liburnie, au voifinage de
Burne, félon Procope.
SARDONES, ou Sardo ns , peuples qui habi-
toient dans la partie occidentale de la Gaule Nar-
bonnoife, félon Pline. Ces peuples dévoient être
dans la partie appelée aémellement Rouiiiilon, aux
environs de Rufcino.
SARDONIA , ville de l’Inde , en - d eçà du
Gange.
SARDONIS , fleuve de la Thrace, dans le voifinage
de la ville Olynthus, félon Stobée. Mais