
même à tous les particuliers , qui croiraient propofer
des choies utiles. Ainfi, dans les jugemens,
i l reprenoit & faifoit taire tous les accufês , qui
fùbftituant des tours d’éloquence & des interprétations
arbitraires à la lettre de la lo i , en violoient,
difoit-il, l’autorité & la majefté. Aufli, quelques-
uns de ceux qui portoient ces accuiations devant
les juges , quand ils les voyoient incertains fui la
fentence qu’ils prononceroient, ne manquaient pas
d’aflifter, en leur difant qu’ils avoient à fauver
ou la loi ou le coupable. . ,
On ajoute que Charondas fit a ce fujet un reglement
très-fingulier , & dont on n avoir jamais
vu d’exemple. Frappé du defordre & des feditioris
qu’il voyoit arriver en plufieurs villes par la multitude
de ceux qui vouloiept redreffer les loix,
parce qu’étant fufpendues dans cet intervalle,
elles laiffoient les peuples dans une efpèce da-
narchie, il ordonna qu’aucun particulier ne fe prefen-
tât dans la place • publique pour y propofer la
réforme d’une lo i, fans s’être mis lui-même la
corde au co l, qu’il y garderait jufqu’à fe que le
peuple eut prononcé fon jugement à 1 égard de
cette réforme. Si on l’acceptoit, Je prapofant ferait
dégagé aufii-tôt ; mais , fi le peuple jugeoit le
changement de la loi inutile ou dommageable,
le réformateur feroit étrangle fur le champ avec
fa corde. Ce réglement ferma la bouche à ces nouveaux
légiflateurs'; & tout le monde craignit de
rifquer fes réflexions fur ce fujet. Aufli depuis ce
temps-là , on ne trouve chez les Thuriens que trois
exemples de loix changées , fur l’avis de trois
hommes qui eurent le courage de fe prefenter
à l’afiemblée en des circonftances remarquables.
H .y avoit une loi qui portoit que fi un homme
crévoit un oeil à un autre , on lui en crevât un
de même. Or a cette bleflure avoit été faite à un
homme ,"qui, ayant déjà perdu un oeil, étoit devenu
tout-à-fait aveugle ; il veut repréfenter a
l’aflemblée, qu’à s’en tenir à la lettre de la loi ,
la punition de fon adverfaire ne feroit point égale
à l’offenfe qu’il avoit reçue de lui ; & que celui
' qUi rend aveugle u n citoyen , n’eft pas fuffifam-
ment puni en per dan t~ un oeil j qu ainfi i équité de-
mandoit que Ton crévat les deux yeux à celui
qui lui avoit fait perdre le fëul qui.lui reftoit. En
un mot , cet aveugle défolé , après avoir déploré
fon propre malheur devant l’affemblee , ofa encore
lui propofer de changer la lo i , & préfen.ta aufii-
tôt fon col & fa corde. Mais on ne fe contenta
pas de lui laifîer la v i e l a loi fut encore réformée
fuivant fa demande.
Une fécondé loi permettoit aux femmes de renoncer
à leur mari & d’en époufer un autre. Un
homme avancé en âge, ayant été abandonné par
fa femme qui étoit jeune , confeilla aux Thuriens
de réformer leurToi par l’addition d’une .claufe ;
favoir, qu’une femme ne pourroit point prendre
un fccond mari plus jeune que le premier, comme il
ne feroit pas permis à un mari de choifir une
femme plus jeune que celle qu’il auroit quittée. Cet
homme réufiit dans fon entreprise ; & non-feulement
il f e . fauva de la corde , & ' obtint qu’on
fît à la loi l’addition qu’il propofoit ; mais, il parvint
encore à faire que fa femme, qui ne pou voit
plus en époufer. un autre plus jeune que lu i, re-
tournât^dans fa maifon | & s’en tînt à fon*premier
mariage.
Ôn corrigea enfin une troifième lo i, .qui fe
trouve auiïi parmi celles de Solon. Cette loi portoit
que le plus proche parent d’une héritière
univerfelle, a droit de la demander en mariage
devant les juges : 'comme aufli une orpheline a
droit de demander en mariage fon plus proche
parent. Mais ce parent pouvoit fe difpenfer de ce
mariage, en donnant, à fa parente pauvre, cinq #ens
chaumes en dot. O r , une orpheline de très-bonne
famille , mais qui avoit à peine de quoi vivre,
& qui faute de bien , ne trouvoit point de mari,
eut recours à l ’aflémblée du peuple ; là, fondant en
larmes, elle repréfenta fon indigence, & l’oubli
où elle étoit tombée ; elle eut le courage d’ajouter
à fes plaintes , la propofition de retrancher
de la loi la claufe des cinq cents dragmes , & d’obliger
l’héritier univerfel à époufer lui-même fa
parente. Le peuple touché de compaflion envers
cette fille , non-feulement lui fauva la vie-, mais
il obligea même fon parent qui étoit fort riche ,
à l’époufcr, quoiqu’elle ne lui apportât aucune dot.
Ibid. p. 2ÿ).
T hurium , ville de l’Italie , qui fut fondée
par une colonie d’Athéniens , à quelque diftance
de la ville de Sibaris. Tite-Live dit expreflement
qu’elle étoit fituée fur le bord de la mer.
Après la deftruâion de Sybaris, Thurium devint
un état confidérable, fous la difeipline de Charondas.
C’eft ce que l’on vient de voir.
Thurium fut long temps floriflante fous la domination
des Romains ; mais lorfqu’elle tomba en
décadence elle prit le nom de Copia. Voyt{ Sybaris
pour les étymologies.
Hérodote mourut à Thurium. Il eft fait mention
de cette ville par Diodore . de Sicile , Pline &
Prolemée/ '
' T hurium , Ken de la Grèce , dans la Beotie.
C’étoit, félon Plutarque, la croupe d’une montagne
fort rude, & qui finit en pointe.
TH U SCI, nom d’une terre qui appartenoit à
Pline. Cet auteur dit qu’elle étoit fituée dans l’intérieur
de l’Etrurie, & même au pied de l’Apennin.
THUSCUS VICUS „ nom de l’une des fept
montagnes de la ville de Rome. Elle étoit auparavant
nommée Ccelius morts, félon Varron.
THUSDR1TANUS, fiège épifçopal d’Afrique,
dans la Byzacène, félon la conférence de Carthage.
THUSII : ces peuples, que nous appelons en
françois Thufiens, paroiflent avoir appartenu à la
nation des Cauci ou Cauques. Ils habitoient, a ce
que l’on penfe, le pays que le Zuiderzée couvre
a&uellement en grande partie. On. croit que le
T H Y
bourg d’Oppertoes près de Medenblik, eft le feul
qui relie de leurs habitations.
. THUSSA, ville de l’Italie, dans 1 Emane,
félon Mvrfilus de Lesbos, cité par Ortélius.
THUTHOA , fleuve du Péloponnefc > dans
l’Arcadie. Il allo’if fe perdre dans le Ladon, félon
Paufanias. , . _. r
THUSICATH , ville de l’Afrique propre , lur
le golfe de Nuinidie, entre le promontoire Fre-
tmn & le golfe Okackhes1 félon Ptolemee.
. T H Y A , canton de la Grece , près de Delphes
& du fleuve Cephiffus, où les Delphiens offraient
des facrifices. Hérodote . eft le feul auteur qui eu
ait parlé, L . l v i , ç . 17F- .
THYAMIA , ville du Péloponnefe, dans la
Sicyonie, félon Xénophon. . -
THYAMIS nom d’une ville de lArachohe.
Elle devoit fa fondation à Sémiramis -, félon Etienne
de Byfance. „ . l
T h y a m i s ou T h y a m u S, nom d’un promontoire
de l’Epire. Il fervoit de bornes entre la Thefprotie
& là Cefti'inie, félon Ptolemee. Dans Thucydide
on lit T h y a m u s . ,
THYAMUS ou T h y a m i s , nom a un fleuve de
FEpire , félon Strabon & Pauiànias. ,.
THYARIS rivière de l’Afie, dans la Phrygie
fakitaire. Elle couloir dans la partie feptentriona e
de cette province, aux environs de la ville de
Dorylée, & fe rendoit dans le Sangaré.
TH YA T IR A ( A k h i t f a r ) É. ville de 1 Afie nu
neure, dans la Lydie, félon Etienne de Byfance:,
-Ptolemée & Pline. Le premier dit que dans la
haute antiquité, cette ville a ete appelée P'iopc
Pdopea ou PdopU, & qu’elle fut enfuite nom» e
S ém i r a m i s . Pline rapporte quelle a aufli porte le
nom é'Evipp*. Elle reçut celui de Thyatire de
Seleucus Nlcanor., qui le hu donna dun.mot
grec qui f.gnifie une fille, parce que, comme on"
îe lit dans la relation du voyage que M. de Peyf-
fonel a fait en cette ville, fe trouvant dans Thya-
tire lorfqu’il faifoit la guerre a Lyfimaque il
reçut , la nouvelle qu’il lui etoit ne une fille.
Etienne de Byfance rapporte ce fait, & lui donne
aufli une autre origine ; il raconte que les My-
fiens voulant bâtir une ville, confultèrent oracle,
qui leur répondit qu’ils dévoient en jetter les fon-
demens dans le lieu où ils trouveroient une biche
fuyant, après aVôir ete atteinte dune fléché. Ils
la rencontrèrent en ce lieu, & y fondèrent cette
' M. de Peyflonnel rapporte une infeription de
Thyatire; il dit qu’elle paraît poftérieure an régné
d’Adrien, & prouve que cet empereur avoit un
temple dans cette ville, d’où le marbre de 1ml-
cription étoit forti. Il ajoute que.l’on trouve des
médaillés frappées en l'honneur d’Adrien , & qu il
ignore pourquoi cette ville n’y eft pas qualifiée de
Néocore ; qu’il femble que ce titre lui appartenoit
légitimement. nuifqu’il y avoit des jeux établis,
T H Y Î49
Strabon dît que la ville de Thyatira étoit confi-
dérée par quelques auteurscomme la dernière
du dîftriél de la Myfie. Cet auteur ajoute qu’elle
étoit une colonie des Macédoniens.
On lit dans le voyage à Thya'irc, par M. de
Peyflonnel, que Philippe roi de Macédoine, de
concert avec Antiochus-le-Granddans l’expeditioil
qu’il fit en Afie pour dépouiller le jeune Ptolemée
Epiphane, l’an 202 avant J. C . , marcha vers cette
ville. Il ajoute qu’il n’efl pas dit dans l’hifioire fi
ce .prince fit alors quelque tentative, ni quel en
fut le fuccès. Il y paflà encore l’an 190 avant
J. C . , pour retourner à Sardes, après que les
Romains fe furent déclarés contre Antiochus.
Après que Scipion eut défait Antiochus près
de Magnéfie. du Sipyle, la ville de Thyatire envoya
des ambafladeurs aux Romains , pour leur*
rendre hommage & fe foümettre a eux.
Thyatire fut prife par Ariftonicus, l’an 130 avant
J. C. ; mais ce-prince ayant été pris la même
année par le conful Pèrpenna, cette ville rentra
fous la domination des Romains.
Thyatire reçut de grands bienfaits de l’empereur
Caracalla , félon une infeription que rapporte
M. de Peyflonnel, qui ajoute qu’une médaille de
cette ville , frappée au nom de l’empereur Geta,
citée par le P. Hardouin ,. d’après Triftan , paroît
prouver qu’elle prenoit fous le règne de ce prince
le titre de Néocore. Le même auteur dit qu’il y
a lieu de croire que l’empereur Caracalla avoit
été à Thyatire, & que l’on y avoit exécuté les jeux
pythiens en fa préfence ; que l’on peut le conjeéhirer
par la médaille de ce prince, où l’on voit l’empereur
défignant'fon heureüfe arrivée dans la ville ,
en donnant la main au génie de Thyatire, repré-
fenté fous la figure d’une amazone, qui, fuivant
Etienne de Byfance, doit être l’amazone Pelopid.
Thyatire a été une des fept églifes de l’Afié
dont il eft fait mention dans l’Apocalypfe. La
religion chrétienne y fut introduite par les apôtres
& leurs difciples ; mais on ne fait pas fi cette
églife.a' été fondée par S. Paul ou par S. Jean.-
Il eft cependant certain que lorfque le dernier
écrivoit l’Apocalÿpfe, il y avoir eu plufieurs
chrétiens dans cette ville , & qu’ils y étoient même
fous la. dire&ion d’un évêque.
Les habitans de Thyatire avoient une vénération
particulière pour Diane. M. ‘ de Peyflonnel
dit que plufieurs inferiptions trouvées à Thyatire,
font foi du culte que ces peuples rendoient à cette
divinité. Dans une de ces inferiptions, cette déefle
eft qualifiée Diana montant, la Diane montagarde ,
épithète qui lui avoit été donnée à caufe des montagnes
qui entourent la ville ,* & où les habitans
alloient vraifemblablcment prendre le divertiflemènt
de la chaflfe. Cet auteur ajoute qu’il a rapporté
deux médailles de Thyatire;. que l’on voyoit dans
l’une une tète de femme couronnée de tburs, &
au revers un aigle tenant la foudre. La fécondé,
ayoit une tête de Pallas, & au revers la figure