
de'Térouène : cette dernière ville ayant été ruinée j
en x 5 5 5 , par l’empereur Charles-Quint, on créa
en 1559, de nouveaux évêchés ; on n’en établit
qu’un à Boulogne , qui comprenoit toute la partie
du diocèfe de Térouène, qui dépendoit alors de
la France. Les cités du Mans & de Jublent,
civitas Ctnomdnorum & civitds DUblintum, font
deux cités distinguées dans la même notice, &
qui furent comprifes dans le diocèfe & fous la
jurifdiâion de l’évêque du Mans : on peut même
dire que ce diocèfe comprend une trotiième.eité
la cite des Arviens , qui ayoit été ruinée avant
le cinquième fiècle, & réunie à la cité des Ceno-
mani. On doit à M. d’Anviile la découverte de
la pofition de cette cité.
La cité de Bayeux, civitas BajocaJJium de la
notice, comprenoit le territoire des Bajocaffes &
des Viducaffes, dont la ville avoit été ruinée. Ces
deux cités réunies formèrent le diocèfe de Bayeux
fpus la jurifdiâion de cette ville. La cité de
Bayeux, civitas BdiocaJJîum, eft nommée la première
de la fécondé Lyonnoife, après Rouen, la métropole.
Les évêques de Bayeux ont toujours prétendu,
à caufe de la prééminence de leur cité épifcopale ,
.avoir dés honneurs & le pas fur les évêques des
autres cités de la même province. Le premier
évêque connu de Bayeux , S. Exupère, que l’on
appelle aufli S. Spire , vivoit à la fin du IVe fiècle
& au commencement du Ve. • On ne fait plus
l’opinion qui fàifoit remonter les premiers évêques
des églifts feptentrionales des Gaules jufqu’aux fiècles
des Apôtres.
Le diocèfe de Bayeux, compofé du territoire
de deux cités, eft très-éteadu. Ses bornes-naturelles
font, du côté du couchant, la rivière de
V i r e , depuis fes fources jufqu’à fon embouchure
dans la mer , qui le fépare du diocèfe de Cou-
tance ; au feptentrion, la côte de la mer ; au
levant, la rivière de Dive , depuis fon embouchure
dans la mer, jufqu’à la hauteur de Méfidon ,
Mantio Odonis, ancien lieu connu dans les écrivains
de Normandie. La rivière de Dive fépare
les diocèfes’ de Bayeux & de Lifieux ; au midi
le diocèfe de Bayeux eft féparé de celui de Séez
par une ligne tirée au travers des terres, depuis
Méfidon jufqu’aux fources de la rivière de Vire.
Telles font les limites de l’ancienne, cité de
Bayeux ; mais dans la fuite des temps il y a eu
des changemens occafionnés par les conventions
des évêques. La ville de Briovera, aujourd’hui
S. L o , étoit primitivement de la cité de Bayeux
étant fitùée à la droite de la rivière de Vire. La
ville de Briovera étoit un très-ancien domaine de
l’églife de Coutance; les évêques de cette ville
ÿ faifoient fouvent leur féjour. La ville de Brio-
vcra, ainfi appelée d’un pont fur la rivière de Vire,
étoit le féjour des premiers évêques de Coutance.
Leontius ou Leontianus, afîifta au premier concile
d’Orléans de l’an 5 1 1 , 8c foufcrivit epifcopus
eccUJia Conftantinte ; & dans deux manufçrits, ex
civitate Briovera, & l’évêque Lartto ou Landus
foufcrivit aux aâes du cinquième concile d’Orléans
de l’an 549, Lanto epifcopus ecclefiae Conftanùce,
vclBrioverenfes. Cet évêque étant mort à Briovera ,
la ville prit dans la fuite fon nom S. L o , qu’elle
a encore aujourd’hui. L’églife de Coutance avoit
toujours confervé le domaine de S. L o , qui lui
fut confirmé en 1056-, par Guillaume, duc de
Normandie. En 1576, Artur de C o llé , évêque
de Coutance, aliéna la baronnie de S. Lo en faveur
du maréchal de Matignon, qui donna en échange
le château de la Motte, fitué à deux lieues fud-
oueft de S. Lo.
On voit donc que dans les foufcriptions des
conciles, les prélats ont pris le titre d’évêques
de Briovera. Ils obtinrent des évêques de Bayeux,
que la ville de Briovera & fon territoire feroient
détachés du diocèfe de Bayeux, & annexés au
diocèfe de Coutance. En effet, la ville de S. Lo ,
& quatre paroilfes voifines, étoient de çe diocèfe ,
& fous la jurifdiâion de l’évêque de Coutance.
D’un autre côté, par une pareille convention, la
jurifdiâion de l’évêque de Bayeux s’étendoit fur
quatre ou cinq paroilfes du Cotentin, enclavées
dans le diocèfe de Coutance ; le lieu principal étoit
Sainte-Marie , & une autre paroilfe, appelée Lieu-
faint, & prefque aux portes de Valogne.
La baronnie de Combremer, enclavée dans le
diocèfe de Lifieux, étoit un ancien domaine de
l’églife de Bayeux, & qui avoit été exempté
de la jurifdiâion de l’évêque de Lifieux. Philippe
de Harcourt, évêque de Bayeux, fonda l’abbaye
de Val-Richer en 1150, dans l’étendue de cette
baronie, & déclara que le Val-Richer étoit de
fon diocèfe : Locus Vallès Richerii qui & par-
rochiâ noflrâ Jiius ejl ; & dans, les lettres de l’archevêque
de Rouen qui,confirment la fondation,
qui ejl de feodo Bajocenjis ecclefia. , 6» parrochia*
D’un autre côté, l’églife de Lifieux polfédoit la
baronnie de' Nonant, dans le diocèfe de Bayeux y
entre les villes de Bayeux & de Caën. Cette
baronnie avoit été aufli exemptée de la jurifdiâion
de.l’évêque de Bayeux, & foumife à l’évêque
de Lifieux. Jourdain du Houmet, évêque de Lifieux,
fonda , avant l’an 1246, l’abbaye de Mondée,
ordre de Prémontrés, fur le territoire de cette baronie.
L’abbaye & quatre paroilfes dans l’étendue
de cette baronie , dépendoient, pour le fpirituel,
de l’évêque de Lifieux.
Tels font les changemens arrivés dans les limites
de l’ancienne cité de Bayeux, quoique cette ville
ait fouffert par les accroiffemens de la ville de
Caen , qui eft devenue l’une des plus belles & des
plus grandes villes de France. Cependant Bayeux
eft encore une ville confidérable.
A ce que l’on vient de lire , & qui prouve
inconteftablement que les peuples Vadicaffes ne
doivent pas être placés où l’a cru M. d’Anviile,
je vais ajouter ce que dit M, l’abbé Belley,
Mim. * tacnd. d*s B. L , t. x x x , hifl p . v ) ,
louchant ce même point de géographie. II prouve :
Oue la ville A’Arigenus, que l’on reconnoit
être la même que YAroegenuc de la Table, doit être
fixée à Vieux, & non à Bayeux. ;
λ. Oue les peuples nommes par Pline lont les
mêmes, & ont le même nom que les peuples
nommés par Ptolemée, avec une légère différence,
oui eft moindre entre le texte de Ptolemee Sc
Quelques variantes de Pline, qu’elle n eft entre les
variantes de Pline même. Dans cet objet de com-
naraifon, il cite un grand nombre de manufçrits; &
d’éditions de Pline, & le contentement unanime des
favans qui, depuis près, de trois fiecles affurent
que Pline & Ptolemee ont parle d un feul & meme
peuple; & comme on reconnoît que ces peuples,
tels qu’ils font nommés par Pline, font les anciens
peuples de la cité de Bayeux, il s’enfuit que ce
font les peuples de Bayeux qui ont ete nommes
par Ptolemée, & que la ville de Bayeux eft lantienne
Nceomagus. B K rr c
,0. Si Ptolemée avoit place les VindicaJJes lur
la côte feptentrionale delà Lyonnoife, prèsi des
confins de la Belgique, il n’y auroit plus de difficulté
; mais comme ce géographe a place les Ftn-
dktffts avec les Mddi i l’extremite de cette province
, vers le fu d -e ft, il eft vifible quil les a
étrangement déplacés. Il rapporte enfuite de nouveaux
exemples de pareils déplacemens qui écartent
des peuples & des villes de la Gaule de leur véritable
pofition de cent jufqu’à quatre-vingts lieues.
Il conclut que la géographie de Ptolemee, ouvrage
d’ailleurs- eftimable, ne peut etre cite pour
la détermination des pofitions locales dans la
finit ce mémoire par phifieurs obferva-
tions’ fur plufieurs voies romaines. _
I Avant la découverte des ruines des villes
des’peuples Undli & Fiducaffes, l’ancienne géographie
de cette partie de là Gaule etoit obfcure
& prefque inconnue : les favans étoient partagés
fur la pofition de ces peuples & de leurs anciennes
capitales. Quant aux Undli, quelques-uns, comme
l’auteur des commentaires de Céfàr, avouent qu ils
étoient inconnus, Undli ignoà; les autres les ont
placés dans le Perche 8c dans le Maine, ou en
Bretagne: enfin, ceux qui, apres NicolasSanfon,
ont fixé ces peuples dans le Cotentin, ont varié
fur la pofition de 'a ville capitale ; les uns la
plaçant à Coutances, les autres à Carentan.
La pofition des peuples Viducaffes n étoit ni
moins incertaine, ni moins conteftée entre nos
auteurs: les uns ont diftingué les Ftducaffu de
Pline, d’avec les Fadïaifii de Ptolemee , oc
les ont placés en des cantons différens. M. Huet
& le P . Hatdouin regardoient le nom de Ftducaflcs
de Pline, comme une variante du nom Fadicajfes
ou Bodiocajffes , qui avoit paflè de la marge dans
le texte. M. Huet a fixé les Fadicaffu ouFidurde
Ptolemée près de Caën. Le P. Hardouin dit
que fi les Viducaffes de Pline font les mêmes que
les Viducaijii de Ptolemée, il faut les placer à
Dinâii en Bretagne ; enfin Adrien de Valois,
Cellarius & l’abbé de Longueme , ont cru que ces
peuples Viducaffes dans PUne & dans. Ptolemée ,
étoient les mêmes que les Bajocaffes, les peuples
de Bayeux.
Tel étoit, au commencement de ce fiècle, l’état
d’incertitude & d’indécifion de nos auteurs fur les
anciens peuples de cette partie de la Gaule.
M. Foucault, honoraire de l’académie des belles-
lettres , & intendant de Caën, pour fatisfaire fon
goût pour les antiquités de notre nation & une
curiofité louable, fit fouiller en 1695 , d’anciennes
ruines près de Valognes. Les recherches & les
travaux qu’il publia ne furent pas inutiles : on y
trouva de magnifiques reftes d’une grandé ville
romaine, un amphithéâtre, des bains, & plufieurs
morceaux d’architeâure ; des fouterreins, un grand
nombre de tombeaux, d’urnes fépulcrales, de médailles
d’empereurs en tous métaux. On y voit
encore dans une grande étendue de terrein des
morceaux de briques & de tuiles : tous ces mo-
numens annoncent l’emplacement de Crociatonum
capitale des Unelli, qui eft fixee par la table de
Peutinger, dans cette partie du Cotentin.
Quelque temps après, en 1704, M. Foucault
accompagné de M. Galland, aufti de 1 academie
des belles-lettres, examina les ruines du village
de Vieux, à deux lieues de Caën ; les plus apparentes
étoient un aqueduc, un refte de chauuee
romaine, quelqnes débris de colonnes , des frag-
mens d’infcriptions, &c. On fit fouiller dans le
village & aux environs, & l’on découvrit plufieurs
édifices dont les fondations étoient encore entières ,
& dont le plus remarquable étoit un gymnafe
complet avec des bains. On déterra un grand
nombre de médailles antiques du haut & du bas
empire, depuis les premiers Cefars jufqu aux en-
Fans de Conftantin, & plufieurs infcriptions romaines.
On avoit découvert à Vieux , au x v i e
fiècle, ce fameux marbre qui a été tranfporre au
château de Torigny : ce marbre , dont trois faces
font écrites, eft une bafe qui foutenoit la ftatue
de Titus Sennius Sollemnis, originaire de la cite
des Viducaffes, à qui les trois provinces des Gaules
( l’Aquitaine, la Lyonnoife & la Belgique ) (i) ,
avoient érigé ce monument dans la ville.
T R E S P R O V . G A L L .
. . . .M O N V M . IN SVA C IV IT A T E
P O S V E R V N T .
(1) Cétoient les trois grandes provinces foumifes
l d’abord par Céfar. t _
N n I» 2