’enfemble de ces diftances, furent forcés d’en admettre la plus grande partie, & ne purent
hafarder que des correâfons partielles dans lesÇ lieux qu’ils parcouroient le plus.
Ces corredions devinrent le principe de là variété qu’on remarqua dans les divers
fyftemes géographiques des anciens, & dans les diftances qu’ils fitppofoient exifter entre un
lieu & un autre. Heureufement, ils ne touchèrent point fenfiblement à la longueur de là
Mediterranée, ni à celle de l’Alie , jufqua l ’embouchure du Gange. Ils en confervèrent
la mefure, telle que cette ancienne parte la préfentoit. L’e.rreur qui réiultoit néceffairement
de fa projeûion, ne fut d’abord que d’environ un cinquième fur les diftances, dans le fens
de la longitude ; mais les Grecs ayant varié dans la fuite , fur l’étendue qu’il convenoit
de donner au degré du grand cercle de la terre, portèrent l’erreur dans la graduation,
jufqu’à deux feptièmes.
Telles furent les caufes-jqui -répandirent tant d’obfcurité & tant de méprifes dont les
Samfons, Delifle & d’Anvilte même n’ont pu fe garantir dont un génie attentif vient
de découvrir le principe, St donner la méthode de les faire difparoître.
Syjîême d’EratoJlIikn.es.
Dans le nombre des Géographes anciens que le C . Goffelin a fournis à la difcuffionde
fes principes mathématiques, Eratofthènes èft celui qui s’offre le premier : cet ancien difoit
avoir trouve par des opérations gnomoniques que la circonférence de la terre devoit
etre de 252,000 ftades, ce qui donnoit 700 ftades pour le degré. Dans fon obfervation
de 1 obliquité de l’ccliptique, il avoit trouvé lé-tropique, o u , ce qui revient au même,
l’ouverture'de l ’angle formé-par'l’écliptique & l’équateur de 23 ° , 5 i ' r x 51'^ il avoit
auffi- reconnu que .l’arc du méridien compris-entre le tropique & le-zenith d’Alexandrie
étoit de là çb"'-partie dù'cferck oU-de-7?^r2''. Il s’enfuit qu’il fixoit la latitude de cette ville à
3 1 ° , y , 15" , qu’il rédùifiï dansfes cartes â 3 10, valant félon lui 2 1 ,70 0 -ftadesJ:::.
Points principaux en latitud
Ne croyant pas la terre habitable à catifé des exceflives chaleurs, il avoit tracé un premisf
parallele' à 8,300 ftades au nord de l’équateur, & le nommoit parallèle des limites : cette
ligne-paflbit par file des Exilés, en Egypte, par la partie méridionale de l’E thiopie, oit
croifloit le Cinnamome, c’eft-à-dire la canelle ; par la Taprobane au fud de l’ Inde, & fervoit
dé bornes aux-pays ou- Ion croyoit que le foleil ne permettoit plus aux hommes d’habiter,
t Le fécond parallèleétoit-celui de Méroéj il étoit à 3,400 ftades de celui des limites; il
paffoi-t par la partie méridionale de l’Inde. 11 étoit donc à 11,700 ftades de l ’équateur.
Le troifieme parallèle paffoit à Syéné, & fe confondoit avec le tropique : Eratofthènes
lé plaçoit a- 5000 ftades de Meroe, ce qui donne 16,700 ftades de diftance à l’équateur.
C-Le quatrième parallèle eft celui d’Alexandrie, fixé ci deffus à 5,000 fladeJ au nord du
ffdjrque-oiLà 21,7^0! de l’équateur.
Le cinquième parallèle eft le plus important à déterminer, parce qu’Eratofthènes le conduifit
'dans toute la longueur de la terre connue de fon temps. Il le fit palier par les colonnes
d’Hercule , ou détroit de Gadès, le détroit de Sicile, les,parties méridionales du Péloponèfp
& de l’Attique, file de Rhodes, la Carie, la Lycaonie, la Cataonie, le golfe d if fu s , la
Médie, le long- de la chaine d uT au ru s , qui rencontrant les Portes Cafpiennes ( .Cafpix
P.yloe '), s’avançojt, félon lui , à l’eft, jufqu’à Thina. Eratofthènes ayant trouvé, au moyen
d’un gnomon, la mefure de l’arc du méridien, entre Rhodes & Alexandrie^ de 3,7 50 ftades,
il en faut conclure que ce cinquième parallèle étoit à 25,450 ftades de ,léquateury .....
Le dixième parallèle, ou parallèle.dV/;«//« paffoit,félon lu i , à ce qtùl paraît,, par la
Propontide, l’Helefpont, la Colchide, la mer Hirçanienne,.laBaflriane & la.Scythie : il
étoit à 28,450ftades de l’équateur, ;
- Strabonparle aufli d’un parallèle peu diftant au nord du précédent : il paffoit par la Myfi.e,
la Paphlagonie, Sinope, f Hyrcanie & Bachres ; il étoit à, 2.8,800 ftades de d’équateur.
Le feptième parallèle paffoit par Byfaute ; il étoit à 29,80.0 ftades de lequateur. .
Le huitième parallèle paffoit .à l’embouchure, du Boryfthènes...Ce parallèle ,étoit â
3000 ftades du précédent , ce. qui donnoit 34,800 ftades de diftance à 1 équateur.
Enfin un neuvième &c dernier parallèle paffoit à Thule ; il ptop éloigné .de.^ 509
ftades des bouches du Boryfthènes. Eratofthènes fixoit la pofition de cette île -d’après'
Pythéas qui difoit y ayoir obfervé que le tropique d’été y fervoit de cercle ar£fiqy.e ,
c’eft-à-dire, qu’il touchoit l’horizon, ce qui plaçoit Thule à 46,300 ftades de l’équateur. .
Points principaux en longitude.., , , ,
Paffons maintenant à la recherche des principaux points en longitude.'
Eratofthènes comptoit les degrés de longitude fur une ligne qu’il prolongoit depuis le
cap Sacrum àe l’Ibérie, ou.de l’Hifpanie, par les colonnes d’Hercule , le détroit de Siale ,
l’extrémité méridionale.du Péloponèfe & de l’Attique, par Rhodes,,1e golfe diffus,.les portes
Çafpiennes, & le long de la chaîne du Taurus jufqu’à Thinte fur,les côtes orientales de 1 Afie :
c’étoit, comme on vient de le v o ir , fon cinquième parallèle , éloigné de l’equateur de
25,450 ftades. , .. , ... n 1
Et comme ce parallèle , félon lui , ne devoit avoir quun peu moins de 200,000 ftades.
de circonférence, il eft clair qu’il y réduifoit la valeur du degré à environ quatre cinquièmes
de celui de l’équateur, ce qui eft , à peu près , la diminution des degrés de longitude ,
calculée dans l’hypothèfe de la terre fphérique pour une latitude approchant du trente-
ftxième degré & demi. Le degré à cette latitude ne.doit donc comprendre que 555 ftades.
Mais Eratofthènes employoit le degré à raifon de 70^ ftades. Et comme fous le parallèle
de Rhodes,,le cercle ne contenoit, félon lu i, que 200,000,ftades, que du 'cap Sacrum à
l’embouchure du Gange il .eq .comptait 70,000 ,. il foutenoit que la longueur du continent
embraffoit un . peu plus du tiers de .ce parallèle. , La même proportion j e préfëntera fi l on
réduit cette mefure en degrés de 555 ftades chacun, puifque 1 on aura pour 1 intervalle
......... K k k k 2 '