de l’Orient, de la myrrhe , de l’encens & de la
c ifle , qui croiffent lpontanément fur cette lifière
de terre , depuis la baie de Bilur jufqu a 1 occident
de l’Azab , jufqu'au cap Garde-Fan, & qui
de-là , au tournant fud le long de l’océan Indien ,
va fe terminer auprès de la côte de Mélinde, où
l’on trouve la cannelle, mais une cannelle de qua- .
lité inférieure à celle de Ceylan.
L’Arabie ne s’étoit pas probablement alors regardée
comme la rivale de cette autre cote de
la mer Rouge , ni elle n’avoit point encore tiré
de l’Affyrie , l’encens Sc la myrrhe , pour les na-
turalifer chez elle , comme elle l’a entrepris depuis.
Il n’y a nul doute que le principal marché
de ces gommes précieufes ne fût, dans l’origine,
établi auprès de Saba, où on les recueillpit. Mais
la confommation augmentant avec le temps,elles
furent tranfplantées en Arabie, où la myrrhe n’a
jamais réuffi.
Les Troglodytes fe répandirent encore plus ayant
dans le fud. Comme aftronomes , ils avoient
befoin de s’éloigner des pluies du tropique & d’un
ciel nébuleux, qui les empêchoit de faire des ob-
fervations correfpondantes avec celles de leurs
frères de Thèbes & de Méroë. Mais,plus ils pénétraient
au-delà du tropique du lud , plus ils
voypient que les pluies étoient abondantes, & ils
continuèrent à contraire leurs maifons comme la
crainte du déluge le leur avoit appris. Ils trouvèrent
là de très-hautes montagnes , d’un roc fo-
lide , & fituées fous un beau climat. Plus heureux5
encore que leurs frères qui s’en étoient allés
du côté du nord, ils découvrirent que leur nouveau
pays receloit beaucoup d’or & d’argent; ce
qui détermina leur genre de travail & devint la
iource de leurs richeffes dans ces montagnes, appelées
les montagnes de S o f a la , fourniflant des
grains purs , fans aucun alliage, & conféquemment
fans aucun befoin de préparation. ; v
La balance du commerce, qui avoit été fi longtemps
défavorable à l’Arabie & à l’Afrique, tourna
alors à leur avantage, d’apres la puiflante influence
qu’eurent les métaux précieux des montagnes de
Sofala , placées précisément fous les pluies du
tropique du fud.
L’or & l’aigent avoient été conlideres dans
rinde, comme les objets les plus propres àfervir
de retours pour fes marchandes. U eft impoflible
de dire fi ce fut la qualité ou la beauté de ces
métaux, ou quelques"autres raifons plus puiffantes,
qui déterminèrent les hommes a en faire, le ligne
général du commerce. L’hiftoire des événemens
de ce temps-là eft perdue , fl tant il eft vrai
qu’elle ait été écrite. Ainfi toutes nos recherches
à cet égard font vaines.
Le choix des Indiens femble cependant avoir
été très-rconvenable, puifqu’il fut maintenu dans
leur pays ? pendant un grand nombre de fiècles,
& qu’il a été adopté depuis par toutes les na-
f ipns commerçantes, à-peu-près au meme taux 8ç
dans les mèmès proportions que l’or & l’argent
eurent d’abord. C?eft dans l’Inde que ces métaux
commencèrent à être portés dès les premiers temps ;
8c c’eft la même route qu’ils fuivent encore , &
qu’ils fuivront probablement jufqu’à la fin des
fiècles. Qu’eft devenue la quantité immenfe que
les Indiens en ont reçue.? eft-elle confommée }
eft - elle cachée , ou par quelle voie s’écoule-
t-elle ! Voilà des queftions que je n’ai jamais vu
réfoudre d’une manière fatisfaifante.
Les defcendans de Cusch, établis dans les premières
montagnes, y demeurèrent, tandis que
les colonies du nord s’avançoient de Méroë à
Thèbes , & s’occupoient fans relâche des progrès
de l’architeélure 8c de la fondation des villes,
pour lefquelles on commençoit à quitter les cavernes.
Ainfi, les nouveaux colons devinrent laboureurs
, commerçans , artiftes ; ils firent plus
encore, ils furent aftronomes-pratiques , par l’avantage
qu’ils eurent d’être placés fous un méridien
,. nuit & jour, exempt de nuages ; car 'tel
étoit celui de la Thébaïde.
Mais comme il n’en étoit pas de même de
leurs frères, que fix mois de pluies, chaque année
, confinoient dans leurs cavernes, nous ne
devons pas douter que leur vie fédentaire ne leur
fut utile , en les engageant à s’occuper de la ré--
duftion des obfervarions aftronomiques très-mul-
tipliées, que faifoient tous les jours ceux qui vi-
voient fous un ciel plus pur. Nous favons aufli
que les lettres, ou du moins une forte de lettres,
& les cara&ères arithmétiques, furent inventés par
les Cushites du centre, pendant que le commerce,
l’aftronomie, l’hiftoire naturelle des vents 8c des
faifons, occupoient néceflairement ceux qui s’é-
toient avancés vers le fud jufqu’à Sofala (i).
( i) Il paroît donc que les parties élevées de l’Abyf-
finie furent habitées de très-bonne heure. Les anciens
auteurs Grecs & Romains n’en avoient que des idées
vagues, & ne connoiffoient pas du tout l’hiftoire naturelle
de cette partie : cependant, ce qu’ils ont dit de
l’ile de Méroë, & qui eft fuceptible d’extenfïon, fuffit,
je crois, pour y fuppofer le berceau des premières
connoiftances.
Peut-être M. Dupuy, qui a fi favamment traité de
l’origine du zodiaque, mais qui a été ob'igé d’en faire
remonter l'origine à une époque affez reculée pour
que la faifon des débordement, qui commence en juin
en Egypte, commençât au fixième mois correfpon-
dant,°ce qui fait une demi-révolution des points équinoxiaux,
peut-être, dis-je , n’aurôit-il pas eu befoin de
faire remonter fi haut l’origine du zodiaque.
Il a très - bien diftingué que trois fignes du zodiaque
ont. rapport à la marche apparente du foleil -, ce font
le Cancer y 1 a Balance & le Capricorne. L’application en
eft facile. Arrivé au premier de ces fignes, le foleil
paroît rétrograder -, c’eft la marche de l'écréviffe. Par •
venu au fécond, il y a égalité de jours & de nuits >
cette éga’ité eft parfaitement bien indiquée par le
figoe de la Balance. Le foleil , arrivé à fa partie
la plus éloignée de. notre zénith, & en apparènee la
plus abaiffée vers notre horizon, fe rapproche, en ap-
La nature des occupations de. ces derniers, le
foin de ramalfer l’or, de recueillir 8c de préparer
les épiceries, les retint continuellement chez eux ;
mais leur intérêt dehiandok qu’ils répandiffent
ces mêmes épiceries fur la furface du continent ;
autrement leurs mines & le. commerce qui fui—
voit de cette pofl'efïion, ne leur auroient pas été
d’un grarçd avantage. >
Unmeffager étoit abfolument néceflaire aux Cushites
pour ciiarier leurs marchandifés , & la nature
leur en avoit préparé tin chez une nation voifine.
Cette nation étoit, à beaucoup , d’égards différente
d’eux. Elle avoit les cheveux longs, les traits euro^
péens, là couleur de la peau d’un brun foncé ,•
mais non pas comme le noir, ou le neigre. Elle
vivoit dans les plaines, avoit des maifons faciles
à tranfporter , loignoit des troupeaux nombreux
de bétail , 8c erroit au gré de fes befoins, 8c
fuivatk les changemens qui furvenoient dans le
pays qu’elle hâbitoit.
Ces hommes étoient appelés en hébreu P h n t ,
ce qui fignifie , ainfi que leurs noms dans toutes
les langues, P a jleu r s . Et on les appelle encore de
même ; car ils exiftent encore. Ils ont toujours
la même occupation ; jamais ils n’en commencent
d’autres.: ainfi , l’on ne peut s’y méprendre. Ils fe
défignenjt fous différens noms , comme Balowz,
Bagla, Belavée, Berberis, Barabras, Zilla & Habal,
qui tous, avec quelques modifications, fignifient
parence, & remonte vers le fommet de la voûte cé
lefte; il eft au ligne du Capricorne ou de la Chèvre ,
dont fes goûts habituels font de parcourir les montagnes.
'Mais, dit M. Dupuy, le «Capricorne lui-même eft
un ligne qui emporte avec foi l'idée de' l'eau, par la
manière dont il eft figuré dans certains planifphères-, le
Verfeau & les Poiffons fontévidemment des fignes.aqua-
tiques’, or, c’eft précifément alors que le Nil eft rc;i. é en
Egypte. Ainfi , enmême temps que les Egyptiens ont invente
le zodiaque , on voit que la natu'.e même de
leur climat & des révolutions périodiques des faifons
.s’oppofoient à ce qu’ils indiquaffent la faifon des eaux
lorfqu'ils en avoient le moins, l ia donc fallu, conc ut
' “M. Dupuy, qu’ils inventairent ces fignes dans un temps
ou ils avoient des fail'ons contraires à celles qu’ils ont
afruellèment.
Mais ce que nous favons de l’Abyflinie fufnt, ce
.me femble, pour l’origine du zodiaque ; au moins quant
aux-fignes qui ont rapport aux eaux. 11$ indiquoïent
tout fimplement le temps des pluies. O r , les pluies
y commencent ''en novembre, & durent pendant décembre
, janvier, février & mars , & même avril, avec
plus ,o.Li moins de force ; il n’eft donc pas étonnant que
ces premiers aftronomes, ces Troglodytes, étudiant
& travaillant dans les grottes de leurs montagnes , oient
indiqué comme des mois pluvieux, ceux où réellement
ils vo.yoient tomber les pluies. Ils-les indiquoicnr à
ceux .qui é.toient établis au loin , à ceux dé l’Egypte ,
jpar .exemple, .qui n’en avoient pas même i’idée. 11 eft
plufieuts autres points du fyftêrne de M, Dupuy, que
.Von pourvoit .expliquer de même ,/quoique d’ailleurs
le mémoire -que je connois foit très.-favant & très-
philolophique t & enfin, peut-être plus vrai que mon
explication.
Géographie ancienne. Tonie III,
p ajlm r, : c’étôif aufli le fens du mot I l y r f o s , qûe
l’on trouve dans les . écrivains Grecs.
Ces auteurs , en parlant des parieurs, pareirient
connoître. fort peu et ux de la Thébaïde , Sc e n c
o r e moins ceux, de l’Ethiopie. Mais ils fe bornent
à parler de ceux du Delta, comme s’ils n’a voient
pour objet que de repaffef dans i’Affyrie, en Pa-
leftïne & en Arabie. Ils ne difent ni quelle fut
leur origine , ni par quels moyens ils devinrent
fi puifiàns, ni quelles étoient leurs occupations ,
ni quel pays ils habitoient d’abord, ni ce qu’ils
font devenus depuis. Sur-tout il paroît qu’ils regard
oient cette race comme abfolument éteinte.
Toute l’occiipatrbn des parieurs fut de répandra
dans le continent les marchandées de l’Arabie 8e
de l’Ethiopie. C’eft-ià ce qui les fit devenir une
grande nation, parce qu’à mefure que leur commerce
augmenta , ils accrurent le nombre de leurs
beftiaux , ils fe multiplièrent, 8c occupèrent un&
plus grande étendue de terrein.
On connoîr cette chaîne de montagnes qui ;
très-élevées, s’étendent du fud prefque drc-it au
nord, tout le long de l’Océan Indien, parallèlement
à la côte , 8c jufqu’au cap Gardefan. Là elle
change de direâion , ainfi que la côte , 8c fe prolonge
vers l’oueft julqu’au nord de Bat-.l-Mandeb,
renferment le lieu où croiffent l’encens 8c la myrrhe,
pays très - confidérable à l’occident de celui qne
l’on appelle aêfiielbment Azab. De Bab-el-Mandeb,
ces montagnes s’avancent vers le nord, en fui-
vant la côte de la mer Rouge, 8c elles fe terminent
enfin aux plaines,de Zelle de l’ifthme de Suez,
qui tira probablement fon nom de Suah_, parieurs.
La longue lifièrë de terre qui s’étend fur les
bords de l’Océan Indien 8c de la mer Rouge,
étoit fans doute néceflaire aux parieurs pour cha-
rier les marchandifés dans les ports de ces rhers,
8c de-là à Thèbes S i à Memphis, fur le Nil. Cependant
le principal fiège de leur réfitlence 8c de
leur empire étoit cette partie baffe 8c" unie de
l’Afrique , qui fe trouve entre le tropique du
nord 8c les montagnes de l’Abyflînie. Ce pays
eft dlvifé en pluficurs diririçls. Celui qui s’étend
le long de la côte , depuis Maffuah jufqu’à Suakein ,
8c qui enfuite tourne vers l’occident 8c continue
à fuivre cette direction jufqn’aux défeits de Sêli-
ma 8c aux confins de la Libye , borné par le Nil
air midi 8c par le - tropique , au feptentrionfe
nomme le pays de Beja. La. contrée voifine eft
ce diririél qui a la forme d’un bouclier , où Mé-?
roé étoit, dit-on, bàde.
Ce nom de Méroë lui fut donné par Cambifes,
On l’appelle aujourd’hui l’Atbara. Il eft fi rué entre
le Nil 8c l ’A jla b o ra s . Entre le fleuve Mareb , l’ancien
A J lu fa fp e s à l’orient , 8c 'l’Atbara à l’occident,
eri la petite plaine de Derkin*, autre dif?
trift des parieurs (i)
(i) Je dois convenir qu’en fuivant rigoureuferaent
des yeux fur la carte, cette deferiotion me parut
- i Ddd