
la crainte qu'eut Verrès de fe rendre dans cette
v ille , parce que l’abord en ètoit difficile , qu’ap-
paremment elle ètoit élevée fur un rocher fort
âpre.
Agathyrnum étoit au nord-eft, enfuivant la côte.
On a dit auffiAgathurnq ,- & l’on trouve, dans les
auteurs grecs, Agathyrion, comme dans Ptolemée ;
& Agathyrfon, comme dans Strabon. Cependant
Etienne de Byfance écrit Aycc^vpvct, Agathyrna.
Le promontorium Agathymuin, au nord, avoir pris
fon nom de cette ville..
En redefcendant de ce promontoire par le fud-
eft, après avoir traverfé le fleuve Timethus,. appelé
Timethum pas Ptolemée, on arrivoit à Tyndaris.
Elle étoit fur une montagne au bord de la mer;
cette roche a été en partie brifée. II. y rafle encore
de belles murailles bien épaifles & bien taillées,
un théâtre & un autre édifice antique.
C’eft en- plaine mer , en face., de Tyndaris, que
la flotte d’Augufte remporta, la vi<floire fur celle
du jeune Pompée.
Le petit fleuve Halices étoit peu loin,, à l’e ft,
de Tyndaris : en le remontant, on rencontrcit'.
d’abord Abacenum, près le lieu où les Syraeufains
remportèrent la viCloire fur Démétrius , l’an 451
avant J. C. /
Noez ou Nomoe., étoit un peu plus avant dans
les terres, au fud-eft.
En remontant la côte au nord-eft, vers Mylet ,
on trouvoit, en arrivant à la péninfule où étoit cette
v ille, un lieu célèbre par une victoire d’Hiéron II
fur les Carthaginois, Fan 2,-64 avant J. Ç. C ’étoit
tout près du petit fleuve Longeznus.
La mer, que l’on avoit en face, n’étoit pas.
moins célèbre par deux batailles mémorables, celle
des Romains, fur les Carthaginois, l’an 2,62 ; &
celle , plus moderne, des Sfrrazins fur les Grecs,
l’an 889 de notre ère.
Au-delà de la prefqu’île , étoit le petit fleuve
Mêlas,. près le temple de. Minerve Fafceline ou
Faceline.
Enfin on arrivoit au cap Pélôre , par lequel j’ai'
commencé cette defcription.
Je ne me difîimule pas que j’ai omis plufieurs
lieux, fur-tout de l’intérieur de l’île , dont on
trouve les noms dans quelques : auteurs &. fur
quelques cartes: mais cet article eft déjà long,
ces lieux font peu intéreflans, & l’on peut recourir
à Cluvief, au P. Mafia, & à d’autres auteurs Siciliens
qui ont traité cette matière avec une étendue
& une érudition dont je me ferois bien gardé,
quand même jeTaurois pu;..
Géographie de la Sicile, félon Ptolemée.
:°. Côte occidentale
Phalacrium, prom.
Mylet.
Eliconis , fl. oftia.
Tyhdarium.
Tymethi, fl. oft*
Agathyrium.
Alonttum.
Chydcc,. fl. oft,
CaiàEla.
Alcefa.
Akte (2).
Monali, fl. oft.
Cephaloedis.
H truer a. , fl. oft.
Thermit Himeret (ville)«
Olulis.
EkElheri, fl. oft.
Panormus.
Bathis, fl. oft.
Cattaria.
Drepanum.
Emporium Scgefiarurtti,
JEgitharfus, prom.
2.0. Côte méridionale..
Lîlybceum , ville & prom.
Acithii, fl. oft.
Selenuntis, fl. oft.
Madare, fl. oft.
Pintias
Soffit, "fl. oft.
Isburi, fl. oft,
Heradta.
H y p f a , fl. oft.
A c ra g a n tïum emporium4
H ïm e m , fl. oft.
Ipori, fl. oft.
Bucra, prom.
Caucan a.
M o t y c a n i , fL oft.
O d y ff ia ou U ly jfi-a , promïr°.
Cote orientale.#
Pachynus, prom.
Phetnicus ,■ portus.
t O fini, fl. oft.
Lôngum, prom.
Cherfo nef us.
Syràcüfce,' colonia.
A l a b i , fl. oft.
Taurus, prom.
Pantachï, ff. oft.
Catana, colonia.
■ Symctthi, fl. oft.
Tauromenium, colonia*
Argenum, prom,
Mejfana.-
Montagnes remarquables.
Ætna. Cratas..
Villes de l’intérieur..
Capitiumi.
Abacatna.
Hemichara
Tiffa.
AlEla.
Çenturipot,
Dymethus.
Ætna..
Agurium
Herbita.
Sergentiumi
Hydra.
Leontium.
Erbejfus.
Neftum (3).
Menet.
Patioras.
A férus. .
Enna.
Petra.
Megara..
Erybla.
Engium.,
Cotyrga.
Cacyrum.
Acr.ect.
Schera.
Triocla..
Acragas.
Motuca.
Segefla.
Legum.
Entella.
Ancrina.
Après avoir donné une idée générale de la
fituation de la Sicile, il en décrit les côtes, puis
l ’intérieur.
(1) Te me conforme- aux expreffions de Ptolemée.
(2) Eft dans la traduction, & non pas dans le. texte.
(3) Nechim, félon le grec ; Neetutn., félon latracluCtieft.
Phthinthia. Htlorusl
Gela ou- Gella. Ina.
Camarina. ' Elcethium.
Forme & noms de la Sicile. Les anciens s’etant
apperçus de bonne 'heure que la Sicile étoit de
forme triangulaire , de-Ià l’epithete de Trinacrie,
qu’ils lui ont fouvent donnée; mot formé de
'reste & dcotpci,' pointe ou promontoire. Cette
•étymologie eft. très-bien exprimée dans les vers
fuivans.
Terra tribus feopulis vaflum procurrit in etquor
Tûnacris,
Ovid. Faß. L.iv*,v. 419.
Mais en fàcrifiant la jufteflè de l’étymologie à
da douceur des fons, les Grecs ont quelquefois
fupprimé IV, & ils ont dit Trinacii. C’eftainfi qu’on
dit .dans Denys le Périégète, v. 467:
T pivctKiït <T' sVî t nertv , vrrsp ers S'ov AvCoïhicov
Ektstcctcli.
Strabon dit formellement que l’on changea Tri-
■ nacria en Trinacia, à caufe de l’eupnonie svGpa-
tvôrspov.
Les Latins ont dit auffi Trinquetrez, qui emporte
le fens de triangulaire. ■
Ces deux noms peuvent bien n’avoir été que des
r épitliète s ; mais le nom réel & très-ancien de la
Sicile eft celui de Sicania, qu’elle reçut du peuple
-appelé Sicani, les Sicaniens.
Productions. Les anciens, qui ont fort vanté
l’extrême fertilité de la Sicile, ne nous en ont
pas fait connoître les produirions minérales , du
moins je ne me le rappelle pas. Et quand les
modernes ont dit, d’une manière générale, qu’elle
produifoit de toutes fortes de métaux , ils auroient
bien dû dire dans quels lieux ces mines fe trou-
Vvoient.
Voici ce que dit M. Hoüel: «On ne connoît
de mines en Sicile, que dans les montagnes qui
font du diftriél de Nifo (fleuve qui fe jette dans la
mier à l’e ft, au nord de Taormine ) , qui coule
dans un lit beaucoup plus vafte qu’il ne le faut
pour l’état ordinaire de fes eaux. Après les pluies,
'il devient un torrent confidérable.
« On y trouve des mines de plomb , de cuivre ,
ou de plomb & d’argent. Toutes contiennent de
l’antimoine, de l’orfen, des marcaffites & autres
demi-métaux imparfaits. On aflùre, dit-il, qu’il y
a une mine d’or qui a été exploitée autrefois,
» On trouve: dans les mines d’argent du lapis-
lazuli très-médiocre.
» Quant aux carrières & aux différentes fortes
de piérres, elles font très-abondantes & très-variées ;
les productions volcaniques forment feules des
collections três-nombreufes & très-intéreflantes ».
Je finirai cet article de la Sicile, que j’ai tâché de
rendre intéreflànt, par un morceau qui l’eft beaucoup
par les vues qu’il prefente, & que j’aurôis mis à la tête
de ce que j’ai dit fur cette île célèbre , fi je l’avois
connu ; car il appartient à la géographie pliyfique,
qui doit, dans l’ordre des chofès, précéder la géographie
politique. Je le tire du quatrième volume
de M. Hoüel, page 67.
Les plus hautes montagnes de la Sicile , excepté
l’Etna, qui s’eft formé.lui-même, & par la fuc-
ceffion de fes éruptions multipliées depuis un grand
nombre de fiècles, ces hautes montagnes, dis-je, pré-
fentent à leurs Commets -des déhris de productions
marines , de poifîons, de plantes ou de madrépores
, & généralement de tous les êtres qui naiflent
& qui vivent au fein des eaux. On en trouve auffi
à toutes fortes de degrés d’élévation; Donc1 2 3 il fut
un temps où la mer domiqoit ces éminences , &
furmontoit de beaucoup leur hauteur aCtuelle.'
L’aCiion de l’air, celle des eaux du ciel, les
o n t, depuis , considérablement -âbaiftees, avant
qu’elles eufîent acquis la dureté qu’elles ont aujourd’hui.
Ceft-donc du fein-des eaux qu’elles^ tirent leur
origine leur élévation actuelle- n’a coûté que du
temps à la nature, & elle n’en eft pas avare ; &
ce ne peut être que fur le fol qui portoic alors
les eaux de la mer, que ces raaflesfe fontformées
par la réunion des différentes fubftances qui les
compofent.
La puiffance des courans amena ces matières
fur le fol pyramidal de l’Etna naiffant. Ce volcan
jetoit alors, par une grande quantité de bouches,
des matières, foit lave, foit pouzzolane, qui s’éten-
doient alternativement & par couches autour de lui.
La plupart des ouvertures par le-fquélles elles, s’é-
chappoient, fe font bouchées depuis en s’éteignant ;
mais il en eft refté qui font leur effet fous terré
en bien des endroits de la Sicile. Les autres n’ont
pas été couvertes , telles que -celles de l’Etna & dqs
volcans de Lipari, dont deux brûlent évidemment,
& un troifièine ne produit que des eaux bouillantes.
Ce font auffi des volcans qui ont produit la plupart
des îles de la Méditerranée.
Il eft probable que l’élévatidn formée par les
productions volcaniques, déterminoit, par les chaleurs
fouterraines, les productions marines à s’unir
à elles. Quelles qu’en foient les raifons, leur union
eft un, fait , 8c voici comment elle s’explique :
Les matières nouvellement produites acquirent
d’abord de la folioté dans quelques endroits, à
des degrés différens ; mais fur-tout aux parties qui.
étoient affifés fur les volcans, parce que les feux
fouterreins, ayant creufé des vuides immenfes où
régnoit une chaleur dévorante, altéroient, par fuc-
cion, toutes les parties humides contenues dans
les matières qui furmontoient les croûtes dont ils
étoient couverts. Ces matières, devenues moins
humides, acquirent de la folidité , & fe trouvèrent
en état de fefifter aux efforts contraires refu-kant
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