
Tans 'doiïfé de la Captivité de Romain I , pou?
s’emparer de la principauté. Cromérus nous apprend
que l’an 1403, il rendit hommage à Jagellon,
roi de.Pologne, & fe mit fous fa protection. Deux
ans après, l’an 1405, le roi l’appela avec fes mi-
niftres & fes confeillers à K a m in k c k , où il promit
Tolemnellement d’être à jamais fidèle & fournis au
roi, à la reine, à la famille royale, & au royaume
de Pologne. Cromérus ajoute que l’année précédente
Romain avoit fait la même chofe; ce qui
fixe l’époque de cet aéte de foumiffion de Romain
à l’an 1404. On peut aufli conje&urer de-là, que
ces deux, perfonnages fe difputoient alors la principauté.
Jagellon employa Alexandre, fon va fiai
& fon allié, dans la guerre qu’il intenta à Sigif-
inond, roi de Hongrie. Il engagea même à ce
vaivode, pour la-fomme de mille roubles, les places
de S n ia t in , de C o lom è t, & tout le diftriâ de P o -
c u c t . 'Dans la même année il parut en Moldavie
un concurrent d’Alexandre , appelé Eftienne, qui
renouvella' au roi de Pologne la promeffe de fidélité
& de foumiffion que fes prédéceffeurs lui
avoient jurée ; il s’engagea de venir lui-même en
réitérer le ferment, o c traiter avec le roi pour la
reflitution du diftriél de P o c u c e . Cet Eftienne étoit
peut-être encore Eftienne II , dont j’ai parlé affez
au long ci-devant, qui eut des démêlés.avec Si-
gifmond, roi de Hongrie, & qui réunifïoit en
1390, les, deux principautés de Moldavie & de
Walaquie. L’an 1415 , Alexandre II reparut fur la
fcène, & renouvella à Ladiflas le ferment de
fidélité, qu’il lui avoit déjà prêté au commencement
de fon règne. Il fecourut auffi ce prince dans
la guerre contre les Pruffiens, lui envoya quatre
cens cavaliers Walaques d’élite, qui firent des
merveilles en diverfes occafions. Ce fut à-peu-près
vers le mêmè temps, l’an 1418, que Mahomet I
fournit la Walaquie à fa domination, & impefa
aux Walaques le tribut annuel qu’ils ont continué
de payer juqu’à aujourd’hui aux empereurs Turcs,
malgré les efforts de Cazyklu Voda, que nous
connoiffons fous le nom de D r a c u la , & les inutiles
révoltes de plufieurs de leurs princes, qui ont
vainement tenté de fecoueir le joug. Alexandre II
fut un prince fage, pieux, & doué de très-
grandes vertus; fa mémoire eft encore chère aux
Moldaves, qui lui ont donné le furnom de D é bonnaire.
Il fonda les monaftères de B itr i^ a 8c de
M o ld a v i i^ a , & fit tranfporter de Trébiçonde en
Moldavie, le corps du martyr S. Jean-le-Jeune.
Il fonda, avec la permiffion du fiège d’Orient,
Farchevêehé de Sou tçava ,, & les évêchés de R o -
tnano & de R a d a o u tÿ . Il régla le gouvernement,
& établit le .confeil des Boyars, tel qu’il fubfifte
aujourd’hui. Ce prince mourut en 1433. L’auteur
anonyme dit qu’il avoit occupé la principauté
pendant trente-deux ans & huit mois : ainfi il faut
rapporter l’époque de fon avènement à l’année
p 401, ou à la fin de l’an 1400.
Alexandre II laiffa deux fils légitimes de deux
femmes çfnlî époufa fucceffivemeiit ; 8c dont Pufte
étoit Sophie, fille de Ladiflas Jagellon. Avant de
mourir, il défigna pour fon fucceffeur Eliafco ou
Elie, qui étoit l’aînée, & fils de la princeffe Sophie.
Celui-ci chaffa fon cadet Eftienne III, né
de la fécondé femme d’Alexandre ; il fit en même
temps étrangler la mère, dont on ignore le nom.
Eftienne fe réfugia d’abord chez le prince de Wa-
laquie, Dracula, que les Turcs ont appelé G a -
ç ic lu V o d a , ou le faifeur de pieux , à caufè de
la cruauté qu’il avoit eue de faire empaler fix mille
hommes, pour un très-mince fujet. Dracula donna
à Eftienne quelques troupes, avec le fecours défi
quelles il vainquit fon frère dans un lieu appelé
L o lo n i s , & le dépofféda de la principauté. Elie
implora l’affiftance de Jagellon , & promit folerii-
nellement fidélité & obéiffance au roi 8c au fénat
de Pologne. Mais Eftienne fit la même démarche
il l’accompagna de riches préfens, ’& fe concilia
la bienveillance des grands du royaume. Ceux-ci
repréfentèrent au roi que la faine politique exi-
geoit de maintenir Eftienne, qui étoit aimé de fe*
fujets, 8c d’abandonner Elie, qui s’en étoit fait
abhorrer. Ainfi, quoique ce dernier fut petit-fil*
du roi par fa mère Sophie, il fut réfolu que l’on
donneroit à Eftienne III l’inveftiture de la principauté.’
Le roi accorda à Elie un apanage, à condition
qu’il demeureroit tranquille, & ne prendroit plus
aucune part au gouvernement. Cet arrangement
ne plut point du tout à Elie; & bien loin d 'y
donner les mains, il entra avec des troupes dans
la Moldavie, & livra bataille à fon frère dans un
endroit appelé D e rm an e jti; mais il fut vaincu pour
la fécondé fois ; ' il recourut de nouveau aux
Polonois, & lés trouva fi peu difpofés à le fe-
courir, que pour lui ôter tous les moyens de
caufer de nouveaux troubles , ils l’enfermèrent
par ordre du roi, dans le château de S ir a t ço , fur
le fleuve V a r ta , avec fa femme & tous fes enfàns..
Eftienne III demeura quelque temps paifible-
poffeffeur de la principauté, & donna, en 1434,.
des fecours au roi contre les Tartares: cette année
fut marquée par la mort de, Jagellon , qui eut
pour fucceffeur Ladiflas V. A peine ce prince
fut monté fur le trône, qu’Elie fe fauva de prifon „
& vint de nouveau attaquer fon frère. Mais il
fut encore battu dans deux aérions différentes; &
enfin Ladiflas, pour les mettre d’accord , leur partagea
la principauté. Il donna à Eftienne la baffe
Moldavie, avec les. villes à 'A fp r o C a f i r o ,. de.
C h o t in , de Sou t^ av a 8 c de J u j f y , & abandonnai
à Elie toute la haute Moldavie, jufqu’à K i l u - i Celui-ci, accompagné des principaux feigneurs de.
fon parti, alla trouver le roi de Pologne à L é o p o ly
mit fon étendard à fes pieds, en figne de foumiffion^
& promit de lui payer tout les ans un tribut des
cent chevaux, quatre cens boeufs, deux mille 8c.
deux cens ocques du poiffon appelé M o r c n e , 8c.
quatre cens hafcillemens de pourpre. Il rendit au,
roi le château de Sibin, qui avoit été cédé à fo£
père Alexandre, fuivant l'auteur anonyme, & ce
prince lui donna en échange le domaine de la
Trille de K a l i t Eftienne fiüvit 1 exemple de ton
f r è t e 6c envoya des ambafladeurs a Ladiflas ,
avec' des préfens confidérables. Il promit au roi
d'obéir à fes ordres, & de vivre à l’avenu en
. bonne intelligence avec Elie. Ces deux frèr«
eurent en effet une entrevue à A jp r o Cajtro , «
quatre ans après, en 1438 , ils allèrent enfemble,
avec tous les grands du pays, fe prefenter au
roi. Eftienne promit alors de payer annuellement
à ce prince un tribut de cinq mille fequins,
& de lui donner outre cela quatre cens chevaux,
toutes les fois qu’il en auroit befsin. Mais dans
la fuite Eftienne fe montra mécontent du par-
rage qu’il avoit Élit avec fon frère. L’auteur anonyme.
dit, d’après des hiftoriens Moldaves, quil
invita Elie à un feftin, & le fit aveugler; mais
ce fait n’eft confirmé par aucun écrivain digne
de foi. Le même auteur ajoute que ces deux princes
régnèrent encore fept ans enfemble, & qu xu-
. tienne, après la mort d’Elie, occupa feul le
.trône pendant cinq ans. Il y a ici une împofii-
bilité manifefte. L’auteur anonyme fixe 1 époque
de l’aveuglement d’Elie à l’an du monde 6956 »
qui revient à l’an de J. C. 1444i de forte quelle
règne d’Eftienne III, feloà ce calcul, auroit ete
prolongé jufqu’en 1456 ; 8 c il eft certain par Ihil-
toire, que dès l’an 14 4 8 , les deux freres ne vi-
yoient plus comme on va le voir dans Imitant.
. Romain I I , fils d’Eliafco , ou d’Elie, fuccéda
aux états de fon père. Son premier foin fut de
chercher l’occafion de le venger de la cruauté d retienne
fon oncle ; il fe ligua avec quelques grands
du pays, fe faifit de fa perfonne, le fit deçà-
. citer en 1448 , & s’empara de toute la Moldavie.
Pierre HL, fils & fucceffeur d’Eftienne LU, le
voyant dépoffédê par ion coufin , ^ pafia en
Hongrie, oc eut recours à Jean Huniade, qui,
à fa follicitation, entra en Moldavie, 6c en chaffa
Romain l’an 1449: celui-ci fe fauva chez Cafimir,
roi de Pologne, fon coufin , lui reprefenta lin-
• juftice de Pierre, & lui demanda du fecours. Le
roi lui répondit qu’il prendroit un parti, dans le
voyage qu’il fe propofoit d« faire en Ruflie.
Lorfmie Cafimir arriva à Lèopol, la mere de
Romain, tante dn roi, vint aufli elle-meme ac-
■ compagnée de deux cens Moldaves, & implora
fon affiftance contre la tyrannie de Pierre. Le
roi lui accorda des troupes ; mais ayant appris,
avant qu’elles fuffent en marche, «pie Romain
avoit été empoifonné par fon compemeur, il je
contenta d’envoyer des émiffaires à Pierre, pour le
fommer de venir rendre compte de la conduite,
renouveller fon ferment de fidélité I & lut rendre
le ILnez Michel, fils de Sigifinond, duc de Lithuanie,
qui s’étoit réfugié chez lut. Pierre répondit
qu'il ne balanceroit pas de fe rendre auprès du
roi, pour lui faire de nouveaux aftes de foumiflion,
gffi craignoit quelque piège ÔC quelque |PU|
trahifon de fa part, qu’il ne pouVoit pas au refte violer
le droit des gens en lui livrant le Knez Michel ;
mais qu’il fe contenteroit de le mettre hors de fes
états; Il l’obligea en effet d’en fortir, & celui-ci
fe fauva chez les Tartares, avec le fecours def-
quels il fit de grands maux aux Polonois. Les
hiftoriens ceffent ici de parler de Pierre III, &
l’on ne fait pas quelle frit la durée de fon règne.
Mais il y a apparence qu’il finit la même année.
Les hiftoriens Moldaves, & l’auteur anonyme
donnent à ce prince deux fucceffeurs, dont les
écrivains Polonois & Hongrois n’ont rien dit.-
L’un eft Eftienne IV, qui régna un an, & l’autre
eft Gombert, ou Djombert, dont le règne ne fut
que de deux mois.
Après ces deux. princes , parut Bogdan IIV
fils naturel d’Alexandre II le Débonnaire. Il
femble que Cromérus rapporte le commencement
de fon règne à l’an 1450. Ce prince eut pour
compétiteur un Alexandre III, fils d'Eliafco ; mais
il le défit dans une bataille très-fanglante qui fut
donnée à T am a fc e n i, auprès de R om a n o . Alexandre,
âgé alors de quinze ans, s’enfuit en Pologne, &
demanda du fecours au roi, qui fit marcher vers
la Moldavie les troupes de Ruffie & de Podolie,
chafla Bogdan, prit C h o t in , Nem e£ 8 c S o u t \ a v a ,
& plaça Alexandre III fur le trône. Mais Bogdan,
après la retraite des Polonois, afferabla,-des
troupes, repouffa fon concurrent, 8c rentra en
poffeffion de la principauté. Alexandre retourna
en Pologne, pour implorer de nouveau l’affiftance
de Cafimir. Le fénat • eonfeilloit d’abord au roi ,
pour terminer tous ces différends, de s’emparer
entièrement de la Moldavie, d’en faire une province
Polonoife, & au lieu de la laitier fous la
domination de fes princes , d’y mettre des gouverneurs
affidés. Mais enfuite on trouva l’execution
de ce projet difficile, à caufe du voifmage
des Turcs, & du caractère altier de la nation
Moldave, qui ne pouvoit fe plier à aucune domi-
nation étrangère. Cette réflexion prévalut, & le
1 roi fe contenta d’envoyer çn Moldavie de nou-
! velles forces pour rétablir Alexandre. Bogdan fe
mit en état de défenfe ; il feignit cependant de
céder, & offrit au roi de reconnoître Alexandre ,
pourvu qu’on lui laiffât l’adminiftration des affaires ,
jufqu’à ce que ce jeune prince fut en âge de
prendre les rênes du gouvernement, mais fon
intention étoit d’amufer les Polonois-,- & de les
attirer infenfiblement dans des défilés j v où il fe
propofoit de les envelopper. Apres plufieurs éve-
nemens, dont on peut voir les détails dans Cromérus
8 c chez l’auteur anonyme', il y eut entre
les deux armées une aâion. très-vive, dans laquelle
les Polonois demeurèrent vainqueurs. Cependant
Alexandre défefpérant defe fouteiiir en Moldavie,
tant qu’il auroit affaire à un fi redoutable concurrent,
fe retira en Pologne , pour tâcher d’engagse
le roi à redoubler fes efforts pour le débarfaticç
entiér^^nç dg L’an i 452-> un
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