
P O S T - S C R I P T U M .
J e fuis enfin arrivé au terme de la carrière que j’avois à parcourir; mais je n’ofe pas
me flatter d’avoir aufli bien rempli ma tâche qu’elle auroit pu l’être. Non-feulement il
exifte dans les Lettres plufieurs hommes dont la profonde érudition eût rendu cette
partie plus inftruûive, & dès-là plus utile ; mais moi-même, avec plus de lo if ir p lu s
de temps & de plus grands fecours, je fens que j’aurois pu mieux faire encore. Cependant
, comme je n’ai épargné, pour réufîir, ni travail, ni recherches, je me crois
quelques titres à l’indulgence du Public. A moins que d’avoir employé dix années peut-
être à revoir ce travail, auquel j’en avois déjà donné-douze, je ne pouvois pas me
flatter de faire mieux. Il ne me refte, en implorant l’indulgence de mes Ledfeurs, qu’à
réclamer les lumières des Savans qui voudront bien prendre intérêt à ce travail. Peut-être
ce DiSionnaire, fur-tout fi l’Editeur, cédant aux voeux d’une portion confidérable du Public,
délivre des parties détachées, aura-t-il l’avantage d’être réimprimé. C e f t , jufqu’à pré-
fent, le plus confidérable" des Diûionnaires de Géographie ancienne. Je n’en connois pas
d’aufli étendu & d’aufli complet- dans aucune langue. Il eft donc probable que quelque
jour il pourra être publié de nouveau. Quelle fatisfaâion ne feroit-ce pas pour l’Auteur &
pour l’Editeur, d’ofirir à la génération qui nous fuivra , un ouvrage perfectionné par la
génération aâuelie?
J’invite donc les perfonnes que leur goût particulier, ou le genre de leurs études
engageront à confulter ce Diûionnaire, & qui feront, par leurs connnoiflances , en état
d’y appercevoir des erreurs ou des omifiions, de m’en faire paffer la note par la voie
de l’Editeur : je les recevrai avec reconnoiffance , & les recueillerai avec foin. J’ai fait
brocher à cet effet un exemplaire de cet ouwage avec du papier blanc entre chaque
feuille. Je ne difîîmulerai pas que moi-même j’y ai déjà placé des remarques utiles. Non-
feulement j’y inférerai celles qui me parviendront par la fuite, mais j’y ajouterai de plus
les noms des perfonnes fi elles paroiffent le defirer.
En attendant que je puiffe donner au Public cette nouvelle preuve de mon zèle &
de mon dévouement, je difpofe une fuite de Tableaux ou de Tables qui, fous les titrés
de chaque grande divifion , indiqueront les noms des peuples, montagnes, fleuves ,
villes, &c. qui y ont rapport. De forte qu’en faifant un choix plus ou moins étendu ,
chacun pourra faire pour foi un ouvrage affez complet de Géographie ancienne.
T A B L E f i
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T A B L E S .
/V-. B. Je crois devoir faire précéder les Tables deftinées à préfenter ua
Syftême complet de Géographie ancienne, d’un Difcours lur l’état des
connoiffances géographiques chez les anciens.
A N A L Y S E
De l'état de la Géographie che£ les Grecs.
V v terminant ce Di&ionnaire de Géographie ancienne, je crois avoir achevé 1 ouvrage
le plus étendu & le plus complet qui ait été publié fur cette matière. Ce fera, fans doute
en ce genre, un des livres les plus utiles, fans être , je l’avoue fans peine, le plus
important. D u travail, de la patience, quelque érudition, & de la méthode mont fuffi
pour conduire à fa fin ce travail d’environ douze années. Mais le génie fyftématique
de la Géographie, cette perfpicacité propre à trouver la vérité , malgré les erreurs dont
ïavoient voilée les anciens, ne m’ont pas affez bien fécondé. Heureufement que dans le
moment où j’écris, la nature les a donnés, dans toute leur force, au citoyen Goffelin. Il vient
d’en publier un effai dans un ouvrage intitulé : Géographie des Grecs analifée, ou Us fyftemes
de Strabon G de Ptolémée comparés entre eux & avec nos connoiffances modernes.
Il refulte du travail, vraiment n euf, du citoyen Goffelin, que les Grecs n’ont traité la
Géohraphie que longtemps après des peuples infiniment plus inftruits qu eux , peuples
qui avoient certainement des connoiffances très-étendues en aftronomie, & quil a fu
appliquer, avec le plus grand fuccès, à la defcription de la terre , & a la conftruûion des
Cartes géographiques.
Le temps ayant eflàcé prefque toutes les traces de ces travaux, il paroît que les Grecs
n’en recueillirent qu’une carte dont le mode de projeâion leur etoit entièrement inconnu,
& dont ils firent la bafe des différens fyftemes qu’ils, proposèrent pour la defcription du
globe.
Cette carte, d’après les différentes preuves qu’en donne le C. Goffelin, etoit à projection
plate, & offroit par confequent des mefures fiétives & beaucoup trop grandes pour toutes les
diftances prifes dans le fens des longitudes. Les Grecs, prives de tout moyen pour véri yc
Géographie ancienne. Tome I I I . K-kklç