
du foieil .qui le rendoit facilement perceptible â
l’oeil nud. C’étoit encore l’aboyant Ànubis ; &
l’on^comparoit figurément fon premier afpeâ au
jappement d’un chien , parce qu’il annonçoit que
l’on fe préparât à la prochaine inondation. Je
penfe donc que ce fut le premier hiéroglyphe
& qu’Ifis , Ofiris & Thot furent enfuite des- inventons
qui s’y rapportoient. Je fuis d’autant
mieux fondé à avancer cela , dit M. Bruce , que
dans tout Axum , qui fut jadis une grande ville,
il n’y avoit pas un ieul autre hiéroglyphe que le
chien , autant que j’en ai pu juger parles frag-
mens greffiers des figurés de cet animal , repré-
fentées en différentes -pofiures' , 8c que l’on dif-
tinguë facilement parmi lés ruines fur tous les
piedeftaux.
Il n’y a nul doute que, non pas l’afironomie^mais
les hiéroglyphes, furent inventés à Thèbes ÿ-où la
théorie de la con déflation du chien fut particuliérement
étudiée ,:à caufe des rapports qu’elle avoit
avec l’apnée rurale des Egyptiens. Ptolemée nous
à confervé l’obfervation d’ünè afeenfion héliaqüe
de Siriùs ■ , le - quatrième jour après lè folfiiee
d’été qui répondra'l’année 2250 avant J; C. Il
y a de très-fortes raifons -de croire que longtemps
avant cette époque, les Thébains étoient
d’aflez bons aftronomes y. c’efi - à - dire , de bons
obfervateürs du cours apparent des corps céleftes.
De plus y on peut penferque ceci donne à Thèbes
une bien, plus haute antiquité que ne le' fait là
chronique d’Axum , citée plus haut. '
Le cadran * ou cercle d’or d’Ofimandyas (du
moins celui dont les hiftoriens attribuent l’exécution
àce roi ) , montre les progrès immenfes que les
Anciens avoient faits en fi. peu de temps dans
l’afironomie. Il eft auffi la preuve de là décadence
très-ancienne & du renouvellement des arts
en Egypte, puifque la connoiffance & l’ufàgb-de
3a fphére armillaire furent perdus au temps de la def-
tru&ïon de Thèbes, & qu’elle ne fut découverte
de nouveau , que fous le règne de Ptolemée Sôter,
trois cens ans avant J.. C. Je crois, dit M. Bruce,
que cette immenfe quantité d’hiéroglyphes qui couvrent
toutes les murailles des temples & les faces
des obêlifques, ne contiennent que des oblérva-
îions afironomiques.
Ces hiéroglÿphés paroiflent être les éphémé-
rides de pïufieurs fiècles ; & cela donne fuffifam-
ment la raifon de leur nombre. Si leur ancienneté
eft inconteftable, peut-être en, peut-on dire autant
de leur exa&itude. Sans-doute elles reftoient
ainfi expofées, afin qu’on pût les eonfuker dans
toutes les occafions. ; & la profondeur à laquelle
on avoit creufé en les gravant , la durete des
pierres que Ion avoit choifies yl’épaifTeur, la mafle
de ces blocs énormes,. tout concouroit & a concouru,
en effet , à les fauver des injures du temps*
Nul témoignage ne nous apprend que lés'let-
tres fuflent connues avant le temps de Noë ;. &
toute recherche à cet égard y feroit fans, doute
inutile. Cependant , dit M. Bruce , il me paroi t
très-difficile qu’aucune fociété adonnée à diffé-
rens travaux , puiflè fubfifter long-temps fans elles.
Il n’y a point de doute , ce me femble , qu’elles;
n’aient été inventées , bientôt après le déluge &
long-temps avant Moïfe , & qu’elles ne fufient
du temps de ce légifiateur , d’un ufage commun
parmi les peuples idolâtres.
Il me femble également probable que le premier
alphabet étoit éthiopien , & qu’il fut d’abord
formé d’hiéroglyphes, & enfuite de caractères
plus courans , plus faciles- à tracer, 8c plus-
propres à être appliqués aux affaires ordinaires.
M. Fourmont eft tellement de cet avis , qu’il dit
que trois lettres de l’alphabet éthiopien, ont encore
évidemment un cara&ère hiéroglyphique , 8c
que le beta reffemble à la porte, d’une niaifon ou
d’un temple.
Mais je me permettrai de lui obférver que \ e é
portes des temples , ainfi que celles des maifons
qu’on bâtifibit dans les premiers temps étoient
carrées, parce qu’on ne connoiflbit point alors les
ceintres. Le- h u a fut fait d’après les- portes des
Troglodytes, qui vivoient dans les montagnes. Ces-
portes étoient rondes & firent naître l’idée de
faire des ceintres, lorfque l’architeéiure fe perfectionna.
Quelques auteurs ont attribué aux lettres une*
origine divine. Ils dfient que Dieu même les-
enfeigna à Abraham. Mais ce fait n’.eft appuyé fur
aucune autorité quoiqu’on ne puifie. r.ier que,,
d’après le témoignage dè: l’écriture . H paroi? qu’il
y avoit deux caraftères connus de Moïfe, quand
Dieu lui parla fur la montagne de binai’. Les deux,
premières tables , dit M. Bruce , furent écrites par
le doigt de Dieu. Il n’eft pas dit en quels caractères
; mais Moïfe qui lès reçut pour les lire au:
peuple, devoit certainement les entendre. Quand1
il eut brifé ces tables ; & qu’il eut un fécond
entretien avec Dieu fur la montagne , au. fujet
de la lo i, il eut l’ordre fpécial d’écrire non en
caraftères égyptiens ©11 hiéroglyphiques mais eu
écriture courante , pareille aux caraftères dont fe-
fervoient les marchands Ethiopiens, pareille a u x :
lettres <Tun cachet. C’ëft - à- dire , qu’il ne devoit
pas tracer une peinture en hiéroglyphes qui repré-
fentaffent les chofês ; car la loi le défend & les
conféquences dangereufes qui en feroient réfûltées-
étoient évidentes; Mais il devoit écrire la loi era
caraélères courans , qui indiquaffent des fons.,. &
non rien de ce qui étoit apparent dans le ciel
ou fur la terre, en lettres dont les Ifmaéiites ,. les-:
Cushites , 8c les nations qui faifoient le commerce
de l’Inde , fe fervoient dès long - temps dans les-
affaires , en lignant leurs envois, leurs marchés..
Et c’eft-là le fens de ces mots : p a re ille a u x lettres
(l’u n cachet.. •
D’après celà, on voit clairement-que ce n’eft pas-
Dieu qui donna les letrrés aux hommes , & que
ce n’éft pas Moïfe qui eu fut finventeur ; mais-
«u’avant la promulgation de la loi fur le moilt
Sinaï, Moïfe cOnnoiflbit les deux différons caractères
qui exiftoient, parce qu’il avoit appris à* les
connoître en Egypte ,•& pendant le ion g 'féjour
qu’il avoit fait parmi les Cushites* & les pafteurs
de l’Arabie pétrée. Il patoît auffi que l'écriture
facrée des Egyptiens étoit confidéréë comme profane
& défendue aux Hébreux , 8c que les. caractères
vulgaires des Ethiopiens étoîerit les-caractères
facrés des Juifs', & cêüx dahs lèfqiiels' leur
•loi fut d’abord’ écrite* Le texte S eft clair & précis,
«t Et les pierres $ où férèht les1 noms des enfaris
5) d’Ifrael, feront au nombre de douze , conformé-
v ment à ces mots, & gravées comme un cachet;
» & chaque pierre aura un nom, conformément
« âu douze tribus». ( E x o d . c â p . 2 8 , y “' '2'» )’.
•Cela veut dire tout fimplement , vous n’écrirez
:point fuivant la manière employée jufqii’à cé jour,
parce qu’elle induit le peuple en erreur ; le
>inène à l’idolâtrie. Vous ne repréfenterez pas Juda
Tous l’enblème d-un lion, Zabulon fous celle d’iïn
•yaiffeau , ïffachar fous celle d’un. âne ■ couché
entre deux fardeaux. Mais au lieu de porter aux
yeux par des peintures , vous vous. fervirëz de
Tccriture Vulgaire dont fe fervent les marchands ,
& cette écriture indique des; f o n s & non des dHofes-,
Il en fut de même pour la plaque d’or qu’Aàrori
portoit Tur fon fein ; elle étoit écrite comme la
gravure d’un cacliet.
Ces cachets, inventés dans l’Orient j dès la plus
liaute antiquité, y font comme d’un ufage général
jufqu’à ce jour, 8 c on les porte fur la main.
On y lit le nom de la perfonne qui les porte ,
ou quelque fentence religieufe. Les Grecs après
les Egyptiens, fe fervirent ^deTa méthode hiéroglyphique
, 8c ils gravèrent des Lignes fur leurs
■ cachets^
Nous trouvons enfuite qu’au lieu de fe fervîr dè
pierre, Moïfe, pour plus de commodité, écrivit
dans un livre.
Quoique Moïfe n’ait inventé aucun cara&ère
d’écriture, il eft prefque fur qu’il en connoiflbit
deux , & qu’il s’en fervit. Peut-être auffi eflaya-
t—il de faire des altérations à l’alphabeth éthiopien
, alors en ufage , afin d’accroître la différence
entre l’écriture dont fe fervoient les nations
idolâtres , & celle qu’il vouloit rendre particulière
aux Hébreux. Le premier changement fut
d’écrire de droite à gauche tandis, que l’éthiopien
étoit, & eft encore aujourd’hui écrit de gauche à
droite, ainfi que l’alphabet hiéroglyphique. Le fécond
fut de fupprimèr les points qui, dans tous
les temps, doivent avoir exifté dans l’écriture éthiopienne
, & avoir fait partie des lettres avec lëf-
.quelles ils ont été fans doute inventés. Je ne vois
même pas comment elle pouvoit avoir été lue
fans ces points. Auffi , quelque cliofe qu’on prétende
fur Tantiquité de l’aüpiicatiob des points ma-
forétiques , l’invention n’ën eft certainement pas
nouvelle. Ils doivent au contraire avoir exifté
dès PinftânÉ que la langue'fut écrite. ®
1 ; Je ptéfumê, dit M. Bruce, que les changemens
faits par- Moïfe , furentpromptemeht adoptés après
que' la loi fut écrite , & qu’ils■ furent âppljqiiés
aux nOuveatiX caractèresparce‘que, peu de temps
après, Moïfe reçut l’ordre de Dieu de foumettre-
■ là loi au peuple, ce qui auFoit été parfaitement
inutile, fi les caractères n’aVoïent pas été afiez fa-
îiàifiers a' tou4 les Hébreux pour- qu’ils? puflèht a-ifé-
■ nient -1 es ’tiret131 ■ ’ • '
• A Cé qifoït1 vient de dite- fur quelques points
d’antiquité',:/& 'qui5' tient ‘d’une- manière plus ôîi
moins :rapprbclïê© à:' la Géogrâ{phié dés1 premiers
•âges , je vàïs' i ajouter quelques moreeau-x fur les
Voyages fte 'ces anciens'teuips. Je feus'que l’on
poùrtoit Ui’objeéter qu’ils auroient en une place
plus naturelle aux articles •■ Ofhir -& T haRsis;;
mais il en eft £de la rèdââton 'd’un oüvrage de fi
longue hàlàine ; Jcomme dè 'la première^ édition
d’un Ouvragé-ordinaire: Il ne faut' quelquefois
que fix mois de publication pour rendre celui-ci
fufcéptible d’àiigfnentations très importantes ;
comme-auffi pendant le cours de l’impreffion de
cette-partie de l’Encyclopédie, il eft venu à ma
'connoifiance des morCeauX qu’il m’a paru inté*
'réfiant de recueillit. Il ne- faut pas oublier qu’il
n?a jamais été1 fleii 'entrepris d’auffi détaillé &
d’auffi complet fur la Géographie ancienne, & qu’il
eft de l’intérêt du public T& du devoir de l’écrivain
de lulpréfenter tout ce “qui peut ajouter à fes.
connoiffances .en ce genre. J’ai donc encore ici
recours à M. Bruce y vol: 1, ch: 4 , p. 289.
Oh a vu précédemment que M. Bruce tiré, en
quelque forte * de l’oubli -, les nations qui ont les
premières habité la terre qui, non-feùîement
ont connu les lettres y mais porté les fciences &
les arts à une f haute perfection. Ces arts & ces
fciences àvoient jeté en Orient de profondes racines
qui n’en- ont pas été aifément extirpées.
Le premier 8c le plus funefte coup qu’ils reçurent
,fut la deftruftion de Thèbes & de fes rois.
Lorfque les pafteurs, commandés par Sâlatis ,; s’emparèrent
de l’Egypte y lés fciences1 8c les arts furent
alors renverfés de fond en comble. Oh les
•releva , mais ils éprouvèrent ericore un nouvel
échec quand les pafteurs , ayant à leur tête Sa-
baco , revinrent faire la conquête de là Thébaïde.
Enfin leur troïfième chûte eut lieu lorfque l’empire
‘de la bafle Egypte , & non pas , je crois, celui
rie la Thébaïde , fut transféré à Memphis , & que
-cette ville fut prife; comme le racontent les hifio-
• riens j par Les fëüls pafteurs d’Àbàris , ou du Deltà ;
quoiqu’il foit peu probable que,pour une chofe auffi
agréable aux pafteurs que le ‘renVerfement d’une
ville , toute la nation léur ait prêté fon affiftance.
Ce font là , commê le pènfe M. Bruce , les
principales époques de la décadence des arts & des
fciences en Egypte. Quant aux invafions de Né-
bùdîadnézar- & de fes Babylonienselles ne fur
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