
èglife au monaftère de Pama, où il la rebâti«
telle qu’on la voit aujourd’hui, & il en fit élever
line de pierres à Olowuÿ., à la p la c o do celle de
bois qu’il avoit ôtée. Le règne de Dragon-Yoda
fut très-court. Vréké Vornico, cité par l’auteur
anonyme, le fixe à deux ans, pendant lefquels
il ne fepaffa yraifemblablement rien de fort remarquable.
On n’eft pas mieux informé des détails du règne
Js. 3dii-vua«i, iuu îlis & fon fucceijeur, que. l’on
dit avoir régné quatre ans. Il fut remplacé, fuivant
Vréké Vornico, par Lafco Voda , de forte que
ce dernier devoit avoir commencé de régner vers
l’an 1-321. Mais nous voyons dans, l’hiftoire ecclé-
fiaftique de M. de Fleury, que Lafco, duc de
Moldavie, de la nation des Walaques, inffruit
par quelques frères Mineurs, réfolut de quitter le
f chimie dans lequel lui & fes lu jets avoient vécu
jùfqu’alors. Il en informa le pape Urbain V , qui
fut élu en 1363 , & mourut en 1371. Ce pontife
affranchit la ville de Sente, & tout le duché de
Moldavie de la jurifdiâion du diocèfe de Kalitz,
ou Haliti, dans la Ruffie polonoife, dont l’évêque
étoit fclîifmatique. Il ordonna que la ville de
Serete fût érigée en évêché , & que toute la province
relevât à l’avenir de ce dipcèfe. La bulle
rendue à cet effet eft de l’an 1370. Un paffage
aufli inconteffable renverfe l’ordre de fueeeffion
établi par l’auteur anonyme. Lafco, fuivant fon
fyffême, ayant commencé de régner vers l’an
1321, & n’ayant occupé la principauté que huit
ans, devrait avoir précédé de beaucoup Eôienne I ,
que nous lavons certainement, par le témoignage
de Crameras, être mort vers l’an 1358. Il eff
manifefte cependant , par l’autorité de M. de
Fleury, qu’il n’eft venu que long-temps après lui.
On ne peut pas fuppofer un autre Lafco, puifque
l’on n’en trouve qu’un dans la fuite des princes
de Moldavie. Il faut donc mettre ce Lafco au
rang des fuccefl'eurs d’Eftienne I , au lieu de le
ranger, comme a fait l’auteur anonyme, au
nombre de fes- prédéceffeurs. J’en donnerai ci-
après des preuves encore plus fortes. Il en eff de
même de Bogdan I , que l’auteur anonyme dit
avoir été fils & fucceffeur de Lafco ; il doit être
auffi placé après Effienne I , ainfi que Pierre &
Romain fes fuccefl'eurs, comme je tâcherai de le
démontrer dans la fuite.
.On ne fait abfokmient rien, à ce que dit fauteur
anonyme, du règne de Pierre Voda, quoiqu’il
ait été de feize ans. I f le fait fuccêder à
Bodgan I , & fe plaint du fiience des hiftoriens
à l’égard de ce prince. Il en attribue la çanfe à
finvaûon des Tartares, qui avoient fans doute
forcé les. Moldaves d’abandonner les plaines., &
de fe retirer dans les montagnes, & fur les hauteurs,
où ils ont mené une vie affez obfcnre &
fe. font dérobés aux recherches des écrivains,
qui n’ont pas pu fuivre avec exaditude les faits
qui les concernant.
Pien*e Vod a, fuivant Je même alitent*; euî
pour fucceffeur Romain Voda. Celui-ci tranfporta
trt * an, .^h'V au qui prit fon
nom. Notre lnftorien apporte pour preuve dfe ce
fait, une bulle d’or, qu’il dit avoir été écrite du
temps de ce prince. Il aurait dû nous en donner
un extrait, ou tout au moins la date, on en aurait
peut-être tiré quelques lumières. Il fàit régner ce
prince 1 an du monde 6900, & veut en même
temps qu’il ait été prédeceffeur d’Eftienne I. Son
calcul revient à l’an de J. C. 1392, puifque les
Urees. modernes comptent 7271 ans depuis la
création du monde, & Effienne eff mort vers
l’an ƒ35S , comme on peut le prouver par fau-
tonte de Crameras. Il y a donc ici une contra-.
didion raamfeffe, qui, jointe à celle qui concerne
Lafco, concourt à me convaincre que les quatre
princes, Lafco, Bogdan, Pierre & Romain,
doivent fuivre Effienne I , au lieu de le précéder.
On en verra ci-après les raifons encore mieux
détaillées.
Je penfe qu il faut fubftituer à ces quatre princes
un Alexandre , dont i’auteur anonyme ne fait
pas mention, mais duquel Bonfinius a rapporté
quelque chôfe. Dès le commencement du règne
de Louis, roi de Hongrie, c’eft-à-dire ,svers l'an
13.42. ou 1343, l’exemple de cet Alexandre, duc
de la Walaquie Tranfalpine , ne contribue pas
peu à pacifier les troubles qui agitoient la Hongrie.
Ce vaivode s’étoit révôlté fous le roi Charles,
& avoir voulu fe fouftraire à la domination des
rois de Hongrie, defquels la Walaquie étoit devenue
dépendante & tributaire par plufieurs traités
conclus par lui-même & par fes prédéceffeurs.
On n’avoit jamais pu ramener Alexandre'à fon
devoir ni par les prières, ni par les menaces,
m par la violence ; la feule réputation de Louis
le fit rentrer dans les bornes de la fourmilion. II
alla fe jeter aux pieds du rai, lui demanda pardon
- de fa faute, lui porta de riches préfens, auxquels
il ajouta mille livres d’or en dédommagement
de plufieurs années de tribut dont il l’avoit
fruftré; il promit de demeurer à l’avenir fournis
au roi, & de lui obéir aveuglément. Louis lui
.pardonna fa défobéiffance paflee, & le renvoya
comblé de bienfaits. Alexandre touché de la clémence
8c de la magnanimité du roi, renouvella
fes traites avec lui, & ne s’écarta jamais dans la
fuite de la fidélité qu’il lui avoit promife. . '
On voit, par ce que je viens de dire, qu’A*
lexandre régnoit déjà depuis long-temps lorfque
Louis monta fur le‘ trône de Hongrie, piiifquff
avoit fruftré Charles de plufieurs années de tribut.
Il paraît aufli qu’il occupa encore long temps la
principauté fous Louis. Ainfi le règne de ce
vaivode, eu égard à la durée, peut très-bleu
remplir la lacune d’environ trente-trois ans, qui
refteroit dans l’hiffoire , fi l’on ôtoit les quatre
princes Lafco, Bogdan, Pierre & Romain, de la
place que l’auteur anonyme leur a donnée,-pou»;
ïès tranfporter ou ils doivent etre. L époque du j
rèrne d’Alexandre répond parfaitement aulîi à celle
de ces quatre princes , & § en laiffant fubfifter
Dragon-Voda, qui a régné deux ans, & Saff-
Voda , qui en a régné quatre, Alexandre rem- 1
pliroit le vuide qu’il y aurait depuis l’an 1321
fufques au règne d’Eftienne I. On.peut m’oppofer
que cet Alexandre eft qualifié duc de la Walaquie
Tranfalpine , & non de la Moldavie. Quoique la
Moldavie foit réellement la Walaquie Cifalpine,
& que la Tranfalpine foit la Walaquie proprement '
dite ; on peut cependant prouver par un paffage
de Cromérus, que les Walaques tranfalpins - font
quelquefois appelés Moldaves par les hiftoriens
Polonois èc Hongrois, par une dénomination tout-
à-fait pppofée à celle dont nous ufons aujourd’hui.
Pofieriore quidem tempore gens una in duos Dominatus
fitcla, nominibus quoque difiingui ccepit, fie uti il
qui feptentrionem &■ orientera vergunt, & Podolicz fini-
timi - funt, JPalaçhontm nornen mimant ; qui vero
méridionale Tranfÿlvanioe latus atùngunt Multani à
nofiris, à cæteiis vero Tranfalpinenfcs voccntur. (Crom.
lib. 12.) Suivant ce paffage de Cromérus, il peut
très -bien fe faire que Bonfinius ait exprimé la
Moldavie par le nom de Walaquie Tranfalpine.
Ce qui le prouve, c’eft que cet auteur s’eft fervi
de la même -dénomination en parlant de Laïcus ou
Lafco, que nous favons inçonteftablement par
l’autorité de M. de Fleury, avoir été duc de Moldavie.
'
On ne connoît rien de la vie d’Eftienne I ; on
fait feulement qu’il mourut l’an 1358, & laiffa
deux fils., appelés Effienne & Pierre, qui fe dif-
putèrent la principauté. Suivant le rapport de
Cromérus, Pierre, quoique le cadet, fe fit un
puiffant parti, & gagna les coeurs par fa libéralité,
fon affabilité, & la douceur de fon caradère. Il
fe procura aufli des fecours de Hongrie, & ufurpa
àifément la fouveraine autorité. Effienne II fe
voyant exclu dé l’héritage de fon père, & craignant
de la part de fon frère quelque coup de
trahifon , fe réfiigia chez Cafimir, roi de Pologne,
ave-c quelques-uns des nobles qui lui' étoient attaches.
Il promit à ce prince de fe foumettre à lu i,
8c le détermina facilement à lui prêter fon affif-
tancepour le remettre enpoffefîion des états de fon
père. Cafimir affembla dans la petite Pologne &
jdans la Ruffie une armée affez nombreuse, &
l’envoya en Walaquie fous le commandement
d’Eftienne même., & de quelques autres généraux.
Le commencement de cette expédition fut affez
heureux ; les troupes du roi remportèrent d’abord
.quelques avantages dans plufieurs efcarmoudies.
Mais Pierre voyant, que les forces de l’ennemi
furpaffoient les fiennes , eut recours àu ftratagême.
,Les Polonois pour pouvoir pénétrer dans l'intérieur
de la Moldavie , dévoient pafièr à travers
fans les abattré, mais de façon qu’ils tenoicnr
encore légèrement au tronc, & cfue la moindre
impuifion pouvoir les renverfer. Dès que les
Polonois eurent pénétré affez avant dans le bois ,
les Walaques fortirent des embufcad.es ou ils seraient
ung-é.pàiffe forêt, appelée Ploniny, à. caufe delà
.fttrilité du terrein. Pierre occupa ce. paffage, &
fit feier tous les arbres de U forêt par le pied I
tenus cachés, & renverfèrent tous les
arbres , dont la chute écrafa la plus grande partie
de l’armée d’Eftienne ; ceux des foliats qui échappèrent
à cette rufe militaire, tombèrent vivans
entre les mains des ennemis. Pierre remporta dans
cette journée une viéloire complète , prit un grand
nombre de drapeaux, 8c fit une infinité de pii-
fonniers, parmi lefquels on comptoit plufieurs
perfonnages diftingués. Cafimir envoya quelque
temps après-des émiffaires' pour traiter de leur
rançon. Cette perte ne découragea point Eftiennej
il folliçita de nouveaux fecours du roi de Pologne.,
& la guerre fe ralluma entre les deux frères avec
plus d’ardeur qu’auparavant ; mais les hiftoriens
nous en laiffent ignorer Tiffue : on ne fait pas non
plus combien de temps régna Pierre , ni ce qu®
devint Effienne,
L’auteur anonyme laiffe ici une efpèce de lacune
, ou du moins n’ofe pas déterminer préci-
fément l’ordre de la fuççefiîqn des princes fuivans.
Après avoir avoué qu’il ignore la fuite des évér
nemens relatifs à Pierre & à Effienne, il paraît
marcher à tâtons jufqu’au règne d’Alexandre Voda,
qui parvint à la principauté vers l’an 1401,
comme je le prouverai- ci-après. Quant à moi.,
dans l'intervalle qu’il y a entre les démêlés de
Pierre I & d’Eftienne I I , & l’avénement d'Alexandre
II au trône, je crois devoir placer Lafco ,
Bogdan I , Pierre I I , & Romain I , que l'auteur
anonyme a fait mal-à-propos prédéceffeurs d’Eff-
tierme L.
Il eft inconteftable, par le paffage de M. de
Fleury, cité ci-devant, que Lafco Voda-régnoit
en 1370, & qu’il ne peut par conséquent avoir
précédé Eftienne I , mort en 1358. Ce Laieo, le
même dont Bonfinius parle fous le nom de Laïcu&;,
étoit, fuivant cet écrivain, vaivode de la War-
laquie Tranfalpine; M. de Fleury, en Je qualifiant
duc de Moldavie, ajoute qu’il, étoit de la
nation des Valaques. Il peut Nfe faire en effet que
ce fût un prince de Walaquie , qui eût profité de
la déiunion de Pierre I-S^cTEftienne I I , & des
troubles caufés par les diffënfions de ces deux
' concurrens, pour s’emparer de la Moldavie', on
pour fe rendre le compétiteur des deux frères
ennemis. A peine Louis, roi de Hongrie, fut
-monté fur le trône de Pologne, que Laïcus ou
Lafco fe révolta contre lui , 8c voulut fecouer le
joug des Hongrois, Le roi, qui fe regarcîoit comme
le feigneiii: türeéf des-deux Wâlaquies , fe hâta
de marcher contre lui pour le châtier de fa défection
, & le faire rentrer dans l’obéillance. Dès
qu’il eut mis quelque ordre aux affaires de Pologne,
il affembla; avec une extrême diligence deux corps
d’armée, & entra dans la Walaquie par deux