
refte, ils ne convenoient pas qu’Hippolite fut
mort emporté &" traîné par Tes chevaux ; mais ils
vouloient periuader que les dieux l’a voient placé
dans le ciel au nombre des conftellâtions, & que
c’étoit celle que Ton nommoit le cocher, ou le
conducteur du char.
Dans le même bois il y avoit un temple d’Apollon
Epibaterius, & qui , fous ce nom , avoit été dédié
à Diomède, après s’être fativé de la tempête qui
accueillit l'es Grecs lorsqu’ils revenoient du liège
de Troye. Us diloient même que Diomède avoit
inftitué le premier les jeux pythiques en l’honneur
d’Apollon ; Ils rendoient un culte à Auxéfia & à
‘ Lamia, aufli-bien que les Epidauriens & les Egi-
nètes ; mais ils racontoient différemment l’hiftoire
de ces divinités. Selon eux , c’étoient deux jeunes
filles qui vinrent, de Crète à Troezène dans le
temps que cette ville étoit divifée entre deux partis
contraires. Elles furent les viétimes de la fédition,
& le peuple, qui ne refpe&oit rien, les alfomma
dans la fureur à coups de pie? res. C’eft pourquoi
on célébroit tous les ans une fête, que l’on appeloit
la Lapidation.
De l’autre coté étoit un fiade nommé le Jlade
cTHippolite ; & un peu plus loin il y avoit un
temple de Vénus, fumommé la Regardante, parce
que c’étoit de-là que Phèdre, éprife d’amour pour
Hippolite, le regardoit toutes les fois qu’il venoit
s’exercer dans la carrière ; & c’eft aulîi -là que l’on
voyoit un myrthe qui avoit les feuilles toutes
criblées ; car la malheureufe Phèdre, polfédée par
fa paftion, & ne trouvant aucun foulagement,
trompoitfon ennui en s’amufant à percer les feuilles
de ce myrthe avec fon aiguille à cheveux.
Cette princeffe malheureufe avoit là fon tombeau.
Un peu plus loin étoit celui d’Hippolite ;
mais celui de Phèdre étoit plus près du myrthe.
On y remarquoit aufti la ftatue d’Efculape, faite
par Timothée, & l’on croyoit à Troezène que c’étoit
la ftatue d’Hippolire. Comme parmi toutes ces
chofes, quelque crédule que foit Paufanias, il
fent bien que beaucoup paroîtront un peu apocryphes
; il croit devoir infifter fur quelques-unes
particuliérement, C’eft ainfi qu’après avoir parlé
de ce myrthe dont les feuilles étoient percées, & c.,
il dit: « Quant à la maifon où Hippolite demeuroit,
» je l’ai vue : il y avoit en face de la porte une
» fontaine qui portoit le nom de fontaine d'Hercule,
» parce l’on dil'oit qu’elle avoit été découverte par
» ce héros 33,
Dans la citadelle de Troezène on voyoit un
temple de Minerve Sthéniade, où la déeffe étoit
repréfentée en bois ; c’étoit un ouvrage de Callon,
ftatuaire de Pile d’Egine.
En defcendant de la citadelle on trouvoit une
chapelle dédiée à Pan le libérateur, en mémoire
du bienfait que les Troezéniens avoient reçu de
lui, lorfque, par des fonges favorables, il indi»
qua aux Troezéniens les moyens de remédier à la
famine qui affiigeoit le pays & encore plus l’At-
tique.
En allant • vers la plaine, on voyoit fur le
chemin un temple d’Ifis ( ce qui prouve l’exiftence
de quelque ancienne colpnie d’Egyptiens), & au-
delà , un temple de Vénus Acr.éa.
Le premier avoit été bâti par leshabitans d’Haly-
carnaffe, félon Paufanias, ou du moins-félon les
gens du pays ; mais, encore une fois, je 1 crois
plutôt qu’ainfi que Çécrops s’étoit établi à Athènes ,
après y être paffé d’Egypte ou de la côte de Phénicie,
de même fur la côte de Troezène , il s’étoit
d’abord établi quelques Egyptiens ou Phéniciens ;
car pourquoi les Grecs d’Halycarnaffe auroient-ils
bâti un temple d’Ifis à Troezène , parce qu’ils la
regardoient comme leur métropole. La ftatue de la
déeffe avoit été faite aux frais du peuple de
Troezène.
Dans les montagnes, du coté d’Hermioné, on
rencontroit, premièrement, la fource du fleuve
Hylicus, qui s’étoit autrefois appelé Taurius, de plus,
une roche qui avoit pris le nom de roche de
Théfée, depuis que ce héros, tout jeune encore, la
déplaça pour prendre la chauffure & l’épée de fon
père, qu’il avoit cachées deffous ; car auparavant elle
fe nommoit l'autel de Jupiter Sthendus.
Près de-là on montroit la chapelle de Vénus
furnommée Nymphe, bâtie par Théfée, lorfqu’il
époufa Hélène. Hors, des murs de la ville il y
avoit un temple de Neptune Phytalmius, fiirncm
donné à ce dieu, parce que dans fa colère, il
avoit inondé tout le pays des eaux falées de la
mer: tous les fruits alors fur terre avoient péri,
& ce fléau n’avoit ceffé qu’après que Pc a eut appaifé
ce dieu par des voeux & des facrifices.
Au-delà étoit le temple de Cérès légiflatrice,
confacré, difoit-on , par Althippus.
En allant au port fitué du côté de Célen-
derès , on voyoit un lieu appelé le berceau de
Théfée, parce que c’étoit-là que Théfée étoit né :
vis-à-vis on avoit bâti un temple au dieu Mars,
dans le lieu même où Théfée défit les Amazones,
C’étoit apparamment un refte de celles qui avoient
combattu dans l’Attique contre les Athéniens, commandés
par ce héros.
En avançant vers la mer Pféphée on trouvoit
un olivier fauvage nommé le Rhachos, c’eft-à-dire,
le tortu ; on le nommoit ainfi, parce que c’étoit
autour de cet arbre que les rênes des chevaux
d’Hippolite s’étoient embanaflles, accident qi.i
avoit fait renverfer fon char.
Deux petites îles dépendeient de Troezène ;
favoir, Pile de Sphérie, on l’île R o n d e& l’île
de Calaurie.
Une bonne partie du pays de Troezène étoit,
à proprement parler, une ifthme qui s’avance con-
fidérablement dans la mer ; ce territoire s’étendoiü
jufqu’à Hermione, à l’oueft.
Le port des Troezéniens étoit au nord de leur
ville , 6c fe nommoit Pçgonis pouus%
Ce
dCe n’étoit pas faute de foins fi les Troezéniens
frie parvenoient pas à donner une grande idée
«{’eux. Leur premier roi portoit le nom d’Orus.
Us fe difoient originaires du pays ; mais Paufaunias :
lui-même fent bien que ce nom étoit égyptien,
6c non pas grec. Ce fut d’après ce roi que le j
pays fut d’abord appelé YOrea. Athépus, fils de !
Neptune & de Leis, fille d’Orus ‘ ayant fuccédé
à fon aïeul, toute la contrée prit le nom d'Al-
thépie.
Ce fut foiis le règne de ce prince que Bac-
•'CÎius & Minerve difputèrent à qui auroit le pays"
Tous fa proteftion. Jupiter les mit d’accord, en
partageant entre eux cet honneur ; c’eft pour cela
«que les Troezéniens honoraient Minerve fous les
deux noms de Poliades & de Sthéniade ; & Neptune
Tous le titre de Bazileus ou de roi. L’ancienne
jnonnoie du pays portoit, d’un côté, un trident ;
6c de l’autre, une tête de Minerve. Il eft probable
que l’intention de ceux qui l’avoient fait frapper
avoit été de réunir les idées des cenfeils de la
Tageffe , avec celles de la navigation, parce que
Trézène étoit une petite puiffance maritime : on
»voit enfuite imaginé la petite fable.
Saron fuccéda à Althépus ; ce prince bâtit un
temple en l’honneur de Minerve Saronides, dans
le lieu où les eaux de la mer forment un marécage
, que l’on appeloit quelquefois le marais
JPhébéen.
On ne connoiffoit pas la fuite des rois depuis
Saron jufqu’à Hypérétès & à Antha, fils de
Neptune & d’A lcyone, fille d’Atlas: ce fiirent eux
qui bâtirent dans le pays Hipérée & Anthée*
Aëtius, fils d’Antha, ayant fuccédé à fon père
6c à fon oncle, changea le nom d’une de ces
■ villes, & voulut qu’on l’appelât Pojîdonia, Ou
ville de Neptun.e ; mais Troezen & Pithée étant
venus s’établir dans ce pays, on ne fait trop par
quel événement il y eut à la fois trois rois;
mais bientôt les deux fils de Pélops devinrent les
plus puiffans ; ce quf le prouve, c’eft que P y -
ihée, après~Ta mort de Troezene, joignant en-
femble Hypéride & Ànthée, de ces deux villes
il n’en fit qu’une feule , qu’il nomma Troezene,
d’après le nom de fon frère.
Plufieurs années après, les defeendans d’Aetius,
fils d’Antha, ayant eu ordre de conduire des colonies
en divers lieux, allèrent fonder Mycales
6c Halycârnaffe dans la Carie.
Quant aux fils de Troezen , Amphlyftus 8c
Sphettus, ils fe tranfplantèrent en Attiquè , où ils
donnèrent leur nom à deux bourgades.
Après le retour des Héraclides dans le Pelopon-
tièfe, les Troezéniens reçurent les Doriens-dans
Troezène, c’e ft-à-dire, ceux des Argiens qui
voulurent y demeurer. Ils fe fouvenoient même,
au temps de Paufaunias, qu’ils avoient été fournis
à la domination d’Argos; car Homère, dans fon
catalogue , dit qu’ils obéiffoient à Diomède : o r ,
Diomede Euryalus, fils de Méciftée, après avoir
Géographie ancienne, T ome 111.
pris la tutèle de Cyanippe, fille d’Egiclée, conduifi-
rent les Argiens à Troye. Quant à Sthéhélus, il étoit
d’une naiflance beaucoup plus illuftre, de la race de
ceux que l’on nommoit Anaxagorides ; c’eft pourquoi
il étoit refté maître de tout le royaume d’Argos,
Voilà à - peu - près tout ce qiie l’on fait du petit
& intéreffant pays de Troezène. Il me femble
qii’aôluellement on ne voit pas de reftes de Troezen ;
un lieu peu confidérable l’a remplacé fous le nom
de Damala.
T roezen, ville du Péloponnèfe, dans l’intérieur
de la Meffénie , félon Ptolemée, qui l’inx
dique dans les terres.
TRtEZENE, ville de l’Afie mineure, dans
la Carie. Selon Strabon , elle avoit pris ce nom
des Troezéniens, qui autrefois habitèrent dans la
Carie.
Pline fait aufli mention de cette ville.
TROFINIANENSIS ou T rofimianensis, fiège
épifcopal d’Afrique, dans la Byfacène, félon la
notice épifcopale- d’Afrique & la conférence de
Carthage.
TROGILIA MICALES o u T rogilion, lieu
ou plutôt promontoire dont il eft parlé dans Etienne
de Byfance.
Ortélius croit que ce lieu eft le même que le
promontoire de Mycale, indiqué par Hérodote ,
L. F, c. 2 , & en même'temps que Trugiliurr. de Ptolemée
, entre Ephèfe & l’embouchure du Méandre.
Aufli M. d’Ànville a-t-il indiqué ce promontoire
à l’extrémité fud-eft de la petite chaîne qui formele
mont Mycalê, en face de Samos.
TROGILIUM, promOTtoire de l’Afie mineure ~
dans l’Ionie, au oueft-fud-oueft du mont Mycale ,
& au fud-fud-eft du promontoire Pofidium. Le même
que le précédent.
TROGILORUM PORTUS, port de la Sicile,
près de la ville de Syracufe, félon Tite-Live.
TROGILUS , contrée de la Macédoine , félon
Etienne de Byfance.
TROGITIS, marais de la Lycaonie, au voi-»
finage de la ville Icônium, félon Strabon.
TROGLODYTÆ ( les T ro n ic d ites ) , peuples
qui faifoient leur demeure dans des cavernes ; &
comme ce nom eft évidemntent formé des deux
mots grecs Tp â y h n , ca v e r n a , une caverne, 8ç
S'xjcù ou S 'v p .t, J iib c a , fe placer deflbus, ou dans
l’intérieur de quelque chofe : on voit que c’eft'
plutôt une efpèce d’épithète que le nom propre
d’une nation. Ces peuples, ce me femble, dévoient
avoir, dans leur langue, encore un autre nom.
C’eft comme les Ptttt de la Grande-Bretagne, dont
le nom propre devoit être Caled on i ou Caledones.
C’eft cette raifon qui fait que l’on trouve des
Troglodytes en Egypte, fur le golfe Arabique,
, dans la Paleftine, dans l’Ammoniaque, canton
de la Marmarique, dans l’Orient & dans la Scythie.
On peut ajouter à ceux * c i, indiqués par les
C c ç