
642 G É O G R A P H I E
que le fond de ce golfe. Selon lu i, cette ville ne pouvoit par conféquent pas atteindre
tout-à-fait à 27,900 ftades de latitude,
D ’après ce raifonnement, Strabon rejetoit l’obfervation attribuée à Pythéas , & le
fentiment de tous ceux qui'plaçoient Marfeille à la même hauteur que Byfancé. Comme
il comptoit en effet 4,900 ftades d’intervalle en ligne droite, entre Byfance & Rhodes,
& qu’il n’en admettoit pas tout-à-fait 2,500, entre le parallèle de Rhodes & celui de
Marfeille , il dévoit trouver que cette dernière v ille , loin d’être fous la même latitude
que Byfance, en étoit plus méridionale d’environ 2,400 ftades.
C ’eft abfolument l’inverfe de ce qui exifte dans la nature , puifque la latitude de
Conftantinople prife à Péra eft de ...................................... ...............................41®, 1 ', 24",
& celle de Marfeille de .............................. . . . . . . . . . f ....................... 43", 1 7 ', 45",
différence 2°, 16', 2 1 ", qui donnent près de 1,600 ftades pour l’efpace dont Marfeille
eft plus é évée vers le nord que Conftantinople.
Gn conçoit difficilement comment une opinion aufli étrange put jamais prévaloir dans
l’efprit de Strabon fur l’autorité d’Eratofthènes & d’Hipparque. Il eft probable que cette
opinion fut celle des Romains, qui ignoraient encore jufqu’aux élémens de la Géographie
aftronomique, & que c’eft chez eux que Strabon l’aura puifée, pendant le fejour qu’il fit
en Italie. Elle dut influer fur toutes les autres polirions que donna Strabon dans là Gaule,
la retagne , la Germanie , dont les polirions, dans ce qu’il en d it, font foumifes à celle
de Marfeille , fixée à 27,700 ftades de l’équateur.
A 3,700 ftades, au nord de Marfeille, on trouvoit, félon Strabon, les côtes de la Gaule
fur l’Océan. Il ajoute, plus loin, que la diftance du parallèle de Marfeille à celui de la
Bretagne, peut fe rapporter à la diftance de Byfance au Boryfthènes ; & comme il comptoit
3,800 ftades d’intervalle entre ces deux dernières polirions, il s’enfuit que les côtes
feptentrionales de la Gaule & les parties méridionales de la Bretagne doivent être placées ,
dans fon fyftême, à 31,400, ou 3 s ,500 ftades de l’équateur, & c’eft la fécondé de cés
diftances qu’il faut préférer.
Il comptoit 5,000 ftades du parallèle de Marfeille à celui du milieu d e là Bretagne,
Ce qui donnoit 3 2,700 ftades dé latitude.
Les parties feptentrionales de la Bretagne s’élevoient, félon lu i , à 6,300 ftades au nord
de Marfeille , ou à 2,500 ftades des côtes feptentrionales de la Gaule. C ’étoit donc à
34,000 ftades de l’équateur.
Strabon plaçoit Byfance, Sinope & Amifus fous un même parallèle, à 4,900 ftades
de celui de Rhodes ; ce qui revient à 30,300 ftades de latitude : il mettoit l’embouchure
du Boryfthenes à 3,800 ftades de Byfance, c’eft-à-dire, à 34,100 de l’équateur. Ce dernier
parallèle, qui fixoit la hauteur des parties feptentrionales du Pont-Euxin, étoit en même
temps celui de t A l b i s , terme des connoiffances géographiques , que l’expédition de Germa-,
nicus avoit procurées aux anciens dans cette partie de l’Europe.
A 4,000 ftades, au nord du milieu de la Bretagne, ou à 5,000 ftades des côtes feptentrionales
de la Gaule, il plaçoit l’ifle larne ou l’Irlande d’aujourd’hui. Ainfi il l’élevoit à
C H E Z L E S G R E C S . 643
36,500 J ou 36,700 ftades de latitude ; enfin , à 4,000 ftadesau-deffus de l’embouchure du
Boryfthènes & des parties feptentrionales de la Bretagne , il fixoit les limites de ia
terre habitable, q u i, d’après fon opinion particulière, ne dévoient pas efte a puis de
38,000, ftades de l ’équateur.
Longitudes.
• Strabon comptoit, comme Eratofthènes, fes longitudes fur le parallèle de Rhodes,
depuis le cap Sacrum, en Ibérie, jufqu’à Thina. Il eftimoit que cette longueur ne devoit
pas être tout-lt-fait de 70,000 ftades. En voici quelques details.
i ° . Du cap Sacrum aux colonnes d’Hercule, il n’admettoit que'2,000 ifiades.
20. II femble varier fur la diftance du détroit des colonnes à celui de Sicile. Dans
le calcul général il la compte pour 15,000 ftades; dans la page précédente, il dit 12,000;
& ailleurs, environ 12,000 : comme il indique plufieurs fois cette dernière diftance ,
il eft probable que c’eft celle qu’il adoptoit de préférence, ainfi nous compterons, du cap
Sacrum au détroit de Sicile, 14,000 ftades.
Tout lé monde convient, dit Strabon , que du détroit de Sicile aux cotes de la Ca rie,
il n’y a pas plus de 9,000 ftades. Il préfente les détails de cette traverfée de deux manières
différentes ; favoir :
i ° . Du détroit dé Sicile au cap Pachinum, d e là meme île..................... 1,000 ftades,
D u Pachinum au cap Criu-Metopon, en Crete......................... ....................4>5° °
Pour la longueur de l’île de Crète , depuis ce dernier cap jufqu’au
cap Samonium. . . . . . . . . ; .1 . . . '........................................................ 2,000
Du cap Samomum à Rhodes ou à la Carie. . . . . ................................... 1,000,
8,500 ftades.
2°. Du détroit de Sicile au Pachinum. I . I ! i ............... ................... G i 3° ftades,
[ D u Pachinum au Criu-Metopon..................................................... ... 4,600
Pour la longueur de l’île de Crète..................................................................2,300
D u cap Samonium à Rhodes....................................................... ... • G000
9,030 ftades.
L a différence de 530 ftades que préfentent ces deux réfultats.,, ne p eu t.pas. ,faire;de
difficultés. Il eft vifible que la première des mefures eft donnée par la ligne droite cçmprife,
entre le détroit de Sicile & Rhodes, & que' la fécondé renferme les déviations que la
route effuie en allant reconnoitre l’île de Crète. Le citoyen Goffelin y a eu egard dans la
carte qui accompagne, çette partie de fon ouvrage.
De Rhodes à Iffus, Strabon comptoit 5,000 ftades.
D ’Iffus à Thapfaque , il admettoit fans doute la . d i f ta n c e qù’Eratofthènes avo'.t indiquée
pour la différence des méridiens de cette v ille , quoiqu’il n’en d.fe ren d a n s 1 expofirioa
M m m m 2