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me femblè , plus exaêle, lorsqu’il dît: Thule infula
magna in Oceano fubHypcrboreas partes ubi ÆJiivus
dits ex vigenti horis ctqualibus confiât, nox vero ex
quatuor. Hybernee vero dies è contrario.
On voit donc que par cette île de Thule, les
anciens n’ont pas voulu déligner une île qui fe
trouve fous le cercle polaire , mais à trois degrés
en-deçà; d’où l’on a r.-ifon de conclure que cette
île ne pouvoit être Tlflande : mais la ciïriofité
n’eft qu’à demi fatisfaite , & ce n’eft pas allez
d’avoir trouvé quelle île ce n’eft pas, il eft
agréable de pouvoir dire quelle eft cette île , &
laquelle des îles, ou des parties du continent conr
nues des modernes, ce peut être.
Comme les anciens ne nous ont pas donné là
dtmention de l’île de Thule, quelques auteurs fe
font cru en droit de conclure que ce nom avoil
été donné à la Scandinavie, en -général fort mal
connue des anciens. Ce quia pu engager à adopter
cette opinion , c’eft ce qu’en rapporte Procope ,
qui écrivoit â Tcrentia dans un temps bien pof-
térleur à celui des auteurs latins & grecs que
j’ai cirés- plus haut.
Selon Procope (X. n i , de bell. Goth. c. 14) ,
une partie des Eruliens, vaincus par les Lombards,
alla chercher une 'demeure jnfqu’aux extrémités
de la terre. Ils traversèrent tout le pays des Scla-
vons | & enfuiteune vafte folitude qui eft au-delà.
Ils entrèrent dans le pays des Varhes, & dans le
Danemarck , arrivèrent à l’Océan, où ils s’embarquèrent
, & abordèrent à l’île de- Thule.
Cette î le a jo u t e Procope, eft dix fois plus
grande que la Grande-Bretagne, & en eft afl'ez
gloignée du côté du fept:ntrion ; la plus grande
partie -eft déferte. Celle qui eft habitée contient
treize peuples, commandés par autant de rois.
Tous les ans, vers le fclftice d’été , le foleil
paroît quarante jours de fuite fur l’horizon ; fix mois
après , les habitgns ont quarante jours de nuit,
qui font pour eux des jours de douleur & de
trifteffe, parce qu’ils ne peuvent entretenir aucun
commerce.
On. voit par ce que dît ici Procope de la longueur
du plus long jour, que le lieu qu'il indique
étoit au-delà du cercle polaire, par confé-
quent bien au-delà du 63 e degré, où Ptolemée
plaçoit le milieu de Thule. Jamais, dit Procope ,
je n’ai pu, aller dans cette île , quoique je l’aie
fort defiré, afin d’y voir, de mes propres yeux, ce
que j’en ai entendu dire. J’ai donc demandé, ajoute-
t-il , à ceux qui y avoient été, comment le foleil s’y
lève & s’y couche s ils m’ont répondu que le
foleil éclairoit l’ile pendant quarante jours de fuite ,
tantôt du côté de l'orient, & tantôt de celui de
l’occident. Sans doute que cela veut dire qu’il
tourne autour d’eux , .& qu’au lieu de fe coucher
du côté de l’occident & de terminer ainfi le jour,
i] en recommence un nouveau au lieu de. la
guit. Quand fa foleil .eft retourné au même point
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de l’horifon d’ou il étoit parti, on coThptê alors
un jour révolu.
Pehdant la faifon des quarante nuits ils mefis-
rent le temps par les heures ; quand il y eh a
trente-cinq d’écoulées, quelques-uns montent fur
les montagnes les plus élevées, & avertirent cèux
qui font en bas, que dans cinq jours ils reverront
le foleil. On fé réjouit de cette heureufe nouvelle
par la célébration d’une fête, qui fe folemnife
dans les ténèbres avec plus de cérémonie qu’aucune
autre. Quoique cela arrive chaque année , il
femble néanmoins que les „habitans de cette île
appréhendent que le foleil ne les abandonne entièrement.
Parmi les nations barbares qui habitent cette
île-, il n’y en a pas d’au fil fauvages que les Scri-
tifines. Ils ne connoiffent pas l’ufagè des habits ni
de, la chauflare ; ils ne boivent pas de v in, 8c
ne mangent rien de ce -.que-la t^rre produit : auflî
ne prennent-ils 'pas la -peine de la cultiver ; mais
les hommes comme les femmes s’adonnent à la
chafîè. Les forêts, les montagnes leur fourniflent
du gibier en abondance : ils vivent de la chair
des bêtes, & fe couvrent de leurs peaux, qu’ils»
attachent avec des nerfs, ignorant l’art de coudre.
Ils nourriflent leurs enfans de la mdêlle des; animaux
tués à la chafte, au lieu de les;-biffer allaiter
par le fein de leurs "mères. Quand Une - femme eft
accouchée, elle enveloppe fon enfant dans une
peau, l’attache à un arbre, lui inet de la mCëile
dans la bouche, & va auflî-tôt alla chaffe, exercice
auquel les femmes ne s’adonnent pas moiîisi
que les hommes.
Ces peuples adorent plufieurs dieux & plufieurs
génies, dont ils difent que les uns habitent dans
le ciel, les autres dans l’air, les autres fur la terre'
& fur la mer, & quelques-uns moins puiffans dans
les fleuves & dans les fontaines.
Ils offrent fouvent des facrifices & immolent
toutes fortes de vi&imes ; mais ils croient que la
plus digne de leurs dieux eft le premier homme
qu’ils prennent à la guerre, & qu’ils facrifient à
Mars, le plus grand de tous leurs dieux.
La forme de leur facrifice n’eft pas Amplement
de le tuer, mais c’eft de le pendre à un arbre,
ou de le rouler fur des épines, du de 1© faire
périr de quelque autre manière bien cruelle.
Dp nombre des habitans de cette île font les
Gantes, nation nombreufs, qui reçut les Etuliens,
lorfqu’ils allèrent s’y établir. Les Etuliens, qui demeuraient
parmi les Romains , .& qui avoient
tué *leur roi , envoyèrent les plus considérables
d’entre eux à l’île de'Thule, pour voir s’ils trouveraient
quelqu’un qui fut de la famille royale.'
Ces députés en trouvèrent plufieurs, entre lefquels
ils en choisirent un ; mais comme il mourut en.
chemin , ils y .retournèrent & en prirent un autre,
qui fe nommoit Todafius. ’Ce prince emmena fou
frère nommé Açndus, & deux cens hommes de cette
île,
En
En comparant ce paflage avec ceux de Plme,
de Ptolemée, Etienne de Byfance, ôte. les auteurs
ont été fort embarraffés de décider fi, au lieu de
prendre THla nde, pour le T halé., il ne falloir pas plutôt
attribuer à la Scandinavie, ce que l’on avoit dit
de nette prétendue île. - -• ,. . - - ,
Je penfe, moi, qu’il ne faut pas attribuer aux
mêmes lieux tout ce qui eft dit par ces differens écrivains.
Les anciens ont parlé d’une île , ou de
quelques îles qui n’étoient pas tout—à—fait Tous le
cercle polaire. Il eft probable que leur Thule répondait
, comme je l’ai dit au commencement de
cet article, aux îles Scheftand, qui font au nord
dé i’Ecoffe.
Quant à la- Thulé de Procope, • ce ne peut
être cette même île. des anciens. On navpit pas
encore âffez de détails pour en bien diftinguer
toutes les parties. Amfi, on aura nommé Thule
tout ce qui aura été à-peu-près connu vers le nord,
& tous les détails que nous donne Procope, lef-
quels coricernoient très - vraifemblablement des
peuples habitant la Laponie, il les attribue aux
habitans de Thaïe'] parce que . pour lui Thulé eft
ce qu’il v a de plus feptentrional,
TH UM A T A , ville des. Arabes. Pline 1 indique
fur le bord du Tigré , à dix journées de navigation
de la ville de Para. . . . . . *,
T-HUMATHA, ville fiftiefc dans l’intérieur de
l’Arabie heureufe, entre Chalmata. & Olaphia ,
félon Ptolemée. , . ,
THUMELITHA, ville de l’Afrique , dans la
Libye intérieure, aux environs de la foùrce du
fleuve Cinyphii] félon Ptolemée. ,
THUMNA, -nom de deux villes fituees dan*
l’intérieur de l’Arabie heureufe, l’une entre Mo-
chura & Aluare, & l’autre entre Manama- & Vo-
dona, félon Ptolemée. - , . g ,
TH U N A TÆ , peuple de la Dardante, strabon
les indique dans la partie orientale de VEurope,
8c limitrophes des Mèdes, peuples de Thrace.
THUNICATES , peuples que Ptolemée indique
dans l'a partie la plus feptenrrionale de la Vindé-
' licie. , , • i
celle que ce poète défigne par le nom cl'Anthée ;
félon d’autres auteurs , c’eft celle qu’il nommé
Epéa owAipée : elle étoit partagée en haute & baffe
ville. Pour fa punir, ainfi que les hab’nans ae
plufieurs autres placés, d’avoir pris parti contre
lui, Augufte avoit donné leur ville .aux Lacédémoniens.
THUNUDROMUM , ville avec le titre de
colonie romaine , en Afrique, dans la nouvelle
Numidie, félon Ptolemée. Elle eft nommée Tyni-
drumenfe Oppidum, par Pline. . ,
THUNUSDA, ville de l’Afrique propre, félon
Ptolemée. Pline la nomme Thunufidenjè Oppidum.
THUPÆ ou T huppæ , ville de l’Afrique, dans
l’intérieur de la Libye, fur le bord méridional
du'Nio-er, félon Çtoleméé.
THtjPPA , ville que Ptolemée indique en Afrique
, dans l’intérieur de la Libye , fur la rive
feptentrionale du fleuve Gira. .
THURIA, ville de la Meflenie, fur le fleuve
A n s , au fùd-oueft ÜAlagonia. ( f „
Elle étoit une de celles qui avoient ete offertes
à Achille , & dont par confèquent il doit être
parlé clans Homère: Paufanias prétend que ’c’eft
Géographie ancienne. Tome 111.
• ; . r . ,
Il y avoit dans la ville haute un temple dedie
à la déeffe ^.ftarré , divinité Syrienne. M. Larcher
a prouvé que c’étoit la même que Vénus.
THURIA , fontaine de. l’Italie, dans le vot-
firiage de la ville de S y b a r ts félon Diodore de..
Sicile. ,
T h u r ia , île Ü la mer Egée , dans le vqilinage •
de celle de Naxos félon 'Plutarque. _
THURII MONTES, montagne de 1 Italie,
dans la grande Grèce , félon Appien.
THURINGI, peuples de la Germanie, lefquels ,
félon quelques auteurs , avoient fait partie des
Vandales. Ils ne font .guère connus que depuis la
chuté de l’empire Romain.
Quelques auteurs ont cru retrouver léur,nom
dans ceux' de Doren au Toren, parce qu’il fignine
. lâche ; & comme Tacite dit que les Chérufques
étoient lâches , on les à fait defeendre de ces Che-
rufques de Tacite : d’autres ont cherché une
étymologie . plus raifonnable , mais fans prouver
davantage leurs opinions. C’eft donc inutilement
que l’on chercherait leur origine en s’éclairant de
l’étymologie de leur-nom: il faut s’en tenir ^à ceci.-
Les auteurs du temps de la république n en ont
point parlé; mais Jornandès, Procope , Grégoire
de Tours en parlent : c’étoit donc un peuple
nouveau aux fécond & troifième fiècles, ou au moins
un nom nouveau donné à un peuple ancien.
Ces Thuringiens habitoient, lorfque l’on commença
à lés connoître, le pays où l’on avoit connu
les Chérufques. * -
Vers la fin du cinquième fiècle & au commencement
du fixième, la Thuringie avoir un roi.
On fent bien que c’étoit alors moins des rois
que des chefs pour les expéditions guerrières. Ils
voulurent étendre les frontières de leur pays ,
qui étoit à - peu - près la Thuringe aâuelle, faps
doute à l’imitatioii des Francs qui venoient de
s’emparer de la Gaule. Mais precifement ils ^rencontrèrent
.ces mêmes Francs qui s’étoient eux-memes
étendus du côté de la Germanie. Ils furent battus ,
8c devinrent leurs tributaires. Les détails de -leur
hiftoire & de leur géographie appartient aux temps
modernes^ r , , , . <
THURIS, ville qui étoit fituee dans 1 intérieur
de l’Arabie heureufe, félon Ptolemee.
THURIUM & THURII ( les Thuritns ). La
ville de Thunum fuccéda à l’ancienne ville dé
Sybaris , & occupa à-peu-pres le meme emplacement.
Elle dut fa fondation à Làrnpon & à Xé-
nacrite.
Diodorè de Sicile en parle à-peu-pres en ces
termes. Les Sybarites, chaffès de leur ville, en