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la Mécliterfàftée, & le force de s’éleyêr par le
nord jufqu’à Antioche , où elle s’abaiffe tellement,
que c’eft-là que le fleuve tourne à l’oueft. Cette
chaîne s’étend ainfi en defcendant au fud , jufqu’au
34e degré de latitude,. & porte en général le
nom de Liban. Cependant on trouve, au nord, &
comme en faifant partie, fous l e '36e degré, une
des montagnes qui pqrtoit le nom de Lafius.
Sous le 34e degré la même chaîne continue en fè
portant vers le fud-oueft jufqu’au bord de la mer ,
où eft Tyr.
Une autre chaîne plus à l’e ft, mais Suivant à-
peu-près la même diresfion ’ & s’avançant jufques
fous le 33e degré, porte le nom $ anti-Libanns,
ou montagne oppofée au Liban. Quelques autres
branches de montagnes fe trouvent encore à l’efL
Ce font les vallées comprifes entre ces montagnes
, & fur - tout celle qu’arrofe le Léontes,
que l’on comprend fous le nom de Coelo-S%riat ou
Célo-Syrie, c’eft-à-diré, Syrie creufe.
La nature a donc elle-même établi cette première
divifion du pays que, je décris, par la diftribution des
chaînes de montagnes: la Syrie & la Célo-Syrie:
cette dernière peut renfermer un efpace d’environ
vingt-cinq lieues dans un fens, & vingt-cinq lieues
dans l’autre.
Fleuves. Le plus confidérable fleuve de la Syrie
eft l’Oronte ( Oronies ) , appelé aujourd’hui El-
W (■ )•; ' ... g
Ce fleuve commence au fud, dans l’une des
montagnes de l’anti-Liban ; tout près de fa fource .
étoit une des villes qui a porté le nom de Chalcis.
Il couloit d’abord dans la partie appelée Phcenicia
lobant, ou Phénicie .du Liban. L’efpèce de vallée
' que FOrbnté y arrofe au fortir de fa fource, fe
nommoit Marfyas campus, ou campagne 'de Mar-
fyas. Il renlontùit ainfi par le nord-eft jufques aflez
près d’Emèfe ( Emefa) à l’eft, ayant aflez loin à
l ’oueft 'Laodicea Cabiofa, appelée aufli Laodicée
du Liban.
D ’Emeffe, l’Oronte remontant par le nord ,
•faifoit un coude près d’Arhetufa; puis du fud-
eft' au nord-ouefl: il côtoyoit une petite chaîne de
montagnes qui le bordoit à fa droite; c’eft là que ,
fous le 35e degré de longitude, il arrofoit la ville
d’Hemath, que les Grecs ont depuis nommée Epi-
phania. En continuant par le nord-ouefl:, il arrofoit
Larijfa, cbntinuoit dans la même dire&ion, jiffqu’à
ce qu’ayant décrit un coude.pour revenir vers l’eft ,
il trouvoit au nord Apamex, fous le 35e degré de
latitude là , il traverfoit un lac formé par fes
propres eaux & par celles du Marfyas.
En fortant du lac, l’Oronte entroit dans la partie
(ï) Ce nom Arabè*-flgnifïe le renverfé, & paroît à
M. d’Anville avoir été donné à î’Oïonte, parce qu’il
coule dans le fens contraire à l’Euphrate. Mais ne
pourroit-on pas le regarder conunelfonïié. d ’A x iu s t
nom qu’a aufli porté l’Qrqmei
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que Pofi' â „appelée Seleucias : il la fépafoit dé la
Chalcidiquè, pafloit enfuite entre des montagnes,
dont celles de l’eft portoient le nom de Mons
Belus. Plus au nord FOronte , fuivo.it _ une longue
vallée, dans laquelle il arrofoit entre autres villes,
Seleucû'Bclus ; c’eft à l’extrémité de cette vallée
qu’ayant fait .un coude pour retourner du nord
vers le fud-oueft, il arrofoit la ville d’Antioche,
puis Daphné, d’où, peu après, il fe jètoit dans
Ip mer.
On trouve l’Oronte appelé Axius , & l’on préfume
que les Macédoniens lui donnèrent ce nom
par allùfion au fleuve de ce nom, le plus grand
de ceux qui arrofent la Macédoine.
Le Leohus arrofoit, du nord au fud, la longue
vallée qui portoit éffentiellement le nom de Célo-
Syrie : il commençoit au nord d’Héliopolis. J’en
ai parlé à l’article de la Phénicie.
Divifions & villes. Les quatre anciens royaumes
. connus en Syrie, chez les Orientaux , étoient
ceux qui avoient pour capitales Damas, Zohab ,
Hamatk & Qeshur. Ces divifions fouffrirent des
altérations & des augmentations en différens temps ,
& félon différentes circonftancës;
Après la .mort d’Alexandre, on divifa la Syrie
! en cinq provinces fort grandes. Gette divifion com-
prenoit la Comagène, la Séleuckle-, la Célo-Syrie,
la Phénicie & la Judée. Ç ’eft en fuivant à-peu-
près cette divifion, que Strabon dît que la Syrie
comprenoit aufli quatre grandes nations , les >Hé-
breux ( US'cths ) , les Iduméens , les' Gazéens &
Azotiots. * - , w- , ù 1- v ;
Les partages faits fous les rois de S y r ie d o n nèrent
lieu à un plus grand nombre de provinces.
Voici les noms des divifions que l’on trouve dans
Ptolemée pour la Syrie proprement dite: la .Comagène
, la Piérie, la Cyrrheffique, la Sêlèucide,
la Cafliotide, la Chaiybonitique, la Chalcidiquè,
l’Apamène, la LaotUcène , la Phénicie méditer-
ranée, la Célo-Syrie & la Palmyrène. Un changement
dans ces divifions donna lieu à une grande
province formée à F eft par l’Euphrate ,. & connue
fous le 1 nom d’EuphratenJïs. _
i°. La Comagène (Comagent) étoit l'a partie la plus
feptentrionale de la Syrie : elle s’étendoit au nord-cft
entre lemont Amcmusy allant du fud-oueft au nord-eft;
1 e mont Taurus au nord, & l’Euphrate à l’eft &
au fud; car ce fleuve fe rapproche confidéràble-
jnent de l’Amanus' , un peu au-deflùs du 37e
degré de latitude. Si tout ce qui eft montagnes
autour dé la Comagène, étoit,eau, cette province,
ne feroit qu’une prefqu’île.
5amfoata ou Samofa ( Sémifat- ) , fur la droite,
de l’Euphrate & dans l’endroit où ce fleuvecoulant
v de l’eft à l ’oueft depuis Juliopolïs, fait un angle très-
aigu pour tourner vers le fùd-eft.
En remontant par le nord-eft, on trouvoit Cho--
modara- ( Hefn-Manfour ) , à l’embouchure d’urt
torrent qui s’y jette dans l’Euphrate. En remons
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|*' te torrent J Pim ( Perin) , Lacoltna (La-
coben,), Zapttra (Zabatra), étoient à l’oueft de
cette dernière ville, au pied des montagnes. Mima,
fortereffe, étoit à l’eft, fur unè hauteur, dont le
pied étoit baigné par l’Euphrate. En defcendant ce
fleuve., filauiias ( Ara-Glpudelb )., au fud ; Jv-lto- *
polis ( Kerlcer ) au fud-oueft, & Guba ( Cuba ) ,
à l’oueft : affez près eft une cataraâe, que forme
l'Euphrate refferré entre les montagnes,
2«. L’Euphratinfis s'ërcndoit le long de l’Eu-
phrate, dont le cours eft, dans toute cette partie,
du nord-ouefl: au fud-eft. Elle avoit une chaîne de
montagnes' à l’oueft, dont la direéfion étoit à-peu-
près là même. On y trouvoit Pindemijjus, fortereffe
; une petite rivière appelée Singas ( Sinja ) ; ■
la ville de Sochos, appelée aufli Syco- Bafdifrès.
Un peu à l’eft ' étoit une Mdnfio, ou lieu de
repos , fous le nom de Pons-Singoe : vers l’embouchure
de cette rivière étoit Arudis ; vers le fud-
oueft étoit une fortereffe nommée Dolïche ( Doluc ) ;
à-l’eft, fur l’Euphrate , àPembouchure'd’iine petite
rivière appelée a£lu«llement Simérin, . étoit Zetigma
(Roum-Cala) ( i) . C’étoit une place confidérable^,
& fon nom grec fignifie un pont. Le lieu eoh-
ferve encore le nom aç'Zecme. Etienne de Byfance
dit qu’Alexandre avoit çônftruit un pont de bateaux
avec des chaînes : mais la marché connue de
ce prince ne fe dirige pas vers cet endroit.
Dtba ( Aïm-tab) , étoit à Poueft;'dans un autre
temps ce château appartint à la Cyrrheftique, aufli-
bien que Chaonia, qui étoit au fud &r au nord-eft
de cette dernière, Abara. Plus près de l’Euphrate
étoit Hieropolis, ou la ville Saente. Elle avoit
pris ce nom de ce que le culte de la grande déefle
Syrienne y étoit établi dans fa plus grande fplen-
deur: fon nom fyrien étoit Bambyce, que ,les Grecs
avoient défiguré de Mabog, qui étoit le nom vraiment
oriental. C’eft de ce dernier que s‘eft formé
le nom aâuel Mtmbigç. Au fud-eft, fur l’Euphrate,
étoit Ceciliana. ou Cecilia, comme le porte le texte
de Ptolemée : encore plus à l’eft, dans un angle
que forme le fleuve, étoit Bethànimaris ; au fud
de celle-ci, Serre : ( Seruk ) ; & encore au fud,
Appammaris. Ici le fleuve fait un coude vers l’oueft.
On y trouvoit Eragi^a ( Rajik ) : BarbaliJJus (Beles):,
au fud-eft, étoit près des bords de l’Euphrate. ;
Le ruiffeau qui y pafloit, fe nommoit Daradax.
La ville de BarbaliJJus étoit confidérable lors de
la retraite des Dix-mille. Le Satrape de la contrée
y avoit un palais & un .jardin planté d’arbres de
toute, efpèce. Le petit fleuve appelé Daradax,
contribuoit encore à FerabeUiffement de ce lieu.
Derrima ( Korna-zehad ) , étoit tout-à^-fait au fud.
Au nord-eft, fur la droite de- l’E uphrateon
, ( ij Ou fortereffe romaine r il eft probablè qüe ce
château, qui fubftfte encoreoccupe remplacement du
château ancien» ■
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IfoiiVoit deui petites places; appelées Athis &
Alddis. , : ' ■"Vr ■!
A partir du 37* degré de longitude ,• un grand
terrein qui s’étend jnfqu’att-delà du 38e , ayant
l ’Euphrate au nord & à l’eft, portoit le nom de
Barbaricus campus c’eft du moins, le nom que
Proçope lui donne. On y trouvoit Refafiz^ que Pço-
leméë indique dans la Palmyrène. X e nom
en langue Syrienne, fignifioit lieu-de repos, avoq ,
pendant "quelque temps, fait placer à celui de Ser- .
giopolis, ou ville de Sergius ; c’etoit un faint alors
en grande vénération, fous Finvocation duquel on
y avoit bâti lut monaftère. On dit que Fon en
.voit ençore quelques .ruines. .Cette ville porte encore ,
le nom de Refafa, auquel on ajoute:, le funaom
à'Ebn-Hefam, calif dans le huitième fiècle, & fils
du calife Abd - el - melik. Et la raifon .qui lui fit
donner ce. furnom vient à l’appui de l’étymologie
ancienne ; .c’eft que ce prince y étoit venu chercher
un air frais & pur, dans un moment où la pefte
ravageoit ime partie de fes états. Je dois obferver,
''avant -.de finir cet : article^ du Barbaricus campus ,
que c’eft la plaine immenfe que les Arabes appellent
Sifpn, & dans'laquelle combattirent Moavia
& AÜ, .fils de Houffaïn , & petit-fils d’A l i , gendre
de Mahomet.
Au fud-oueft étoit Cholle, où eft El - corne,
fontaine chaude.
. En fuivant l’Euphrate, qui enfouroit au nord
[ & à Feft le Barbaricus campus, à partir dAlads ^
on trouvoit (2) Sur a ( Surich ) , Alamatha ( Ala-
. mora ) , 8f.. enfin. Thapfacus, dans un lieu où l’Euphrate
venant du hord-oueft, puis du nord, s’avance
un peu au fud-oueft , prefqiie fous le 38e
degré de longitude , portoit aufli le nom de Vada
Euphratis & d’Amphipolis. C’étoit en effet un paff
fage fur l’Euphrate très-fréquente. Ce fut par cette
ville que paffa Alexandre, marchant à la tête de
fon armée, au-devant de Darius. Quelques-unes
des villes que je viens de nommer font attribuées
à la Palmyrène.
3 e. La Palmyrène. Je parle de cette partie k
plus orientale de la Syrie, parce qu’elle étoit au-
fud du pays que je viens de décrire. Elle tiioit fon
nom de la ville de Palmyre, appelée aufli Tadmor*
La Palmyrène ’ offroit un fol fertile & des eaux-
j pures dans un 'canton tout environné de fables.
1 Les noms Tadmor &L Palmyrdilénifiant également
un palmier, > l’un en oriental , l’autre en grec ,.
: avoient leur origine dans k nature de ce fol : c’étoit
l’arbre le plus1 abondant de cette contrée.
On y trouvoit, au centre dit pays, Palmvre,
(Voyc{ Palmyra). Au nord de cette ville etoit
d’abord Ram ( ïareca), puis, entre les montagnes
Ori\d (Sukneh): un petit torrent qui y pane, &
( i l Je ne nomme pas quelques villes qtik’çw-eiit fuir
la- gauche du fleuve,, & psr couféquent hors de ia
Syrie.