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de fon fyftême particulie-f. Mais dans la difcuflion oh il cil entré fur la critique cu’Hip-
parque avoit faite des cartes d’Eratofthènes , on voit clairement qu’il jugeoit exceffifs
les 10,000 ftades que cet auteur avoit comptés entre Thapfaque & les portes Cafpiennes.
Strabon ne parle point de la mefure qu’il donnoit à cet intervalle. Mais, comme il adoptait
les diftanees de 14,000 ftades des portes Cafpiennes à l’Indus, & les 16,000 de l’Indus à
Thinæ, & qu il ne comptait, en même temps , qu# 40,000 ftades de Thina à IJfus, il nous
paroît certain qu’il réduifoit l’intervalle compris entre Thapfaque & les portes Cafpiennes,
à 8,700 ftades, & qu’il fixoit
Thapfaque à ..................... ........................ 18,800V
Les port^| Cafpiennes à ................................................. .3 7 ,5 0 0 /
Les fources de l’Indus à ............................... ’ ' e ,\ o r , riStades du cap Sacrum.
Thinæ à ......................... ... . .......................................... I f 6 7 ,50 0 )
Ces bafes établies, le citoyen Goffelin recherche quelles formes doivent prendre les
continèns & les mers. Je vais tâcher de conferver tout le mérite de l’expofition qu’il fait
de ce travail, en ft’en préfentant cependant qu’une analyfe.
Ibarit ou Hifpanie. Strabon regardoit le cap Sacrum en Ibérie, comme le point le plus
occidental de la terre.
D ’autre part, adoptant le récit de quelques voyageurs, quiavoient dit que le rapport
de l’ombre au gnomon y étoit le même qu’à Gades, & combinant cette obfervation avec
celles de Pofidonms & d’Eudoxe, il en coneluoit que le cap Sacrum, Gades & Rhodes
étaient fous la même latitude.
On a vu précédemment que Strabon admettait 1,000 ftades entre le cap Sacrum & le
détroit des Colonnes, formé aufli p a r le mont Calpe; dans les mefures particulières,
qui ne font pas en ligne droite, mais fuppofent les finuolités de la route, cette même
diftance eft de 1,590 ftades, ce qui eft raifonnable & fe trouve allez conforme à ce que
donnent les obfervations modernes, car :
Le cap S1 Vincent eft à ! . . . . . . . '. io ° 51'-»
Gibraltar ou Cafpè à . . . 7 4 1 ƒ à 1,oueft du méridien de Paris.
La diftance eft donc de 3 °, 10', ce qui ne diffère que de 18 ', 3 51 de la diftance de 1,000
ftades données par Strabon.
De Calpe aux Pyrénées Strabon comptait, en ligne droite, 4,000 ftades, mais il ajoute
qu’en fuivant les côtes il y en avoit plus de 6,000.
Strabon donnoit à la chaîne des Pyrénées une direftion du nord au fud : il dit qu’elle
a plus de 1,000 ftades de longueur, mais moins de 3,000 ftades : ailleurs, il la fixe à
1,400.
A 1 extrémité nord de ces montagnes, il dit que la mer forme un grand golfe tourné
vers le feptentrion & la Bretagne ; qu’on le nomme aufli golfe Gaulois, comme celui de
k Narbonnoife, qui lui eft oppofé, & que c’eft du fond de ces deux golfes que la plus
petite largeur de la Gaule fe mefuroit.
Il donne à la plus grande largeur de l’Ibérie 5,000 ftades, & ajoute qu’en remontant
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du cap Sacrum jufqu’au pays des Artabres, on fait route au nord, en laiffant la Lufitanie
à droite, que cette côte s’étend prefque parallèlement aux Pyrénées jufqu’au cap Nerium;
que là , elle forme un angle obtus , & qu’elle fe dirige enfuite vers l’eft jufqu’au cap formé
par les Pyrénées. Ces parages étaient trop peu connus pour que Strabon pût donner
des détails particuliers à l’appui de fon opinion, fur les formes & fur lés diftanees.
Gaule. Strabon défigurait étrangement la G au le , car il faifoit couler directement au •
nord, la Garonne, la L o ire , la Seine & le Rhin, & fuppofoit, dans le même fens, la
chaîne des Pyrénées. Il n’admettoit pas le promontoire Caltium ( cap d’Oueffant ) , qu’avoit
connu Eratofthènes, & terminoit la Gaule au nord , ou plus exaâement du fud-oueft
au nord-eft , par une côte qui s’étendoit des Pyrénées à l’embouchure du Rhin, Il donne
à cette côte 4,300 , ou 4,400 ftades de longueur.
En face de la Gaule, au nord, Strabon place la Bretagne, ayant, félon lu i, la forme d’iin
triangle, dont le grand côté s’étend le long des côtes de la Gaule, auxquelles il eft
parfaitement parallèle. Le cap Cantium devoit fe trouver vis-à-vis les bouches du Rhin ;
& le cap le plus occidental vis-à-vis l’Aquitaine & les Pyrénées : la diftance, comme
on l’a v u , devoit être de 4,300, ou 4,400 ftades. Il y avoit 5,000 ftades en fuivant les
côtes. Le promontoire Cantium n’é to it, félon lu i , qu’à 310 ftades des bouches du Rhin :
de t’un des rivages on pouvoit aifément appercevoir l’autre ; il dit que l’on s’embarquoit
d’ordinaire aux embouchures des fleuves qui viennent d’être nommés, & que la diftance
de leurs embouchures à la Bretagne, étoit la même par-tout, c’eft-à-dire de 3 20 ftades.
Strabon ne dit rien de la force qu’il attribuoit aux autres, parties de la Bretagne, fi
ce n’eft que les deux autres angles étaient moins grands que celui qui étoit en face de
la Gaule ; que le milieu de cette île étoit à 3 2,700 ftades de latitude ; & que fon
extrémité feptentrionale ne paffoit pas 34,000 ftades.
Au nord de la Bretagne il plaçoit Ierne , dont il ne connoifloit guère que le nom.
Cette île paffoit pour être plus large & plus longue encore ; elle étoit habitée par des
peuples tout-à-fait fauvages, & fon climat étoit regardé comme prefque inhabitable. Elle
étoit la dernière île connue, & le terme des navigations du fiècle de Strabon. Car ce
géographe n’admeftoit ni l’exiftence, ni la haute latitude de la Thule, dont Pytbéas avoit
fait mention. La raifon qu’il en donne peut être jointe à bien d’autres preuves des écarts
oh entraîne un mauvais raifonnement. Le voici , en deux mots. L’île d’lente eft à peine
habitable, à caufe des grands froids : Thule eft bien plus au nord , donc elle ne peut être
habitée, ni même abordable, puifqu’elle en eft à plus de 0,500 ftadesi
■ Germanie. Après le Rhin, on connoiffoit la Germanie jufqu’à l’Elbe *j Strabon dit que
l’un & l’autre fleuves coulent du midi au nord ; que leurs embouchures font éloignées
de 3,000 ftades, eh fuivant le plus court chemin , & que l’intervalle étoit occupé par
Suèves, la plus paillante des hâtions germaniques.
Strabon avoue qu’après l’Elbe tout lui eft abfolument inconnu. On croyoit feulement
par la comparaifon des climats, que ces contrées étaient à la hauteur du Boryfthènés
ôc de la partie feptentrionale du Pont-Euxin. Strabon penfoit aufli qu’après l’Elbe la côte