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Calliftratê attribue la fondation de cette ville
à une troupe d’efclaves qui avoient eu commerce
avec les femmes de leurs maîtres , pendant qu’ils
étoient occupés à la guerre contre les Thaces. Ils
fe réfugièrent dans l’ihftmè, y bâtirent cette v ille ,
& s’y fortifièrent.
Le mot Taphros défigne, en grec, un foffé , &
fe trouve dans plufieurs noms appartenans à la
géographie.
TAPHRON ou T a ph r o s . C’étoit une des
plus belles villes de l’Arabie heureufe, félon Am-
mien Marcellin.
TAPHROS , nom que l’oadonnoit au détroit
qui fépare 111e de Sardaigne de celle de celle de
Corfe, félon Pline.
TAPHRURA, T a p a r u r a ou T À ph r a , ville
de l’Afrique propre , fur le golfe de Numidie ,
félon Ptolemée.
Gette ville eft nommée Taphra par Pompbnius
Mêla, & Taparura par la table de Peutingér &
par l’Anonymer de Ravenne.
TA PH U A , ville de la Paleftine, dans la tribu
de Juda, félon Jofué.
T a ph u a , ville de la Paleftine. Elle appartenoit
à la tribu d’Epha’im, & étoit fituée fur la frontière
de celle de Manafle.
TAPHUS. C’étoit, félon Strabon, l’ancien nom
d’une île qui, de fon temps, étoit appelé Taphiufa.
Etienne de Byfance dit la même chofe d’une ville
de 111e de Céphalenie ; mais aucun auteur de l’antiquité
ne parle de cette ville, & les critiques croient
que c’eft une érreur.
T A PO R I , peuple de l’A fie , dans la Margiane.
félon Ptolemé.
TAPOSIRIS, ville de l’E gypte, à quelque dif-
tance de la mer, & à une journée au couchant
d’Alexandrie, entre CynoJJema & Pinthyna.
- I l fe tenoit tous les ans à Tapofiris, félon
■ Strabon, une afîèmble pour caufe de religion.
T a po s ir is ou P a r v a T a p o s ir is , ville d’Egypte
, dans une langue de terre étroite , entre la
mer & le canal qui çondtiifoit de Canope à
Alexandrie, félon Strabon.
TAPROBANA ow T a pr o b a n e ; caron trouve
ce nom avec l’une & l’autre terminaifon, ce qui
ne lui efl pas particulier, vu que félon telle ou telle
dialeâe, les Grecs mettoient un » ou un et.
Avant de donner, d’après M. d’Anville, les raifons ,
qui font regarder l’île de Ceylan comme la Ta-
probane des anciens, j’expoferai en deux mots le
fentiment de M. Caffini.
Cet habile aftronome voyant que Ptolemée
donne 14 degrés d’étendue à la -longueur de la
Taprobane, & qu’il en place la partie méridionale 1
au-delà de l’équateur, conje&ura que l’état phy- 1
fique des parûtes adjacentes à la prefqu’île de
Flnde, à'vorent pu éprouver quelques grands chan-
gemens : & cette révolution pnyfique n’eft pas fans
, vraiffembîanee, puifque plufieurs exemples prouvent
ailleurs des révolutions à-peu-près pareilles.
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Ï1 penfe donc que les îles Maldives, comprenant
douze ou treize mille îles, féparées entre elles par
de très-petites portions d’eau, pouvoient bien autrefois
avoir été plus découvertes, & n’avoir formé
qu’une grande île. Ce fait, confidéré fous fon rapport
phyfique, non-feulement n’eft pas impofïibie,
mais même eft très - vraifemblable. Il eft vrai
cependant que ce n’eft ici qu’une probabilité , &
que l’on n’eft pas plus certain que l’ancienne Taprobane
n’ait compris tout l’efpace qu’occupent
aujourdhui les Maldives, qu’on ne l’eft que l'ancienne
Atlantide ait exifté fur FOcéan qui porte
encore fon nom,& dont les Açores & les Canaires
& Madères feroient les derniers fragmens ; ainfî
je ne donne donc le fentiment de M. Caftini que
comme une conje&ure ( 1 ). Il y a eu d’autres
opinions fi erronées, fi peu vraifemblables, que je
n’en fais pas mention ici. Je paffe au fentiment
de l’habile M. d’Anville. *
Et d’abord je remarquerai que M. d’Anville,'
qui certainement ne pouvoit pas ignorer l’opinion
de M. de Caffini, puifqu’elle fe trouve imprimée
à la fin d’une, description de Siam, par la Lou-
bère, n’a pas entrepns de les réfuter dans le petit
morceau où il traite de la Taprobane : ce morceau
fait partie de fon ouvrage fur l’Inde des
anciens: Il eft vrai que ce morceau, quoique de-
teftablement écrit, ainfi que tout ce qui eft fort»
de la plume de M. d’Anville, eft prefque une
démonftration que l’île de Ceylan a&uelle étoit l’ancienne
Taprobane : on en jugera par i’analyfe que
j’en vais donner ici.
La connoiflànce de cette île chez les Grecs
fut une fuite des viâoires d’Alexandre. Mais cette
connoiflànce demeura long-temps impafaite, fans
doute , puifque Hrpparque, qui vivoit environ 140
ans avant notre ère, difoit, au rapport de Pom-
ponius Mêla, que c’étoit une île très-grande, ou
le commencement d’un autre monde. Ptolemée
eft le premier des anciens qui en ait parle d’une
manière pofitive. Mais ce qu’il en dit paroît, au
premier coup-d’oeil, fait pour étonner les critiques ;
car il dit que. cette île eft coupée par la ligne
équinoxiale (2) ; c’eft ce qui avoit fait foupçonner
à Mercator & à quelques autres favans que la
Taprobane pourroît bien être F île de Sumatra.
Les notions que l’on tire de Strabon ne font
propres qu’à nous égarer, puifque, félon lui, la
Taprobane s’étend vers l’Ethiopie ; car dans l’hypo-
thèfe meme de M. Caffini, elle en eût encore été*
fort éloignée.
Ptolemée, en indiquant que fa formeronde
par en-bas, v a , par le haut, en fe retréciflànt r
(1) Cependant il atirolt pu être arrêté par la réflexions,
fuivante, c’eft que Ptolemée dit à la- fin de 1 article:
c’ejl qu’en deçà de la Taprobane il y, a une multitude d’îU*
que l’an dit être au nombre de 1578. _ /
(a) On trouvera à la fin déj cet article la géographie:
de la Taprobane, félon. Pcolemé e,.
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'dofille à la Taprobane la figure de la Ceylatl
aéftielle ; c’eft un premier rapport. De plus, il la
place fort près de la côte de l’Inde.
Mais ce qui doit étonner, c’eft de voir ce géographe
compter 15 degrés de largeur à la Taprobane,
dont i2 fa u nord de l’équateur, & 27 au
fud, tandis que l’île de Ceylan n’occupe que
quatre degrés entre le fixième & le dixième de
de latitude feptentrionale. Enforte que la furfàce
aéhielle de 111e n’eft que le quatorzième de celle
que décrit Ptolémée. C’eft donc une grande erreur
dans l’ouvrage de Ptolémée, & une grande erreur
de la part de fon auteur.
M. d’Anville paroît avoir trouvé la raifon de
l’erreur qui fe lit dans Ptolemée ; & ceci n’eft pas
une des moindres preuves de la fagacité de cet
habile homme.
On lit, dit-il, dans Strabon, qu’Ezatofthène
avoit évalué la longueur de cette Taprobane,
regardée aflez généralement comme le commen-
mencement d’un autre monde, à 8000 milleftade^.
Pline, il eft v ra i, dit 7000 mille, en quoi il -a
été copié par Solim, & fufvi par Marcien d’Hé-
raclée & par Elien. En partant du milieu de ces
deux nombres, on aurayÿoo.
O r , le principe connu de Ptolemée eft de
prendre 500 ftades pour un degté de grand cercle.
Il paroît n’avoir admis qu’une efpèce de ftades ;
or les 7500 dévoient lui donner les 15 degrés
qu’il attribue à la Taprobane. On voitaufli qu’One-
ficrite, premier pilote fur la flotte d’Alexandre,
fixoit l’étendue de cette même île à 7000 ftades,
ce qui doit s’entendre de la côte de l’île dans
la longueur. Or ces ftades , d’après des mefures
connues, étoient de onze à douze cens au degré.
Voilà donc la caufe de l’erreur de Ptolemée:
On lui a donné la longueur de cette île en ftades,
dont il ignoroit la jufte étendue : il les a cru plus
grands, & les a confondus avec le ftade dont il
faifoit ufage, & il eft parti de cette opinion
pour donner une étendue bien plus confidérable
à cette île qu’elle ne l’eft réellement.
M. d’Anville examinant enfuite1 le rapport des
détails que donne Ptolemée, avec ceux que préfente
la connoiflànce de la géographie de 111e ,
démontre que cette connoiflànce étoit préfente à
l’efprit du géographe ancien lorfqu’il décrivoit fa
Taprobane.
Ptolemée indique fur la côte, dans la partie:
méridionale, une ville qu’il nomme Dagana, &
qui étoit confacrèe à. la Lune (1). On rencontre
deux convenances relativement à cette pofttion.
i°. C’eft que le même lieu fe nomme, aéhielle-
(t) Je me conforme abfolument au mémoire de
M. d’Anville : dans l’édition de Ptolemée que j’ai fous
les yeux , le texte porte : A«v* Wx/s hpd <r«X»'v»j , &
la tradu&ion Dana ; il eft vrai qu’à la marge on lit
Dagana^
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méht Thana+war. O r , Thana reflemble fort à Da-
gana, dit M. d’Anville \ il auroit trouvé encore
plus de reflemblance avec le mot Dava, que j’ai
fous les yeux. Quant au mot, cette addition, prife
dans la langue Shingalaife ( des anciens Infulaires ),
dans laquelle Nwar ou Neûr, ftgnifie ville. On
voit que c’eft aflez l’ufage de terminer ainfi les
noms des villes par celui de Negâptnam, Mafulim-
patnam, &c.
20. Ce lieu conferve encore aujourd’hui le fou-
venir d’un ancien culte, & paffe pour avoir été
autrefois très-révéré.
3 °. Ce lieu, dans Ptolemée, eft à 15 degrés
du Boreurn promontorium. La géographie moderne
nous montre ce même__ lieu , au fud , à 4 degrés
du nord, c’eft donc une preuve que Ptolemée ne
s’eft trompé que dans l’évaluation des ftades en
degrés, & que d’ailleurs il a connu la' pofttion des
lieux.
Ptolemée nomme fur la côte orientale une ville
appelée Bocana (2.) , au nord d’une rivière. Or ,
on trouve aéhiellement une rivière de ce coté
nommée Ko-Bokan-oye , ou We't, c’eft - à - dire ,
rivière de Bokan.
Ptolemée nomme Malta des montagnes que la
carte repréfente formant une efpèce de croiflànt
dans la partie méridionale de 111e. M. d’Anville
trouve que dans cette même partie le terme ap-
pellatif de malè ou mallé fignifïe montagnes.
La haute montagne" dont Ptolemée fait fortir
trois rivières, eft, félon lu i , à 4 degrés de la
côte méridionale ; & la plus haute montagne que
nous connoiflions dans cette île , le Pic-d’Adam ,
que les Orientaux ont rendu célèbse, en prétendant
qu’Adam y avoit habité & y avoit imprimé
fon pied; cette montagne, d is - je , n’eft guère
qu’à 1 degré 10 minutes de la même côte, me-
fure qui répond à 4 degrés de Ptolemée.
Il faut même obferver que Ptolemée ajoute ,
en parlant des monts Maleas : nal sitxiv vaxo t «7 o
t a ôpoç p.s'Xfi %a.Ku.r<rnç iKsqdvTov vopuil, eft:
même une nouvelle efpèce de raprochement, « De-
» puis cette montagne , dit-il, jufqu’à la mer, font
jj les pacages des éléphans jj. Et c’eft précifément
dans cette partie que fe trouve cette efpèce d’animaux.
On fait qu’encore aujourd hui les éléphans-
de 1 île de Ceylan font fort eftimés dans l’Inde.j
feulement je crois me rappeller que quelques-uns-
difent qu’ils font moins gros que ceux du continent r
au lien que je trouve dans Pline, qu’ils font plus-
grands & plus propres à- la guerre que ceux de
L’Inde. : Majores beUioJjorefque quàm in Indiar
M. d’Anville trouve encore d’autres rapport»
entre la Taprobane de Ptolemée & le Ceylan de
nos jours,
(ï ) Elle eft nommée dans iîtott texte toXig^,
Comana civitas ; mais fur la planche ( Tab, XIJ J ç t fîi
lit Bocana , 'chez, le peuple Bocanh,