
Enfin chez les BtJJi t on trouvoit:
Philippopolis, - Milotinum|
Pergamumt Zerna,. .
Brijica.
Ce pays, moins froid par fa- pofition relativement
à l'équateur, que par fes montagnes, étoit
regardé par les Grecs avec une efpèce d’horreur.
Les poètes en avoient fait le féjour de Borée &
des Aquilons.; c’étoit la patrie des glaces & des
frimas. Peut-être ce pays étoit plus couvert de.
bois qu’il ne l’eft a&uellement ; mais un préjugé
défavorable à la Thrace demeura long-temps maître
des. efprits; & Pomponius Mêla , qui n’eft pas de
la haute antiquité, en frit un portrait affez délava
ntageux , L. i l , c. 2. Regio nec c<zlo latancc folo
& nifi qua mari propior cfi, . infoecunda, frigida ,
eo?'umque qua feruntur, maligne aâmodum patiens.
Raro ufquam pomiferam arborem, vitém frequentius\
tolérât : Jed nec ejus quidem fruElus maturat ac mitigat
niji ubi frigora objettes frondium cultôres arcucre. 1
Viros benigntus alit non ad fpeciem tarnen ; nain
& illis afper atque indecens. corporum habitus e(l :< cc-
terum ad ferociam & numerum , ubi multî immîttfque
fint, maxime ferax. Cet auteur va un peu plus
ioin, & lès peint comme une nation féroce. J’en
dirai ce qu’il convient d’en frvoir, lorfque j’aurai
donné la divifion de la Thrace dans Te. temps du
bas-empire, c’eft-à-dire, lorfqiielle fut bien connue.
Dans la notice de T’empire on trouve une divifion
de l’empire en cinq grands dîocèfes : pour
la partie fourni!« au préfet du prétoire de l’Orient,
j’en ai dreffé un tableau affez intéreffant, que j’ai
publié avec la partie .de ma géographie comparée
qui traite de Yltalie ancienne; mais lans y-renvoyer,
pour ce qui regarde la Thrace, je vais préfenter
ici ce qui la concerne..' .
La Thrace, confidérée ici en grand* fe divifoit
en jîx provinces., frvoir:
ïfEurope.
Le Rhodoppe.
La Thrace.
ldHéminont. "
La fécondé Moejïen.
La Scythie.
Selon là notice d’Hiéroclès, ces fix provinces
renfermoient cinquante - trois villes, frvoir : la
Thrace d’Europe
Eudoxwpolïs*
Heraelea.
Arcadiopolis*
Biÿa*
Panonium*
Orni.
Garnir*
Callipolis*
Moriçus-.
Sîltjca.
Synadïa.
Aphrodijîac*
Aprus.
Ccelia*
La province dé Rhodoppe
JEnus.
Maximïanopolis*
Trajanopolis*
Mdr<wa*
Pyrus ou Pïrus.
Nicopolis*
Çercopyrgus+
T H R
La province de Thrace proprement dite t
Philippopolis. Sebajtopolis*
Beron. Dïofpolis*
Diocletionopolis„
La province d'Heminonc :
Adrianôpolis. Plutinoyplis*
Achialus* 1 Tyoides*
Dibertius.
La fécondé Moefii
M ircionopolis
Nova:.
Odyjfus.
Appiaria*
Doroflulus*
Ebrattus*
Nicopolis*■
La province de i
kÿthie :
Tomi.
Axiapolis*
Dionyjjbpalis*
Capidaura*
Acra.
Car jus.
Calata.
Trofmis.
1 finis*
Novio Odunus*
Confianttana*
Ægijfus*
Zedelpa*
Almyrus.
Trop ouïs.
Les portions de la plupart de ces fieux font
inconnues.
Il paroît que la Thrace a eu des rois très-anciennement.
Mais le premier qui y ait donné des
loîx propres à régler & à adoucir les moeurs, fut
Zamolxis , difciple de Pythagore.
Il faut donc regarder comme un temps de barbarie
, celui où régna Therrée,. époux de Philo-
mèle,. dont la frble a tranfmis ou fuppofé les
crimes. Il eut deux fils ,. Sitalie & Sparadocus..
Leurs defcendans régnèrent dans le défordre &
la confufion , jufqu’à ce que Sèuthès reconquit
une partie des états de fon père Muëfadès , &
tranfmit fa fucceffion paifîble à fon fils Cotys ,
père de Chefoblepte..
A la mort de Cotys les divifions recommencèrent
, & , au lieu d’un roi de Thrace, il y en
eut trois , Chefoblepte , Bérifade , & Amadocus..
Après une viciflitude d’événemens, Chefoblepte
depofféda les deux autres princes. Philippe , roi:
de Macédoine,, le dépouilla lui^même & le fit
prifonnier.
La république d’Athènes y après les viâoires de
Sa la mine & de Marathon , conquit beaucoup de
villes, fur les côtes & dans, la Thrace même
telles, entre autres, Pidna , Potidée, & Méthane.
Ces villes fecouèrent le joug, dès- que Lacédé»-
mone, à la fin de la guerre du Peloponnèfe , eut
abaüfé la puiffârice d’Athènes. Mais Timothée,
, général athénien les jemit encore fous l’obéifîânee
de fa patrie. Philippe les leur enleva & fe ,
rendit maître des trente-deux villes de la Thrace;
Alexandre acheva la conquête de ce pays * dont
.les peuples ne recouvrèrent leur liberté qu apres
fa mort. . . . n,
■ Un autre Seuthès, fils ou petit - fris de tJie-
foblepte , voulut rentrer dans les'états qu’a voient
gouvernés fes ancêtres. 11 livra deux langla.ntes
batailles à Lyfimaque, l’un des fucceffeurs d’A lexandre.
Il paroît que le luccès couronna fon
entreprife. • ,
• Mais la tranquillité delà Thrace fi:t troublée de
nouveau , & pour une caufe à laquelle on ne de-
voit pas s’attendre. Une partie des Gaulois qui,
fous la conduite de Brennus ,ravageoit la Grèce ,
fe détacha du gros de l’armée >, Si vint chercher
à s’établir en Thrace. : ; •
Lé premier roi de ces Gaulois, devenus Thraces,
fenommoit Comontoriûs : le dernier fut Clyoeus ,
fous lequel les Thraces exterminèrent les Gaulois
établis chez eux, & remirent fur le trône Seuthes,
iffu des anciens rois. ..
Ce prince & fes «defeendans régnèrent fans interruption
jufqu’à Vefpafien , qui parvint a réduire
•la Thrace en province romaine. Ce pays partagea
. depuis le fort dé la Grèce , jufqu’enfin il paffa au
pouvoir des Turcs, qui le polîèdent encore fous
le nom de Roumili. '
Voici ce que l’on trouve en general fur- les
.- Thraces. ( T • . ,
: Selon Hérodote , c’ètoit la plus grande nation
de la terre après les Ioniens. Et fi elle eut été
fous la domination d’un feul prince , & qu’elle eût
;été bien unie & bien d’accord avec elle-même,
elle eût été invincible , & pins forte que toutes
les autres. Mais il étoit difficile que les Thraces
s’accorda fient bien enfemble , & cela leur étoit
comme impoffible.. C’efi ce qui étoit caufe qu’ils
étoient fi roibles & qu’ils étoient vaincus fi faci‘-
lement. Chaque peuple de cette nation avoit des
noms difierens, comme on l’a vu , félon la contrée
qu’il habitoit. Ils avoient néanmoins les mêmes
loix & les mêmes coutumes , excepté les Gètes,
les Traufes , & ceux qui habitoient aû-deffiis dei
Creftoniens.
Les Traufes fuivoiént prefque en tout les inftitu-
tions des Thraces , fi ce n’efi aux cérémonies des
naiflances & des morts. Lorfqu’un enfant naifloit
parmi eux , tous fes parens s’aflembloient autour de
lui & pleuroient, prefientant les maux qu’il auroit à
fupporter pendant fa vie. Mais-quand un homme
étoit mort,, ils l’enterroient en riant & avec joie,
bien convaincus qu’i l . étoit délivré des peines
de ce monde, & n’ayant pas des idées trop nettes
fur ce qu’il pourrojt avoir à fouffrir dans l’autre.
• Au contraire , ils croyoient, en général, qu’il y
touiroit d’une félicité que rien, ne pourroit plus-
interrompre..
Quant, à ceux qui habitoieut au-defius des Crefr
tenions* chacun d’eux -avoit plufieurs femmes* &
lorfque quelqu'un étoit mort , il s’elevoit une dif~-
pute entre les veuves pour décider laquelle avoit
été le plus tendrement aimée de fon mari. Chacune*
prétendoit. à cet avantage. Les parens, les amis
étoient interrogés : enfin- on décidoit la quefiion ,
& celle qui l’avoit emporté fur fes rivales, après
avoir reçu mille félicitations de tous fes amis *
de toute la famille, étoit'afibmmée par fon plus,
proche parent, fur le tombeau de fon mari,; 011
dépofoit enfuite fon. corps auprès de celui dut
mari. Les antres femmes , toutes hontèufes d’avoir
été jugées dignes de la vie , s?en retournoient chez
elles -cacher leur honte. Ce qui fe pafie encore
aux IndeS à la mort d’un brame, rend ces faits
croyables.
Tous le» autres Thra-ces vendoient leurs enfant
pour être^e mine nés de. tons côtés, & ne fe mettoiené
pas eh peine de garder chafiement leurs 'filles. Aif
contraire , ils leur permetteieht de voir dans l’in-*
tirnité tous les hommes qui leur plaifoient. Mais*
ils' gardoisnt foigneirfemenf leurs femmes, & les
achetoient de leurs familles-,pour d’afièz grofiês
fommes d’argent. Ils creyoient qu’il étok honorable
de porter plufieurs cicatrices fur le front
& qu’il étoit honteux de n’en avoir point. Ila-
tenoient à honneur d’cire oififs, & à- déshonneur
de labourer la terre. Ils regardaient comme le
comble de la- gloire de vivre de guerre & det
pillage.
Ils n’adoroient de tous- les dieux que Mars >
Bacchus & Diane. Mais les rois adoroient particuliérement
Mercure , ne juroient que par lu i, &
difoient- qu’ils en étoient defeendans;*
Les Grands faifoient leurs fépui'mres de; cette
manière. Iis .expofoient en public le corps- dm
mon,. pendant trois jours. Ils immoîoient toutes-
fortes de vi&imes , en faifant des gémrfîemens & des
lamentations ; enfuite ils faifoient des feftins. Enfih
ils- brûloient le corps ,- ou le mettoient en terre , &
éleyoient par-defiîis un tertre en terre,. & faifoient
autour, en l ’honneur du mort , toutes fortes d&
combats ,- & particuliérement d’homme contre:
homme.
Il y avoit auffi des-Thraces en- Afie ;' cela' efï cou-*
firmé par plufieurs auteurs. Hérodote ( L. 1 ,2 8 ) ,,
dit, en parlant dès nations que Créfus avoit fubju—
- guées,- les Thraces , c’efi-à-dire ,- les- Thymens- &C
les Bithyniens. Dans le L. vit , p. 7_f, parlant
de ces mêmes- peuples, qu’il nomme également:
Thraces , il ajoute:« Ces peuples étoient paffés*
» en Afie , où ils avoient prisde nom de Bithy-
» niens. Ils s’appeloient auparavant Strym'oniens T
tr comme ils en conviennent eux-mêmes, dans les
» temps qu’ils habitoient les bords du Strymon-.^
» d’où' les avoient chafiés, friivant eux , lesTeu-
3j criens & les Stryfiens De même Eufrate {a£
Dionys■ Perieg. v. 793 ) , affiire qu’il y avoit des»
Thraces en Afie, & qu’ils y étoient paffés fous*
I la conduite d’un eertadn Patarus. Strabon- e& dé:
I même* fontùnent* lorfqu’il dit:.« on convient