ils gouvernèrent effectivement le pays au nom des Le, sous celui de chu’a
(seigneur).
Le pays, habité alors pa r la nation annamite, n’é tait autre chose queleTong-
king, à p a rtir du Dèo ngang ou grande chaîne de montagnes au-dessus des provinces
actuelles de Hué. Tout le midi appartenait à la nation tsiampoise, jusqu’au
Camboge ou Saigon.
Vers le milieu du seizième siècle, au temps que les Portugais apportaient le
christianisme dans ces mers-ci, on vit un descendant de ces Nguyên, tout jeune
encore, s’établir avec une émigration de mandarins mécontents, de soldats ré-
fractaires e t de gens du peuple fuyant la misère et la famine, dans les plaines et
les montagnes de Hué. Son père l’avait déshérité en donnant sa royauté
de Chua à un de ses employés, nommé Trinh, auquel il avait donné sa fille en
mariage.
Toai-công, en venant dans le sud, échappait d’ailleurs à la mort assurée que
son beau-frère lui réservait. Entouré de gens dévoués e t désireux d’aventures,
l is e déclara chua de Dàng-trong (route in té rieu re ), pendant que Trinh restait
chua de Dàng-ngoai (route extérieure) e t il fit avec acharnement et succès la
guerre aux Tsiampois, qui perdirent presque tout à coup toutes leurs provinces à
l’exception de Binh-thuân e t de Phu-yên ou Ran-ran.
En 1570, Toai-công se déclara roi ou vuong sous le nom de Tiên-nguyên-, il
régna jusqu’en 1614; ses successeurs sont:
Sai-nguyên, 1614. — Thuong-nguyên, 1635 .
Hiêu-nguyên, 1649. — Ngai-nguyên, 1668.
Minh-nguyên, 1692. — Ninh-nguyên, 1724.
Vo-nguyên, 1737. — Hiêu-nguyên, 1765.
Hieu-nguyen, mort en 1777, laissa le royaume dans le plus triste é ta t et cinq
enfants-se disputant le gouvernement, tout en se livrant au débordement de tous
les plaisirs.
Dans la maison de l’un d’eux, Nhac ourdit une conspiration parmi les commerçants
du Binh-dinh, dont sa maison faisait partie. F o rt de l’union de ses deux
frères, Long-nhu-Ông et Hoa, thuong de Dông-nai, il se souleva et en peu de
temps furent massacrées les deux familles de chua, Trinh et Nguyên. A la même
époque, le gouvernement des montagnards de l’ouest (Tay-son) é tait proclamé
sous le nom de Thai-duc.
Au Tong-king régnait le dernier des Le, Ca’nh-hung, qui abdiqua en faveur
de son fils Chiêu-tông. L,ong-nhu-ong força ce souverain à lui donner sa fille en
mariage e t à se réfugier en Chine, où il mourut peu de temps après. Une armée
chinoise p a ru t sur les limites du Tong-king pour mettre à la raison Long-nhu-
ông; mais elle fut complètement détruite, e t Long-nhu-ông reçu t de l’empereur
de Chine le titre de Quan-trung, sous lequel il se déclara roi du Tong-king. Son
fils, Canh-thin, lui succéda .e t, plein d’ambition, fit la guerre à Thai-duc, roi du
sud, son oncle.
Ces événements se passaient de 1770 à 1790.
Toutefois, Nguyên-anh, arrière-petit-fils du dernier Nguyên régnant en Co-
ehinchine,. avait échappé au massacre de sa famille. A la faveur des troubles du
pays et de la guerre que se faisaient entre eux les Tay-son, il put peu à peu, au
milieu des difficultés immenses que lui aplanit Mgr. D’Adran, par son aide et ses
conseils, reconquérir le royaume de ses pères.
En 1802, il se déclarait roi du Tong-king et de la Cochinchine, sous le nom
de Gia-long.
Gia-long a régné dix-huit ans, jusqu’en 1820;
Minh-mang, son fils, vingt ans, jusqu’en 1840 ;
Thiêu-tri, son petit-fils, sept ans, jusqu’en 1847.
Tu-duc, son arrière-petit-fils, règne depuis 1848 et il est dans sa dix-septième
année. '
Tu-duc n’a pas d’enfants et il n’y a encore rien d’officiel pour la nomination
de son successeur.
(Aus dem Almanach von Saigon im Jahre 1864.)