
164 Sioelle épinière.
premières preuves en signalant l’apparition primitive
de la moelle épinière dans la formation
de l’axe cérébro-spinal du système nerveux,
Néanmoins l’opinion contraire prévalut ; on continua
à dériver la moelle épinière du cerveau, et
à la considérer comme la plus forte et la plus importante
de ses productions.
L’anatomie avait placé la racine de l’axe nerveux
des vertébrés dans la moelle épinière ; la physiologie
la transporta dans l’encéphale par les raisons qui suivent:
toute altération du cerveau suspend, modifie
ou anéantit l’action de la moelle épinière ; les altérations
delà moelle épinière n’influencent au contraire
en aucune manière les fonctions spéciales du
cerveau ; donc , physiologiquement, l’action nerveuse
se propage du cerveau à la moelle épinière ;
celle-ci n’en paraît que le principal conducteur.
La pathologie et l’anatomie pathologique vinrent
confirmer les données de la physiologie : tout le
monde crut, tout le monde adopta l’idée , que
la moelle épinière dérivait anatomiquement du
cerveau, comme elle semblait emprunter de lui
son action.
Cette opinion était professée par toutes les écoles
et par tous les anatomistes, lorsque MM. Gall
et Spurzheim reproduisirent celle de Platon, de
Bartholin et de Malpighi. Partant du fait que
la moelle épinière est développée chez les animaux
en raison inverse du cerveau , il parut ridicule
aux anatomistes allemands de dériver les
plus fortes moelles épinières des plus petits cerveaux
et de faire produire aux plus grands cerveaux
les plus petites moelles épinières. Cette
raison spécieuse ne souffre pas un examen approfondi
: car qui ne voit qu’il est aussi difficile de
faire produire les plus grands cerveaux par les
plus petites moelles épinièrès, et les plus petits
par les moelles épinières les plus développées?
En raisonnant de cette manière, c’est renfermer
le problème dans un cercle de propositions vicieuses;
car depuis que j ’ai démontré que certaines
parties de l’encéphale sont rigoureusement
développées en raison directe de là moelle épinière,
on pourrait donc, et on devrait même, dans
cette supposition , dériver l’axe nerveux du tronc ,
des parties qui lui correspondent dans l’encéphale
pour le volume,
Je fus conduit par ces difficultés à ramener la
question à son véritable point : considérée en
effet dans tous ses rapports, c’est un problème
d’organogénie, comme l’avait entrevu notre illustre
prédécesseur Malpighi. Il ne s’agit dès-lors que
de déterminer par l’observation l’ordre de sucees-
siondans les développemensde l’axe cérébro-spinal.
Quelle est la partie qui précède l’autre dans sa formation?
est-ce l’encéphale, est-ce la moelleépinière?
Or, les faits fournis par l'embryogénie prouvent
que dans sa formation la moelle épinière
précède l’encéphale : sur les jeunes embryons