
Telles sont les variétés de forme et d’étendue que
présente la moelle épinière dans le grand embranchement
des vertébrés. Ces variétés sont les mêmes
chez les animaux parfaits et chez les embryons :
chèz les uns comme chez les autres, elles dérivent
des mêmes causes et nous offrent les mêmes rapports.
L’ophidien a sa moelle épinière répétée
par celle des embryons des vertébrés les plus
élevés, parce qu’à une époque de leur existence
ces embryons sont, par leurs formes, de véritables
ophidiens. Ce type simple et primitif de toute
moelle épinière est modifié de différentes façons ,
parce que la série des métamorphoses développe
sur ses flancs des appendices destinés à
modifier, à accélérer, à varier le mode de locomotion
des animaux; ces moyens nouveaux nécessitent
pour leur action des modifications correspondantes
de la moelle épinière. Ces modifications
sont des renflemens qui rompent çà e t là
l’uniformité de son calibre : ces renflemens étant
destinés à ces appendices, on voit donc que leur
nombre, leur volume et leur position , doivent
être nécessairement et irrévocablement fixés par
la position, le volume et le nombre des nageoires,
des ailes ou des pieds que la nature a accordés
aux différens animaux pour Se transporter d’un
lieu à un autre, quelle que soit la différence des
milieux où ils vivent, et quelles que soient les résistances
qu’ils aient à vaincre pour le transport.
Le spectacle de ces divers changemens et de leurs
rapports est rendu plus intéressant encore pai^
les changemens et les rapports analogues qui se
manifestent dans le système sanguin.
Chez les ophidiens, l’aorte ne fournil que des
intercostales d’un calibre à-peu-près uniforme.
Les embryons des oiseaux, le têtard des batraciens,(
l’embryon des mammifères et de l'homme,
sont primitivement dans le même cas que les ophidiens
; mais à l’époque où les membres apparaissent
, on voit apparaître aussi, en bas les artères
fémorales, en haut les axillaires. Les cétacées
n’ont que l’artère axillaire ; les bimanes sont dans
le même cas ; les bipèdes, au contraire, n’ont que
là fémorale, et point d’axillaire. Les embryons
monstrueux n’ont que l’artère axillaire , oulafémo-
ra le , selon que la paire de membres qui leur reste
est située en haut ou en bas ; le calibre des artères
axillaires et fémorales est toujours rigoureusement
proportionnel au volume des membres
supérieurs et inférieurs, ou à la seule paire de
membres chezles cétacées, les bipèdes, les bimanes,
et chez les monstres qui nous offrent leurs conditions
organiques.
Les oiseaux qui ont les ailes les plus fortes, ont
les artères axillaires les plus volumineuses ; et aux
plus faibles ailes, comme chez l’autruche et le ca-
soar, correspondent les artères axillaires les plus
grêles. Ces derniers oiseaux, au contraire , ont les
fémorales et les jambes les plus fortes, tandis que
ch%z les premiers les fémorales et les jambes s’atro